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maria
11/3/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour,
L'auteur(e) précise que "l'histoire est inspirée de faits réels", sa lecture ne laisse aucun doute la dessus. Les préoccupations des dirigeants d'une grande entreprise : "réduction du cout du personnel conséquente, cela rend les actionnaires optimistes pour leur dividende"." Pour réaliser les objectifs : il y a "les forts sur qui il peut compter, et les faibles qu'il méprise". Tout est dit. Le personnage de la jeune cadre dynamique est très crédible, complet. On offre à Elodie, 24 ans, "fille de boulangers à Tours...fiers de leur fille ainée", "un poste inespéré, c'est un véritable tremplin pour devenir DRH". Elle n'écoute pas son médecin, "vous risquez le burn-out". A peine rentrée de vacances elle a "hâte de reprendre le travail". Elle fonce mais se remet en question lorsqu'elle apprend le suicide de son collègue : "j'ai préféré être un bon petit soldat plutôt que d'aller échanger avec lui" Elle finit par craquer : "il est dix heures du matin, et je m'en vais". Elle se réfugie au square, déçue : "je croyais que l'on pouvait réunir l'économique et l'humain, trouver un rapprt gagnant-gagnant. L'histoire est clairement racontée et l'auteur(e) en a soigné la présentation, mais la construction de cette nouvelle ne m'a pas vraiment plus. Je crois que j'aurais préféré lire le récit de l'évolution et de la mise en place du plan social, sans coupures, et les réflexions, les ressentis d'Elodie au square réunis en une seule partie. J'ai trouvé cette nouvelle très intéressante, et tellement réaliste : "le plan social...il n'y eut pas de révolte, plutôt un silence de mort" ! Merci du partage et à bientôt. Maria en E.L. |
plumette
5/4/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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La souffrance au travail est un vrai sujet.
Elodie a la candeur de sa jeunesse et ne se rend pas compte qu'elle est manipulée. Sincère, engagée, portant l'ambition parentale et la revanche de leur condition, elle exprime son credo: "j'ai choisi la voie des ressources humaines pour sa partie « humaine », et non pour sa partie « ressources » qui n’est au fond qu’une variable d’ajustement. Je crois… plutôt je croyais que l’on pouvait réunir l’économique et l’humain, trouver un rapport gagnant-gagnant entre les objectifs de l’entreprise et ceux des salariés. " au moment où elle réalise la très douloureuse réalité. En contrepoint, il y a ce DRH, au 2 visages, un personnage froid, distant, efficace et sans affect apparent, et ça fonctionne bien! J'ai beaucoup aimé ce récit avec cette alternance temporelle: la jeune fille craque, elle va chercher du réconfort auprès de la nature, elle partage avec le lecteur ses sensations du moment et évoque de manière rétrospective le chemin jusqu'à ce coup d'arrêt. Une alternance qui donne une belle forme à ce récit et qui conduit à cette chute sensible du "petit geste". je trouve que tu as réussi , dans une forme brève, à faire passer toute la tension des enjeux capitalistes. c'est bien écrit! ce qui n'est pas la moindre des qualités. |
Donaldo75
5/4/2020
a aimé ce texte
Bien
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Bonjour Tiramisu,
Même sans l’exergue, je me serais douté qu’il s’agissait d’une histoire inspirée de faits réels. Pourquoi ? Tout simplement parce que la narration, l’écriture, l’émotion qui s’en dégage sonnent plus qu’authentiques voire carrément personnels. Pour ma part, je ne suis pas un fan des nouvelles traitant de la vie dans l’entreprise ; peut-être est-ce du à mon job de consultant où j’en vois déjà assez dans la journée pour ne pas me coltiner ce genre d’histoire dans mes phases de détente, celles où je tente de voir le monde autrement. Mais comme je ne suis pas consultant en ressources humaines, je me suis laissé aller à cette lecture. Et je ne m’en plains pas, loin de là. Don |
hersen
6/4/2020
a aimé ce texte
Bien
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Le burn-out, cette impression que l'entreprise tire du travailleur toute sa substantifique que moelle et qu'il ne reste plus rien pour la vie personnelle, peu importe la place qu'il occupe dans l'entreprise.
J'aurais peut-être préféré un autre équilibre, à savoir moins de précisions dans la narration de ce qui se passe dans l'entreprise, comment la narratrice se retrouve dans le piège qu'elle a en partie créé, c'était son job, puisque c'est globalement connu. C'est plus d'Elle, que j'aurais aimé. Il ne lui est consacré, hors de son boulot, que peu de place, en quelque sorte. Peut-être qu'être allé plus profondément dans ce qu'elle ressent aurait donné (pour moi) plus d'intérêt. Tel quel, chaque étape est devinable, donc il n'y a pas de surprise. Je me doute que l'auteur ne l'a d'ailleurs pas spécialement recherchée, pour les raisons dites plus haut. Mais il aurait fallu contrebalancer : le froid de l'entreprise, le chaud des ressentis (qui à mon sens ne sont pas assez représentés) Ceci dit, le texte se tient parfaitement et la narration est bonne. merci de la lecture. |
Anonyme
9/4/2020
a aimé ce texte
Passionnément
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Bonjour Tiramisu,
Craquement : un burn out. Oui, Elodie a élaboré un plan social intelligent et humain... mais les contraintes financières sont tout autres. Le texte est riche comme le vécu peut l'être. Ecrasée par les obligations de résultat, jusque parentales, écartée, probablement à dessein par un chef pour qui humanité rime avec absurdité, elle est broyée par une machine dont elle est elle même un rouage... Le retour à la nature, même un semblant de nature toute citadine, lui fait renouer avec le vivant, intégrité que malgré ses efforts, sa volonté de bien faire, elle avait perdue. Une reconversion est vitale... |
ours
7/4/2020
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Bonjour Tiramisu
Ce que je retiendrai de ta nouvelle, c'est d'abord l'histoire d'une grande désillusion. Quand on vient d'un milieu modeste, que l'on pense qu'il faut ou qu'il suffit de travailler pour accomplir de grandes choses dans le respect de ses valeurs, puis l'on se rend compte que tout ça n'est que chimère particulièrement dans le monde des grandes entreprises ou bien des enjeux financiers ou de pouvoir dépassent le moindre de nos actes. Elodie n'est pas naïve pour autant, elle sait ce qui lui arrive et comprend le monde qui l'entoure, alors pourquoi ? à cause de la pression sociale, de l'obligation de résultats que l'on s'impose comme un modèle, de la peur de décevoir, bien d'autres raisons pourraient être invoquées pour expliquer son implication. Tu nous offres une nouvelle très réaliste en cela qu'elle saura résonner pour quiconque aura vécu cette expérience : avoir le sentiment de n'être pas à sa place finalement, même après tant d'efforts pour y arriver. J'ai aussi aimé la narration qui propose une mise en scène très visuelle presque cinématographique apportant du dynamisme à l'ensemble. Comme un vertige lors d'une prise de conscience abrupte. Merci du partage. Au plaisir de te lire. EDIT : un élément auquel je pense concernant Paul, ce personnage double, duel ne serait-il pas autant en combat avec lui même qu'avec le monde qui l'entoure. D'un côté l'homme dans son rôle de DRH impitoyablement désabusé, de l'autre l'homme fatigué las d'être ce qu'il se doit d'être, car sans retirer sa responsabilité propre c'est aussi ça l'aliénation, lorsque l'on se fait consommer par le rôle qui nous est imposé. |
Catlaine
7/4/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour,
Je trouve que ce texte s’apparente plus à un témoignage qu’à une nouvelle, aussi bien dans la construction que dans l’inspiration puisqu’il est précisé dès le début qu’il est « inspiré de faits réels ». Je comprends très bien la position des parents d’Elodie qui ont travaillé dur pour réussir et en même temps qui sont si éloignés de ce qui est demandé à leur fille, ils ne peuvent pas comprendre ce qu’elle traverse. A mon avis, on ne peut pas dissocier la notion de ressources et la notion d’humanité, ce n’est pas aussi simple de définir « ressources comme une variable d’ajustement ». Car la ressource, c’est ce dont l’entreprise a besoin pour exister et la ressource humaine est sa plus grande richesse, sans elle, elle n’est rien. Peut-être qu’Elodie pourra trouver un poste dans une entreprise à taille humaine où elle s’épanouira en représentant le lien indispensable entre l’employeur et les employés pour le bon équilibre de tous. Ou peut-être fera-t-elle le choix d’une reconversion. On lui souhaite le meilleur, elle le mérite. Quant au suicide, il peut être lié à de multiples facteurs et dans le cas de Pierre Chaussoy, l’entreprise est l’un de ces facteurs et n’est certainement pas imputable à Elodie, son « hiérarchique » en porte davantage la responsabilité. D’autant plus que j'ai l'impression qu’il ne s’agissait pas de finances dans le nouveau plan social mais plutôt de règlement de compte. Lorsque le directeur de production dit : « Malheureusement tous les (bras cassés) et empêcheurs de tourner en rond ne sont pas proches de la retraite ! » Et le DRH de reprendre plus loin « les emmerdeurs » pour justifier les noms, sans compter qu’il a choisi, comme par hasard, les deux personnes citées par Elodie lorsqu’elle rend compte à Paul Casta de la tension régnant dans la salle de repos, c’est-à-dire Pierre Chaussoy et Marie Laurent. J’ai apprécié ce texte, je me suis laissé embarquer dans le tourbillon d’Elodie et je pense que tout ce qu’elle ressent est bien résumé en conclusion, pour contrebalancer ce que est dit dans un autre commentaire sur le peu de place accordée à Elodie, Elle en avait si peu, c’était une machine happée, broyée par le système, coincée entre les espoirs de ses parents et ses rêves initiaux. J’ai trouvé ce récit bouleversant, d’autant plus que ma fille vise le poste de DRH dans une entreprise en pleine expansion. Heureusement, la situation n’est pas la même partout. J’ai beaucoup aimé la fin et la référence, fort à propos, à la chanson de Julien Clerc « Utile » que j’adore. |
Alfin
9/4/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonjour Tiramisu,
Cette nouvelle est très forte car elle parvient à captiver son lecteur en narrant les péripéties de la vie professionnelle d'un bureau. L'écriture est très bien dosée et l'absence d'information sur la personnalité, sur la vie sociale d'Elodie est normale, lorsque l'on prends la pente de la perte de sens et de l'épuisement professionnel, il n'y a pas de place pour la personnalité ni pour la vie sociale. Le burn out est incompréhensible pour ceux qui ne l'on pas vécu et le rendu du vide des vacances, de l'incompréhension du changement de plan social... Vraiment très finement écrit. Bravo pour cette belle réussite, j'ai vraiment apprécié la lecture de cette nouvelle. Merci beaucoup |
matcauth
10/4/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour,
J'ai lu un peu les autres commentaires, et il ressort, d'une part, la qualité de l'écriture et de l'histoire, et, d'autre part, le côté trop réaliste et pas assez romancé, peut-être, de ce texte. Difficile de contredire cela, même si l'aspect peu romancé n'est pas un argument, dans la catégorie réalisme. D'ailleurs, c'est ce réalisme qui fait la qualité du texte. Cela contraste fortement avec ce qu'on lit d'habitude sur ce sujet. J'ai donc apprécié lire, pour la qualité d'écriture, épurée, sans lourdeurs, sans volonté de diriger le lecteur vers un jugement dont il ne voudrait pas. Une écriture pleine de maturité, en somme. J'ai regretté qu'ait subsisté l'écueil manichéen, les méchants capitalistes sans coeur et leur dividendes. Que ce soit vrai ou non, peu importe, mais j'aurais préféré que cela soit davantage suggéré plutôt que clairement exprimé. Les quelques dialogues manquent un peu de subtilité et tombent eux aussi dans le tout noir d'un côté, tout blanc de l'autre. Est-ce dû au fait que c'est une nouvelle, avec peu de temps pour développer. Je serais curieux dans savoir plus là-dessus. Mais dans l'ensemble, cela reste un texte de qualité. |
Anonyme
30/4/2020
a aimé ce texte
Un peu ↑
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L'univers déshumanisé des entreprises et du monde du travail est très très bien rendu et malheureusement d'actualité encore et toujours. Cet univers est par ailleurs aussi bien critiqué...dans son absurdité, dans le "dégagisme" ambiant, la loi des loups...les laissés pour compte, les winners et loosers, la finance à tout prix...
En somme l'auteur aurait pu appeler cette courte nouvelle "burn out"...Il faut rendre hommage à l'écriture pure et à l'expression, tout est bien soupesé, cadré, rien ne dépasse, tout retombe sur ces pattes...le suspens est haletant, les rebondissements virevoltant... Vous m'avez rappelé une lecture récente, "Cleer " de Kloetzer, dans le même univers impitoyable des multinationales et l'excellent "Cadres Noirs" de Pierre LEMAITRE qui a été mis en scène au travers d'une série "DERAPAGES"...Un système libéral qui bien trop souvent broie les individus sitôt que ces derniers ne soient plus rentables. Ou bien encore le film "CORPORATE"...excellentissime, à voir... Plusieurs petites choses ont éveillé mon esprit critique cependant: ...j'ai moi même connu cette situation mais avec une cheffe, féminine, et croyez moi...Les femmes ont la même dureté dans l'entreprise et des projets tout aussi démesurés dans le style "girl power", peuvent faire souffrir autant les hommes. Tout cela pour dire que la déshumanisation de l'entreprise n'a pas de sexe, ni les victimes un profil particulier et/ou type, ni la finance carnassière un seul tropisme masculin. Quelques remarques qui n'engagent que moi sur l'intertextualité ( ce qui n'est pas vraiment dit mais ce que ressent le lecteur/lectrice et des comparaisons avec d 'autres récits sur les mêmes thèmes): Certes les thèmes principaux sont traités sous un angle de vue , il fallait bien en choisir un, l'auteur aurait pu tout aussi bien choisir un modeste employé broyé par le système, brimé et moqué qui cherche à monter les échelons et augmenter son modeste salaire... Il y a un traitement du récit qui aurait pu être plus Hugolien ou Dickensien, transposé en 2020, perso j'aurais préféré...Mais là c'est une jeune femme diplômée, ambitieuse, assujettie à un processus de maturation professionnelle et personnelle, et cerise sur le gâteau, cadre... Il y aurait apparemment plus mal loti dans la souffrance au boulot et plus à plaindre, je pense. J'ai trouvé à mon sens beaucoup de poncifs et de stéréotypes, un côté obsessionnel, à moins que ce ne soit une marotte, par exemple, sur les détails de l'apparence physique ( voir les champs lexicaux) mais cela colle bien avec les exigences de l'entreprise, le côté maniaque à outrance : le style working girl, le tailleur, les yeux verts, la quarantaine triste (on n'est pas foutu et moche à 40 ans), le master en RH, cadre supérieur, l'excellence, le stress etc ...Tous ces poncifs apportent -ils quelque chose de plus à l'intrigue? Sont ils indispensables? dans la mesure où ils ne sont que des détails "banals" du conformisme de notre époque et société, qu'on accepte sans sourciller... La narratrice, semble à mon sens, être emportée par la fougue de sa jeunesse au sein de l'entreprise, où au final elle n'a pas véritablement d'expérience et se la joue "très légèrement" compte tenu de sa position hiérarchique...ce qui la rend moins sympathique et accessible: soupesez ceci: "J’obtempère plus par respect du travail d’autrui que par accord réel". et encore "je ne ressemble sans doute pas au profil des gens qu’il appréhende habituellement. Je n’avais rien de l’adolescent insolent ou du SDF aviné…" (sous- entendus... tu vois moi je suis une jolie poupée super bien habillée,avec une super situation.!!..) Il faudrait beaucoup plus de dialogues, de situations cocasses, où son humanité et sa modestie transparaîtraient davantage par rapport à ses collègues de travail, ainsi que des prises de position plus marquées, un caractère plus affirmé voire un côté rebelle par rapport au positionnement de ses chefs. Elle parait plus spectatrice et observatrice au final dans le déroulé des faits, que parti prenante et/ou engagée,plus empreinte de commisération qu'autre chose. C'est très certainement le problème d'une nouvelle courte, d'un récit court, devant de tels enjeux et aspects sociétaux qui demandent à être développés, que d'être limitée à quelques lignes. |