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Sentimental/Romanesque
toc-art : À l'écart des vivants [Sélection GL]
 Publié le 26/07/18  -  11 commentaires  -  16400 caractères  -  69 lectures    Autres textes du même auteur

Tu es comme ta mère : vous avez beau regarder les choses, vous ne les voyez jamais vraiment.


À l'écart des vivants [Sélection GL]


Pierre Mandon était préoccupé quand il se gara devant le mur d’enceinte de la maison de ses parents. L’acharnement de sa femme à vouloir un enfant le laissait perplexe. Cela tournait à l’obsession. Il ne comprenait pas. Pourquoi ne pas laisser les choses se faire ? Ils avaient tous les deux passé des examens, tout fonctionnait, il suffisait d’attendre. Le visage de sa mère passa fugitivement devant ses yeux mais il le chassa aussitôt. Il ne voulait pas y penser. Pierre n’était pas pressé. Entre Laure et son travail, il avait parfois du mal à trouver des moments à lui. Il craignait qu’un enfant ne réduise encore ces temps de retrait dont il avait pourtant besoin. Il avait tenté de l’expliquer à Laure mais elle n’avait pas compris. « Je t’empêche pas d’aller jouer au foot ou de boire une bière avec tes potes », avait-elle répondu en haussant les épaules. Pierre n’avait pas insisté. Il savait qu’elle aurait du mal à accepter et que sans doute l’équilibre de leur couple s’en trouverait fragilisé. Pierre avait parfois le sentiment de vivre sur un mensonge et cette sensation devenait à certains moments si intense qu’il en avait des sueurs froides.


Le jeune homme sortit de la voiture et s’avança vers le portillon en fer plein qui protégeait la propriété du regard des passants. Depuis l’internement de sa mère, quelques années plus tôt, Pierre ne venait plus que très rarement ici. Trop de mauvais souvenirs. Mais après avoir eu son beau-père au téléphone, Laure avait insisté, « Tu devrais passer le voir, il se sent seul. » Pierre avait fait mine de ne pas entendre, mais ça n’avait pas découragé sa femme :


– Il est vieux maintenant, ça devient difficile pour lui. Tu crois pas que tu pourrais te montrer un peu plus…

– Un peu plus quoi ? s’était agacé Pierre. La vieillesse, ça devient comme la mort, il faudrait forcément tout excuser sous prétexte que…

– C’est pas ce que je veux dire. Il est comme il est, il ne changera plus maintenant. Alors à quoi bon revenir toujours sur le passé ? Que tu le veuilles ou non, c’est ton père.

– Tu crois que je ne le sais pas ? avait répondu Pierre d’un ton maussade. Avant de reprendre quelques secondes plus tard : il voulait quoi ? Il t’a dit quelque chose ? Ҫa ne va pas ?

– Non, non, il ne m’a rien dit, tu le connais. C’est plutôt à sa façon de ne rien dire justement…


Pierre poussa la grille de l’entrée. Il nota la rouille qui gangrenait la tôle. De l’autre côté du mur d’enceinte, le jardin donnait une impression d’abandon. Tout en remontant l’allée qui menait au perron, Pierre remarqua que les arbustes n’avaient plus été taillés depuis longtemps. La pelouse avait laissé place à une prairie parsemée de coquelicots au milieu de laquelle le figuier autrefois majestueux souffrait à l’évidence d’un manque de soins. La mère de Pierre adorait cet arbre qui lui rappelait son Italie natale. Le jeune homme soupçonnait ses parents d’avoir en grande partie acheté la maison pour cet arbre. C’était tellement inespéré pour sa mère, ce figuier en région parisienne. En plus, il donnait des figues blanches, les meilleures pour la confiture. Rien que d’y penser, l’odeur des grandes marmites murmurantes où sa mère plongeait les figues entières et les laissait de longues heures se gorger de l’eau sucrée déjà dorée lui revint en mémoire. Pierre ferma un instant les yeux. Sa mère se tenait devant lui, la louche à la main, le visage rougi par la vapeur, les yeux brillants de gourmandise. « Vieni, vieni, guarda come sono belli ! » s’exclamait-elle en lui faisant un signe de la main pour qu’il approche. Elle était heureuse dans ces moments-là…


– Qu’est-ce que tu fais planté là ? Tu rêves ?


Pierre se tourna vers son père qui se tenait devant l’entrée, une canne à la main.


– Je regardais le jardin, fit-il en se penchant pour l’embrasser. Tu ne prends plus d’ouvriers pour le nettoyer ?


Monsieur Mandon haussa les épaules.


– Bah, à quoi bon ? De toute façon, plus personne ne vient. Laure n’est pas avec toi ?

– Elle est d’astreinte ce week-end, elle te l’avait pas dit ?

– Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié. Allez, ne reste pas là, l’air est encore frais. Rentrons.


Pierre regarda son père s’éloigner dans le couloir qui menait au salon. Les épaules s’affaissaient un peu mais le pas restait ferme. La canne semblait plus une coquetterie qu’une nécessité. Avant de le suivre, il avisa le courrier qui s’accumulait en tas épars sur la commode de l’entrée. Les enveloppes ne semblaient pas avoir été ouvertes. Pierre reconnut le logo du CHU sur la première d’entre elles.


– T’as fait des analyses ? Quelque chose qui cloche ?


Monsieur Mandon se retourna, vit le courrier que son fils désignait du doigt.


– Tu peux pas t’empêcher de tout contrôler, hein ? fit-il en dodelinant de la tête. C’est rien, juste un peu de cholestérol. À mon âge, c’est être en bonne santé qui serait anormal. C’est pour ça que t’es venu ?


Sans rien dire, Pierre s’arrêta devant la glace qui trônait au-dessus de la commode et qui lui renvoyait son image. Un mec d’une quarantaine d’années, pas très grand, plutôt trapu, avec ce visage qui lui rappelait celui de sa mère, la mâchoire affirmée, les pommettes saillantes et les yeux sombres, toujours un peu fiévreux. Détachant le regard de son reflet, Pierre nota la poussière sur la surface du miroir, la saleté du sol en carreaux de ciment qui n’avait pas dû être lavé depuis un moment.


– Tu n’as plus de femme de ménage ? s’étonna-t-il en rejoignant son père au salon.


De lourdes tentures en velours sombre masquaient les trois portes-fenêtres qui donnaient sur le jardin. Les deux lustres étaient allumés, recouvrant le désordre de la pièce d’une lumière morne et sale. Sur la table basse, les assiettes vides s’entassaient. Monsieur Mandon prenait manifestement ses repas devant la télévision. Une odeur d’humidité et de renfermé saisit Pierre aux narines.


– Bah, tout seul, je ne salis pas beaucoup et je peux m’occuper de moi.


Tout dans la maison témoignait du contraire. Sans demander la permission, Pierre entreprit d’écarter les tentures et d’ouvrir les fenêtres.


– Qu’est-ce que tu fais ? protesta son père. Tu vas faire rentrer tout le froid.

– J’aère un peu et je fais surtout entrer la lumière. Un peu d’air ne te fera pas de mal. On étouffe ici. On se croirait dans un bouge. Et c’est quoi toute cette vaisselle sale ? ajouta Pierre en se retournant après avoir ouvert la troisième fenêtre. Tu as vraiment besoin d’une aide ménagère. Et en plus, ça te ferait quelqu’un à qui parler. Je peux m’en occuper si tu veux, je demanderai à Laure, je suis sûr qu’elle trouvera…

– Pas envie, le coupa laconiquement monsieur Mandon en s’affalant dans un fauteuil au cuir fatigué. Si tu veux boire quelque chose, tu sais où c’est, je te laisse te servir.


Pierre se dirigea vers le meuble à alcools.


– Tu veux quelque chose ?

– Non, je ne bois plus.


Pierre saisit un verre sur l’étagère du bas, l’inspecta pour vérifier sa propreté et se servit une rasade de whisky.


– Alors, attaqua son père tandis que son fils s’asseyait sur le canapé en face de lui, tu es venu voir si la bête bouge encore ?


Pierre sirota une gorgée de whisky avant de répondre.


– Pourquoi tu dis ça ? On s’inquiétait voilà tout. C’est normal, non ?


Monsieur Mandon hocha la tête.


– Si tu le dis, ricana-t-il. Tu t’es pas inquiété beaucoup tous ces derniers temps. Je suppose que cette bonne Laure t’a fait la leçon. Je l’aime bien, ceci dit. C’est une brave fille, vraiment. Pauvre petite, elle ne sait pas ce qui l’attend.


Pierre resta quelques secondes à observer son père sans vraiment le voir. Comment en étaient-ils arrivés là ? Bien sûr, il y avait eu les drames et les désaccords qui les avaient éloignés mais même avant, en cherchant bien dans sa mémoire, Pierre ne parvenait pas à trouver de moments heureux en présence de son père. Plus ou moins confusément, il avait toujours senti en lui un désaveu, une défiance qu’il ne s’expliquait pas.


– Oh, je sais ce que tu penses, reprit son père. Tu ne m’aimes pas, hein ? Je t’en veux pas, je crois pour tout te dire que je ne t’aime pas beaucoup non plus. Puisque tu es là, c’est tellement rare, autant se dire les choses pour une fois.


Pierre poussa quelques assiettes afin de libérer un espace où poser son verre sur la table.


– J’ai pas envie d’entendre ça, fit-il en se levant. J’aurais pas dû venir.

– Bah, depuis le temps que tu veux me dire mes quatre vérités, c’est le moment, non ? Rassieds-toi, lui intima monsieur Mandon. On n’est que nous deux, pas de témoins, ce qu’on dira ne sortira pas de cette pièce. C’est ça qui te fait peur ? Ҫa fait longtemps que j’aurais dû te parler.

– De quoi ? demanda Pierre malgré lui en se rasseyant.

– J’ai adoré ta mère. Si, vraiment, je l’ai a-do-rée, martela-t-il en voyant le mouvement d’épaules de Pierre. Pourquoi crois-tu que je n’ai jamais divorcé ? Je savais qu’elle était folle, je l’ai toujours su, mais je l’aimais, j’ai cru que je pourrais la sauver, en quelque sorte, malgré elle. C’était moi, le fou quand j’y repense. Sa mère était déjà comme ça. Il y avait quelque chose dans cette famille… je sais pas d’où ça venait, mais c’était là. Au début, on a été heureux. On était amoureux, ton frère est né, on formait une vraie famille, tout allait bien. Et puis… et puis tu t’es annoncé et ça a tout gâché. On ne s’y attendait pas, le contrôle des naissances n’était pas ce qu’il est aujourd’hui.

– Tu veux dire que tout est de ma faute ?

– J’ai pas dit ça, j’essaie juste de t’expliquer. Je l’aurais fait avant si j’avais pu mais ça ne s’est jamais trouvé. C’est arrivé un peu après ta naissance. Ta mère avait déjà ses migraines qui la clouaient parfois au lit pour des jours, enfermée dans le noir, un gant humide sur le front et la bassine au pied du lit. Mais elle a aussi commencé à avoir des angoisses, elle avait le sentiment de ne pas pouvoir élever deux enfants. Un, ça allait mais deux, l’idée lui est soudain apparue insurmontable. C’est là qu’elle s’est mise à avoir ses fameuses absences. Oh, ça ne durait pas longtemps au début, quelques heures où elle pouvait rester totalement immobile sans penser à rien, les yeux dans le vide. Je me souviens, une fois je suis rentré du travail. Bastien faisait ses devoirs à la cuisine. Toi, tu devais avoir trois ans, tu étais dans la baignoire. Seul. De l’eau jusqu’aux épaules. Lucia, enfin ta mère je veux dire, s’était enfermée dans sa chambre et elle ne voulait plus sortir. C’est pour ça que j’ai demandé à ma mère de venir habiter avec nous à cette époque, tu t’en souviens ?


Pierre hocha la tête pensivement. Oui, il se souvenait de mamie Jeanne, une femme menue qui donnait l’impression de glisser quand elle marchait. On ne l’entendait jamais arriver. On ne l’entendait presque jamais parler non plus. Enfant, elle avait eu une laryngite mal soignée qui lui avait abîmé les cordes vocales et l’avait rendue presque aphone. Parler nécessitait un effort qu’elle avait assez vite renoncé à faire. La plupart du temps, elle se faisait comprendre par gestes et c’était très efficace. Petit, Pierre en avait peur. Non qu’elle fût méchante ou particulièrement sévère, mais son silence et ses mimes le déconcertaient. Déjà âgée quand elle avait rejoint la famille, elle était morte avant les dix ans de Pierre. Il en gardait finalement un souvenir assez vague.


– Après, tu as grandi, continua son père. Les choses se sont un peu améliorées. Ta mère avait des périodes plus difficiles de temps à autre, mais ça restait gérable. Elle faisait des séjours à la clinique et quand elle revenait, tout rentrait dans l’ordre pendant quelque temps. Mais il y a eu cet incident, je ne sais pas si tu t’en souviens. Tu devais avoir six ans. Vous étiez allés au parc tous les quatre, c’était une belle journée. Et tu as disparu. Ta mère est devenue hystérique, elle courait partout, accostait les enfants, les effrayait, les parents s’en sont mêlés, la police est arrivée, on m’a appelé. Le temps que j’arrive, on t’avait retrouvé derrière les volières. Tu étais assis dans les hautes herbes, on ne te voyait pas et tu n’avais pas répondu aux appels. Quand je vous ai rejoints, tu avais ce regard… le même que le sien, tellement lointain, tellement étranger à tout ce qui se passait autour. C’est là que j’ai compris. Et ta mère aussi. Ou peut-être le savait-elle déjà. Tu étais comme elle, tu avais hérité de cette tare étrange, de cette folie presque immobile, latente, dangereuse. Oh oui, pour ça, tu ressembles à ta mère, bien plus encore que tu ne crois !


À mesure que son père parlait, Pierre sentait un malaise l’envahir. Il savait tout cela, sans qu’on le lui ait jamais dit. Il avait compris, et tellement lutté pour ne pas se laisser dévorer par cette lave mélancolique qui coulait en lui comme un sang noir dans ses veines. Jusqu’à présent, il avait presque toujours su y résister. Un souvenir lui revint à l’esprit. Il devait avoir une douzaine d’années. Il tenait tête à son père pour une raison qu’il avait oubliée mais en revanche, il n’avait pas oublié la remarque que celui-ci lui avait lancée d’une voix froide, « Tu es comme ta mère : vous avez beau regarder les choses, vous ne les voyez jamais vraiment, vous n’êtes jamais vraiment, totalement, là, toujours un peu à la marge, à l’écart des vivants ». Cette phrase, la fin surtout, à l’écart des vivants, l’avait poursuivi longtemps. Aujourd’hui encore, il ne pouvait y repenser sans éprouver un sentiment étrange, entre crainte et fatalisme. Depuis, il luttait pour rester collé à la réalité de ce monde qui parfois lui échappait.


Pierre surprit le regard de son père qui le dévisageait.


– Tu sais que j’ai raison, hein ? fit celui-ci. T’as beau t’efforcer de paraître raisonnable, professionnel, propre sur toi et plein d’assurance, tu sais de quoi je parle. Combien de fois t’es-tu déjà retrouvé seul dans des endroits inconnus sans savoir comment tu étais arrivé là ni ce que tu avais fait ? Et Laure, elle le sait que tu as ces moments de « déconnexion » ? Elle le sait que tu vas devenir aussi fou que ta mère ?

– Arrête, ça n’arrivera pas.

– Tu peux lui jurer ? Je te connais mieux que tu ne crois. J’ai appris avec ta mère. C’est pas de votre faute, mais c’est là, en vous, et ça vous bouffe petit à petit. Il n’y a rien à faire. Je suis sûr que c’est pour ça que vous n’avez pas encore eu d’enfant, Laure et toi. Tu as peur…

– Tu ne sais pas de quoi tu parles.

– Ce qui m’étonne, reprit le vieil homme comme pour lui-même, c’est qu’elle ne s’en soit pas encore rendu compte. Elle est psy, non ?

– Je ne suis pas fou, tu dis n’importe quoi. Et ne t’avise pas de parler de ça à Laure. Ça ne te suffit pas d’avoir rendu ma mère folle et d’avoir chassé Bastien ? Tu veux aussi t’en prendre à moi ?

– Ne parle pas de ton frère !

– Pourquoi ça ? Tu voulais qu’on se dise tout, non ? Alors allons-y, parlons de Bastien, de la façon dont tu l’as foutu dehors quand il est venu te demander de l’aide. Tu peux toujours réinventer l’histoire comme ça t’arrange, mais j’étais là. C’est ça qui s’est passé, et c’est ça qui l’a rendue folle, maman, quand elle a su. Je me souviens, elle était partie à Rome à ce moment-là voir sa mère. Et elle a dû rentrer pour enterrer son fils, tu m’entends ? Pour enterrer son fils ! Parce que tu l’avais foutu dehors et qu’il est allé crever dans un squat. Parce que tu ne voulais plus d’un camé chez toi. C’est ça, la vérité !


Monsieur Mandon se redressa soudain avec une vivacité qui surprit son fils. Avant que celui-ci ait pu réagir, il avait saisi la canne adossée au fauteuil et l’agitait devant lui d’un air menaçant.


– Tu ne sais rien ! siffla-t-il d’une voix rauque, rien, tu m’entends ? Je t’interdis de... Rien ! répéta-t-il, les veines du cou gonflées sous l’effet de la colère.


Les deux hommes se faisaient face, à un mètre de distance. Pierre reprit ses esprits le premier. Ses tempes bourdonnaient.


– C’est n’importe quoi, murmura-t-il en secouant la tête. Mais qu’est-ce que je fous là ?


Pierre contourna son père et se dirigea à grands pas vers le couloir.


– C’est ça, tire-toi ! cria le vieil homme, t’as jamais su faire que ça de toute façon ! – et tandis que la porte claquait – tire-toi, répéta-t-il d’une voix brisée en se laissant retomber dans le fauteuil qui gémit sous son poids.


 
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   plumette   
13/7/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Règlement de comptes entre père et fils, dévoilement du passé, des blessures non soignées. Un texte efficace et poignant. Pas de happy end, c'est dur, mais ça sonne juste.

Le texte est bien écrit, j'ai cru à cette histoire même si j'ai voulu m'en défendre à la fin de ma lecture en me disant que la démarche du père qui veut dire sa vérité à son fils était un peu déroutante. Souvent, les parents protègent leurs enfants des vérités douloureuses, ils font "profil bas" pour préserver une apparence d'harmonie, ce sont plutôt les enfants qui leur crachent à la figure leurs insuffisances§

J'ai aimé aussi cette façon d'entrer dans l'histoire avec Pierre qui fait son inspection dans la maison et constate les effets de l'âge et de la solitude sur cet homme dont il a du mal à se reconnaître le fils. là encore beaucoup de réalisme !

un texte fort, que j'ai lu d'une traite.

A vous relire

Plumette

   SQUEEN   
13/7/2018
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Dans cette tranche de vie dramatique, beaucoup de choses sont brouillées, j'ai du mal à comprendre. Le fils d'une quarantaine d'années ne veut pas d'enfant car il pressent qu'il est atteint d'un mal héréditaire comme sa mère: il ne veut pas en parler il est dans le déni en tout cas c'est l'avis du père. La mère est internée depuis de longues années le frère ainé toxicomane est mort d'une overdose car le père lui a refusé son aide. Tout cela est contesté par l'un ou l'autre des protagonistes, et la conversation tourne court, le père et le fils se détestent au début et se détestent à la fin et je n'ai pas vraiment compris pourquoi. Je pense que ce texte contient trop d'informations et trop de point de vue, il faudrait peut-être se poser la question de ce que l'on veut démontrer parce que pour moi ce n'est pas clair du tout, c'est très noir, très tragique, l'ambiance est bien rendue, on suit le personnage et puis on se rend compte qu'on ne va nulle part. C'est deux là, ça ne s'arrangera pas. J'ai eu du mal avec ce texte trop de complexification à mon avis. Merci SQUEEN

   Anonyme   
18/7/2018
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
C'est bien écrit, plaisant à lire. Par contre ça laisse sur sa faim! La suite, je veux la suite!
Je suis frustré parce qu'embarqué par ma lecture, je me retrouve face à cette fin qui n'en est pas une. C'est ici, pour moi, le début d'une longue nouvelle, ou d'un roman, mais pas une nouvelle seule.

Au delà de ça, c'est bien écrit, fluide, il y a un style assez simple mais agréable.

Je veux une suite!

   Donaldo75   
27/7/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour toc-art,

Cette nouvelle est prenante; le lecteur apprend progressivement ce qui est arrivé aux membres de la famille de Pierre. Ce drame familial est complexe, avec plusieurs perspectives. Tu t'attardes justement sur la confrontation entre la vision du père et celle du fils cadet, de celui qui est de trop. Ton écriture est sobre et précise. On sent le malaise de Pierre devant un père qu'il n'a jamais vraiment aimé et qui ne l'a jamais réellement aimé non plus.


La fin demande d'en savoir plus sur Bastien.

Tu tiens un autre épisode.

Bravo !

Don

   Lulu   
27/7/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Toc-art,

J'ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle, et ce, dès le premier paragraphe que j'ai trouvé impeccable. L'ambiance y est posée avec déjà le style de tempérament de Pierre. On se demande ce qui va suivre. Un vrai incipit !

Ensuite, j'ai été embarquée dans le récit, et aimé certains détails qui, très visuels, rendent la nouvelle très réaliste, comme ces figues et ces confitures qui n'ont pas seulement réveillé les souvenirs de Pierre, mais aussi ceux - à tout le moins la gourmandise - de la lectrice que je suis…

Le réalisme, c'est aussi cette belle confrontation de sentiments crus et inattendus, mais si possibles comme "je crois pour tout te dire que je ne t'aime pas beaucoup non plus"... ou bien "Tu es comme ta mère […] à l'écart des vivants." ou encore à propos de la femme de Pierre "Elle le sait que tu vas devenir aussi fou que ta mère ?"

On dit souvent qu'il y a beaucoup de non-dits dans les familles, mais je trouve que tu rends bien compte de ce qui s'y dit aussi en toute franchise. Cela tient le lecteur qui a envie d'en savoir plus, et d'aller plus loin. Ainsi, si j'ai trouvé cette nouvelle formidable, je ne te cache pas que j'en aurais bien lu une suite.

Puis, globalement, je trouve qu'au-delà de ces personnages qui seraient "à l'écart des vivants", il y a une vraie vie qui touche chacun de tes personnages. Pierre, bien sûr, qui se trouve au coeur de cette nouvelle, mais aussi les autres, jusqu'à cette grand-mère qu'il a un peu oublié.

Enfin, j'ai trouvé une certaine musique dans ces mots, un choix pertinent du ton, tant dans le dialogue que dans le récit.

Au plaisir de te relire.

   Anonyme   
28/7/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Toc,

Pour ne pas rester sur une impression de meurtres étranges je suis passée voir la famille Maudon. Enfin le père et son fils chez Monsieur Maudon père.
Peut-être faudrait-il attendre, un jour ou deux pour assimiler cette nouvelle terriblement plausible, vraiment terrible.

Tentant d'être attentive, je n'ai pourtant rien relevé qui soi choquant dans la forme.
Pour le fond, c'est très habilement écrit ; confrontation entre deux générations, entre deux vérités d'une même vie commune.
L'auteur sait laisser la porte ouverte au lecteur pour qu'il ne reparte pas avec des certitudes, tant rien ne peut être certain.
Efficace, bien écrite, cette autopsie de la famille, que l'on peut pratiquer sur toute famille nous environnant pour faire le même constat :
Chacun a sa vraie vérité, et l'auteur navigue entre leurs eaux, dignement.

Merci de ce partage
Éclaircie

   Vanessa   
29/7/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,
J'ai trouvé votre nouvelle agréable et intéressante jusqu'au bout.
Mais je suis restée sur ma faim.
Vous débutez votre histoire en nous parlant d'un couple , avec un désir d'enfant de la part de la femme et pas de l'homme.
La suite nous permet de comprendre que ce problème vient en fait de la relation que cet homme a avec son père.
A la fin, j'aurais aimé savoir ce que cet échange tout aussi hermétique qu'il soit entre-eux a eu comme répercussion sur son problème de couple.
Pour moi, votre histoire n'est pas terminée.

   Jean-Claude   
3/8/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Toc,

Au final, il me manque quelque chose. "Tu ne sais rien." Nous non plus pour le coup.
Il y un voile vaguement levé sur le frère et, clac, on coupe. Les non-dits, c'est bien, mais pour les personnages :-)
On reste avec une incertitude quant à Pierre. Sa supposée folie héritée devrait peut-être plus apparaître dans ses hésitations relatives à la paternité (genre quelque chose qu'il n'arrive pas à cerner autre que son besoin de "liberté").

Bon, cessons-là le négatif. J'ai bien aimé. C'est prenant. Le climat y est. Je pense qu'il y a matière à écrire plus long.

Allez, je vais pinailler.
Au début, Pierre est qualifié de jeune homme, du coup la "vieillesse" de son père paraît prématurée, puis on apprend qu'il a la quarantaine, ce qui est un âge limite pour le désir d'enfant si Laure a le même âge.
La discussion autour du foot : pour un jeune homme, oui ; pour un couple de quadragénaires, un peu moins (c'est possible mais c'est assez rare ou ça glisse vers d'autres sports ou activités).
Et si ce sont des quadragénaires, la pression pour l'enfant devrait être plus forte (une forme d'urgence).
La "folie" est suggérée mais pas assez développée.
Mais ce n'est que du pinaillage.

Au plaisir de te (re)lire
JC

   Anonyme   
5/8/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Les maladies psychiques qui se transmettent de génération en génération ça reste à prouver. L'influence du milieu éducatif semble davantage prépondérante que des prédispositions génétiques. Mais il est vrai que l'anamnèse familiale est d'usage en psychiatrie.
Bref, en tout cas si Pierre est dérangé ça ne s'entend pas beaucoup. Peut-être aurais-tu pu glisser quelques bizarreries dans sa pensée car, du coup, on a tendance à croire que son père l'accable pour rien. En fait, tu entretiens une telle confusion qu'on ne parvient pas à deviner qui dit la vérité. C'est un peu dérangeant dans l'analyse des personnages et on n'est vraiment pas aidé par une fin abrupte.
Ceci dit le récit est bien conté, les descriptions de la demeure du père très fines et le dialogue suffisamment tendu pour maintenir l'intérêt.

   matcauth   
15/8/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Toc,

Le laisser-aller paternel, qui prend une partie importante du texte, n'est pas trop expliqué, même si c'est certainement une fatigue, en tous cas un sujet d'interrogation. C'est intéressant.

La conversation de Laure avec son mari ne laisse présager en rien l'explication père-fils qui va suivre. Il y a un décalage important entre le début et la suite du texte, que je n'explique pas.

C'est donc à lire comme une photographie, sauf si certaines choses m'ont échappées. Mais si c'est un instantané, pourquoi laisser tant de mystères ? Beaucoup de choses sont évoquées, à peine, mais restent ensuite en suspens.

Voilà pour les questions. C'est une bonne histoire, et j'ai lu avec intérêt, ce qui est rare pour moi. Sur la forme, rien à dire.

j'ai beaucoup aimé l'écriture, aboutie, sobre, sans fioritures, et je dirais que c'est ce que je retiendrai le plus dans ce texte, puisque le contexte est vite mis en place et on plonge aisément dans l'histoire et dans l'univers qui est proposé.

   FANTIN   
26/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte fort écrit au plus près des protagonistes et de la crise dans laquelle ils s'affrontent. Les problèmes sous-jacents aux familles et qui couvent des années durant, empoisonnés de non-dits, jusqu'au jour où tout explose...
Une fiction qui sonne vrai. Une analyse décapante. Une scène de tragédie sans rois et sans palais.
Bravo aussi pour l'écriture elle-même et pour les notations qui installent l'ambiance: on est présent sur les lieux et on sent la tension monter. Dommage seulement que cela s'arrête si vite.


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