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Fantastique/Merveilleux
Sylvaine : Comme une sœur
 Publié le 22/02/19  -  17 commentaires  -  11099 caractères  -  184 lectures    Autres textes du même auteur

Petit conte de terreur misogyne.


Comme une sœur


Julien n’aimait pas qu’on le traite de don Juan. L’homme de Séville était avant tout un trompeur, tandis que lui jouait toujours cartes sur table. Il offrait plaisir, présents et vacances, mais jamais il ne parlait d’amour. Mieux, il mettait en garde ses conquêtes contre le mirage de l’affection durable dont elles auraient pu se flatter. Mais il avait beau faire : si certaines le prenaient au mot, la plupart se jugeaient assez uniques pour espérer en secret. Déçues, beaucoup recouraient aux reproches et aux larmes. Alors il claquait la porte, avec une angoisse de bête traquée qui le rendait implacable. Leur attitude confirmait ce qu’il pensait des femmes, toujours prêtes à recourir aux pleurs pour exercer un chantage. C’était un cliché dont il était conscient mais sur lequel il ne s’attardait pas. Il avait pris l’habitude de rompre de plus en plus tôt pour éviter les scènes pénibles, sans toujours y parvenir.

Il avait aussi une exigence intraitable qui mortifiait ses amies sans qu’il consentît à s’expliquer : il ne les recevait jamais dans son appartement et refusait toujours de dormir auprès d’elles ; il les quittait systématiquement après l’amour, pour retrouver un territoire vierge et la sécurité d’un sommeil solitaire. À l’hôtel, il réservait toujours deux chambres. Certaines moquaient cette manie de vieux garçon, d’autres lui conseillaient une psychanalyse. Il répliquait légèrement qu’il en savait assez sur lui-même sans recourir à un freudisme de pacotille, tout juste bon pour les magazines et les talk-shows.

L’hiver de ses cinquante ans, il emmena son amie Nadia passer un week-end à la montagne. Happée par la foule des skieurs, elle passa le jour à descendre les pistes. Lui préféra sortir en raquettes sur des chemins détournés, pour jouir seul de la blancheur ouatée du silence et de l’éclat des arbres sous les feux du gel. Le soir, il commanda du champagne qu’il fit monter dans la chambre de Nadia. Quand il pénétra chez elle, le vin pétillait déjà dans les coupes. Il ne se souvenait de rien d’autre quand il s’éveilla pendant la nuit, en proie à une peur ignoble. Il avait la tête ensablée de sommeil, les membres gourds ; une bête monstrueuse à l’odeur de charogne était accroupie sur sa poitrine et le clouait au lit. Au prix d’un effort immense, il se libéra du poids qui l’écrasait et se mit debout en titubant dans les ténèbres. La lumière jaillit, révélant Nadia qui, les seins découverts, venait d’allumer la lampe. Il comprit avec stupeur qu’il s’était endormi auprès d’elle, et que c’était son bras qu’il avait senti. Sans répondre à ses questions, il enfila un peignoir et se précipita dans sa chambre. Des tenailles lui fouaillaient le ventre, une nausée violente le secouait. Il vomit et se vida, puis s’assit en grelottant sur le siège des toilettes. Nadia n’avait pas cessé de tambouriner à sa porte. Il s’excusa sur un cauchemar et la renvoya au lit.

Lui ne put se rendormir. Quelque chose d’immonde l’avait frôlé, qu’il reconnaissait trop bien. Puis la fureur l’emporta : cette idiote avait dû droguer le champagne, comme dans un mauvais roman, pour le plaisir imbécile de le garder pour la nuit. Il fut tenté de se relever, de la tirer du sommeil, de la contraindre à l’aveu, de l’agonir d’injures. Mais il ne fit rien de tout cela, et se contenta de se lever à l’aube, alors qu’elle dormait encore. Il paya l’hôtel pour deux, régla d’avance le taxi qui la ramènerait chez elle, puis il partit sans attendre. Pendant une centaine de kilomètres, il sentit contre son bras la pression d’une serre d’outre-tombe. Jamais il ne voulut renouer avec Nadia.

Durant les mois qui suivirent, Julien souffrit de terreurs nocturnes. Il observait désormais une stricte chasteté au prix d’un effort mental minime : s’il était attiré par une femme, il s’imaginait dormant à ses côtés ; le dégoût le submergeait aussitôt. Il les voyait toutes comme des méduses, dont les grâces opalescentes se muaient en flaccidité livide après le retrait de la marée. Quand sa phobie s’atténua, il eut encore quelques aventures, mais le reste d’inquiétude qu’il éprouvait empoisonnait son plaisir. Aussi se réjouit-il, en s’apercevant que ses besoins diminuaient avec l’âge, jusqu'à disparaître tout à fait. Il n’avait jamais mesuré sa valeur à ses performances sexuelles : loin de recourir aux expédients, il vécut comme un bonheur inattendu la liberté que lui laissait le sommeil des sens. Ne souhaitant plus de nouvelles rencontres, il réduisit ses activités sociales et cultiva les joies solitaires, lecture et marches en forêt.

Il vivait ainsi depuis trois ans quand il remarqua Viviane. Nommée depuis peu dans son service, elle était compétente et discrète. Julien ne s’intéressait plus au sexe, qu’il n’avait jamais associé au travail, et il avait toujours préféré les femmes pulpeuses, voire un peu vulgaires. Ce fut justement pourquoi il invita celle-là dont l’élégance éthérée et la grâce asexuée de sylphe promettaient une relation sans piège. Leur déjeuner ne le déçut pas : d’emblée, un accord tacite leur fit éviter les faux-semblants de la séduction mutuelle. Déliés du souci d’impressionner, ils dévoilèrent librement des goûts qu’ils se découvrirent communs. Tous deux aimaient les glaciers éclatants du Grand Nord, Le Horla de Maupassant et la beauté moribonde des forêts d’automne. Il la réinvita donc, mais, sur ses instances, il n’exigea pas de payer pour elle, comprenant qu’elle dessinait ainsi les contours de leurs relations futures. Ce fut le début d’une amitié sans équivoque amoureuse, comme il aurait pu en nouer avec un homme. Ils échangeaient des livres, se retrouvaient au théâtre, et passaient leurs vacances dans le même hôtel. Quoiqu’elle se livrât fort peu, Julien croyait partager un passé fraternel avec Viviane. Sans l’ombre d’un désir, il aimait le lent sourire qui découvrait ses dents menues, et qui lui prêtait une grâce un peu morbide. Par ailleurs ils se vouvoyaient toujours, pour mieux distinguer du tout-venant leurs singuliers rapports.

Lui se confiait peu à peu, jusqu'à lui parler de son enfance. C’était une de ces journées d’hiver où le printemps perce au cœur de février sous le soleil qui pétille ; les bourgeons rosissaient déjà la pointe des arbres et les crocus crevaient la couche des feuilles mortes. Julien dit que les aubépines allaient bientôt fleurir.


– Quand j’avais dix ans, ajouta-t-il, j’en ai cueilli un bouquet pour ma mère. Mal m’en a pris : elle s’est blessée aux épines.

– Ce n’est pas un grand drame !

– Vous ne l’avez pas connue. Tout était prétexte à exhiber sa dépression flamboyante, à parfaire la tragédie privée dans laquelle elle s’enfermait. Elle s’abreuvait de malheurs fictifs, dont elle accusait son entourage. Son mari, ses parents, tous étaient coupables de complot.

– Vous aussi ?

– Moi aussi, pour peu que je refuse de rester dans ses jupes. Car elle était possessive, et souhaitait me confiner dans sa détresse. Je ne pouvais être heureux sans la trahir.

– L’aimiez-vous ?

– Je crois surtout que j’en avais peur.


Le soleil baissait en dorant l’horizon que l’on devinait derrière les branches. Comme ils faisaient demi-tour, Julien surprit un regard qui l’aurait mis en garde chez une autre, tant il était scrutateur. Parce qu’il venait d’elle, il n’y vit qu’une sympathie accrue. Il s’était livré avec bonheur, et souhaitait qu’elle se livrât aussi, mais elle éluda en demandant ce qu’était devenue sa mère.


– Je vous le dirai plus tard, murmura-t-il, je ne suis pas encore prêt. Pourquoi ne pas me parler de vous ?

– Je ne suis pas encore prête, se moqua-t-elle. Moi aussi je parlerai plus tard.


Avec le soir, le brouillard montait en enroulant des écharpes blanches autour des arbres. Julien et Viviane se taisaient. En regagnant la voiture, il savoura leur entente qui s’épanouissait dans le silence de la forêt estompée. Mais, de ce jour, il commença à s’interroger sur son mystère, et s’impatienta un peu devant ses refus réitérés.

Quelques mois plus tard, il proposa une semaine au Groenland, et se chargea des réservations. Mais, dans ce pays encore préservé du tourisme, l’hôtellerie demeurait rustique, et l’organisation laissait à désirer. À l’arrivée, ils ne trouvèrent qu’une chambre à grand lit, qu’il fut impossible d’échanger. Viviane prit la nouvelle en riant. À sa propre surprise, Julien partagea cette bonne humeur. Ce jour-là, ils admirèrent des cathédrales de glace dont la blancheur s’ombrait d’épaisseurs bleutées, et virent l’aurore éclipser la nuit en succédant aussitôt à un couchant somptueux. Vers une heure du matin, ils regagnèrent l’hôtel sous le soleil nocturne. Julien voulut dormir sur un canapé inconfortable, mais Viviane le persuada de s’allonger près d’elle.


– Je déteste autant que vous la promiscuité du sommeil, expliqua-t-elle, mais ce lit est particulièrement vaste : nous ne risquons pas de nous gêner.


Accepter lui parut naturel ; il s’installa sur le côté droit. De fait, l’espace ménagé entre eux était assez large pour lui donner l’illusion de coucher seul.


– Quand j’étais enfant, murmura-t-il, nous passions toutes nos vacances à la campagne, chez mes grands-parents maternels. Les lits n’étaient pas assez nombreux. Nous étions contraints de dormir à plusieurs.

– Cela ne vous plaisait pas, répliqua-t-elle.


Il y eut un temps de silence, puis il lui conta le suicide de sa mère.


– Vous êtes la première à qui j’en parle, conclut-il. Et j’en sais toujours aussi peu sur vous.

– Je vous promets que demain vous en saurez davantage. Passez une bonne nuit, Julien, si tant est qu’on puisse parler de nuit dans ces régions.


Malgré le jour persistant, il s’endormit assez vite, mais d’un sommeil troublé par un malaise aigu. Quelque chose lui grippait le poignet, et il sentait contre lui une présence innommable. C’est un cauchemar, pensa-t-il, j’ai eu tort de parler à Viviane. Avec effort, il tenta d’ouvrir les yeux. Il découvrit un corps raide et déjà froid dont la main emprisonnait la sienne. Il essaya de se dégager, mais la main l’agrippait comme une serre de vautour. Il avait douze ans, les oiseaux chantaient dans le verger, et il partageait son lit avec le cadavre de sa mère. C’est un cauchemar, pensa-t-il encore. Cette fois, il réussit à ouvrir les paupières, et, trouvant Viviane à ses côtés, il fut submergé de gratitude. Mais son visage exsangue était trop près du sien, et le même étau lui serrait le poignet. Viviane se rapprocha encore. Il reconnaissait son lent sourire qui lui découvrait les dents, mais fut saisi d’épouvante en respirant son haleine putride. Une main glacée se referma sur son cou, qu’elle entreprit de presser avec une puissance irrésistible. Je rêve encore, je dois me réveiller. La main continuait à l’étrangler, et le souffle lui manquait. De toutes ses forces faiblissantes, il lutta contre l’emprise du cauchemar. Je dois me réveiller, je dois me réveiller. Dormait-il vraiment ? Le doute s’imprima en lui comme un fer rouge. Évidemment, je dors ! Il faut que je me réveille ! Ce fut son ultime pensée. Il ne se réveilla pas.


 
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   Neojamin   
25/1/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Je dois avouer que je n'ai pas trop aimé ce texte... pourtant il possède un certain nombre de qualités. L'intrigue est intéressante... j'ai bien aimé ce petit parallèle oedipien et morbide qui empêche Julien de dormir à côté de ses conquêtes. Le style est assez soigné... quoique un peu surfait. J'ai eu le sentiment que vous forciez un peu le trait en essayant de mettre tout un tas de jolis mots. Les dialogues m'ont aussi paru complètement surfaits... à cause du "vous" notamment dont je n'ai pas compris l'utilité réelle, mais pas que. Le langage châtié m'a paru hors sujet dans cette nouvelle qui semble se dérouler de nos jours. Jai dû mal à imaginer quelqu'un parler ainsi... et du coup, j'ai du mal à y croire.

Sur le fond, j'ai trouvé que la présentation du personnage était trop expédiée... pas mal de clichés aussi qui m'ont fait tiquer, sur les femmes, sur ce prétendu Don Juan... je me demande si c'est vraiment nécessaire. Les personnages féminins sont à peine esquissés, Nadia n'existe que pour servir le propos... et Viviane manque d'épaisseur pour nourrir le mystère qui l'entoure.
C'est dommage, parce que je le répète, je trouve l'histoire intéressante, j'ai aimé la mise en exergue du traumatisme.
La chute est un peu entendue...et pour que ça fonctionne pour moi, il faudrait que j'ai quelques indices qui me permettent de comprendre ce que Viviane fait dans cette histoire... bon, je suis peut-être juste passé à côté !

Je n'ai pas accroché donc... mais j'ai envie de dire que ça mérite d'être repris, et j'aurais plaisir à relire une version plus moderne de ce texte.

   FANTIN   
29/1/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Cette nouvelle fantastique qui campe un Don Juan vieillissant, "grand seigneur" mais pas forcément "méchant homme", ne manque pas de panache. Pour ce qui est du style, les tournures sont élégantes, parfois poétiques, et le vocabulaire choisi. La lecture se fait avec plaisir et sans effort. Un bémol pourtant: je ne raffole pas de termes savants tels que "flaccidité" que je trouve lourd et pédant - même si le mot exprime exactement l'idée recherchée -, pas plus que de mots précieux tels que "sylphe" qui me paraissent témoigner d'une complaisance légèrement condescendante. Le texte serait tout aussi réussi sans eux, du moins à mon avis.
Pour le fond, le glissement subtil vers un malaise grandissant, avec un lent et sournois renversement des rôles, est bien développé. Dès le début le sommeil fait problème. Les cauchemars, prémonitoires, la peur puis la terreur qu'ils engendrent, et qui déteint sur le réveil, envahissent progressivement le récit. L'ombre effrayante d'une mère abusive - et vengeresse? - achève de faire basculer cette nouvelle dans le mystère, l'angoisse et le questionnement fantastiques.
Un texte intéressant et représentatif du genre, où l'on retrouve l'influence des maîtres du dix-neuvième.

   Corto   
3/2/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Lisant cette nouvelle en anonymat, je subodore que l'auteur a quelques notions de Psy. Sinon c'est bien imité...
Le texte se lit d'une seule traite, l'intrigue étant très bien construite.

Le rapport du personnage aux femmes est finement décrit et cette introduction bien ficelée: "L’homme de Séville était avant tout un trompeur, tandis que lui jouait toujours cartes sur table".
A partir de là toutes les digressions sont permises et l'auteur ne s'en prive pas.
Avec "une bête monstrueuse à l’odeur de charogne était accroupie sur sa poitrine et le clouait au lit" on atteint le paroxysme de la phobie.

La dernière partie où l'on découvre Viviane relève du grand art, avec cette relation soit disant asexuée où personne ne veut se dévoiler. Mais c'est bien Julien qui craque le premier en parlant de sa mère: "tous étaient coupables de complot.
- Vous aussi ?
- Moi aussi, pour peu que je refuse de rester dans ses jupes"

Le dénouement arrive bientôt avec la scène finale en apothéose: "Une main glacée se referma sur son cou, qu’elle entreprit de presser avec une puissance irrésistible".

Le secret si bien gardé a été dévoilé, juste un peu, mais Julien le paie de sa vie ?

Excellent. Merci.

   hersen   
22/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Un bon déroulé de l'histoire, avec pour fil le sommeil du personnage principal.

Un style à la Sylvaine :) qui confère au texte une aura de mystère supplémentaire, cette façon de prendre le temps de dire, les dialogue avec toujours un peu de retenue...

par contre, pourquoi en fantastique ? Puisque l'on part d'une histoire psy, la rencontre de sa "comme une soeur" me parle suffisamment dans la réalité.

Un meurtre, n'est-ce pas aussi réel ?

Ou doit-on aller plus loin dans le côté psy, une mère qui tue son fils, pour exister elle ?
Là, je vais un peu loin pour mes méninges !

Merci pour la lecture !

   izabouille   
22/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai bien aimé le style, c'est finement écrit, les phrases sont justes. J'ai par contre moins aimé les dialogues "à l'ancienne", car qui se parle de cette façon de nos jours...
Quant à l'histoire, j'ai pas tout compris, j'avoue... disons que c'est la fin que j'ai compris sans comprendre. C'est assez confus, mais ce n'est là que mon humble avis. Pourquoi Viviane le tue-t-elle? On n'est guère éclairé sur le pourquoi de ses intentions. Ou alors est-ce réellement sa soeur? Ou alors je suis passée à côté...
Cela dit, c'est fort bien écrit et j'ai pris plaisir à lire des phrases aussi bien rédigées. C'est juste la conclusion de l'histoire qui m'a un peu déçue. Je suis restée sur ma faim.
Merci pour le partage

Iza

   plumette   
22/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
un délice d'écriture qui permet d'entrer dans ce texte qui semble promettre au lecteur une histoire au charme suranné.

La phobie de Julien n'est pas banale, bien que son attitude avec les femmes ne soit pas des plus plaisantes, je me suis attachée à lui! et j'ai bien aimé que le progressif sommeil de ses sens lui rende une capacité relationnelle nouvelle, pleine de promesses.

Après toute cette douceur de l'amitié partagée ( entre les sexes) la fin est terrifiante!Le traumatisme de Julien rencontre la folie meurtrière de cette Viviane ( un prénom ironique pour celle qui va donner la mort) le basculement dans le fantastique ( uniquement à cause de l'haleine putride qui laisse entendre que Viviane est la Mort personnifiée) est fort bien amené.

j'en frissonne encore!

Plumette

   Anonyme   
22/2/2019
Bonjour Sylvaine,

Le problème du Fantastique/Merveilleux c’est qu’on ne peut pas le commenter avec sa raison. Même si on cherche à établir une quelconque logique dans la fantasmagorie du récit. Trop de libertés sont prises, l’auteur a droit à tout et le lecteur qui n’est qu’un faire-valoir doit se soumettre. Je crois que c’est à cela que je dis non, et de là vient mon total désintérêt pour cette catégorie.

J’en ai un nouvel exemple ici, dans cette histoire à laquelle je n’ai rien compris. Elle paraît pourtant simple, racontée de façon linéaire… jusqu’à cette fin improbable qui veut sans doute tester notre niveau de dissolution dans le paranormal. Je me rends compte que le mien est nul et que j’ai plus de chances de me convertir un jour à une foi quelconque que de me laisser entraîner dans la magie du Fantastique, lequel m’apparaît de plus en plus comme une paresse à renouveler le réel et une facilité à le doter d’artifices et de facultés surnaturelles, sans que cela ne lui ajoute d’épaisseur narrative ni morale. On reste dans un monde arbitrairement transformé, mais qui garde finalement le même système de valeurs. Je n’en ai jamais vu l’intérêt.

Rien à dire sur la partie qui précède l’arrivée de Viviane. Julien est aisé (Il offrait plaisir, présents et vacances, mais jamais il ne parlait d’amour) mais je ne vois pas l’intérêt de nous cacher ce qu’il fait dans la vie. Je dirais même que ça commence déjà à me gâcher mon plaisir. Tout a de l’importance chez Don Juan, surtout s’il repousse cette assimilation qu’en font de lui les autres (Julien n’aimait pas qu’on le traite de don Juan). Julien boulanger, garagiste ou diamantaire, je ne le lis pas pareil. Passons.

Julien est terrorisé à l’idée de s’endormir près d’une femme, on le comprend dès le début. L’intrigue repose essentiellement sur cette peur primale dont il va se débarrasser ou qui va le tuer.
Alors quoi ?
Pour essayer de comprendre je relis l’exergue : « Petit conte de terreur misogyne ». Un exergue est censé orienter, ici c’est plutôt une ambiguïté de plus qui alimente le fantastique. Mais bon, puisque c’est dans la panoplie du genre…

A quoi se rattache le mot « misogyne » ?
S’il définit le conte, le narrateur assume donc sa misogynie narrative, absout les femmes de tout péché et fait payer à Julien une faute dont on ne sait rien, à moins d’être soi-même soluble dans l’art divinatoire des vestiges du passé. Qu’a fait Julien à douze ans dans le lit de sa mère ? S’y est-elle suicidée ? Ne l’a-t-il pas tuée lui-même, ce qui pourrait expliquer la terreur qu’il éprouve aujourd’hui près d’une femme dans un lit ? Qu’y aurait-il de fantastique là-dedans ? Rien. Serait-ce embêtant ? Non.

Si le mot « misogyne » définit la « terreur », ce qui serait juste grammaticalement, alors ça ne veut rien dire. C’est quoi une « terreur misogyne » ? Littéralement : une terreur qui s’attaque aux femmes. Ce qui contredit totalement le propos du récit, puisque c’est bien Julien qui est terrorisé par les femmes, et non l’inverse. Si c’est l’idée, il faudrait plutôt parler de « terreur féministe ».
Bref, mon cerveau s’embrouille déjà, avant d’avoir commencé.

Je passe directement au dernier chapitre, celui du dernier rêve, ou de la mort de Julien ; je n’ai pas compris. Pour moi il ne peut s’agir que d’un rêve. En effet, on peut se poser la question suivante dans un rêve : « Je dois me réveiller, je dois me réveiller. Dormait-il vraiment ? Le doute s’imprima en lui comme un fer rouge. » mais certainement pas si on est réveillé. Quel débile réveillé pourrait dire : « est-ce que je suis réveillé ? ». A moins d’avoir été drogué, en supposant alors un double sens à la phrase : « Passez une bonne nuit, Julien, si tant est qu’on puisse parler de nuit dans ces régions ». Sinon, la fin « Ce fut son ultime pensée. Il ne se réveilla pas » est totalement incongrue. A moins d’imaginer que Julien rêve son assassinat qui se produit réellement ? Ce sont toutes ces portes battantes que je ne supporte pas dans la logique du Fantastique. Je ne parle même pas de l’identité de Viviane ni de sa réalité : « Il avait douze ans, les oiseaux chantaient dans le verger, et il partageait son lit avec le cadavre de sa mère ». Sans doute faut-il chercher de ce côté-là… puisque de toute façon je suis passé à côté du titre, où se situe peut-être la clé du mystère : « Comme une sœur ». Parce que si c’est quelque chose du genre, La Mort, comme une sœur, viendra m’emporter, alors là j’abdique.

Comme toujours avec cette catégorie, je me dis : tout ça pour ça ? En même temps vous méritez, pour vos talents narratifs, d'avoir de nombreux lecteurs friands de l'Impalpable.

Je ne commente plus votre style, toujours plaisamment teinté de cette nostalgie très XIXe (siècle, pas arrondissement :-)

FrenchKiss
Largué dans le mythe psychanalytiquement revisité de Don Juan

   senglar   
22/2/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Sylvaine,


Remarquable !...

Effectivement c'est du Maupassant... ou plutôt du Gautier parce que chez Maupassant la phrase est plus courte (c'est sans doute pourquoi les Américains en ont fait un parangon ; mérité par ailleurs c'est un maître du style), chez Gautier elle est plus prenante, altière et chevaleresque.

On est pris à la gorge.

Et ce coupe-gorges où un spectre dérive est bien du XIXè même si ici il y a un hôtel de glace mais l'ère des découvertes était bien celle de la National Geographic où l'Afrique ayant découvert ses mystères on se tournait alors vers les pôles et leurs ours encore blancs.

Nadia... Viviane... Je scrute les prénoms... Le premier est bien vain, peut-être métropolitain et même art déco donc début XXè (1925 par là..., en ronde bosse, peu à accrocher ; attention je suis hyper art déco, super Mucha)... Le second parle aux fées et joue avec la mémoire, le temps, les amours occultées. Pareil pour la soeur qui couve au couvent, vous invoquez bien certaines couleurs/douleurs d'inceste. Je mise sur Gautier plutôt que Maupassant suffisamment léger ou fou pour mourir de la siphyllis. Gautier quant à lui n'ayant aimé qu'une seule femme était aussi un homme à aimer les momies - je parle d'amour idéal en plus que du roman, ne pas voir de sexisme ici - (lol). Ô tahoser ! Amour et mort !

En ce qui me concerne une réussite absolue !

Pardon maman, pas vous Sylvaine, pardon maman...

Traumatisme absolu.

Lui-aussi... le traumatisme bien entendu ;)

lol

senglar conquis

   Anonyme   
23/2/2019
Je crois que ce qui m'ennuie, c'est que la logique interne du texte demeure nébuleuse. Julien est terrifié de dormir en compagnie parce qu'un matin, au réveil, il a découvert près de lui sa mère suicidée. Soit, mais le lien avec Viviane ? Si la mère de Julien le poursuit ainsi, pourquoi est-ce si tard dans sa vie, pourquoi ne voit-il rien venir alors que des forces si puissantes sont mises en branle contre lui ? Et quelles forces, d'ailleurs ? En un mot, je trouve que le fantastique s'articule mal sur le texte, intervient comme une sorte de deus ex machina histoire de clore.

Il s'en faudrait d'ailleurs de peu pour "raccorder" le tout, je trouve. Par exemple, il se dit parfois qu'on meurt de la manière qu'on craint le plus. Cette simple remarque apporterait un "liant", me semble-t-il, qui pour l'heure manque.

Demeure votre style affirmé, riche et pur à la fois, que j'apprécie beaucoup. Vous introduisez avec bonheur des dialogues qui allègent et font avancer l'action, et les deux dernières phrases me paraissent bien dans l'ambiance. Vraiment un beau texte, intense, qui manque juste un peu d'articulation à mon goût. J'aime pinailler.

EDIT : Une expression m'a un peu heurtée, je la trouve trop rapide, trop "en raccourci" dans l'écriture générale du texte.
"Il s’excusa sur un cauchemar et la renvoya au lit."
On comprend bien, mais "s'excuser sur un cauchemar", je trouve cela pas terrible.

   toc-art   
23/2/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

je suis assez réservé sur ce texte pour deux raisons principales :

- le style d'abord. Je sais bien qu'ici, il n'est meilleur compliment que de louer l'écriture d'un auteur en la comparant à celle d'un mort, si possible depuis des siècles, mais vraiment, même si vous le faites très bien, quel intérêt ici ? Votre récit évoque les talk-shows, donc on est à l'ère moderne, pourquoi cette écriture d'un autre temps ? Elle ne me parait pas servir l'intrigue, et l'analogie avec certains récits du 19e ne suffit pas à mon sens à justifier cet anachronisme. Les dialogues sont notamment totalement artificiels. Je pense qu'il aurait mieux valu dans ce cas, par souci de cohérence, placer le tout à l'époque correspondante.

- l'intrigue ensuite : si la terreur de Julien tient son origine dans le suicide de sa mère, rien n'explique le lien avec Viviane. Il manque à mon avis un élément qui justifie la présence et les agissements de celle-ci. Le fantastique me semble mieux fonctionner quand tous les liens rationnels ne peuvent pas être pris en défaut et là, pour moi, ça n'est pas le cas car son irruption a quelque chose de gratuit qui lui ôte sa force et son pouvoir d'évocation. Mais là encore, ce serait à mon avis assez facilement améliorable.

En résumé, un texte intéressant, mais qui mériterait quelques retouches pour vraiment me convaincre.

Bonne continuation.

   chVlu   
23/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien
j'ai eu un peu de mal à rentrer dans le texte. Il m'a fallu m'y reprendre à reprises pour passer le premier paragraphe, surement le sentiment de lire un jugement à la serpe sur la relation humaine venue de misogyne et don Juan.
Passé cet écueil, le propos m'est apparu plus nuancé et plus riche et je m'y suis glissé avec plaisir, j'ai apprécié ce style affirmé qui s'appuie sur une richesse de vocabulaire indéniable.

Mais à la chute la sensation de me retrouver sur le trottoir sans savoir ni pourquoi ni comment. Finalement ce n'est pas moi qui est choisi de ne pas passer la nuit dans ton texte c'est lui qui m'a mis à la rue.

Jusqu'à cette fin venue de je sais où je n'ai pas compris où était le fantastique et encore moins le merveilleux. Les souvenirs et les traumas du passé qui font irruption dans le présent n'ont pas donné réponse à cette circonspection.
Je me sentais dans du réaliste.

j'ai été happé par une intrigue sur la nature du lien entre l'anti-héro et la mante religieuse :

une connivence dans l'incapacité à vire ses sentiments?

le lien dans les non dits?
le lien fraternel qui pouvait être,?
un lien qui ne s'avoue pas?
un lien qui surgit du passé?

La fin m'a laissé sur ma faim!

   Mokhtar   
24/2/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Une absence et une obsession, c’est ce qui sous-tend ma lecture et mon interprétation de cette histoire.

« L’aimiez-vous ?
Je crois que j’en avais surtout peur »

Phrase clé du texte.

L’absence, c’est celle de l’amour. Et la pire : celle de la mère. Il n’y a pas besoin d’être féru de psychologie pour imaginer les conséquences, pour le petit de l’homme, de l’absence d’amour maternel, et de sa réciprocité. C’est la première explication de sa misogynie, dans laquelle je vois surtout un refoulement. Pas de machisme chez lui : il est prévenant et respectueux. Pas de tendance homosexuelle : il a le besoin animal de contacts féminins. Mais il est bloqué dans ses épanchements sentimentaux. En fait, il ne sait pas aimer, au point qu’il abhorre (avec une « angoisse de bête traquée ») les vicissitudes des relations amoureuses (les pleurs, les crises etc…).

L’obsession, c’est celle de la mort avec laquelle, très jeune, trop jeune, il a été confronté. De la première femme de sa vie, la première qui s’allongea près de lui, il ne retient que l’image d’un cadavre. Lit, femme, mort : le traumatisme est évident. La femme et la mort se confondent. Comment voulez-vous après cela qu’il se risque à l’endormissement auprès de sa compagne, pour un sommeil qui est déjà en soi une petite mort?

Alors Julien Don Juan ? Non, bien sûr, il ne l'est pas. Il n'est pas "volage", mais il ne peut "se donner". Son goût de la solitude, sa misanthropie viennent plutôt de la névrose due à sa petite enfance auprès d’une mère dépressive et suicidaire.

Avec la rencontre de la sylphide Viviane, la faucheuse à n’en pas douter, le texte décolle et sort de la raison et du concret rationnel. Et c’est ce que j’aime dans les textes de Sylvaine : c’est le moment où elle prend sa liberté, et qu’elle s’autorise le fabuleux et l’invraisemblable.

Pour Julien, c’est l’heure. La fin de sa vie est celle qu’il pressentait.
Il le savait bien, et ses rêves étaient prémonitoires : ne jamais s’allonger et s’abandonner auprès de la femme, donc de la mort. Celle qui rôde à l’affût de sa faute : négliger de garder ses distances, renoncer à la "sécurité du sommeil solitaire". Déjà, avec Nadia, il s'en était sorti de justesse. Mais la faux de Viviane est impitoyable

Il ne serait par original ici de souligner la qualité littéraire du texte : aussi bien dans son style que dans sa composition. On sort ici de l’écriture amateur pour entrer dans le littéraire. On quitte le fast-food pour la gastronomie.

A propos de ce genre de texte, FrenchKiss écrit avec justesse : « …le lecteur, qui n’est qu’un faire valoir, doit se soumettre… ». Et il s’y refuse.
Moi, j’accepte. Arrivé à un certain âge, le raisonnable finit par fatiguer et ennuyer.

   jfmoods   
24/2/2019
Cette nouvelle m'apparaît comme une parabole sur la relation homme / femme (personnages caricaturaux, répliques convenues, recours aux clichés).

Le regard, décapant, se pose sur les abîmes de la masculinité, brocardant, au passage, l'éternel féminin ("si certaines le prenaient au mot, la plupart se jugeaient assez uniques pour espérer en secret").

Les deux premiers paragraphes mettent en scène un séducteur riche, généreux ("Il offrait plaisir, présents et vacances")... et au demeurant peu épanoui ("il ne les recevait jamais dans son appartement et refusait toujours de dormir auprès d’elles ; il les quittait systématiquement après l’amour, pour retrouver un territoire vierge et la sécurité d’un sommeil solitaire").

L'histoire bascule rapidement du prosaïque au fantastique ("une bête monstrueuse à l’odeur de charogne était accroupie sur sa poitrine et le clouait au lit"). La hantise du séducteur se réalise... comme les prophéties dans les tragédies grecques. La nouvelliste, taquine, s'amuse en intégrant à son récit des éléments d'ordre psychanalytique (titre : "Comme une soeur", "freudisme de pacotille", "un passé fraternel", "il partageait son lit avec le cadavre de sa mère", aveux sur l'enfance).

De prédateur, le séducteur est devenu une proie, un individu vulnérable, incapable de détecter la femme-vampire, la femme castratrice à l'oeuvre ("il invita celle-là dont l’élégance éthérée et la grâce asexuée de sylphe promettaient une relation sans piège", "le lent sourire qui découvrait ses dents menues, et qui lui prêtait une grâce un peu morbide", "Julien surprit un regard qui l’aurait mis en garde chez une autre, tant il était scrutateur", "Il reconnaissait son lent sourire qui lui découvrait les dents").

J'ai trouvé ce texte... mordant... et jubilatoire.

Merci pour ce partage !

   Malitorne   
25/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Sur la qualité de l'écriture il n'y a rien à redire, c'est clair et propre, à l'image de votre nouvelle précédente. Il me semble même qu'ici le style est moins clinquant.
Concernant le thème par contre ça reste perfectible. Vous vous essayez à une forme d'horreur/fantastique sans en maitriser parfaitement les codes, à mon avis. Je me permets de vous dire ça parce que c'est un genre que j'affectionne. Entre étude de mœurs et traumatisme de l'enfance vous perdez en route ce qui fait l'essence de l'horreur : la tension dramatique. Á aucun moment je n'ai été saisi par l'angoisse, par l'inquiétude de ce qui pouvait arriver au héros. Même la scène finale est assez fade, ça manque de violence et de descriptions frappantes. Viviane n'a pas assez d'épaisseur pour réellement effrayer. Dans l'horreur il ne faut pas hésiter à aller dans les extrêmes sinon on reste entre deux eaux.

   Donaldo75   
4/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Sylvaine,

Après la lecture, je suis remonté en haut de la page pour vérifier la catégorie. Oui, j'ai eu besoin de savoir dans quel tiroir avait été rangée cette nouvelle, tellement elle m'avait happé par sa narration classique au point d'en oublier le caractère fantastique. Car la phobie de Julien, ce n'est pas si rare de nos jours, juste une forme de comportement asocial, une phobie des autres ou un refus de l'intimité. D'ailleurs, Julien s'en explique assez bien auprès de Viviane. Le fantastique, qui n'est pas merveilleux dans le cas présent, vient de la fin, de la chute, un peu comme dans les nouvelles d'Edgar Poe. Tout peut s'expliquer, en réalité, par allégorie, dans une sorte de cauchemar éveillé où les sens sont trompés par l'imagination. Mais n'est-ce pas ça la beauté de la narration ?

Merci, j'ai beaucoup aimé cette nouvelle.

Donald

   Lulu   
4/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Sylvaine,

J'ai bien aimé cette narration dont l'écriture plaisante nous emporte assez simplement dans le fil du récit.

J'ai pensé à une image du "Horla" de Maupassant à un moment, notamment d'une des couvertures de l'oeuvre, et aimé qu'il y soit fait référence de façon explicite dans le dialogue.

Mais je n'ai pas trop ressenti le côté fantastique de la nouvelle. Aimant aussi beaucoup le genre, je m'attendais à des éléments plus troublants au coeur de l'intrigue. Or, cette dernière me semble plus ordinaire que proprement fantastique, à l'exception du dernier paragraphe qui donne une nouvelle perspective en orientant vers quelque chose de différent. En tout cas, et sans remettre en cause l'appartenance au genre, c'est mon ressenti.

J'ai trouvé étrange cette formule "Il s'excusa sur un cauchemar".

J'ai un peu mieux compris les mots mis en exergue de la nouvelle avec ce nom de misogyne qui n'honore pas le personnage : "cette idiote avait dû droguer le champagne".

J'ai trouvé cette image fort belle "Il les voyait toutes comme des méduses".

Le vouvoiement entre les amis m'a surprise. Il est vrai qu'ils sont collègues au départ, et dans le travail, cela peut se tenir, mais l'amitié s'étant installée, cela m'a questionnée et paru peu crédible. Ils partent tout de même en vacances, et jusqu'au Groenland. Là encore, c'est un ressenti personnel.

J'ai aimé une autre image : "les écharpes blanches autour des arbres". C'est tout simple, mais le visuel est bien rendu. Il faut parfois ce genre de détails pour faire vivre un environnement.

En somme, j'ai passé un bon moment de lecture, mais ai été un peu déçue par le dernier paragraphe, même si je m'attendais à une chute. Il m'a semblé que tout s'y accélérait, alors que la progression de l'ensemble du texte suivait un tout autre rythme.

Merci de ce partage, et bonne continuation.

   Anonyme   
4/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y a beaucoup de bonnes choses dans cette nouvelle : un vocabulaire riche et varié, une grande élégance dans l’expression, une grande maîtrise dans l’évocation des lieux et des atmosphères, un style solide et sûr de lui faisant facilement oublier que le sujet, reconnaissons-le, n’est pas d’une folle originalité.
Je regrette toutefois une fin un peu abrupte et précipitée : le récit se met brusquement à couper à travers champs en brûlant allégrement une ou deux étapes qui n’auraient pas été de trop pour la bonne compréhension de l’intrigue.


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