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Policier/Noir/Thriller
toutou : La manifestation
 Publié le 24/03/09  -  5 commentaires  -  28213 caractères  -  44 lectures    Autres textes du même auteur

« Des sottises faites par des gens habiles ; des extravagances dites par des gens d’esprit ; des crimes commis par d’honnêtes gens… voilà les révolutions. » (Louis de BONALD)


La manifestation


Le centre urbain de la ville de Bruxelles est un univers de pierres, de briques et de béton qui occupe non seulement le cœur historique mais aussi la partie administrative, où siègent de nombreuses organisations internationales, que côtoient des quartiers particulièrement peuplés. Les espaces verts apparaissent principalement sous forme d’îlots, composés de jardins enserrés dans le maillage fermé des maisons ou sur la voie publique en arbres alignés et dans les squares.


Dans ce décor, la foule rassemblée ressemblait à une mer répondant aux lois de la marée. Il y avait des gens partout, en route vers la même direction. Leurs cris s’élevaient comme le roulement des vagues qui grondent avant d’échouer sur la plage. Les organisateurs de la manifestation se disputaient les mégaphones, c’était à celui qui le garderait le plus longtemps possible ! Ils encourageaient l’arrogance et le défi. On marchait dans la rue, on parlait à tout le monde et tout le monde vous répondait.


Pris à l’intérieur, on se serait cru volontiers sur un navire tanguant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre… On ne faisait qu’un dans ce brouillard d’insectes exaltés, sur le pont qui vous soulevait. Ici, l’individu disparaissait au profit du grand nombre.


Une mystérieuse ivresse s’empara bientôt de chacun, la sensation d’être soudain tout puissant, libéré de toute contrainte : balayée la belle éducation ! écartés les principes aussi solides qu’ennuyeux ! Il fallait combattre l’esprit logique, l’intelligence, tout détruire pour enfin tout reconstruire. L’indiscipline devenait la force de leur folie, elle éveillait les instincts les plus profonds et plus les heures passaient, plus le délire faisait rage…


La marche se termina enfin dans une apothéose de cris et de chants. Elle avait dessiné une boucle complexe pour revenir à son point de départ. Cinq étudiants, Catherine, Philippe, Guillaume, Nathalie et Clémence, rencontrés sur le campus universitaire quelques mois auparavant, faisaient partie du cortège qui s’engageait dans la grande rue en pente rejoignant la gare. Les vitrines des diverses boutiques abondamment éclairées sur des articles de tous ordres, vêtements chics, bijoux de fantaisie, chaussures… distrayaient pour un temps les regards, mais la plupart des portes de ces magasins demeuraient fermées derrière de solides volets de métal.


Nathalie était particulièrement radieuse, elle avait chanté à tue-tête des textes revendicateurs. Des gouttes de sueur perlaient sur le visage de Guillaume qui l’avait accompagnée avec une fougue vocale surprenante. Philippe était écarlate tandis que Catherine continuait de beugler des slogans assassins. Les joues de Clémence avaient rosi mais ses yeux semblaient étonnamment brillants et agrandis.


C’est alors que Catherine aperçut un petit salon de thé d’allure sympathique sur le côté de la chaussée, on y servait pâtisseries et glaces hautes en couleur. Elle proposa d’y faire halte. L’endroit était accueillant, l’arôme du café se mêlait agréablement à celui des gaufres chaudes, au sucre et à la cannelle. L’ambiance était animée et les nombreux clients installés aux tables parlaient fort. Les jeunes gens découvrirent une petite table libre, juste derrière la vitrine. De là, ils ne perdraient rien du spectacle qu’offrait la grand-rue.


Philippe et Guillaume évoquèrent avec ardeur leur fierté d’avoir participé à un tel programme. « La cause était entendue, ils avaient gagné ! » affirmaient-ils. Ils ne concevaient pas « que le gouvernement reste sourd face une protestation de cette ampleur… »


La serveuse vint prendre les commandes et chacun choisit ce qui lui plaisait. Ils étaient affamés et n’hésitèrent pas à prendre ce qu’il y a de plus riche et de plus copieux : de superbes coupes de glace aux parfums divers, à l’exception de Clémence qui se contenta d’un café.


Chacun dégustait sa consommation avec délectation et la perfection du plaisir qu’ils éprouvèrent à cet instant, apaisa pour un temps les passions. Clémence était cernée, plus pâle que jamais. Soudain, dehors, le ton se mit à monter, s’affoler, le cortège déferlait en courant dans la large rue pentue tandis que des cris stridents confirmaient l’imminence d’un drame.


- Merde ! dit Philippe, qu’est-ce qui se passe ?

- Allons-y ! Il ne faut pas rater ça, fit Guillaume, à nouveau gagné par l’excitation.

Ils se levèrent d’un bond et quittèrent précipitamment le salon.

- Où allez-vous ? cria Catherine, vous êtes fous ? Ce n’est pas le moment de sortir, hé ! les filles, arrêtez-les !

Clémence fut la seule à se retourner, peut-être la seule à l’avoir entendue mais à aucun prix elle n’aurait abandonné les autres dans cette tourmente…


Catherine observait par la fenêtre ses amis, très vite emportés par les remous d’une foule en alarme. Elle les voyait tournoyer sur eux-mêmes, involontairement se séparer, deux par deux : Nathalie et Guillaume d’un côté, Philippe et Clémence de l’autre. Si Guillaume tenait fermement dans la sienne, la main de Nathalie, Philippe ne se souciait pas de la présence de la jeune fille qui le suivait. Elle les considérait gravement, l’œil critique… mais sans véritable animosité. Pourtant, elle sentait confusément qu’il allait se passer quelque chose…


Brusquement, elle comprit les motivations de Clémence, cela lui apparut comme une évidence, elle ragea de n’avoir pas su mieux la retenir ; la vision de ce couple était trop singulière pour être crédible.

- Idiote, ce petit con n’est pas pour toi ! Tu vas te brûler les ailes à ce jeu-là…


Une armée de policiers en vêtements de combat fit soudain son apparition au sommet de la grand-rue : ils portaient de grands boucliers, des casques et de solides matraques qu’ils brandissaient en se ruant sur les manifestants. « Ce n’est pas possible… ! » se dit Catherine, « on voit ça dans les films… » Sa situation lui sembla soudain irréelle, le sol trembla sous ses pieds, secoué par la course des soldats et des fuyards. « Pourquoi un tel déploiement de force sur de simples étudiants ? »


Ce fut en grande partie la répression policière qui a entraîné l’escalade de la violence qui suivit. Il y en avait trop : il existe un effet miroir dans le face à face qui oppose plusieurs partis. Les comportements excessifs aiguisent les colères, les gens se sentent agressés et répondent par une férocité qu’ils ne soupçonnaient pas encore en eux la veille.


Beaucoup d’étudiants découvrirent médusés, la brutalité des agents. Ils frappaient de façon aveugle les femmes, les vieux, les syndicalistes, les ados, les touristes même se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment. Ils étaient déchaînés !


Aux informations du soir, à la télévision, on invoquera « la présence d’éléments violents, cagoulés et casqués lapidant les forces de l’ordre. » Les téléspectateurs les découvriront effectivement sur leur petit écran mais ce ne sont pas ceux-là que Catherine vit le front en sang et sur lesquels on chargeait… Le choc de cette vision hantera d’ailleurs longtemps sa mémoire.


Dehors, Clémence et Philippe couraient vers la gare. Le jeune homme ne savait pas pourquoi mais il courait, comme tout le monde. Le seul sport permis, c’était le grand marathon dans les rues de Bruxelles ! Il sentait la menace derrière lui mais n’en connaissait pas la forme, n’avait encore rien vu. Soudain, il aperçut Clémence derrière lui, pitoyable, livide et consternée, il l’encouragea en riant, lui prit la main et l’attira dans sa course. Lui s’amusait comme un enfant, espérant que les éléments se déchaînent. Cette espèce d’insécurité le galvanisait ! Peu lui importait la manière dont l’histoire se terminerait…


Il est surprenant de constater qu’aux instants tragiques, une certaine complaisance de l’homme ignorant encourage la violence et la destruction. Un peu comme dans une corrida, où le public n’est satisfait que lorsqu’il y a du sang. Il acclame et encourage les coups portés au taureau ou au torero qu’importe : ce qui compte, c’est le drame !


Un vent de panique éparpillait les protestataires en tous les sens. Vu d’en haut, le cortège n’était plus qu’un grouillement d’insectes affolés s’insinuant dans chaque rue, chaque ruelle, chaque interstice afin de se soustraire à la menace qui les poursuivait. On se bousculait, c’était « chacun pour soi ! » Philippe lâcha la main de Clémence. Les slogans et les chants s’étaient tus, remplacés par le martèlement des souliers sur le bitume.


Soudain, un hurlement terrible déchira ce lourd silence, le cri strident d’une femme figea sur place fugitifs et assaillants. Philippe se retourna et ce qu’il découvrit le stupéfia : à une vingtaine de mètres, à l’embranchement de la petite rue transversale qu’il venait d’emprunter, Clémence se tenait debout tournée vers la grand-rue… il comprit immédiatement que c’était elle qui avait crié… Cette fille qu’on disait muette, ramassée par indulgence, avait donc une voix…


En soi, ce n’était pas grand-chose, juste un son d’une fraction de seconde mais on y aurait logé toutes les misères du monde, toutes les névroses de concert se révélaient ici. L’enfer reconnu, publiquement dévoilé !


À quelques pas de la jeune fille un policier immobile, le bras levé, brandissait une matraque. Bardé dans son noir uniforme, cet homme agrandi par un effet de perspective, couvait de son ombre sépulcrale, l’innocence écroulée à ses pieds.


Il venait de frapper une étudiante, une gamine à genou, par terre, le front sur le tarmac, ses doigts frêles et ensanglantés protégeaient mal sa tête brune aux cheveux ondulés. Elle portait une veste de laine à carreau, un jean et des baskets… rien en soi qui n’inspire l’arrogance ou la provocation. Le cri de Clémence avait suspendu le geste de celui qui s’apprêtait à frapper encore. Surpris, ses yeux avaient abandonné sa proie pour se fixer sur elle, sa fureur se devinait par la tension des veines qui couraient autour de ses orbites. Philippe entendit derrière lui des voix révoltées :


- Hé ! allez vous autres !… on ne peut pas laisser faire ça !


Les manifestants alentour se rassemblèrent à nouveau, rebroussant chemin pour affronter l’adversaire. Le policier fonça sur Clémence qu’il tenait pour responsable mais il n’eut pas le temps de l’atteindre, trop rapidement rejoint par un flot de contestataires plus déterminés que jamais.

Clémence se sentit brusquement happée par des bras qu’elle ne reconnut pas tout de suite… projetée sous les roues d’un véhicule à l’arrêt, le long d’un trottoir et vit Philippe rouler à son tour dans cet abri improvisé. Ils observaient maintenant de loin les manifestants qui jetaient sur les policiers tout ce qui leur passait sous la main. La jeune fille à la veste de laine avait disparu.


Philippe demeurait éberlué mais ravi ! Clémence avait crié… et quel cri ! Un cri si puissant qu’il avait permis de stopper net le bras d’une brute enragée, restituer la vaillance aux manifestants déconfits, lui-même s’est senti touché par une sorte de grâce qui lui avait permis un premier acte de vertu.


L’expression de la jeune fille était dramatique. Il découvrit dans ses yeux tant de peine, que c’en était presque touchant ; observa qu’à travers des évènements identiques, on ne vit pas forcément la même histoire. Tandis qu’elle semblait traverser une tragédie, lui savourait le goût d’une aventure formidable.


Jusqu’ici, il estimait que son silence n’avait rien d’innocent - elle y était trop à l’aise pour ne pas en être complice - mais ce qui venait de se produire changeait quelque peu les données. Son cri annonçait, qu’au-delà des apparences, elle pouvait s’émouvoir… comme une éponge, elle absorbait le drame avec une facilité déconcertante…


Le garçon la réconforta du mieux qu’il put puis il l’entraîna vers des rues moins fréquentées… Mais comment pouvait-il envisager de rentrer chez lui, maintenant, comme si rien ne s’était passé ? Il aurait voulu continuer dans l’action et se sentait quelque peu frustré.


Brusquement, une autre vague de manifestants déferla de la grand-rue et les rattrapa. La violence semait son lot de panique et de révolte : le chaos était total ! Les moyens mis en œuvre par les forces de l’ordre étaient à présent considérables, elles avaient sorti des chars à eau qui balayaient les passants comme de vulgaires ordures ! Certains étaient couchés sur le dos et descendaient la rue pivotant sur eux-mêmes comme des toupies, d’autres s’écrasaient lourdement sur la façade des maisons.


Philippe empoigna Clémence et l’entraîna dans une course effrénée. Ce n’était plus si drôle finalement, il estimait les prolongations de mauvais goût ! Les autres l’avaient abandonné avec une fille qu’il regrettait d’avoir avec lui. L’accès à la gare était condamné, il n’y avait pas d’autre solution que de tenter d’atteindre la station suivante, à plusieurs kilomètres de là. Ils devaient déguerpir en vitesse, n’étaient plus qu’à quelques pas des personnes arrosées.


Le garçon savait exactement quelles rues emprunter. Non loin de là serpentait une ancienne venelle, très étroite, coincée entre les flans de maisons hautes, sans fenêtres et à l’abandon… On l’appelait la rue de l’Épée, rares étaient ceux qui osaient s’y engager, car à la faveur de l’obscurité, de noirs commerces s’accomplissaient et l’endroit devenait alors un véritable coupe-gorge. Les pierres sentaient l’urine et le rance, c’était visiblement là aussi que les ivrognes venaient soulager leurs excès.


Les jeunes gens s’y engouffrèrent sans hésiter. Les murs résonnaient et multipliaient le bruit de leur pas sur les pavés et le rythme de leur respiration haletante. À mi-chemin ils s’arrêtèrent enfin pour s’assurer que personne ne les suivait. Clémence n’en pouvait plus, était à bout de souffle, au bord de la syncope. Ils improvisèrent donc une courte halte pour qu’elle se reprenne…


Inlassablement, les sensations ordinaires nous rattrapent dans les situations les plus extrêmes et nous rendent à nous-mêmes… À l’inverse, dans ces mêmes situations, des émotions extraordinaires surviennent à notre insu qui éveillent parfois des pulsions terribles, faisant qu’un beau matin, votre monde chavire… Le crime n’est qu’une confrontation inopinée ou accidentelle de sa propre défaillance. Le passage à l’acte est l’aboutissement d’un hasard de circonstances lors desquelles l’homme accepte brusquement de sombrer dans l’abject, l’infamie ! Il nous appartient dès lors de tenter de toujours mieux se connaître afin de guetter les accès de cette opacité dont nous ne soupçonnions ni la perversité, la dangerosité ou la virulence…


Malgré l’effort et l’énergie dépensée dans la course, Clémence restait frigorifiée. Philippe s’approcha un peu plus et la serra dans ses bras pour mieux la détendre et la réchauffer. Ce geste spontané se voulait néanmoins charitable… mais Clémence ne le remarqua pas… elle fixait au loin le rai de lumière à l’entrée de la venelle, redoutant la menace d’une intrusion.


Alors, il se mit à lui parler doucement :


- Il n’y avait plus à s’en faire, personne ne viendrait les chercher où ils étaient…


Et elle feignait encore de ne rien entendre, gardait les yeux rivés à mille lieues de ses bonnes intentions. Ça, il ne le supporta pas !


Ce fut à cet instant précis que le garçon s’accorda avec le diable ! S’il avait eu la présence d’esprit de se ressaisir, rejeter l’orgueil et la vanité coupables, il ne serait probablement rien advenu... L’emportement aurait été instantanément refoulé, le contact maléfique rompu. Mais les choses ne se sont pas passées ainsi.


Brusquement, il a saisi son visage entre ses mains et l’a forcée à le regarder. En un éclair, sans réfléchir, il a embrassé les lèvres… Un baiser vorace, insatiable et lorsqu’il fut en contact avec la chaleur de son souffle au relent de café, sa bouche tout entière, livrée à ses désirs, un violent séisme l’emporta vers des horizons de plaisirs défendus…


Ses mains roulèrent sous le grand pull-over à la recherche de la chaleur de sa peau. Il dégrafa son jean, entra dans son ventre avec une frénésie jusqu’ici jamais ressentie.


Clémence ne résista pas, son corps, secoué par un rythme saccadé, s’écrasait un peu plus contre le mur dans son dos, ses yeux ahuris dévisageaient le garçon perdu dans une exploration sans retour. Elle l’entendit gémir d’une voix râpeuse, ses lèvres d’homme déterminé dans l’action l’avalaient et l’injuriaient à la fois, une solide touffe de cheveux bruns lui fouettait le visage tandis qu’elle percevait son souffle chaud dans son cou.


La colère qu’elle avait fait naître, encouragée, échouait ici, entre ses cuisses, dans une ruelle sordide. Elle se forçait à faire le vide dans son esprit, tâchant de se convaincre que tout n’était finalement qu’une question de patience, d’inconscience et d’abandon… « Pourquoi s’étonner d’ailleurs » se disait-elle crânement « C’est l’histoire de ma vie !… » Elle savait que l’humeur sexuelle des hommes était un marécage où toute résistance pouvait conduire à la noyade…


Dans les rares instants où Philippe s’efforçait de se raisonner, il se disait qu’il y avait quelque chose d’irréel dans ce qui arrivait et ne voyait pas comment il aurait pu éviter ça ; de toute façon, il était beaucoup trop tard !


Tandis que Clémence demeurait figée de saisissement, de prudence et de frayeur, elle contemplait le déchaînement spontané d’une pétulance fulgurante… habilement induite par ses soins.


À ce moment, bizarrement, Philippe se souvint d’un moineau qu’un de ses chiens avait un jour ramassé lors d’une battue en forêt. Les chasseurs traquaient un gibier qu’ils ne tarderaient pas à trouver. Il avait alors glissé l’oiseau dans son blouson reportant à plus tard l’éventualité de s’en occuper. Rentré au refuge, c’est une bête morte qu’il avait ressortie. Il avait caressé du doigt le petit corps inerte, s’étonnant qu’une si petite chose ait été capable de vivre une vie d’oiseau. La volonté de se nourrir, de procréer, s’offrant de surcroît le luxe de voler, tenait dans un corps si léger, si dérisoire… qu’il s’était ému de la disparition d’un être aussi mystérieux.


Était-ce le contact avec les côtes de sa partenaire, sa légèreté, la chaleur exceptionnelle de sa peau qui lui évoquait cette réminiscence ? L’émotion qui le terrassa fut stupéfiante ! comme survient l’orage et la foudre un soir d’été, bouleversant le paysage, avant de se retirer et rendre à la nature sa plate réalité.


Dans ce coin de rue malodorant, les premiers instants se sont avérés blancs. Le garçon apprenait à ses dépens les troublants mécanismes de la vie. Il avait cru jusqu’ici qu’il commandait à tous ses actes et voilà que le contraire venait de lui être signifié. On lisait la débâcle dans son regard. Les secondes passèrent, interminables… un sentiment de grande faiblesse, lourd de gêne et de regret l’envahit. Il leva alors vers le ciel un regard terrifié, jamais il ne s’était senti aussi mal. Triste et confus, il considérait Clémence avec des yeux de pauvre, l’enlaça tendrement tandis qu’elle l’observait interdite et défaite.


La stupeur placide de la jeune fille était saisissante, tout autre qu’elle dans cette situation, aurait cherché à fuir ou se défendre… Elle, n’avait rien fait, ce qui inspira à Philippe l’illusion qu’il ne s’était peut-être rien passé de grave finalement…


Or, sommes-nous capables d’étouffer le remords gourmand de ce que nous sommes ? Est-il possible de découdre des ténèbres plus épaisses que la poix ? L’irréparable nous tient sous sa croix maudite et le diable se plaît à tout compliquer.


Clémence observait avec intérêt l’homme qui apparaissait sous ses yeux. Bien sûr, il était loin des princes appartenant aux contes de son enfance, bien sûr, celui-ci s’éveillait au pire…


Sans doute s’effrayait-il à l’idée que dans son propre corps se tenait à l’affût un violeur impitoyable. Il venait de percuter durement le mur dressé entre lui et la réalité. Dans le même temps, il se demandait aussi « ce qu’il pouvait y avoir de criminel dans l’action banale de sauter une fille telle que celle-ci ? » Il pouvait aisément s’en tirer blanc comme neige à ses propres yeux « puisqu’elle ne s’était pas défendue ! »


Il rajusta les vêtements de la jeune fille, remit de l’ordre dans ses cheveux.

- Allons-nous-en… dit-il enfin, la guidant doucement vers la lumière du jour, à l’autre bout de la ruelle.


Il aura suffi de quelques dizaines de mètres pour s’écarter définitivement du bruit, des manifestants et des gendarmes. De ce côté, tout était presque calme et intact, hormis les passants ignorant l’émeute.


Le jeune homme tentait toujours de se redonner confiance « L’appétence sexuelle est une question de chimie, plus qu’une question de choix » se disait-il, « on n’embrasse pas toujours ce que l’on aime, le corps possède ses raisons que l’intelligence ignore… » Si cette hypothèse le satisfaisait, elle n’en demeurait pas moins oppressante car il ne parvenait pas à imaginer une affection durable avec cette fille…


Le soir tombait, Philippe et Clémence venaient de quitter le train qui les ramenait dans leurs quartiers. Les rues mentaient car elles étaient tranquilles. Mais il est des circonstances où le mensonge console car il recèle l’antidote au désespoir. Il est des circonstances où le mensonge est un devoir sain, une obligation pour ne pas devenir fou.


Cette fois, le jeune homme imposa de l’accompagner jusqu’à sa maison. Elle, trop lasse pour opposer la moindre résistance le laissait la suivre… Arrivés à l’entrée de l’Avenue du Bout du Monde, Clémence se retourna vers lui et lui tendit la main, une main désinvolte et froide… Le garçon se cabra, et à nouveau, l’attira contre lui pour l’embrasser encore. Clémence ne bougeait pas, seul le vent faisait trembler ses cheveux. Il desserra son étreinte et l’abandonna devant une superbe habitation plantée au milieu d’un parc arboré. Clémence feignit d’appuyer sur la sonnette et attendit que Philippe s’éloigne de quelques pas pour s’esquiver derrière l’un des gigantesques troncs bordant l’avenue.


Le ciel s’est alors brusquement obscurci et Philippe vidé, anéanti, pressé de rentrer chez lui se précipita vers un bus qu’il ne voulait pas manquer. Mais avant qu’il ne parvienne à l’atteindre, le véhicule avait démarré, libérant une silhouette sombre qui avançait vers lui : une femme en tenue de sport. Elle avait les joues rondes, de petites mèches de cheveux blonds sortaient du capuchon relevé sur sa tête et empruntait en courant l’avenue qu’il venait de quitter. Le garçon s’éloignait lorsqu’il l’entendit appeler :


- Hé, Clo, attends-moi !

D’instinct, il se rabattit dans l’ombre pour mieux observer ce qui se passait. Il découvrit alors Clémence beaucoup plus haut dans la rue que l’endroit où il l’avait laissée, rapidement rejointe par l’inconnue en jogging. Le silence total de la place amplifiait les voix, Philippe n’eut aucune peine à comprendre ce qui se disait. La femme avait un accent étranger, russe ou polonais…


- Alors, ta manif ? ça s’est bien passé ? Oh, mais tu trembles ! Tu as froid ? Tu n’es pas malade au moins ? C’est pas vrai… tu pleures ? Allez, sèche tes larmes, sinon les garces vont te cuisiner… c’est fini, je suis là, il ne peut plus rien t’arriver maintenant… Je vais t’aider à rentrer sans te faire remarquer, ensuite tu me raconteras…


Philippe médusé se sentit gagné par la panique, un terrible effroi… son sang se figea dans ses veines et le glaça « raconter quoi ? » « Pourquoi se cachait-elle ? Pourquoi lui avoir dissimulé sa véritable adresse ? Qui était cette fille qui l’appelait « Clo » ?


Alors la colère soudain s’éveilla, mais cette fois, contre lui ! Il réalisait qu’il avait accompli l’irréparable et quelle que soit la manière dont il devrait affronter ses jours désormais, rien n’y changerait jamais quoi que ce soit ! Ça resterait là inscrit, toujours, ineffaçable, une chose dure inacceptable et têtue, pour laquelle quelques instants, quelques instants seulement… il était tombé dans le monstre !


Un jour ou l’autre Clémence le trahirait, et même si elle ne le faisait pas, sa simple présence en ce monde suffirait à ranimer cette erreur, ce désespoir… Les jeunes femmes furent rapidement avalées par l’obscurité, il les perdit quelques mètres plus loin sans chercher à les rejoindre : il ne voulait plus rien savoir !


Resté seul, chancelant, submergé par l’épouvante, il avait envie de pleurer, atteignit sa maison comme dans un rêve, se précipita dans sa chambre sans parler à personne… entendit sa mère appeler mais ne voulut rien entendre, ne rien voir, s’appartenir enfin ! jeta rageusement ses vêtements sur le sol et tenta de soulager sa peur sous la douche sans y parvenir. Il découvrit son lit impeccablement refait et la tiédeur de ses draps réussit un instant à atténuer sa souffrance.


Qu’allait-il se passer ? La police viendrait peut-être le chercher aux aurores pour l’emmener au poste… Comment allaient réagir ses parents, sa famille, ses amis ? Lui-même pourrait-il encore se regarder dans un miroir ? Tout ce qui comptait à ce jour n’existerait probablement plus demain. D’un revers de main, d’un seul geste, il venait de tout effacer.


Couché sur le dos, les bras étendus le long du corps, il résista encore quelques instants avant d’enfouir la tête sous son oreiller pour étouffer de gros sanglots. Il pleurait comme l’enfant qu’il venait d’abandonner derrière lui, telle la mue d’un vilain serpent.


Il finit par s’endormir, le cœur lourd, pour une nuit peuplée de cauchemars. Au matin, l’esprit las, Philippe observa le balancement des arbres secoués par le vent dans le jardin, le grincement du train lointain, les premiers coups de klaxon… Tout était encore intact… mais pour combien de temps ? Les minutes sont précieuses lorsqu’on les sait menacées…


C’était dimanche, tout semble plus paisible le dimanche, il parvint à raisonner calmement : « Il ne pouvait pas avoir violé Clémence puisqu’elle n’avait rien empêché, ne s’était pas défendue, n’avait opposé aucune résistance… ne portait d’ailleurs aucune marque de violence. Après tout, c’était peut-être ce qu’elle voulait ? … » Cette éventualité, le souvenir de la scène, rallumèrent subitement le feu dans son ventre… « Je n’en suis pas guéri » constata-t-il, « mais pourquoi pleurait-elle ? Pourquoi a-t-elle refusé de lui donner sa véritable adresse ? Et puis, que faisait-elle à cette manifestation ? Qu’était-elle venue y chercher ? On devinait sur sa figure que cette fille cultivait le goût du drame ! » Il refusait qu’elle le fasse à ses dépens ! Dans l’ambiguïté de ses manœuvres, un bon avocat trouverait assurément matière à le défendre !


Il décida dès lors de reprendre le cours de sa vie comme si rien ne s’y était produit et passerait comme d’habitude la matinée en forêt avec son père, l’après-midi au golf, pour le reste… il verrait plus tard… Il enfila des vêtements propres, dévala les escaliers, embrassa chaleureusement ses parents et engloutit son petit déjeuner. Il avait l’impression de se retrouver chez lui après un long voyage.


Entouré des siens, il parviendra à s’oublier jusque tard dans la soirée où le relent d’un scrupule se frayera vainement un chemin. Un terrain de golf est idéal pour ce genre de victoire car il révèle parfaitement les générations de désœuvrement nécessaires pour concevoir et entretenir une telle indifférence à autrui. L’indifférence est un mal nécessaire à la terreur de l’homme et il n’y a pas mieux qu’un dimanche, où le reste du monde existe un peu moins, pour cultiver l’oisiveté.


Il ne se morfondait plus, s’était laissé aller à évacuer Clémence et se disait que cet écart inexplicable, incohérent, était sans aucun rapport avec ce qu’il était fondamentalement, se persuadant que ça serait sans conséquence, reconnaissait néanmoins une brusque bouffée de démence, donnant libre accès à un plaisir issu de quelques ténèbres accidentelles. L’absence de réaction de la jeune fille le confortait de plus en plus dans sa logique : « Elle s’en était retournée sans dommage à ce qui meublait ses jours…, sinon quelques larmes, mais des larmes de fille ! »


 
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   Menvussa   
24/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Mitigé. Ce texte m'a déjà mis hors de moi. Cette violence gratuite m'est insupportable. Preuve s'il en faut que le texte, bien écrit rend bien compte de la scène. Puis on change de ton, on change de rue, on change de violence. Alors, viol, pas viol, nous ne sommes pas dans la tête de Clémence. Ce qui est sûr, c'est que cette manif les a transformés tous les deux, lui en déchaînant la bête qui sommeillait et qui n'a pas pu donner toute sa démesure lors de la manif, elle traumatisée, à bout de force, ne sachant plus réagir, encore sous l'emprise de ce qu'elle a vu et qui l'a horrifiée.

Pourrait-on en conclure que la violence n'excuse pas la violence ?

Un texte que je trouve bien écrit, un peu de confusion, au début mais ce, pour rendre plus présente l'ambiance explosive de la manif.

Un texte qui nous renvoie dans nos but, face à nous même se demandant comment on peut réagir pris dans une telle folie.

Une phrase qui à mon avis ne manquera pas d'être critiquée : la foule rassemblée ressemblait à une mer répondant aux lois de la marée, elle peut paraître un peu lourde, mais à la lire à haute voix,cette répétition des R, qui roulent tel les vagues, donne un effet saisissant.

   xuanvincent   
24/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai apprécié retrouver dans cette nouvelle le personnage de Clémence. Egalement le style de l'auteur, notamment ses descriptions (assez réussies souvent je trouve) et l'émotion, très présente tout au long du texte.

Certaines phrases, d'une grande force d'évocation, m'ont bien plu.

La présentation des paragraphes a retenu mon attention : je les ai trouvé très découpés, certains paragraphes auraient peut-être pu être regroupés.

Curieux et attachant personnage, que cette jeune Clémence... J'ai apprécié le passage où elle quitte son silence et les conséquences de son cri.
Le passage du viol de cette jeune fille par son camarade m'a tout d'abord déconcertée et m'a fait penser que la violence dans ce récit se trouvait autant du côté dans la manifestation à son paroxysme que dans ce moment de folie (?) de ce jeune homme.

Le narrateur m'a paru par moments assez "bavard", dans le sens où il explique beaucoup au lecteur ce qui se passe ou va se passer, en donnant son point de vue (de manière m'ayant évoqué des sujets de réflexion, dissertation).
De même, le personnage de Catherine (placée à un moment dans une position particulière, celle d'observatrice), m'a semblé à un moment particulièrement perspicace (de pouvoir imaginer que Clémence était attirée par son camarade).

Ce texte, peu banal à mon avis et susceptible sans doute de déconcerter un peu certains, peut sans soute difficilement laisser indifférent le lecteur.

   Anonyme   
30/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour toutou,

Une nouvelle irritante, mais bon, apparemment ça devient ta marque de fabrique. J'ai lu, j'ai aimé, j'ai grimpé au plafond (mais j'en suis redescendue...) et il y a pas mal de choses que j'ai notées au fur et à mesure de la lecture.

Le style, de temps à autre, ça coule de source et d'autre fois, tes tournures de phrase sont un peu bizarres.

"Ils encourageaient l’arrogance et le défi."
Je ne suis pas vraiment d'accord avec "arrogance". je ne sais pas trop pourquoi ils manifestent mais s'ils se sentent puissants parce que nombreux et unis dans un débat d'idées, je ne crois pas qu'ils se sentent réellement "arrogants" (AMHA)

"Les joues de Clémence avaient rosi mais ses yeux semblaient étonnamment brillants et agrandis." brillants et agrandis, aucun doute, ils ne semblent pas, puisqu'il les voit : ils sont.

"Clémence était cernée, plus pâle que jamais" Je vois arriver une phrase comme celle-ci et je me dis que la petite Clémence a des choses à se reprocher que je ne connais pas encore ou qu'il va lui arriver des bricoles. Or, s'il lui arrive bien des "bricoles" rien ne lui permet vraiment de les subodorrer à cet instant là.

" Guillaume tenait fermement dans la sienne, la main de Nathalie"
Juste une histoire de virgule en ce qui concerne cette phrase. A mon sens, elle coupe l'élan de la phrase.

"...la vision de ce couple était trop singulière pour être crédible..."
Oui, bon, cette phrase rejoint l'impression générale que j'ai eue en lisant cette nouvelle. Ce n'est pas parce que Clémence est muette qu'elle n'est pas normale ! Un couple singulier ? Pourquoi ? Parce qu'elle est muette et que lui ne l'est pas ?
Là je reconnais , j'ai commencé à sentir la moutarde me monter au nez.

"l’innocence écroulée à ses pieds"... oui, toute la phrase est un peu grandiloquente. Il y en a une ou deux comme celle-ci dans le texte, rien de bien grave, mais un peu... grandiloquent.

"Jusqu’ici, il estimait que son silence n’avait rien d’innocent - elle y était trop à l’aise pour ne pas en être complice"
Comment peut-il avoir ce jugement, cette impression ? Elle est muette parce que ça lui plait peut-être ?
J'ai l'impression qu'il pense qu'elle se complait dans son état ! C'est assez incroyable cette réaction !

"mais ce qui venait de se produire changeait quelque peu les données. Son cri annonçait, qu’au-delà des apparences, elle pouvait s’émouvoir… comme une éponge, elle absorbait le drame avec une facilité déconcertante… "
Et voilà, c'est là que je m'énerve. Parce qu'elle est muette elle est incapable de Ressentir ? de Réfléchir ? C'est une pauvre cloche quoi. Elle est muette alors elle est bête.
ronttudju....

"Brusquement, une autre vague de manifestants déferla de la grand-rue et les rattrapa" : je veux bien, mais à ce niveau là, après tout ce qui vient déjà de se passer, ce ne sont plus des manifestants, ici dans ce passage, mais des casseurs... Bref des gens qui veulent la bagarre.
C'est un peu gênant ce sac dans lequel l'auteur range les manifestants et les casseurs.

"Alors, il se mit à lui parler doucement :
- Il n’y avait plus à s’en faire, personne ne viendrait les chercher où ils étaient… "
Bizarre ce dialogue. Pourquoi pas : "Il n'y a plus à s'en faire, personne ne viendra nous chercher là où nous sommes"... ?

"elle contemplait le déchaînement spontané d’une pétulance fulgurante… habilement induite par ses soins."
Deux choses. "pétulance fulgurante"... Je ressens la pétulance comme un truc léger, aérien, coquin, qui se distille, par touches successives, qui s'installe... c'est aérien, là on dirait que tu parles d'une tornade...
Et la deuxième : Non seulement elle se complait dans son état mais en plus elle en joue ! Et en abuse !
rontujdju....
Pourquoi tant de haine envers cette Clémence ?

"de sauter une fille telle que celle-ci ?"
Arghhh !
Encore ! Pourquoi, parce ce qu'elle est muette alors elle mérite ce qui lui arrive ?

"il était tombé dans le monstre !" Heu... ?

Je crois que ta nouvelle est réussie parce que ton Philippe je le déteste.
Quant à Clémence...
Je trouve qu'elle est traitée d'une drôle de manière. Elle est molle, sans énergie, elle encaisse les coups, même pas elle se défend, flanque un coup de pied ou crie, bon sang, ne serait-ce que crier puisqu'elle peut le faire !
Elle crie parce qu'une autre est frappée et s'écroule et elle ne crie pas quand cet affreux lui saute dessus ?
Alors quoi ? Elle en était amoureuse de ce Philippe et parce qu'elle est muette, qu'elle n'est pas considérée dans la norme par ce Philippe, elle accepte ce traitement là ?
D'accord. Admettons.
Pourquoi elle pleure alors ?
Et c'est quoi cette histoire de "Clé(mence)" qui devient "Clo"... Et cette adresse aussi qui n'est pas celle que Philippe pense connaître... Y'aurait-il une suite par hasard ?

Il y a quelque chose qui m'échappe chez Clémence. Pourquoi toujours, et en particulier dans ce texte, cette volonté de se détruire ?
Tout ceci n'est que ressenti face à ton texte. S'il est un peu irrité ou nerveux il est néanmoins sincère.
Bonne continuation à toi toutou

   horizons   
14/5/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte effectivement qui ne laisse pas indifférent. Il raconte une vraie histoire ce qui n'est pas si courant dans les nouvelles, souvent de simples "photos" d'un moment lambda. Le glissement de la manif au viol par le vecteur de la violence est, si j'ose dire, bien trouvé. Si on ne partage pas ce cheminement, du moins on le comprend bien.
Je regrette juste que tu laisses en suspens beaucoup de pistes mystérieuses: quelle est la vie de cette Cémence, où elle habite, qui est cette fille qui la rejoint...etc. Idem pour la fin en queue de poisson: il se fait attraper ou pas finalement?
Il faudrait aussi peut-être "personnaliser" un peu plus les circonstances: pourquoi cette manif, décrire les personnages.
Enfin, il a trop de pseudo sagesse philosophique qui alourdit inutilement le récit :
"Le crime n’est qu’une confrontation inopinée ou accidentelle de sa propre défaillance. Le passage à l’acte est l’aboutissement d’un hasard de circonstances lors desquelles l’homme accepte brusquement de sombrer dans l’abject, l’infamie ! Il nous appartient dès lors de tenter de toujours mieux se connaître afin de guetter les accès de cette opacité dont nous ne soupçonnions ni la perversité, la dangerosité ou la virulence… "

C'est certainement très vrai mais je doute qu'un violeur passant à l'acte soit capable de formuler sa pensée de cette manière.
Globalement, j'ai passé un bon moment avec ce texte, donc, merci.
H

   shanne   
18/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour à vous,

Une description d'un système humain que je trouve intéressante.Chaque être humain, dans certaines circonstances, peut devenir violent et même criminel ou devenir victime.Cette réflexion nous dérange beaucoup, en général, nous pensons tous: "je ne ferai jamais ça" et pourtant...

un grand merci pour ce rappel


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