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Fantastique/Merveilleux
Sylvaine : La sève de Noël
 Publié le 16/01/20  -  12 commentaires  -  8829 caractères  -  74 lectures    Autres textes du même auteur

Anti-conte de Noël.


La sève de Noël


Le culte des arbres est l’un des plus anciens, et sans doute le plus naturel qui soit. Ils sont les plus grandes créatures vivantes ; leur longévité, qui peut se compter en millénaires, leur résurrection après le sommeil hivernal sont de puissants symboles d’immortalité. Par ses racines, l’arbre touche au séjour souterrain des divinités infernales ; par sa frondaison, il atteint le ciel.

François Gasquel, Mythes européens et arbres sacrés


L’approche de l’hiver étreint la forêt. Les oiseaux sont moins nombreux à habiter ses branches, les petites bêtes à fourrure se font plus rares dans le sous-bois. En lui et autour de lui, la vie se rétracte et se rassemble au cœur. La circulation de la sève devient plus lente, ses aiguilles offertes au soleil captent une lumière plus froide et plus avare. Il n’est qu’à l’aube d’une existence qui pourra durer plusieurs siècles. D’année en année plus haute, un jour sa cime tutoiera le ciel. Son bois épaissi cerne après cerne et bien serré sous l’écorce s’apprête à résister aux assauts du vent, au fardeau silencieux de la neige. Et sous cette toison éblouissante attendront patiemment ses forces en sommeil.


Marie-Christine n’a pas encore fini d’explorer la maison neuve. La plus belle de la ville a dit Papa. Un hôtel particulier refait de fond en comble. Aujourd’hui, on a pendu la crémaillère. Marie-Christine a veillé jusqu'à neuf heures. Papa lui a fait boire un doigt de champagne en l’appelant « mademoiselle ». Puis Maman l’a mise au lit, avec le jouet de son choix. Marie-Christine possède tout un peuple de poupées et de peluches, plus qu’aucun des enfants qu’elle connaît. C’est normal. Leurs parents ne gagnent pas autant d’argent que Papa. À présent, dans sa chambre tendue de rose, sous le halo de la veilleuse, elle est trop excitée pour dormir. Elle préfère rêver à l’arbre de Noël. Le plus beau, le plus grand, Papa le lui a promis. Un arbre qui s’élèvera sur toute la hauteur du grand hall. On invitera tes petits amis a dit Papa. Ils n’auront jamais vu un arbre pareil.


Tout a commencé par un grondement lointain dont l’approche a fait trembler le sol et dont ses racines ont bu l’émotion lente. Les cerfs qui se reposaient dans les buissons se sont évanouis comme des songes fauves, chassés par l’engin tonnant. À présent des voix ébranlent l’air immobile, des mains palpent son écorce, des ordres brefs retentissent. Sensation brutale. Un fer gémissant l’attaque à la base du tronc.

La scie mécanique pratique deux incises de part et d’autre. La lame traverse l’aubier poisseux de sève, atteint déjà le cœur dur. Puis elle approfondit la première entaille. Le tronc ébranlé vacille, les aiguilles frissonnent. L’arbre confond son cri silencieux avec le hurlement du métal.

Un fracas de foudre. Le voici gisant à terre jusqu'à la cime, six mètres de souffrance muette cloués au sol. De part et d’autre s’étalent les branches humiliées. Une douleur térébrante se concentre au pied du tronc, là où s’arrondit une plaie vive. Les racines dont il est amputé ne puiseront plus pour lui les sucs nourriciers ni l’eau de la terre obscure. Sa vie s’arrête ici, à l’aube des siècles qu’il ne connaîtra jamais.


Ce matin, Papa est venu réveiller Marie-Christine. Il l’a embrassée sur la tempe, là où transparaît une veine toute bleue. Papa aime beaucoup le dessin de cette veine et son relief délicat. Ma petite fille a la peau si fine, dit-il toujours, une peau de princesse au petit pois. Ensuite, il l’a portée dans ses bras pour descendre l’escalier, trois étages en enfilade dont les galeries donnent sur le grand hall. Elle a vu l’arbre, tout décoré, comme s’il avait poussé là pendant la nuit. Rien de tel qu’une entreprise spécialisée a dit Papa. Les ouvriers sont venus au petit jour.

Depuis, Marie-Christine ne se lasse pas de contempler son arbre. On l’a placé dans un bac assorti à la grille du jardin, et comme elle orné de jolies pointes en bronze. Assise sur le tapis, elle s’amuse à renverser la tête : le sapin s’élève au-dessus d’elle jusqu’au plafond. Une étoile dorée brille au sommet, si haute qu’elle lui donne le vertige. Constellées de petites ampoules et drapées de cheveux d’ange, les branches d’un vert presque noir portent comme autant de fruits leur charge de boules multicolores. Marie-Christine tend la main, effleure du doigt la plus proche : l’objet merveilleux oscille et miroite. Elle recommence, tente une secousse un peu plus forte. Elle n’entend même pas Nounou qui l’appelle pour lui donner son bain.

À peine habillée, elle retourne auprès de l’arbre. À présent elle veut le voir d’en haut. Un étage après l’autre, elle s’attaque à l’escalier immense. De temps en temps, elle s’arrête en soufflant un peu et s’appuie aux barreaux de la rampe pour dévorer le sapin des yeux. Enfin, elle atteint son but. Elle suit la troisième galerie jusqu'à l’endroit où les branches touchent la balustrade. L’appui lui arrive à hauteur du front. Avec effort, elle déplace une chaise et parvient à s’y asseoir. Ses jambes n’atteignent plus le sol, mais elle jouit maintenant d’une meilleure vue. L’étoile de la cime est toute proche. Au-dessous d’elle, l’arbre déploie ses souples rameaux enluminés.


Au pied du tronc se contracte douloureusement le fantôme des racines absentes. Privé de sève vive, l’aubier se dessèche lentement. Bientôt les aiguilles encore vertes commenceront à se détacher des branches. Asphyxie. Sources mortes. Où sont la terre succulente et la liqueur du soleil ? Il agonise sur pied, consumé par la soif torride des blessés qui ont perdu trop de sang.


Marie-Christine a ouvert les yeux sur la lueur rose de la veilleuse. L’impatience l’a tirée du sommeil, mais il est encore trop tôt pour se lever. Si tôt qu’en se cachant bien, elle surprendra peut-être le Père Noël en train de décharger sa hotte. L’idée de contempler le spectacle interdit lui fait pétiller le sang. Pieds nus, elle se glisse hors du lit et entrouvre la porte sur la lumière diffuse qui estompe les ombres du couloir. Le sapin brille de toutes ses petites ampoules et l’attire comme une étoile. Papa et Maman ne sont pas encore rentrés : leur chambre est ouverte et le lit n’est pas défait. Nounou dort. Pour ne pas la réveiller, Marie-Christine progresse sur la pointe des pieds. Sans un bruit, elle monte au troisième étage. La chaise est à la bonne place. Après s’être hissée sur le siège, elle regarde au pied de l’arbre. Les cadeaux ne sont pas arrivés. Elle décide d’attendre en ouvrant grand les yeux.

Sous ses ornements multicolores, le sapin semble palpiter doucement. Ses lumières scintillent comme des regards qui fascinent Marie-Christine. L’arbre la voit-elle comme elle le voit ? À la surface des boules rutilantes attachées à la branche la plus proche, elle discerne son visage. Se peut-il que des dizaines de petites Marie-Christine se trouvent suspendues dans le sapin, prisonnières de ces reflets ? L’idée lui fait un peu peur. Va-t-elle glisser au bas de la chaise, retrouver sa chambre au lit douillet ? Non, la fascination de l’arbre est la plus forte. Au cœur du feuillage, hors d’atteinte, miroitent les joyaux les plus désirables. Telle cette boule argent creusée comme un écrin sur un chatoiement rose et violet. Si seulement elle pouvait la voir d’un peu plus près ! Prenant appui sur la balustrade, elle se hisse à genoux sur le siège. Bien. Très bien. Il suffit de tirer sur la branche. Tentante comme une grenade ouverte, la boule est à portée de main.


Agonie ardente. La soif pareille à un feu couvant entre écorce et bois du pied à la pointe des branches. Supplice invisible. Brasier sans flammes. Mort de martyr au bûcher.


Marie-Christine est tout près d’atteindre le fruit de verre. Au moment où ses doigts se referment, elle bascule sans même pousser un cri.


Le changement est d’abord insensible. Du fond de son agonie, il recueille des signes imperceptibles, comme il guettait naguère au fort de la canicule d’infimes prémices de la pluie. Une source est là, toute proche, propre à apaiser sa soif. Lentement, le miracle s’accomplit, le brasier invisible s’éteint. Résurrection. Le liquide nourricier l’irrigue, comme une montée de sève au printemps.


La nounou ne s’est pas réveillée. À leur retour, les parents de Marie-Christine ne découvriront pas tout de suite le petit corps disloqué au pied de l’arbre. La tête a porté contre le bac, dont une pointe a transpercé la tempe en déchirant la veine bleue que son père aimait tant caresser. Personne ne remarquera les aiguilles neuves, ni la poussée des racines qui ont fissuré la fonte dans leur quête acharnée du sol.


On sacrifiait tout spécialement aux arbres lors du solstice d’hiver. Le sang répandu célébrait le renouveau de la sève alors en sommeil.


 
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   mirgaillou   
26/12/2019
 a aimé ce texte 
Bien
On peut détester Noël, mais à ce point!

En somme vous nous jouez "œil pour œil, dent pour dent".
heureusement, mode écologique aidant, (oui, je pèse mes termes en employant ce mot car les médias s'en repaissent) on sacrifie moins de beaux sujets à une tradition aussi obsolète qu'inutile. On n'abat plus d'aussi beaux sujets, on cultive des variétés qui sont destinées à cela comme de simples fleurs à bouquet.
Je pense que votre propos est ailleurs, dans une sorte de culte druidique.
D'autre part, cette petite fille est bien seule..."L'amour" de ses parents ne va pas jusqu'à sacrifier leur plaisir pour veiller sur elle.
Vous nous avez donc écrit un conte moral qui interpelle à plusieurs niveaux.
Souci de l'apparence, plus c'est grand plus c'est riche plus c'est chic, mais dans le fond, vous démontrez bien à la fois l'absence une vraie tendresse et un manque total de respect de la nature au profit du paraître.

froidement efficace.

   poldutor   
26/12/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour

Nouvelle effrayante qui commence comme un conte et finit en drame.
Une famille unie et riche, une belle maison, un peu de vanité : avoir le plus grand sapin de Noël...une petite fille chérie mais mal surveillée, et c'est le drame.
Écriture agréable, le martyre du grand arbre est bien décrit :

"La scie mécanique pratique deux incises de part et d’autre. La lame traverse l’aubier poisseux de sève, atteint déjà le cœur dur. Puis elle approfondit la première entaille. Le tronc ébranlé vacille, les aiguilles frissonnent. L’arbre confond son cri silencieux avec le hurlement du métal.

Un fracas de foudre. Le voici gisant à terre jusqu'à la cime, six mètres de souffrance muette cloués au sol. De part et d’autre s’étalent les branches humiliées. Une douleur térébrante se concentre au pied du tronc, là où s’arrondit une plaie vive. Les racines dont il est amputé ne puiseront plus pour lui les sucs nourriciers ni l’eau de la terre obscure. Sa vie s’arrête ici, à l’aube des siècles qu’il ne connaîtra jamais."

On souffre avec le végétal.
Cordialement.
poldutor en E.L

   cherbiacuespe   
27/12/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Si le but était de choquer, c'est réussi! Défendre ces pauvres arbres que l'on déracine sans vergogne pour rien, finalement? Je ne sais pas, mais cela peut en faire réfléchir certains.

Une teinte poétique certaine, une écriture qui coule, le choix d'alterner le récit entre l'arbre et la petite fille, rapidement, pour en arriver au drame d'abord et ce rappel des sacrifices antédiluviens, tout est séduisant dans cette nouvelle, original. Mais un peu macabre, non? Je vois dans l'écriture un talent indéniable et une belle dose d'imagination.

Cherbi Acuespè
En EL

   Corto   
28/12/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
L'exergue devrait alerter tous les candidats lecteurs.
On commence par une description de la forêt un peu affadie "L’approche de l’hiver étreint la forêt". Tout ce paragraphe est assez conventionnel.

La nouvelle nous plonge dès lors dans un milieu préservé, juste assez agaçant par ses privilèges d'aisance ostentatoire.
La petite fille riche est décrite avec moult poncifs "Marie-Christine n’a pas encore fini d’explorer la maison neuve. La plus belle de la ville a dit Papa".
"Marie-Christine ne se lasse pas de contempler son arbre".
Il semble que le style adopté soit trop plat pour captiver le lecteur.

Même les descriptions qui concernent l'arbre: "Au pied du tronc se contracte douloureusement le fantôme des racines absentes" paraissent manquer de dynamisme et de suspense.

"L’arbre la voit-elle comme elle le voit ?" ne suffit pas à relancer l'intrigue.
Le dénouement avec son accident arrive sans vraie surprise.

Le final "On sacrifiait tout spécialement aux arbres lors du solstice d’hiver. Le sang répandu célébrait le renouveau de la sève alors en sommeil" vient confirmer que toute l'histoire est laborieusement construite pour cette démonstration dont l'intérêt ne saute pas aux yeux.

Le thème "Le culte des arbres est l’un des plus anciens" n'est pas en cause. Par contre le style utilisé, le choix des personnages, le manque d'intrigue font de ce texte un récit trop convenu.

On aurait aimé sentir pour ces arbres que "leur résurrection après le sommeil hivernal sont de puissants symboles d’immortalité."

Peut-être une autre fois ?

   Donaldo75   
30/12/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

C'est fort et j'ai beaucoup aimé ! La narration est très bien vue, avec le point de vue de Marie Christine en partition principale et celui de l'arbre en contrechant; le narrateur ne s'immisce pas dans le récit, ne nous livre pas ses convictions mais les posent subtilement juste comme des faits. J'aime le fond; pour ma part les fêtes de Noël sont juste le moyen de poser des vacances, de voir les Parisiens moins stressés et surtout en apparence moins cons, mais pas de couper des arbres, de bouffer des foies de canards tués pour l'occasion, de sacrifier des dindes j'en passe et des plus barbares, alors je ne peux qu'adhérer.

Bravo !

   ours   
16/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Sylvaine,

Définitivement j'aime bien votre plume, car elle a du style, un caractère légèrement suranné ou classique mais qui rend la lecture à la fois simple et enrichissante avec ce qu'il faut d'images et de métaphores pour ressentir intimement la vie puis la mort de cet arbre.

Les deux histoires, celle de l'arbre et de Marie-Christine, qui s'entremêlent et se font écho par moment rendent la lecture dynamique et attrayante. On sent également qu'un drame se prépare et le suspens est maintenu.

Cependant sur le fond je m'interroge, on peut imaginer que la mort accidentelle de Marie-Christine est l'événement dramatique de la nouvelle qui saura éveiller le plus la sensibilité du lecteur, et l'auteure de nous emmener dans un parallèle obligé avec la douleur et la souffrance de l'arbre qui se ressource enfin avec le sang de Marie-Christine, c'est dur, très sombre, et je n'arrive pas à exprimer clairement ce que cela évoque vraiment pour moi. Les mots qui me viennent en vrac : injuste, innocente, bêtise, absence, apparence, vanité... mais je n'arrive pas à faire le lien entre eux.

Merci du partage, une lecture qui remue.

   hersen   
17/1/2020
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Bonjour Sylvaine,

Peut-être qu'avoir profité de la tradition natale pour proposer un conte sur la sauvegarde des arbres, ou en tout cas sur la nature qui se retourne contre l'humain, tombe un peu à côté.
En effet, initialement, c'était justement par respect pour la nature, a une époque où les gens y vivaient plus proches, en vivaient.

Comme je n'ai pas, ou plus, l'impression maintenant que l'on dévaste des forêts originelles pour noël, mais que cela relève d'une culture sylvicole comme une autre.

Par contre, le cheminement que tu tiens, de l'arbre qui se "venge" en se nourrissant du corps d'une fillette est pour moi un très bon thème.
Peut-être qu'il aurait fallu placer l'histoire dans un contexte différent. A ce sujet d'ailleurs, je n'ai pas compris vraiment la grande description de la vie de cette enfant de riches.

Pour moi, tu as développé l'histoire à côté de ce qui pouvait être intéressant.
Tel quel, je ne me sens pas prise par l'histoire, je reste en dehors, pour ne pas dire dubitative.

Ce commentaire naturellement ne vise en rien ton écriture et n'est pas non plus rédigé pour déplaire : il est le reflet de ma lecture, des impressions que ce texte a soulevées en moi.
je suis désolée pour cette fois,

mais à te relire, certainement.

   Annick   
17/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est une histoire bien écrite où la forme est au service du fond. je relèverai seulement les nombreuses occurrences du superlatif "plus" qui alourdissent (un peu) ce beau texte : un détail qu'on peut facilement corriger.

C'est un conte cruel comme bien des contes d'ailleurs.

L'arbre sacrifié se venge. Le lien est fait avec un autre sacrifice, un rite ancestral où l'on immolait aux solstices d'hiver pour célébrer le renouveau de la sève. (sève/sang)

Pudiquement, le narrateur ne dit pas ce qu'on tuait ou qui on tuait à cette période de l'année. Pour préserver le mystère ?

Le narrateur a su rendre la petite fille attachante, à travers l'amour de son papa, ce qui rend d'autant plus difficile la mort de celle-ci pour le lecteur.

Détails cruels : le bonheur suprême semble à portée de main mais c'est la mort qui est au rendez-vous.

Cette petite veine bleue, péché mignon du papa devient centrale quand la petite meurt et que son sang s'échappe.

Le cycle de la vie se perpétue, (mais à quel prix ?) : l'arbre ressuscite concomitamment à la disparition de la petite fille. C'est grâce au sang versé qu'il revit.

Toutes ces correspondances font vibrer le texte.

La nounou semble responsable de tout ce qui arrive mais n'est-ce pas la force du sortilège qui agit par-delà le temps...

C'est si bien écrit !

   plumette   
17/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Sylvaine

j'ai redouté cette fin dés que j'ai lu que la petite montait au 3ème étage et approchait sa chaise de la balustrade.

j'ai beaucoup aimé l'alternance des points de vue qui fait doucement monter quelque chose d'un peu sucré , mais qu'on devine amer en réalité!

Et puis, j'aime votre écriture classique dans un style soutenu qui convient bien à ce genre d'histoire .

Cruauté réciproque dans le monde des vivants? ou vengeance de la nature humiliée par l'homme?

Une histoire qui m'a tenue en haleine.

   farigoulette   
18/1/2020
 a aimé ce texte 
Pas
Les parents pêchent par orgueil, mais leur petite fille croît au père Noël et vit encore dans le merveilleux. Qu'elle cruauté de la faire mourir. J'ai eu l'impression d'assister à l assassinat de l'innocence.

   Anonyme   
3/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime bien les histoires de Noël plus proche de l'origine païenne que de celle chrétienne.

En atteignant la mention au père Noël j'étais presque déçu qu'il n'y ait pas à la place plus de détails sur le culte et/ou son origine.

Heureusement vu la fin on comprend mieux que c'est pour créer un décalage entre la tradition d'origine, simple et presque cruelle bien qu'efficace et celle plus basée sur l'apparence et le clinquant.

La victoire de l'ancienne sagesse exigeante sur la négligence des parents qui gâtent trop leur enfant pour qu'il se méfie des dangers est intéressante même si un peu attendue.

En effet même si j'ai beaucoup aimé les descriptions le narrateur dévoile peut-être un peu trop et trop tôt de quel côté elle se trouve ^^.

   jfmoods   
3/10/2021
Le titre de la nouvelle m'apparaît d'une ironie mordante, ce que confirme l'entête ("Anti-conte de Noël") . Dans son sens figuré, le mot "sève" signifie "âme" ou "souffle". Or le texte est tout à fait dépourvu de la charge d'idéal propre à cette période de l'année qui prône des vertus chrétiennes comme le partage. Il s'agit ici, bien au contraire, de mettre en avant une différence de classe. La nouvelliste choisit même de caricaturer jusqu'à l'absurde le choix de l'arbre ("Le plus beau, le plus grand, Papa le lui a promis."). Un arbre défiant toute mesure, une petite fille seule pour en profiter : on peut difficilement imaginer parodie plus grinçante de l'esprit de Noël.

Le père considère que Marie-Christine est différente des autres enfants puisqu'elle a "une peau de princesse au petit pois". Elle est l'élue : les autres camarades sont des figurants. Ils forment un parterre de spectateurs, un petit peuple de courtisans. Si on les invite, c'est pour qu'ils soient subjugués et admiratifs du spectacle de la toute-puissance ("Ils n’auront jamais vu un arbre pareil.").

Le tragique de la nouvelle se situe bien en amont de sa chute, bien en deça de cette coïncidence, de cette correspondance symbolique entre la mort de l'arbre et celle de Marie-Christine. Il réside dans cette enfance dont on a saboté les fondements, saccagé les fruits, où la relation à l'autre a été irrémédiablement gangrenée par une notion de supériorité affichée et parfaitement intégrée.

Merci pour ce partage !


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