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Réalisme/Historique
Tiramisu : Trop près
 Publié le 17/09/19  -  10 commentaires  -  11372 caractères  -  96 lectures    Autres textes du même auteur

Manspreading or not manspreading ?


Trop près


La lune éclaire l’heure matinale, elle offre un reflet bleuté au noir de la nuit et nimbe la gare d’une brume blanche. Mon direct doit arriver dans un quart d’heure. La rame précédente est encore à quai, poussée par une intuition liée à une longue expérience de la SNCF, je presse le pas.


Mauvais augure.


Je jette un œil sur l’écran : annonce fatale, mon train est supprimé. « Et merde ! »


Pour arriver à l’heure à mon rendez-vous, je me précipite dans cet omnibus inconfortable. Je n’aime pas ce train-bétaillère, sans accoudoir entre les sièges, frontière légitime pour délimiter les territoires. J’apprécie d’avoir mon espace bien à moi et me lover dans une bulle de réveil jusqu’à l’arrivée.


Mon rédacteur en chef m’a confié un article de fond sur le manspreading*, ce train est idéal pour observer ce phénomène. Je choisis entre deux places l’une à côté de l’autre, celle contre la vitre me permet de fuir par le regard. Jambes à l’équerre parfaite, bras repliés vers moi afin de prendre le moins de place possible, je suis rétractée telle une araignée attaquée qui fait la morte pour tromper l’ennemi.


À la gare suivante, monte un homme entre deux âges, petit et trapu. Il s’assied à côté de moi et tout de suite fixe son mobile, il joue ? Je reçois son coude dans les côtes. Ses jambes courtes et épaisses largement écartées dépassent son siège et empiètent sur mon petit territoire. Je suis coincée entre sa cuisse et la paroi. J’ai beau m’agiter, faire parler mon corps :

Je lève brusquement mon coude : « Eh oh, je suis là ! »

Je soupire : « Tu me pompes mon air ! »

Je bouge mes jambes : « Tu vas voir, je vais m’étaler, moi aussi ! »

Rien n’y fait, mes signes seront ignorés. Il ne bougera pas.


Plus tard, dans le métro, je continue mon enquête et je me livre à quelques statistiques. Beaucoup d’hommes, la moitié, ont les jambes écartées et empiètent sur le siège de leur voisin, principalement des voisines. Un homme installé sur un strapontin maintient avec sa cuisse le second abaissé. Successivement, deux femmes ne viennent caser qu’une fesse sur le demi-siège. J’ai essayé de détecter sur leur visage une expression d’agacement, au minimum de lassitude, non rien. Elles se rétractent et imitent l’araignée fataliste prise au piège que j’ai jouée quelques minutes plus tôt. Sans ce projet d’article, je ne ferais pas attention à ce micro-événement. Est-ce de la résignation ou tout simplement de l’aveuglement, de l’acceptation passive d’une situation gênante vécue comme normale ? Pourtant qui aime avoir une fesse dans le vide ?


Le soir, au dîner, je fais part à Jules de mon projet d’article et du bilan de mes observations.


– Pourquoi les hommes écartent-ils ainsi les jambes dans les transports, à ton avis ?


Il lève sur moi un regard absent, perdu dans ses pensées et dans la poursuite de sa journée de travail. Devant mon œil insistant, il finit par me répondre :


– Bah ! Que veux-tu ? Il faut de la place pour le service trois pièces comme dirait mon grand-père !


J’écarquille les yeux.


– Tu veux dire que c’est physique ?

– Je pense qu’il y a de cela, oui.

– C’est pour ne pas écraser vos testicules ?

– Bah oui, un testicule coincé cela peut faire très mal, tu sais…


Je reste la fourchette en l’air, sidérée. Une idée me vient, je lui livre, le rire au bord des lèvres.


– Il faut inventer le slip en papier bulle spécial testicules en cristal ! C’est ça la solution !


Il plisse les yeux, prend un air offusqué et éclate de rire.


– Bon ça va, Julie, je te vois venir. C’est sans doute éducatif. On dit aux petites filles de fermer les jambes, jamais aux garçons.


Cette remarque me laisse songeuse. Je repense à une anecdote lorsque je devais avoir cinq ans, nous étions, mes parents et moi, invités chez des amis. Tout de suite, j’avais repéré un grand fauteuil confortable, tellement grand qu’assise contre le dossier mes pieds n’atteignaient pas le bord, j’avais donc retiré mes chaussures, les pieds sur le fauteuil et les jambes largement écartées. Je montrais à tout le monde ma petite culotte, ma mère m’a dit de ne pas rester dans cette position dont j’ignorais l’indécence. Voilà, c’est physique et c’est aussi une affaire de fringue, un garçon du même âge aurait été en short ou en pantalon, on ne lui aurait rien dit. L’éducation passe aussi par des détails infimes qui nous dressent sans en avoir l’air.


Jules baisse la tête, concentré sur sa soupe.


– Ne pas se rendre compte qu’ils gênent, ils sont incroyables les mecs quand même…

– D’abord, tu généralises, tous les mecs ne font pas ça, si ?

– Plus de la moitié, je suis sûre.

– Les femmes aussi s’étalent, elles ne se gênent pas pour poser leur sac sur le siège d’à côté. C’est un problème d’incivilité général.

– Pour toi, c’est un comportement humain ? Et une affaire d’accessoires, le service trois pièces pour les hommes, et le sac à main pour les femmes ?

– Oui. Non ?


Il lève un œil interrogateur. Je ne veux pas répondre à cette réplique éculée qui annule le problème. C’est égal des deux côtés, tout le monde fait pareil, tout le monde est responsable, un point partout la balle au centre ! Fin du débat. Convaincu d’avoir marqué un point, et surtout un point final à cette conversation, il rajoute :


– Des personnes mal éduquées, il y en a partout…

– Des études sur le sujet montrent que c’est largement masculin…

– Des études féministes, évidemment !

– Écoute, demain dans les transports, tu observes autour de toi. Et on en reparle demain soir, d’accord ? Ton avis m’intéresse vraiment.


Il hésite, je le vois réfléchir, il a envie de passer à autre chose, s’il me dit oui, il a la soirée tranquille mais le sujet risque de s’éterniser toute la semaine.


– OK Julie, mais toi, tu t’assois à côté des gêneurs et tu leur demandes de changer d’attitude.

– T’es un rusé, toi. Si je solutionne le problème, demain la conversation tournera court, n’est-ce pas ? Tu en concluras que les femmes ne savent pas prendre leur place et les hommes ne font qu’occuper une place vide. Bref, la responsabilité revient à la femme.

– Non, je suis juste pragmatique. Ce n’est pas en restant dans la plainte et dans une position de victime que vous résoudrez le problème… Si problème il y a, bien sûr…


Il me fait un clin d’œil et me tend sa paume ouverte.


– Allez, tope là !

– Tope !


Et après avoir fait le geste d’accord, nous changeons de sujet. Nos prochaines vacances en altitude apportent un vent d’air pur bienvenu.


+++


Je jette mes clefs sur le meuble, laisse se vautrer mon sac sur le sol et dans le même mouvement, j’ai retiré mes chaussures que j’abandonne dans l’entrée. Jules est assis dans le canapé du salon, son ordinateur sur les genoux. Sans lever les yeux de son écran, il me lance :


– Alors ? La pêche a été bonne ?

– Hum.

– Raconte !

– Non, toi d’abord, dis-je en me laissant tomber dans un fauteuil face à lui.

– Bon, j’y vais. Un tiers des hommes ont tendance à écarter les jambes et s’étaler sur leur voisin ou voisine. Ce qui me frappe c’est l’attitude soumise des femmes, elles se tassent sans rien dire. C’est différent avec un homme, il s’installe de la même manière et tous les deux jouent du genou, si j’ose dire, et ils arrivent à un espace partagé. Il faut que les femmes s’affirment davantage. Justement, toi ? Comment ça s’est passé ?

– Tiens, j’ai tout écrit là-dessus, je vais prendre une douche, j’en ai bien besoin, pendant ce temps, lis…


Il prend la feuille que je lui tends, son regard empreint de curiosité me suit, il voit bien que quelque chose ne va pas.


– Tu as chaud ?

– Non, je me sens sale.


Il fronce les sourcils et finit par se pencher sur mes écrits.


Cas numéro un : Un homme, la cinquantaine, lit son journal en occupant deux sièges. Je m’assieds à côté de lui, il bouge à peine, concentré dans sa lecture. Je lui dis :


– Excusez-moi, pourrais-je avoir un peu plus de place, s’il vous plaît ?


Il sursaute, regarde le siège, s’excuse, replie le journal sur l’article qui l’intéresse, et se cale contre la paroi. La place est partagée à égalité.


Cas numéro deux : Un homme, la trentaine, penché en avant, coudes sur ses cuisses largement écartées, il écrit des SMS. Je m’assois près de lui, une fesse dans le vide. Je réitère la même phrase que tout à l’heure, celle que j’utiliserai avec chacun. Ma demande mettra du temps à arriver de son oreille à son cerveau. Il finit par me regarder et il se déplace à peine. Ma fesse est un peu moins dans le vide. À son froncement de sourcils, je n’ai pas envie d’insister.


Cas numéro trois : Un homme, la quarantaine, se pousse dès que je m’assois.


Cas numéro quatre : Un homme, entre quarante et cinquante ans, me regarde avec agressivité lors de ma demande, et me réplique vertement qu’il n’y peut rien si les sièges de la RATP sont si étroits. C’est donc à elle que je dois me plaindre. Je n’insiste pas.


Cas numéro cinq : Un homme, la cinquantaine, occupe largement les deux sièges, ne bouge pas à mon arrivée. À l’écoute de ma phrase, il me toise, et me répond :


– C’est la vie, jeune femme, les gars cela prend de la place, c’est comme dans le lit, tu dois le savoir, non ?


Remontée par l’échange précédent, je lui réplique :


– Vous pouvez pousser un peu votre jambe afin que je puisse m’asseoir correctement.

– Ma petite, pas question d’écraser popol, je peux te montrer l’engin, tu comprendras mieux.


Évidemment, c’est dit avec un regard appuyé et bien salace. Bon là, c’est sorti tout seul :


– Restons réaliste, je doute que popol soit si énorme qu’il ait besoin d’un siège rien que pour lui !


Et sur ce, nous étions arrivés à une station, je me suis enfuie, j’ai arrêté mon enquête.


Je reviens dans la pièce en m’essuyant les cheveux. La douche n’a pas dissout mon malaise. Jules a l’air perplexe, les yeux dans le vide.


– Tu as lu ?

– Ouais. Un sacré gros porc le dernier !

– Pour moi, il a résumé ce qui se cache derrière le manspreading, un fond de domination sexuelle profondément ancrée.

– Enfin, tu ne vas pas un peu loin, là ? Ce n’est ni un viol ni même du harcèlement quand même ! C'est juste une prise d'espace un peu excessive...


Une chape de plomb m’empêche de trouver les mots pour répliquer. Je ne suis plus là. J’ai douze ans, je suis debout dans un métro bondé, mon corps paralysé par un objet dur qui se frotte contre mes fesses, je suis coincée dans cette boîte à sardines, aucun mouvement de côté n’est possible, la timidité adolescente m’empêche de hurler, la peur envahit tout, le cerveau aux abonnés absents. Quand je parviendrais enfin à sortir, je constaterais que l’arrière de mon jean est souillé d’un liquide visqueux. J’avais tellement honte que je n’en ai parlé à personne. Ce souvenir remonte rarement à la surface, le peu de fois où cela arrive, j’ai envie de vomir.


Interrogateur et soucieux, si peu habitué à mon absence de réactivité, Jules m’observe, je finis par lui répondre sa phrase favorite :


– Le diable n’est-il pas dans les détails ?



________________________________

* Manspreading (ou étalement masculin) désigne un comportement inconscient observable dans les transports en commun consistant à s'asseoir en écartant les cuisses occupant ainsi plus que la taille d'un siège.


 
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   plumette   
22/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une lecture instructive, qui incite à réfléchir.
un regret : que seul un mot en anglais puisse rendre compte de ce comportement masculin.

j'aime bien le fait que la narratrice et son compagnon explore chacun avec leur sensibilité et leurs croyances l'origine de ce comportement.

Spontanément, j'aurais retenu des raisons "anatomiques" et éducatives.

Que le texte se boucle par le souvenir de la narratrice me dérange un peu , j'ai du mal à dire pourquoi. Je crois qu'on était dans du relativement léger jusque là, sans que cela nuise au propos bien au contraire! Or le lien qu'elle fait avec ce qu'elle a vécu dans son adolescence apporte une note beaucoup plus plombante.

Je me dis que pour faire changer des choses dans les rapports homme/femme, l'humour est bienvenu ( le slip en papier bulle spécial testicules en cristal) tandis que la "stigmatisation" crispe les positions.

Je trouve au final ce texte plutôt efficace, intéressant et bien écrit!

Plumette

   ANIMAL   
1/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très chouette tranche de vie sur un thème à la mode mais dont la réalité ne date pas d’aujourd’hui. Seulement ça n’avait pas d’autre nom que « manque d’éducation ».

Le sujet est bien observé, bien traité, les dialogues sonnent juste, les personnages principaux sont sympathiques. Le distinguo d’opinion et de comportement homme/femme est celui que l’on peut observer tous les jours, il y a de la pudeur juste là où il faut, des caractères bien dessinés et l’ensemble est cohérent.

Voilà une nouvelle qui serait parfaite pour lancer un débat sur le sujet (par exemple en milieu scolaire adolescent). L’auteur à évité le texte à charge contre les hommes et en victimisation des femmes, il y a un brin d’humour (le slip « bulle »), le plus laid est suggéré (la mésaventure à 12 ans) et même les répliques des messieurs irréductibles ne tombent pas dans le vulgaire. Quand au style, il est très agréable et coule sans écueil.

Bien que je ne sois pas adepte des histoires traitant de la vie de tous les jours, j’ai pris plaisir à lire ce texte sans fausse note.

en EL

   Donaldo75   
4/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

J'ai trouvé ce texte très bien écrit. Il a un côté documentaire et en même temps il reste littéraire ; en effet, alors qu’il traite d’un sujet d’article, il raconte bien, met en lumière les réactions des personnages pour étayer son propos, propose des variations dans la narration. En un sens , il est didactique, permet au lecteur de réfléchir à la situation observée et de se poser la question : « suis-je moi aussi dans cette posture » quel que soit son genre, sa culture ou son obédience. Pour ma part, en plus de ses qualités d’écriture, je trouve cette nouvelle très éducative. Je n’en lis pas souvent des comme ça sur Oniris et c’est bien dommage parce que ça change des histoires ou mémère a perdu son chat, ou pépère se remémore sa jeunesse perdue dans les années soixante, où tartempion rencontre lambda dans un bar.

Merci pour la lecture ; je vais chercher mon chat que mémère a encore égaré pendant que j'écoutais la compilation des œuvres de Jeanne Mas.

   Anonyme   
17/9/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Tiramisu

Un texte qui se lit avec facilité. Du punch, rien d'inutile, une ou deux fausses notes dans l'écriture - je ne les ai pas relevées, c'est juste mon œil qui a trébuché sur une ou deux phrases - une écriture vive, des situations bien campées, une réflexion à la clé, c'est très journalistique, dans le ton, mais c'est le boulot de la narratrice donc tout colle. Même réflexion que celle d'une commentatrice ou teur : y'a pas un mot sympa, français, facile à se rappeler pour décrire cette façon d'être que j'ai toujours connue et jamais vraiment comprise si ce n'est qu'elle suggère une volonté d'affirmer son statut d'homme à la femme d'à côté ?
Merci pour ce billet d'humeur.

   maria   
17/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Tiramisu,

Après cette lecture, j'ai envie de m'interroger davantage sur des situations de la vie quotidienne.

L'évidence n'est pas forcément normale.

La sans gêne masculine rappelle à la narratrice une humiliation passée ; ce qui prolonge la réflexion.

Un texte très bien écrit et efficace.

Je n'ai pas de mot français pour le "manspreading" ; mais pour la femme qui pose son sac à main à côté, les Anglais emploient l'expression : "she-bagging"

Merci pour le partage et à bientôt

   Perle-Hingaud   
17/9/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Tiramisu,
Voici mon commentaire lorsque j'ai lu le texte en EL, commentaire que je n'ai alors pas eu l'occasion de poster: "J'ai trouvé l'interrogation de la narratrice intéressante, ayant également noté ce phénomène à titre personnel, mais l'écriture et la façon d'amener le sujet me paraissent trop didactiques.
La fin amène une humanité qui manque plus tôt dans l'histoire."

Pour développer à présent: le sujet est évidemment dans l'air du temps, et ce que j'aime, c'est qu'il part d'une chose tellement banale qu'on n'y fait même plus attention… Or, c'est parfaitement bien observé. Je ne suis pas fan de la présentation en "expérience", je crois que j'aurais préféré intégrer le tout dans une narration romanesque, mais le style est trop journalistique pour cela et ce n'était sans doute pas ta volonté, tout simplement.
La fin, donc, change de registre avec l'évocation très pudique du traumatisme de la narratrice: dès lors, l'esprit analytique qui nous est présenté antérieurement est éclairé très différemment. Cette fin bouleverse tout ce qui est dit auparavant, en teintant de sentiments un récit jusque là basé sur des arguments raisonnés.
Une lecture intéressante, merci !

   hersen   
18/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Nous qui recherchons toujours des images en poésie, ce phénomène du manspreading, étalement masculin outrageant, peut être aussi désigné en frs par "syndrome des couilles de cristal". ce qui m'a tout l'air de correspondre au dernier personnage de l'enquête de la narratrice !

Cette nouvelle est à la croisée des lignes entre documentaire, (à lire dans les transports en commun !), question de fond et nouvelle.

J'ai bien aimé lire ce texte, j'ai trouvé que la partie "reportage" a été bien ponctuée par la réaction du compagnon, plutôt abasourdi que sa compagne s'arrête à ce genre de détail, ou, pour mieux dire, à ce détail de genre. (au passage, merci maria pour le "she-bagging" ! (on dirait bien qu'il n'y en a pas un(e) pour racheter l'autre )

Je comprends l'intention de l'auteur en rapportant cette anecdote traumatisante en fin de nouvelle de cette agression dans le métro. Pour autant, je trouve malgré tout un gros décalage, ou plutôt comme le fait de céder à une trop grande facilité; car naturellement, c'est pour expliquer une "escalade" de comportement masculin, que les détails finissent toujours par peser lourd.
Peut-être parce que je pense qu'il y a des "détails" bien plus graves qui peuvent marquer un comportement, je parle de détails beaucoup plus salaces.

Mais j'ai aimé cette nouvelle pour son originalité, et aussi pour son écriture, sans fioriture, qui va droit au but et qui convient donc parfaitement pour le propos.

   thierry   
18/9/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Très belle idée et très bon récit bravo ! Une lecture facile et je n'ai pas décroché du début à la fin, en réfléchissant à un sujet beaucoup plus lourd qu'il n'y parait et démontre en effet que le diable est dans le détail.
J'ai moins apprécié les dialogues, une facilité de fuite. Le sujet doit nous embarquer dans d'autres dimensions qu'une petite querelle qui n'en est pas une et risque le cliché à chaque virage. La première phrase est en trop. J'ai failli laissé passer la rame.
Sur le fond du sujet, le simple débat inné /acquis (les hommes sont par essence des gros porcs / leurs mamans les ont mal élevés) ne me suffit pas. Je pense qu'on peut aller plus loin, vers la prise d'un territoire, vers l'idée d'un trône qu'on refuse aux femmes. Il ne s'agit pas d'inventer un slip avec des bulles mais de resituer le sexe masculin, comme un sceptre, dans sa symbolique de prise de pouvoir. Il y a toute l'histoire occidentale dans ce que vous proposez, tout l'aménagement du territoire comme le décrit un certain Aurélien ! Cette conquête du masculin n'a pas lieu n'importe où : pas dans un cinéma, pas dans un restaurant, pas dans un canapé, mais dans des voyages. Nous sommes donc dans une conquête lors d'une autre conquête.
Bref, j'arrête avec ma psychologie de comptoir. Je ne suis pas très client non plus quant à la chute de cette nouvelle qui nous branche sur une véritable agression.
En conclusion, j'aurais aimé que la symbolique soit poussée beaucoup plus loin, vous soulevez un sujet social d'une rare importance.
Mais surtout, c'est bien rythmé, c'est intelligent, fluide et simple. Merci ! J'attends la prochaine avec impatience.

   FANTIN   
19/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bien écrit, avec du rythme et beaucoup de naturel, voilà un texte qui soulève un problème de comportement et dit les choses comme elles sont, en évitant toutefois de généraliser. (Il existe aussi des "mâles" polis et sociables, même s'ils sont en minorité.)
Il est vrai que les détails sont toujours très révélateurs, et ce phénomène de "manspreading" en dit long sur une mentalité masculine qui peine à évoluer. Le point de vue et le ressenti féminins ont ici toute leur place et cette voix qui secoue les mauvaises habitudes a le grand mérite de susciter la réflexion et de rompre un silence commode et pesant.
Après vingt-et-un siècles de civilisation, il serait peut-être temps de donner à la Femme la place (à tous les sens du mot) qui lui revient, n'en déplaise aux lourdauds, machos, misos, costauds, pas beaux, etc., qui font la sourde oreille.

   Tiramisu   
21/9/2019


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