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Réalisme/Historique
troupi : Mon père
 Publié le 14/02/18  -  15 commentaires  -  5112 caractères  -  122 lectures    Autres textes du même auteur

C'était mon père et nous ne nous sommes vraiment regardés que quelques jours avant sa mort, et encore comment en être vraiment sûr ?
Tant d'indifférence depuis l'enfance, ça pourrait s'estomper en quelques jours ?


Mon père


Les dernières années il avait dans le dos une douleur tenace qui le "tarabustait " : c'était son mot.

Et une autre dans sa vie, de loin, peut-être sa jeunesse, qui le tarabustait aussi mais de celle-là il ne parlait jamais ou plutôt je n'ai compris que bien plus tard qu'il l'évoquait avec son père – qui fut aussi son "seul ami" selon ses dires – et dans ces rares moments ses yeux filaient vers un monde étranger où lui seul se posait.

Pudeur ? Repli sur soi ? Nous pensait-il indignes de confidences ?

C'est dans son atelier où les draps d'araignées se couvraient de sciure que son trop peu de tendresse s'épuisait à frôler de vieux morceaux de bois – voyageurs exotiques – qui allaient devenir de superbes marqueteries. Mon frère trop petit n'y venait jamais, quant à moi, rarement admis dans cet antre étonnant je regardais surpris qu'une branche ordinaire puisse au cœur de son os cacher tant de trésors.

De la caresse du polissage naissaient des paysages aux couleurs infinies. J'entendais quelquefois tomber un mot de sa grande carcasse. Pas souvent une phrase.


– Ça c'est du sipo, celui-là de l'acajou, là de l'ébène. Ça vient de loin, d'Afrique, celui-là du Brésil, un palissandre.


Ces évocations de pays lointains me faisaient rêver et je filais chercher dans "l'Encyclopédie pour tous", un des rares livres que nous possédions, le Congo, le Brésil et les îles perdues tant la Terre était grande.

J'ai appris à aimer les morceaux d'arbres dans cette pièce encombrée où certains bois pouvaient user des décennies. Pour les arbres entiers c'est venu beaucoup plus tard. Beaucoup plus fort aussi.

J'ai aussi appris les insectes, curieuses guêpes et autres abeilles solitaires qui venaient par le carreau cassé. Certaines creusaient dans les bois tendres la galerie de leur nid, d'autres transportaient de la boue et construisaient de petits cylindres abritant leurs œufs. Leur audace se payait souvent de leur vie. On le savait quand un nuage de poussière tombait mollement du plafond ou d'un mur, une vibration sonore réveillait Aglaé qui fondait sur sa proie.

Oui j'aimais Aglaé pour dire araignée. Et des Aglaé il y en avait beaucoup.

J'ai dû à cet âge apprendre vite pour construire des souvenirs car les "temps d'atelier" n'ont pas été bien longs. Assez cependant pour comprendre que mes mains m'ouvriraient des horizons inattendus.

À la maison c'était différent, les regards étaient durs, les silences fermés.

Nos envies de rire ne duraient pas, il avait ce pouvoir d'éteindre les lueurs qui s'allument pour un rien dans les yeux des enfants ; un raclement de gorge, un soupir appuyé, le couteau sur la table qui claque trop fort, et on avait compris mon petit frère et moi qu'il fallait se calmer. Manger en silence.

Infime notre mère servait le repas qui se terminait toujours par cette phrase :


– Bon, j'ai fini, donne-moi "la pomme".


Ce n'était pas une pomme, non, c'était "la pomme". Toujours.

Encore aujourd'hui ce fruit chargé du souvenir m'apparaît teinté de mystère.

À la maison le bonheur n'était pas au menu, pas plus que son contraire. On ne se posait pas de questions à son sujet mais on savait qu'ailleurs c'était mieux. Entre les murs nous étions seulement à l'abri de la pluie, de la faim et du froid.

Suffisant pour la survie.

À cette époque la résilience n'était pas dans les livres mais dans notre souplesse de roseaux. Les bourrasques paternelles pouvaient nous plier jusqu'à frôler le sol la moindre accalmie nous relevait, nous poussait au soleil. Indemnes.

Alors sitôt fini le repas :


– Où vas-tu ?

– Je vais dehors.


Ce dehors où tout devenait possible était la délivrance, notre mère avec l'accent de son pays prononçait "déhors".

Nul ne nous en privait, heureusement. On a grandi avec les herbes sauvages. Les orties, les chardons ne nous piquaient même plus : l'entraînement sans doute et un peu de folie.

Il y avait des oiseaux, des fleurs et des lézards dans chacun de nos jours et ceux de grande chance un renard s'invitait, un blaireau, une fouine...

On en parlait longtemps avec force détails, échafaudions des plans pour retrouver l'animal fabuleux. L'attraper peut-être ! Le caresser et l'amener chez nous.


– Sûrement pas ! Une saleté pareille, tout juste bon à voler des poules !


Notre incompréhension se posait un instant au regard de maman, du battement de cils à la mimique triste elle savait sans un mot nous consoler, et un peu plus tard nous expliquer que tous les êtres privés de liberté finissent par mourir.


– Mais alors le petit prince ?

– Oui, mais c'est juste une belle histoire...


Quatre ou cinq ans sont passés et on a appris que la douleur tenace était un cancer.

Du poumon. Le plus vache.

Quand ce cancer l'a eu un lundi de Pentecôte, ce ne fut pas pour lui une grande victoire car la douleur d'enfance avait tué mon père depuis longtemps.

Au bord du trou pas grand monde, sa femme, ses enfants, notre demi-frère banni pas rancunier et quelques anonymes. Peu.

Mais somme toute ce n'était pas si mal pour un mort-vivant de longue date.


– On allait pouvoir apprivoiser un renard.



 
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   plumette   
15/1/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
texte touchant écrit d'une plume pudique qui va chercher au plus profond de l'intime ce qui a été transmis envers et contre le "peu de tendresse". Très belle évocation des moments d'atelier, dans lesquels semblent s'enraciner l'amour des arbres du narrateur.
un narrateur attentif à de petites choses comme les insectes et la nature, et "la pomme", une expression qui n'appartient qu'à cet homme blessé mais dont la blessure restera secrète.
un très beau texte que je n'ai pas envie de décortiquer, dont je garde l'empreinte après ma lecture.

A vous relire


Plumette

   Tadiou   
17/1/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
(Lu et commenté en EL)

Texte qui m’a beaucoup ému par son fond de souffrance racontée avec pudeur, délicatesse, sans acrimonie. Avec une nature très présente et une écriture sensible qui crée de belles images.

L’épisode, trop court, dans l’atelier est un morceau de rêve.

Mais je reste largement sur ma fin car on en sait trop peu sur tous ces personnages ; c’est quasi un résumé : dommage.

J’aurais aimé que tous ces protagonistes soient mieux pénétrés, qu’on puisse comprendre les ressorts de leurs attitudes et de leurs actions.

Si cette nouvelle n’était pas publiée, je vous suggère de la reprendre pour l’élargir, l’approfondir et lui donner davantage de corps.

Un grand merci pour cette lecture qui m’a touché et à vous relire.

Tadiou

   SQUEEN   
18/1/2018
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
La "douleur d'enfance" du père est sans doute la clé de ce récit, mais aucune exlication sur ce qu'elle a pu être ne m'ont permis d'entrer ici. C'est triste, grave, l'ambiance lourde est très bien évoquée mais trop uniforme, sans nuance : quelques contrastes auraient été les bienvenus je crois, cela manque un peu de générosité envers le lecteur. SQUEEN.

   Donaldo75   
14/2/2018
Bonjour troupi,

Il faut vraiment en vouloir pour rentrer dans ce texte. Certes, il est bien écrit, à l'exception de quelques phrases franchement longues, mais il reste aussi aride que le père raconté par son enfant. Je suppose que c'est voulu, plonger le lecteur dans cette aridité de sentiments, mais c'est quand même bien chiche.

Ma lecture me laisse un goût mitigé.

   Marite   
14/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très belle écriture pour raconter un quotidien familial de l'enfance, à première vue banal mais, cette façon de décrire l'atelier de marqueterie du père trop taciturne et silencieux, les bois exotiques ouvrant l'imagination sur des contrées fabuleuses et après les repas, " la pomme " et " Ce dehors où tout devenait possible ..." témoignent de la tendresse qui entoure ces souvenirs. Aussi la force, la patience et la solidité de ce père qui, sans s'en rendre compte sans doute, a transmis à ses enfants la capacité, à l'âge adulte, de percevoir un peu de l'âme du monde et de ceux qui les entourent. Enfin c'est le sentiment qui me reste après cette lecture.

   in-flight   
14/2/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Les brefs instants que vous décrivez (atelier, table, extérieur) ont fait écho à mon enfance et pour le coup, j'aurais bien repris une tranche de cette vie. Une façon de vous dire que j'ai trouvé ça bien court et laisser ce texte en l'état me semble être une erreur (il s'inscrit dans un plus grand récit?). D'autant que la "chute" n'est pas fameuse selon moi. Bref, un bon moment qui pêche par sa brièveté.

   Pouet   
15/2/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bjr,

"À cette époque la résilience n'était pas dans les livres mais dans notre souplesse de roseaux." Bien aimé cette phrase.

Je trouve le texte pudique est (relativement) distancié. Bien écrit en tout cas.

La fin, émouvante avec cette évocation du Petit prince, tranche de façon opportune avec le reste du texte plutôt "clinique" et sec.

Un texte témoignage je suppose qui ne (me) laisse pas indifférent.

   Mokhtar   
16/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je suis très admiratif de la qualité d’écriture de ce texte. De la très belle mise en valeur d’apartés (l’atelier, les insectes, les bois, la pomme) qui font le plaisir de lire. De la relation de ce climat oppressant que cet homme psychorigide impose à son entourage. De cette famille qui s’est habituée à se coucher comme le roseau pour mieux se redresser après la tempête.

Pas d’amour, pas de tendresse, chez cet homme sans amis ?
Il faisait état d’une forte relation avec son propre père. C’est pour moi l’énigme de ce texte : pourquoi n’a-t-il pas reproduit le schéma avec son fils ?

Il y a un choc, ou un secret, ou un traumatisme, ou une souffrance, qui a fermé cet homme, refoulant la joie de vivre, et ne semblant s’épanouir que dans son travail artisanal. Son fils le dit, qui le considère « mort » depuis toujours.

Est-il de cette génération qui a connu des guerres, sans jamais s’en remettre ?
Ou bien est-ce cette « douleur d’enfance », dont on ne saura pas plus, qui l’a réduit à vivre sa vie sans flammes ?

Peu importe. Cela appartient à l’auteur, qui a déjà mis certainement beaucoup mis de lui dans ce récit.

Ce que j’aime dans ce texte, c’est la volonté de l’enfant de saisir les espaces de liberté et de vie. D’exploiter dans son univers réduit toutes les opportunités d’évasion. De peut-être se forger une curiosité de la vie et du monde que son confinement enfantin a exacerbée.

Fallait-il développer ? Pourquoi ? on a l'essentiel de ce qui importe.
Sur le bois mort, la vie, les insectes, la végétation prospèrent malgré tout.
L’enfant s’en tirera, parce qu’il aura appris à tout exploiter.
Mais quel père sera-t-il ?

Très beau moment de lecture. Merci

   hersen   
19/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour troupi,

Un texte qui me donne l'impression d'être évanescent. ce père, père un peu, père pas toujours, père dur mais père qui partage un peu de son atelier, ce père donc est le modèle sur lequel un fils devrait se construire. Mais peut-être aussi qu'en en sachant plus sur le père, comme par exemple sa souffrance, on passe sur tous ces manques que la mère peine à combler.
ce texte sur l'enfance n'est pas un texte joyeux. Est-il un texte malheureux ? Bizarrement, je n'en suis pas si sûre. Même si "on" savait qu'ailleurs cela pouvait être mieux, "on"devait savoir aussi que ça pouvait être pire.
Le frère set un élément essentiel. certainement que les deux enfants ont reporté l'un sur l'autre ce qu'ils ne trouvait pas chez leur père, et ce qui était trop larvé chez leur mère.
C'est quasiment un texte historique que l'auteur nous offre ici, à une époque où il était sinon honteux, du moins faible que de montrer trop de sentiments. Le père était la figure de proue de la famille et l'enfant, pauvre moussaillon, y trouvait son compte dans une vie proche de la nature.

C'est un texte très intéressant. Un texte qui parle de relations.

Merci de cette lecture,

hersen

   moschen   
21/2/2018
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je me range derrière ceux qui pensent que le format est trop court, que les personnages ne sont pas assez creusés, uniquement effleurés.
On reste sur sa faim.

Au delà on peut contester une certaine accumulation de mauvais sorts entre le cancer et l'infirmité de la mère.
Que penser de quelqu'un qui semble subir et se réjouir de la mort du père (on allait pouvoir...).

Il y a pourtant des moments de lumière, quand le père parle des essences de bois. Ces moments dans l'atelier sauvent un texte bien sombre. Et je me suis un instant demandé si on ne frôlait pas la quête d'une larme.

L' autre trait de caractère (du fils) nous est donné au travers de ces fuites vers l'extérieur, l'extérieur où le père ne s'aventure pas.

L'épisode de la pomme est une frustration pour le lecteur.

   Perle-Hingaud   
21/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Que retenir ? La nostalgie ou l'amertume, ou encore le sentiment, le regret, de ne pas avoir compris l'homme qu'était son père? Le thème est très fort, le texte pudique et profond. L'écriture emmène également, le bois et les voyages, les êtres sauvages qu'on aimerait apprivoiser mais qui ne sont bons qu'à tuer les poules.
Merci pour ce partage...

   Anonyme   
22/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Il y a quelques temps déjà que je voulais lire et commenter cette nouvelle mais impossible de l'ouvrir avec ma tablette jusqu'à aujourd'hui.
Ce récit me touche de très près car j'ai vécu une quinzaine d'années
de cohabitation taiseuse avec mon paternelle. Lui, ce n'était pas le bois qui l'intéressait mais le verre et la gent féminine.Il ne lui restait donc pas beaucoup de temps à nous consacrer.

C'est bien écrit et j'ai revécu mon enfance et adolescence à travers
ce texte.J'ai bien aimé les draps des toiles d'araignées couverts
de sciure, entre autres.

   Louise   
22/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

J'ai aimé ce texte qui n'en dit jamais trop, ni pas assez je trouve, pour déclencher une émotion assez douce, aux airs de nostalgie teintée d'amertume.

Merci pour ce partage!

   Louis   
22/2/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
La vie du père semble se "dé-finir" entre deux douleurs. L’une en fin de vie, « une douleur tenace, qui le « tarabustait », l’autre, lointaine, remonte probablement à sa jeunesse ; l’une est nommée, succinctement, brièvement, « c’était son mot », l’autre est tue, passée sous silence.

Ainsi sa vie semble comprise entre deux souffrances, entre silence et laconisme.
Sa vie, ou plutôt : sa non-vie.

Silence difficile à comprendre, difficile à admettre : « Pudeur ? Repli sur soi ? »
Pire : « Nous pensait-il indignes de confidences ? » Confidences que l’on ne fait qu’à des amis, confidences faites à son père, qui fut son « seul ami ». Manquait-il alors d’ « amitié » pour ses enfants ?

Ce père a son territoire, son domaine, son royaume, auquel le narrateur, son fils, a peu accès : « rarement admis dans cet antre ». C’est un atelier dans lequel le père travaille le bois.
Et cette matière, le bois, semble recevoir tous les soins et toute la tendresse, « caresse du polissage », qui n’est pas prodiguée aux enfants.
Merveilleuses et magiques caresses pourtant, d’où « naissaient des paysages aux couleurs infinies ».
Habileté des gestes qui révèlent des « trésors » cachés dans les « vieilles branches », dans le corps vivant d’un morceau d’arbre : «au cœur de son os ».
Les gestes du père sont assurés, tendres et délicats, mais à l’adresse du bois, alors qu’ « à la maison c’était différent, les regards étaient durs, les silences fermés ».

Comment un enfant ne souhaiterait-il pas, dans ces conditions, être à la place des morceaux de bois, et recevoir caresses, tendresses qui ouvrent sur des trésors et des paysages aux couleurs infinies ?

L’enfant découvre que les arbres ont une vie, il découvre qu’il a d’autres frères que son frère.
Ce n’est pas une jalousie, en effet, qui va naître à l’égard du bois et des arbres, mais une identification et une fraternisation.
On comprend alors cet amour naissant pour ces frères de cœur et de bois : « J’ai appris à aimer les morceaux d’arbres dans cette pièce encombrée (…) Pour les arbres entiers, c’est venu beaucoup plus tard. Beaucoup plus fort aussi »

Cette identification aux morceaux de bois, ces « voyageurs exotiques », fera sans doute du narrateur un voyageur à la rencontre de « paysages aux couleurs infinies ».
Mais elle se manifeste aussi dans l’identification aux roseaux, « à cette époque la résilience n’était pas dans les livres, mais dans notre souplesse de roseaux », or le roseau est souvent considéré comme un arbuste, ou comme un arbrisseau, un petit arbre, un arbre-enfant en quelque sorte, La Fontaine le nomme : « Arbuste » dans sa fable célèbre : « Le Chêne et le Roseau ».

Ce récit-mémoire nous fait comprendre la genèse des goûts, des intérêts, et de certains des aspects de la personnalité du narrateur.
Si l’on comprend son goût pour les arbres, ses frères, ses capacités psychologiques de « résilience », on comprend aussi son goût pour la nature, ce « dehors » par rapport à la maison, cette nature synonyme de délivrance, de liberté, de possibilité d’épanouissement, la nature et sa part de mystère et de merveilleux.

Enfin, il nous apprend, par l’écriture même de ce texte, qu’il s’affirme en différence de son père silencieux, il parle, il parle de lui-même, de ce qui l’a construit, il se confie à des amis lecteurs. Il s’affirme vivant, parce que la parole, c’est aussi la vie.
Et si le père était le roi mort-vivant d’un royaume sans vie et sans mort, son atelier, son antre, il s’est voulu, lui, le prince, le petit prince d’un royaume naturel bien vivant où l’on apprivoise ses mystères, ses dangers et les renards…

Amitiés à Troupi.

   Goelette   
18/3/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Troupi
Vos lignes m'ont plu autant pour la beauté de l'écriture que pour l'émotion retenue chez le père et le narrateur.
Dans votre style une poésie où la nature prime
"C'est dans son atelier où les draps d'araignées se couvraient de sciure que son trop peu de tendresse s'épuisait à frôler de vieux morceaux de bois – voyageurs exotiques – qui allaient devenir de superbes marqueteries. Mon frère trop petit n'y venait jamais, quant à moi, rarement admis dans cet antre étonnant je regardais surpris qu'une branche ordinaire puisse au cœur de son os cacher tant de
trésors." "Il y avait des oiseaux, des fleurs et des lézards dans chacun de nos jours et ceux de grande chance un renard s'invitait, un blaireau, une fouine..."
Mais le réalisme règne aussi dans ces détails qui en disent si long l'araignée qui "fondait sur sa proie" "le bonheur n'était pas au menu" et les rares paroles
Personnellement je n'ai pas été dérangée par votre silence sur l'enfance du père au contraire !


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