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Fantastique/Merveilleux
Sylvaine : Le porteur de braises. Conte médiéval
 Publié le 15/06/17  -  18 commentaires  -  15033 caractères  -  292 lectures    Autres textes du même auteur

Un très vieux moine se rappelle la rencontre merveilleuse qui a décidé de sa vie.


Le porteur de braises. Conte médiéval


Maintenant que je touche à la tombe, que ma vie vacille et s’éteindra bientôt comme la flamme de cette chandelle qui éclaire ma veille ultime, je veux rompre le silence qui a protégé le mensonge de mes lèvres pendant toutes ces longues années de cloître, où j’ai récité jour après jour des prières à la gloire d’un Tout-Puissant que dans le secret de mon âme je ne reconnaissais pas. Mon temps est venu. Avant que la mort n’écrase mon cœur dans son poing froid, ma main unique contrainte de copier ma vie durant des textes qui ne m’étaient pas sacrés couchera mon histoire sur ce parchemin et y proclamera ma foi. Les heures qui me séparent de matines y suffiront. Quand sonnera l’office, j’aurai accompli la tâche qui me tient encore éveillé dans ma cellule et je laisserai un sommeil définitif me fermer les yeux.

De la brume grisâtre qui brouille et confond mes souvenirs, ceux de mon enfance émergent enluminés de couleurs fraîches. Je dois remonter au temps où l’on m’enleva aux soins des femmes : j’avais sept ans, comme c’est l’usage, et, mon père me destinant à la carrière des armes, j’aurais dû quitter trois ans plus tard le château familial pour faire mon apprentissage auprès d’un seigneur apparenté. J’étais le dernier de ses quatre fils encore en vie, dont les deux aînés s’illustraient déjà loin de ses terres. Le troisième, Yvon, qui me précédait d’un an, répondait aussi à tous ses vœux et se vit chargé de m’aguerrir ; j’appris à m’escrimer contre lui, avec une épée et un bouclier de bois, mais j’y mettais peu de zèle, et me faisais houspiller souvent. Quant à la fronde, dont il voulut m’apprendre l’usage pour abattre les oiseaux, j’y montrais une maladresse si grande que je manquais constamment ma cible. Sans doute le voulais-je ainsi, tant me navraient de pitié ces petits corps palpitants et encore tièdes qui chutaient autour de lui et qu’il achevait en leur tordant le col.

Mon frère se lassa bientôt de moi, dont il fit un rapport désastreux à notre père. Celui-ci n’en devint que plus entêté à m’endurcir et jura de me faire chasseur, jugeant que cet apprentissage du sang me préparerait à verser celui des hommes. Il m’emmena donc courir bêtes douces et bêtes noires, toutes promises à l’hallali où mon cœur pantelait avec elles, comme elles déchiré par les crocs des mâtins. Yvon, lui, se délectait de ces distractions violentes : à neuf ans, il maniait le poignard d’une main sûre, et je le vis plusieurs fois servir un jeune cerf ou un chevreuil. Notre père voulait me voir suivre son exemple. Il me choisit un daguet dont l’âge convenait au mien, et, quand la bête fut aux abois, il me tendit un couteau de chasse et m’ordonna de l’achever. Face à elle, tout près, je lisais son agonie prochaine dans ses yeux vitreux où perlaient des larmes noirâtres ; les genoux fléchis, le poil foncé par la sueur, elle avait été forcée à mort et elle attendait de moi le coup de grâce que je ne pouvais me résoudre à porter. Encerclé par la meute qui hurlait son impatience, pressé par mon père qui m’exhortait rudement à frapper, j’implorai silencieusement le Christ en qui je croyais encore de nous épargner, moi et le cerf, et je laissai glisser le couteau de mes doigts tremblants.

« Dieu te damne ! Tu n’es pas mon fils ! »

Mettant pied à terre d’un bond, mon père ramassa l’arme tombée dans l’herbe et l’enfonça dans le flanc du daguet. D’un même geste, il me saisit aux épaules et m’écrasa le visage contre la blessure dont le sang me barbouilla joues et cheveux, et, me pénétrant dans la bouche et les narines, me laissa suffoquant et crachant sous les huées de l’équipage tandis qu’on donnait la curée aux chiens. Mon père n’était pas le dernier à se railler de moi. Me poussant de nouveau avec rudesse, il me fit choir sur les genoux comme le jeune cerf que j’avais failli à tuer.

« C’est le rouge de ta honte qui te souille le front ! clama-t-il avant de remonter en selle. Puisse le sang dont je t’ai marqué te transformer en homme, ou tu finiras au monastère comme un chapon ! »

De ce jour, s’il me contraignit encore à suivre ses chasses, il ne me demanda plus de servir la bête, me jugeant indigne de cet honneur. Je m’en estimais heureux. Lors de mes moments de liberté, j’avais tissé avec la forêt des liens autres. Là où les veneurs voulaient en forcer les mystères avec fracas, je cherchais à les surprendre comme la brise effleure les feuilles, me coulant sans les effaroucher et comme devenu l’une d’elles parmi les créatures des bois. Au printemps surtout, la contemplation des bêtes nouvellement nées récompensait ma patience, renardeaux fourrés de roux culbutant au bord de leur terrier ou marcassins trottant près de leur mère dans leur livrée rayée de brun. J’avais l’art d’écarter sans un bruit les branches flexibles des buissons pour découvrir un faon immobile, dont la robe tachetée imitait le jeu du soleil dans les feuilles ; sous les longs cils, le velours profond des yeux recelait un rêve obscur d’herbe tendre et de lait frais. Un jour que j’étais tout près de m’y perdre, je sentis une présence derrière moi. Je me retournai vivement, et restai le souffle court.

Devant moi se tenait un cerf plus grand et plus beau que tous ceux qu’avait jamais courus mon père. Sa ramure pouvait porter dix-huit cors, enracinée comme deux arbres sur la tête qu’il levait haut, vers les branches jumelles des chênes. Des jambes fines, que l’on devinait infatigables, soutenaient le poitrail large, l’échine qui s’allongeait jusqu’à la croupe musclée. D’un brun chaud, son pelage blondissait sur les flancs. Il abaissait sur moi, qui lui atteignais à peine l’épaule, un regard piqueté de points d’or où je me noyais sans résistance. Ses yeux absorbaient mon âme, lui offraient une alliance à laquelle je ne pouvais ni ne souhaitais me soustraire. C’était un adoubement, qui m’imposait une allégeance définitive à laquelle j’obéis encore.

Pareille bête ne pouvait habiter le cœur de la forêt sans que le bruit n’en vînt aux oreilles de mon père. Ses piqueux, qui lui faisaient des rapports réguliers, lui signalèrent bientôt sa présence et excitèrent son désir de compter son massacre au nombre de ses trophées. Je participai à plusieurs des chasses où il lança le grand cerf, mais celui-ci semblait se railler de lui en le menant de taillis en futaies, de clairières en marécages, des journées durant, parfois proche jusqu’à se laisser voir de près et faire espérer la prise, mais finissant toujours par se forlonger pour gagner des buissons secrets où les chiens ne le retrouvaient plus. Mâtins, chevaux, veneurs en revenaient exténués et déchirés d’épines, et mon père toujours plus acharné à s’emparer de la bête qui lui faisait affront. Le jour où il crut enfin y parvenir a balafré ma mémoire d’une estafilade sanglante. J’avais réussi à m’esquiver avant le départ de l’équipage pour rejoindre la forêt par mes propres voies, et pour suivre un layon familier jusqu’à une coulée d’eau cristalline sous le vol diapré des libellules. Je connaissais ce ruisseau, et je passai un moment à y suivre du regard les saccades étincelantes qu’y dessinaient les truites. Soudain, j’entendis se rapprocher à vive allure le fracas de la chasse qui jusqu’alors m’était parvenu de loin – sabots martelant le sol, appels des trompes et bahulée de la meute. Le cerf surgit des fourrés ; sa vigueur semblait intacte. Un bond le jeta dans le courant qu’il se mit à suivre vers l’aval, prenant soin de progresser dans l’eau que son pas léger ne troublait pas pour tromper le nez des chiens. À peine s’était-il dérobé à la vue derrière l’horizon des arbres que déboulait la meute acharnée. Les limiers s’égaillèrent sur les berges, désorientés par le ruisseau qui leur dissimulait la voie. Mon père, qui chevauchait en tête de l’équipage et dont le visage ne reflétait qu’une convoitise hagarde, ne m’aperçut que pour me sommer de lui révéler le chemin qu’avait pris sa proie. De la main, je lui désignai l’amont, vers quoi il se lança sans attendre.

« Cette fois, nous le tenons enfin ! » hurla-t-il en entraînant la chasse furieuse. L’équipage s’éloigna dans un vacarme d’enfer, piétinant le ruisseau dont il dévasta le lit et les berges. Enfin, le silence reprit ses droits, troublé seulement par un pic tambourinant contre un chêne. La coulée naguère cristalline se noyait dans des ornières boueuses que le vol diapré des libellules ne suffisait plus à enchanter.

Mon père ne prit pas le change deux fois. Lorsqu’il revint bredouille au château, la férocité de sa déception m’avait accusé sans doute possible : je l’avais sciemment induit en erreur, et c’était par ma faute seule qu’il avait perdu le cerf. Je bayais aux corneilles dans la cour lorsque l’équipage rentra et que les ordres claquèrent. Je me retrouvai encerclé par la meute, crocs luisants, regards enragés, comme lorsque j’avais failli à mon devoir de veneur, mais aujourd’hui il me suffisait de voir le visage convulsé de mon père pour savoir que c’était moi qui étais devenu son gibier. Il enjoignit à Yvon de lui apporter son épée de guerre, et lorsqu’il eut le glaive en mains :

« Tends ta dextre qui m’a fourvoyé, ordonna-t-il, pour qu’elle reçoive ainsi qu’il se doit le châtiment de sa félonie. »

Et, d’un coup de taille, il me trancha le poignet, et jeta le débris sanglant aux chiens.

Le moignon fut cautérisé au fer rouge, puis se déclara une fièvre maligne qui me tint plusieurs jours couché sur ma paillasse, et dont je ne serais peut-être pas sorti vivant sans l’intervention que je dirai. On se souciait d’autant moins de moi que toute la mesnie était requise par les apprêts de la fête qui célébrerait les noces de mon aîné Thibault, désormais chevalier, qui devait revenir au château le soir même. Affluait aussi pour l’occasion toute notre parentèle, qu’il fallait nourrir et loger, sans compter celle de la fiancée, qui l’avait escortée en grande pompe. On m’oublia dans ce joyeux remue-ménage, dont les échos me parvenaient déformés par le délire qui me dévorait nuit et jour. Des éclats de rire, de musique et de vaisselle cisaillaient par à-coups la basse continue de la douleur qui irradiait de mon poignet mutilé. Des visions fulguraient devant mes yeux fébriles. Je me voyais lié au cerf par des lanières écarlates qui ressemblaient au sang que j’avais versé pour lui. Chacun de ses andouillers portait une escarboucle de feu, dont la brûlure fut suivie d’une fraîcheur de résurrection quand il l’imprima sur mon front moite. Une haleine divine avait séché ma sueur, et je le suivis de mon regard lucide quand il pénétra dans la grande salle, balayant de son souffle salubre aux effluves de fougère et de chèvrefeuille les relents de la viande faisandée et du vin épais qu’avaient rotés les convives. Ses bois flambaient à présent comme des torches. Je vis sa ramure s’épanouir en brasier, floraison d’or et de pourpre sur sa tête, avant de perdre conscience dans l’éblouissement du feu.

L’incendie faisait rage lorsque je revins à moi. Qui m’avait transporté dans la cour ? Était-ce seulement l’effet de mon pas somnambule ? Parmi les lamentations, les cris de terreur, les ordres confus, j’essayais de mesurer la part du rêve. Souhaitant échapper à la confusion générale pour trouver un peu de paix, je parvins à me couler hors de l’enceinte par une poterne et pus enfin reposer mes yeux sur la forêt, où s’offrit à moi une merveille qui me laissa interdit et le cœur battant. Quand je revins dans la cour, j’étais encore tout plein d’elle. J’entendis chacun s’interroger sur le départ des flammes, dont personne ne semblait rien savoir. Lorsque les convives saoulés par le festin s’étaient avisés du péril, les foyers trop nombreux et trop vifs ne laissaient d’espoir que dans la fuite. Beaucoup, et Thibault était du nombre, n’avaient pu la prendre à temps.

Mon père était durement navré par la perte d’un fils qui avait comblé ses vœux et qui devait hériter de son fief. Sa souffrance exigeait un coupable, et se tourna en fureur.

« Maudit serpent, j’aurais dû te couper les deux mains ! s’exclama-t-il en me prenant au collet. Je te savais lâche et sournois, mais c’est de cette nuit seulement que je mesure toute l’étendue de ta vilenie. Avoue : c’est toi qui as mis le feu au château pour te venger ! »

Je ne trouvai pas de mots pour me défendre, d’autant que je n’étais plus bien sûr de ce que j’avais pu faire lorsque j’étais en proie au délire. Mon père ayant droit de justice basse et haute, je ne risquais rien moins que ma tête, mais, dans l’éblouissement où j’étais, je ne m’en souciais pas plus qu’aujourd’hui de ma fin prochaine. Ce fut notre chapelain qui me sauva, en lui remontrant que verser le sang de son cadet sans certitude de sa faute mettrait son âme en péril, tandis qu’en me consacrant à Dieu il s’ouvrirait la voie du salut. Quant à moi, si je m’étais rendu coupable d’un crime, la dureté de la règle monastique me permettrait de l’expier ma vie durant.

Ce qui advint, à ceci près que ma foi s’était détachée du Christ lorsque je prononçai mes vœux. Cette nuit-là, lorsque je m’étais détourné du château pour porter mes yeux sur la forêt qui moutonnait de colline en colline, j’avais vu s’élever à l’horizon, montant droit comme une flamme vers le ciel chargé de signes, une haute lueur dorée qui prit peu à peu forme solide. C’était la silhouette d’un cerf géant, les bois ruisselant d’étoiles, qui s’adossait à l’azur nocturne dans une lumière de vitrail. La silhouette grandit encore, portant comme une couronne de braises cosmiques les constellations qui semblaient s’enraciner dans sa ramure. Puis ses contours se perdirent dans un brouillard scintillant qui flotta sur la colline comme une poudre d’or avant de rendre leurs droits aux ténèbres.

Je compris qu’il était le dernier des anciens dieux qu’avait pourchassés le zèle acharné de nos prêtres, et qu’il avait trouvé son ultime refuge dans nos forêts où il m’avait choisi pour être son servant. Dès lors, c’est à lui qu’alla ma ferveur, que j’ai portée comme une escarboucle ardente dans l’écrin de mon cœur scellé, et c’est pour en témoigner que je termine ce récit qui a épuisé mes dernières forces. J’ai appris à écrire de la main gauche, et j’y suis devenu fort habile, jusqu’à tricher pour rendre au cerf l’hommage que je lui devais en glissant son effigie dans les ornements de mes lettrines. Mais cela ne suffit plus. Tout à l’heure, je dissimulerai ce parchemin dans un compartiment secret, aménagé en descellant une pierre dans le mur de ma cellule. Peut-être, dans les siècles à venir, tombera-t-il entre les mains d’un lecteur que n’effraiera pas le sacrilège, et que la gloire du cerf étoilé viendra toucher grâce à moi. Matines vont bientôt sonner, et la flamme de ma chandelle est sur le point de s’éteindre. Il ne me restera plus qu’à m’étendre sur ma couche étroite et dure, et, quand la mort serrera mon cœur dans son poing froid, je verrai se dresser devant moi la bête divine et je m’accrocherai à sa ramure étincelante pour qu’elle m’emporte dans la forêt où s’enracine le ciel.


 
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   Anonyme   
29/5/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une belle histoire, servie par un vocabulaire savamment choisi qui fleure bon le médiéval... J'ai aimé ce conte où s'étale sans fard la cruauté des hommes et la grandeur de la nature. Rien d'autre à signaler en ce qui me concerne : j'ai lu un récit qui m'a emportée ailleurs, et c'est l'essentiel que je demande.

   plumette   
15/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
je suis conquise! par l'histoire et par la langue, une magnifique langue en osmose avec son sujet.

il y a de la cruauté et de la beauté dans cette histoire. J'éprouve une empathie pour cet homme d'un autre siècle dont la différence n'a pu être admise par son père et qui l'a payé très cruellement. Je me rends compte que j'aurais aimé connaître son prénom, pour me le rendre encore plus proche et familier.

La première scène de chasse où l'enfant refuse de donner le coup de grâce à un jeune cerf est saisissante.

les évocations du grand cerf et de la nature sont très belles.

A vous lire, je me demande quel travail il y a derrière pour pouvoir s'imprégner ainsi et restituer ces histoires du passé. Beaucoup de lectures? Un goût pour l'histoire?

Vous nous faites voyager dans le temps, c'est un voyage comme un autre qui dépayse et m'a réjouis!

A vous relire

Plumette

   Anonyme   
15/6/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Il y vraiment de bonnes raisons d'aimer et de ne pas aimer ce texte. L'auteur conviendra que l'entrée en matière est si proche du récit d'Adso de Melk dans le Nom de la Rose que c'en est troublant.
Je n'ai pas été enchanté par le déroulement du récit (je parle de l'argument en fait) mais en revanche l'écriture est remarquable. Pas vraiment nouvelle mais néanmoins on sent un esprit appliqué à bien faire. Une belle facture mais qui ne me séduit pas plus que ça.

J'aime un peu mais sans plus.

   Pouet   
15/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Toujours cette écriture impeccable. L'ambiance est parfaitement rendue.

Je me souviens encore de votre texte sur la "Licorne" et là encore vous mettez en scène un animal majestueux à la frontière de la réalité, notamment avec son regard "piqueté de points d'or", puis à son apparition fantasmagorique à la fin. Ce cerf qui représente l'imagination de l'enfance, la liberté, la justice et la grandeur face à la médiocrité, la barbarie et la petitesse humaine.

Le châtiment Animal remplacera le châtiment divin et cet enfant se refusant à la guerre et à la cruauté deviendra prêtre animiste en quelque sorte.

Je n'ai pas lâché votre texte. D'une grande force.

Vous comptez pour moi parmi les plus belles plumes du site.

Merci à vous et bravo.

PS: le titre "Le porteur de braises" est lui aussi magnifique.

   Acratopege   
15/6/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Dommage que le scripteur brillant de ce récit doive quitter son monde si tôt pour rejoindre on ne sait lequel. J'aurais tant aimé qu'il m'abreuve d'autres histoires païennes si bien tournées. Reste à espérer que vous trouverez d'autre manuscrits scellés dans la pierre pour nous les faire partager.
Encore une fois, votre style est magnifique, parfaitement congruent au sujet, avec un brin de préciosité bienvenue et une richesse de vocabulaire qui laisse sur le flanc.
Merci.

   papipoete   
15/6/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
bonjour Sylvaine,
Etes-vous bien réelle, ou est-ce votre esprit qui prit la plume pour nous conter cette histoire extraordinaire ?
Je verrais plutôt un " gentil " moine du Nom de La Rose , écrivant sur parchemin ces lignes magnifiques et pathétiques !
Ce père qui n'hésite pas à couper la " dextre " de son fils, parce qu'il lui fait honte, me donne la chair de poule ; je n'ose l'imaginer rentrant bredouille de la chasse !
Et le héros qui n'a pas une once de haine devant son bourreau, mais se sacrifie pour sauver ce " 18 cors ", est magistralement relaté en français, mais en latin enluminé aurait resplendi dans un grimoire poussiéreux !
Votre récit fort long, ne lasse à aucun moment et me laisse rêveur devant un tel talent d'écrivain !

   Anonyme   
15/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Sylvaine... Je lis assez peu de nouvelles mais le Conte médiéval du titre m'a attiré et j'en sors ébloui par le style qui est le vôtre ainsi que par le vocabulaire riche et d'époque.
Le thème me rappelle vaguement une autre histoire du même type qui se déroule dans l'Est de l'Europe mais à une autre époque et avec une chute totalement différente.

Bref, un superbe conte médiéval à ne pas mettre toutefois entre toutes les mains compte-tenu de la brutalité de certaines scènes.

J'ai vraiment apprécié et je vous en remercie.

   Solal   
16/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Sylvaine.
On rencontre rarement un texte où le style se fond aussi bien avec le sujet.
Cette histoire, qui confronte la cruauté humaine et la beauté (mystique) de la nature, cache quelque chose de mystérieux, d'envoûtant.
Une belle réussite.
Merci.

   PierrickBatello   
16/6/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Magnifique. Bravo. Enfin de la littérature sur Oniris.

Quelques détails:
-"Diapré" très joli adjectif que je découvre, il est utilisé deux fois à courte distance de lecture, dommage.
- Le premier paragraphe est alourdi par quelques redondances.
"Maintenant que je touche à la tombe, que ma vie vacille et s’éteindra bientôt comme la flamme de cette chandelle qui éclaire ma veille ultime" Trois images pour dire la même chose, c'est beaucoup quand même. Tranchez (à l'épée si vous voulez).
" qui ne m’étaient pas sacrés": je trouve cela inutile car il vient de confesser dans la phrase précédente qu'il ne reconnaissait pas ce Tout-Puissant
- L'image, très belle, de "la mort qui écrase mon coeur dans son poing froid": vous l'utilisez en début et en fin de texte. Comme la nouvelle est courte et que l'image est frappante, on s'en souvient clairement à la fin. Une fois suffit. Attention à ne pas trop saler un plat exquis, cela en gâcherait le plaisir.

   Grifon   
16/6/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,
un conte écrit de main de maître qui m'a transporté sans effort et pour mon plus grand plaisir dans un monde de rudesse, de barbarie mais aussi dans une nature pleine de vie, si belle, comme au premier jour.
Je ne savais pas que je croyais encore dans les anciens dieux ! Merci Sylvaine pour cette révélation.
Vivement la prochaine lecture !
Grifon

   Anonyme   
17/6/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Sylvaine,

Je salue votre effort mis pour retranscrire une ambiance médiévale à travers les différentes références et le vocabulaire choisi. On trouve en ce sens la thématique de l’allégeance qui est omniprésente au moyen-âge aussi bien dans la vie courante que dans la littérature. Le héros refuse de se plier à la loi de son père, mais est adoubé par le cerf. Il y a presque (voire totalement, je pense) un lien de vassalité entre le narrateur et ce cerf, il devient un serf du cerf ( jeu de mots pourri ^^). Le topos de la forêt est également bien repris : lieu extérieur où s’opère le merveilleux. Bien évidemment, le choix du cerf pour mettre en avant le merveilleux est judicieux ; l’animal au MA a une symbolique juste énorme, et la chasse au cerf est un motif récurent.

Ce que je trouve également intéressant dans votre texte, c’est la façon dont vous mêlez merveilleux et fantastique, même si les deux genres peuvent sembler opposés. Ainsi, on oscille entre le phénomène surnaturel, et l’explication rationnelle (le narrateur délire quoi). D’ailleurs, le récit à la première personne est une caractéristique du récit fantastique ; ce pourquoi, je trouve que votre nouvelle (ou conte) est à cheval entre les deux genres : le merveilleux ( forêt, cerf…) et le fantastique (récit à la première personne, le doute…).

Plus encore, l’opposition entre paganisme et christianisme semble aussi diriger votre texte, et ce, à travers plusieurs points. Le reniement du narrateur déjà, chose évidente ; mais aussi à travers quelques détails, je pense par exemple à l’opposition entre la main droite qui symbolise la droiture et la main gauche qui symbolise la déviance (selon la religion bien sûr). (D’ailleurs je suis un peu déçue que vous n’ayez pas préféré « senestre » à « gauche » dans votre récit). Autrement, on voit également un travestissement du christianisme, par exemple, le cerf qui est un symbole du Christ, devient ici un symbole païen.

Bref,

   Thimul   
17/6/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Magnifique.
Une ambiance médiévale très bien rendue et ça me semble difficile à faire.
Un plaidoyer contre la violence et la bêtise humaine.
Une ode à la différence (ce garçon qui manifestement ne peut s'intégrer dans une famille dont les valeurs sont aux antipodes des siennes).
Et puis mine de rien, c'est un bon texte contre la chasse à cours et ça, ça met du baume au coeur.
Un très grand merci pour cette histoire

   jfmoods   
22/6/2017
J'aurais revu la ponctuation de ces deux passages...

"pendant toutes ces longues années de cloître, où j’ai récité jour après jour des prières" -> pendant toutes ces longues années de cloître où j’ai récité jour après jour des prières

"ma main unique contrainte de copier ma vie durant des textes qui ne m’étaient pas sacrés couchera mon histoire sur ce parchemin" -> ma main unique, contrainte de copier ma vie durant des textes qui ne m’étaient pas sacrés, couchera mon histoire sur ce parchemin

Agrémentée, à l'occasion, d'un vocabulaire plus spécialisé ("servir un jeune cerf", "servir la bête", "piqueux", "forlonger", "bahulée", "mesnie"), cette nouvelle, bien menée, ne manque pas d'emporter l'adhésion du lecteur.

Au fil du récit, une question obsédante (dont la réponse est hélas trop connue) s'impose. Comment la religion catholique a-t-elle pu, pendant tant de siècles, cautionner les massacres, la cruauté des seigneurs ? On comprend, dès lors, la foi chancelante de l'enfant échappé du moule et celle, inexistante, de l'homme qui va s'éteindre ("j’implorai silencieusement le Christ en qui je croyais encore de nous épargner", " j’ai récité jour après jour des prières à la gloire d’un Tout-Puissant que dans le secret de mon âme je ne reconnaissais pas.", "contrainte de copier ma vie durant des textes qui ne m’étaient pas sacrés").

Une des qualités les plus sûres de Sylvaine, c'est cette faculté de figurer l'éblouissement...

"Un jour que j’étais tout près de m’y perdre, je sentis une présence derrière moi.

Je me retournai vivement, et restai le souffle court. Devant moi se tenait un cerf plus grand et plus beau que tous ceux qu’avait jamais courus mon père. Sa ramure pouvait porter dix-huit cors, enracinée comme deux arbres sur la tête qu’il levait haut, vers les branches jumelles des chênes. Des jambes fines, que l’on devinait infatigables, soutenaient le poitrail large, l’échine qui s’allongeait jusqu’à la croupe musclée. D’un brun chaud, son pelage blondissait sur les flancs."

Un éblouissement qui va nourrir la dimension fantastique de la nouvelle (épisode de l'incendie) et justifier toutes les entorses à la règle...

"J’ai appris à écrire de la main gauche, et j’y suis devenu fort habile, jusqu’à tricher pour rendre au cerf l’hommage que je lui devais en glissant son effigie dans les ornements de mes lettrines."

Quelques éléments du récit (le Moyen-Âge, la violence exarcerbée, la religion, l'expiation) exhument des souvenirs de lecture le second des "Trois contes" de Gustave Flaubert ("La légende de saint Julien l’Hospitalier").

Merci pour ce partage !

   JPMahe   
22/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Belle écriture, un conte médiéval très agréable à lire, histoire d'une transcendance païenne sur fond chrétien.

   Alcirion   
25/6/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très intéressé par votre style (j'aime beaucoup l'écriture à ambition archaïsante).

Le récit est bien construit, cohérent et crédible historiquement parlant.

   YvanDemandeul   
1/7/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Votre style est fluide et agréable, le vocabulaire remarquablement bien choisi et les phrases harmonieusement équilibrées. Tout se tient, avec logique. On s'y croirait. L'ambiance médiévale est parfaitement rendue. J'entends ce pauvre manchot mystique soliloquer au fond de sa cellule et j'ai l'impression d'avoir remonté le temps ! Merci , Sylvaine, pour ce très agréable moment de lecture.

   Mona   
7/7/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
un conte cruel et magnifique, servi par une langue impeccable, qui nous fait rêver comme savent si bien le faire les légendes. Merci beaucoup.

   Jean-Claude   
18/7/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Sylvaine.
J'avais un a priori négatif à cause du titre mais l'a priori n'est pas de bon conseil.
C'est bien mené. Je n'ai accroché sur aucune aspérité.
L'évolution et le ressenti du personnage sont intéressants.
Je trouve que la partie où il comprend qu'il s'agit d'un ancien dieu aurait mérité un peu plus de développement mais c'est là un avis subjectif.
A une prochaine lecture.


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