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Humour/Détente
VanHoering : Le Bâton de Saint Winnoc
 Publié le 07/10/07  -  8 commentaires  -  19848 caractères  -  97 lectures    Autres textes du même auteur

Conte traditionnel flamand. L'histoire raconte comment Jan Ratenboel, pauvre colporteur, se voit récompensé de son innocence par Saint Winnoc, puis berné par un perfide aubergiste. Le dernier cadeau de Saint Winnoc permet à Ratenboel de réparer le préjudice qu'il a subi. Une histoire drôlatique, fantastique au bon fumet de terroir, à déguster avec une carbonnade, une bonne bière et une tartine de smout, avec une bonne pipe et une goutte de genièvre pour digérer!


Le Bâton de Saint Winnoc


Épisode 1 : Un Nouvel Espoir


Il était au hameau d'Ukesham** un drôle de petit homme, aimé de tous pour sa générosité et pour sa bonne humeur communicative, et dont la physionomie lui avait valu le sobriquet de Jan Ratenboel. Ses voisins se plaisaient à dire que ce nom lui venait de sa figure, qui rappelait celle d'un rat, et de la petite boule que formait sa bedaine, qui contrastait comiquement avec la maigreur de ses bras et jambes.


Ce brave Jan Ratenboel avait bien du mérite de conserver sa bonhomie coutumière, car il en était réduit, pour gagner son pain, à vendre des mèches de chandelles au marché de Bergues. Il faisait le voyage trois fois par semaine, ce qui revenait à patauger sur trois lieues dans la vase jusqu'aux chevilles, avec sur le dos une hotte presque plus grosse que lui. Il était bien heureux quand il parvenait à écouler ne serait-ce que la moitié de son chargement, pour gagner de quoi mettre un ou deux trognons de chou, une couenne de lard ou un quignon de pain dans la soupe.


Pourtant, il n'avait pas toujours vécu dans ce dénuement extrême. L'année précédente, c'était encore un bon fermier, qui possédait un beau troupeau de moutons et de riches champs de blé, une bourse bien remplie battant sa hanche. Mais l'hiver dernier, l'inondation qui transforme comme chaque année les marais en lacs et oblige les braves gens des Moeres* à vivre dans leur grenier et à se déplacer en barque, cette inondation donc, avait noyé ses champs et emporté toutes ses bêtes. Quant à sa bourse, il l'avait perdue le lendemain en sauvant un voisin de la noyade. Et malgré tout, là où d'autres, comme Job, auraient renié le Seigneur face à un destin si cruel, Jan Ratenboel avait bravement supporté la misère, et on le voyait toujours avec un sourire sur sa petite figure de rongeur.


Or donc, il advint un jour que Jan Ratenboel était à l'abbaye de Saint Winnoc pour vendre ses mèches au frère keersmacker**, qu'une terrible tempête se leva tout soudain, le forçant à s'en remettre à l'hospitalité des moines pour la nuit. Ces mêmes moines tremblaient de frayeur à chaque coup de tonnerre, à chaque rafale de vent, et au crépitement de l'averse sur les tuiles de l'abbaye, croyaient un second déluge envoyé par Dieu pour laver le monde de toutes ses injustices. Ils virent en notre pauvre Ratenboel l'occasion rêvée d'assurer le salut de leur âme par une dernière preuve de générosité, et régalèrent le colporteur d'un festin digne d'un roi. Ce fut une véritable orgie de jambon, de boudins, de saucisses, de fèves au lard, de soupe grasse et bien sûr, de leur célèbre fromage au lait, qui vient du pays de celui qui l'a fait. Le tout était arrosé de leur meilleure dobbel-cuyt*, que Ratenboel lampait religieusement en un hanap que n'aurait pas renié Gambrinus lui-même. Chaque fois que Jan vidait son écuelle ou son hanap, les moines les lui remplissaient prestement en répétant à qui mieux mieux: “ Bois donc à notre santé, Ratenboel! ”, “ Goûte voir ce jambon, Ratenboel! ”, “ Tu reprendras bien du potage, Ratenboel! ”; tout cela avec la ferveur qu'ils mettaient d'ordinaire à égrener les patenôtres.


Une fois assurés que Jan Ratrenboel ne pouvait avaler ne serait-ce qu'une bouchée de plus, ils l'installèrent, non dans une cellule monacale, mais dans une belle chambre réservée aux invités de marque. Et là, repu et passablement enivré, il s’endormit du sommeil du juste. Mais voilà qu'il fut réveillé par un éclair si vif qu'il crut que l'abbaye était la proie des flammes. Sursautant dans son lit, il se mit à crier au feu, lorsqu'il vit que la lumière n'était pas celle de flammes, mais une lueur surnaturelle, blafarde, qui nimbait une haute silhouette apparue au bout de sa chambre. C'était un noble et terrible vieillard, tout vêtu de blanc, et dont la longue barbe soulignait la sévérité du visage.


- Silence, Ratenboel!, tonna le vieillard. Et écoute-moi bien, car je suis Saint Winnoc, envoyé par notre Seigneur pour te récompenser de ta vertu ! Tu as supporté fort chrétiennement ta misère, sans jamais te plaindre, ni céder au désespoir. En conséquence, je te fais don de mon baudet. Tu le trouveras demain matin, il t'attendra docilement aux portes de l’abbaye. C'est un animal miraculeux, qui peut exaucer tous tes souhaits. Il te suffira de lui tirer la queue en lui disant “ Baudet de Saint Winnoc, donne-moi cela ! ”

- Loué soit le Seigneur ! Grand merci, votre Sainteté, mais que ferai-je si par malheur l'âne s'égare ou vient à mourir ?

- Tu frapperas trois fois à la porte de mon tombeau, en invoquant mon nom, et je t'apparaîtrai à nouveau. Maintenant dors ! Et va en paix, une fois passé l'orage.



Épisode 2 : L'Aubergiste contre-attaque


Le lendemain, Ratenboel prit congé des moines dès l'aube, impatient de découvrir l'animal prodigieux promis par l'apparition. Et de fait, un âne roussin l'attendait docilement devant les portes du cloître. Il lui tira la queue en lui disant : "Baudet de Saint-Winocq, donne-moi un saucisson pour mon déjeuner !". Et le miracle s’accomplit : de sous la queue de la bête, un beau saucisson à l'ail tomba entre ses pattes arrière.


C'est donc de fort belle humeur que Jan Ratenboel reprit la route d'Ukesham, se réjouissant déjà du festin dont il allait régaler sa femme et ses enfants. Ses projets furent hélas contrariés par l'averse de la veille, qui avait inondé le chemin et le contraignait à attendre une journée de plus. Par bonheur, il connaissait une hostellerie non loin, dont le Baes**, qu'il savait fort accommodant, accepterait de le loger pour la nuit moyennant quelques victuailles issues du postérieur de son âne.


Arrivé à l'auberge, il fut accueilli à bras ouverts par le Baes, et il prit bien soin de l’avertir :


- Maître aubergiste, je vous confie mon baudet. Veillez à ce que l'on s'en occupe comme si c'était la mule du Pape lui-même, car c'est un animal prodigieux. Et surtout, gardez-vous bien de lui tirer la queue en lui disant : "Baudet de Saint Winnoc, donne-moi ceci !", car vous me mettriez dans un grand embarras !


Le Baes, qui était aussi avisé et dépourvu de scrupules que Ratenboel était naïf et honnête, devina tout de suite qu'il avait tout intérêt à acquiescer à cette requête, tout en prenant la peine de vérifier discrètement le caractère miraculeux de l'âne. Constatant en effet que le baudet pouvait fournir comme par magie tout ce qu'on lui demandait, il lui substitua un âne roussin de sa basse-cour qui lui ressemblait en tout point, si ce n'est qu'il ne possédait aucune qualité surnaturelle.


Il employa tout le restant de la journée à remplir la chope de Ratenboel aux frais de la maison, pour donner le change, si bien que le pauvre colporteur dut gagner péniblement sa chambre avant même le coucher du soleil, pour s'y écrouler d'un sommeil d'ivrogne. C'est donc un Ratenboel bien moins vaillant qui reprit la route le lendemain, la tête douloureuse et les tripes sens dessus dessous. Il prit congé du Baes sans se douter un seul instant de la substitution de son âne. Ainsi, lorsqu'il arriva chez lui à l'heure du dîner, il fit taire son épouse, folle d'inquiétude et de colère d'avoir attendu si longtemps son retour, en lui tenant ces propos :


- L'heure est aux réjouissances, ma femme, et non à la fâcherie ! Vois cet âne : il a le pouvoir de donner par miracle tout ce qu'on lui demande ! Puis, tirant la queue de l'animal: Baudet de Saint Winnoc, donne nous du lard, des fèves, des saucisses, quatre douzaines d'oeufs et des boudins blancs et noirs! Ce midi, nous dînerons comme des rois !


Mais bien entendu, ce n'était que l'âne vulgaire de l'aubergiste, et tout ce qui tomba de sous sa queue malgré les invocations de Ratenboel, fut un peu de crottin.


- C'est ainsi que tu entends nourrir ta maisonnée, fol que tu es ?


Et racontant toute sa mésaventure à son épouse, il se fit vertement gourmander pour sa naïveté. La commère, qui avait deviné que l'aubergiste était la cause de leur misère renouvelée, obtint de son époux la promesse qu'il repartirait le lendemain à l'aube au tombeau de Saint Winnoc, pour implorer à nouveau son aide.


Il arriva juste après l'office de midi au tombeau de Saint Winnoc, et frappa trois fois à la porte du caveau en implorant l'aide de son patron. La porte s'ouvrit d'elle-même, et Ratenboel, non sans crainte, entra dans la sépulture. Saint Winnoc lui apparut, tel qu'il l'avait vu l'autre nuit, à ceci près que son visage n'exprimait qu'une sainte colère !


- Par ta sottise, tu t'es montré bien indigne de la faveur que je t'avais accordée ! Cependant, comme c'est ton innocence toute chrétienne qui a causé ta perte, je consens à te venir en aide à nouveau. Tu trouveras ma besace posée devant la porte de mon caveau. Il te suffira de l'agiter en récitant : "Besace de Saint Winnoc, remplis-toi !" et tu la trouveras emplie de monnaie sonnante et trébuchante. Maintenant va ! Et garde ta famille du besoin...


Et comme promis, Ratenboel trouva en sortant du tombeau une besace, qui répondit à l'invocation prescrite en s'emplissant par miracle de pièces d'or et d'argent.



Épisode 3 : La Besace Fantôme


Ratenboel ne se sentait plus de joie. Enfin il était délivré de sa misérable condition ! Il voyait déjà en rêve tout ce qu'il pourrait offrir à sa famille grâce à la besace providentielle : vaches, cochons, poulets, vêtements neufs...il serait le plus riche fermier d'Ukesham, et on ne l'appellerait plus Ratenboel mais Ryckeboer* ! Il fit passer l'argent de la besace à son escarcelle et se hâta de reprendre le chemin de sa maison, mais ce chemin le faisait passer devant l'auberge. L'ayant avisé de loin, le Baes l'attendit à la porte et le héla :


- Ratenboel, mon ami ! Tu as bien le temps de venir boire une chope ?


Et Ratenboel, qui n'était pas homme à refuser une bière offerte de bon cœur, s'installa dans la salle commune avec le Baes. Lorsque ce dernier vint à table avec deux hanaps débordants de mousse, il lui confia sa besace en lui disant :


- Veux-tu bien ranger ma besace derrière le comptoir, afin de la mettre à l'abri des convoitises ? Car c'est une besace prodigieuse, plus précieuse que n'importe quel trésor ! Mais surtout, garde-toi de l'agiter en disant "Besace de Saint Winnoc, remplis-toi !" Mais je ne puis t'en dire plus, et je compte sur ta discrétion.


Le baes n'avait évidemment pas besoin qu'on lui en dise davantage, et trouva l'occasion d'échanger la besace de Saint Winnoc contre une besace tout à fait ordinaire et on ne peut plus vide. Quelques chopes plus tard, en reprenant la route, grisé tant par la bière que par sa nouvelle fortune, Ratenboel emporta la besace de l'aubergiste sans se douter de rien.


Lorsqu'il arriva chez lui, le sourire aux lèvres et la besace à la main, son épouse l'accueillit de fort méchante humeur, voyant qu'il n'avait pas retrouvé son âne.


- Oublie donc ce baudet, ma femme ! Saint Winnoc m'a fait don de cette besace miraculeuse. Notre fortune est faite ! Il me suffit de l'agiter en disant : "Besace de Saint Winnoc, remplis-toi !" Et nous la trouverons pleine de monnaie sonnante et trébuchante !


Mais bien entendu, la besace, en dépit de tous les efforts de Ratenboel, restait désespérément vide, et il n'eut droit ce soir-là qu'à une formidable remontrance. Il résolut cependant de repartir dès l'aube pour implorer une fois encore l'aide de Saint Winnoc.


Et c'est ce qu'il fit. Le tombeau s'ouvrit à nouveau lorsqu'il frappa à la porte en invoquant Saint Winnoc, et l'apparition l'y attendait.


- Ratenboel, si tu es revenu, c'est que tu t'es encore fait berner ! Tu dois être le pire niaiseux de toute la Création, et ce, depuis que notre Seigneur façonna Adam d'une poignée de glaise ! Tu as atteint les limites de ma patience, et sache que ce caveau ne s'ouvrira jamais plus pour toi ! Mais je te fais un dernier présent : mon bâton sera appuyé contre le mur, à côté de la porte, lorsque tu sortiras. Il te suffira de le prendre en main et de dire : "Bois de Saint Winnoc, déplie-toi !" pour user de ses pouvoirs. Maintenant va ! Et que je ne te revoie plus !


Ratenboel trouva en effet un long et lourd bâton de frêne en sortant du tombeau.



Épisode 4 : Le Retour du Bâton


Ratenboel, tout à sa déception d'avoir ainsi fait défaut aux divines faveurs qui lui avaient été accordées, s'empara du bâton et reprit tristement le chemin de sa maisonnée, sans même se demander quels pouvaient être les pouvoirs de ce bois de Saint Winnoc. Il quitta sans tarder les faubourgs de la ville de Bergues et fut bientôt à l'endroit où la route passait devant l'auberge. Il pressa le pas, regardant ses pieds, déterminé à ne pas fournir en s'attardant un sujet de fâcherie de plus à sa commère, lorsque le Baes le héla :


- Holà, Ratenboel ! Serais-tu donc ingrat au point de passer devant ma maison sans venir me saluer, comme un larron fuyant les lieux de ses rapines ? Viens donc, que je t'offre un verre !

Pour rien au monde, Ratenboel n'eût voulu passer pour ingrat, lui à qui la misère avait appris à ne jamais refuser une offre généreuse au nom d'un orgueil mal placé. En outre, il avisa le soleil déclinant et calcula qu'il ne pourrait regagner son logis avant la nuit; or les honnêtes gens des Moeres savaient bien qu'à la faveur de l'obscurité, les routes n'appartenaient qu'aux brigands, spectres et lycanthropes.


Il se résolut donc à passer la nuit dans l'auberge, et remettant au Baes les derniers sous puisés dans sa besace disparue, lui fit cette requête :


- Prépare-moi un souper pour ce soir et une chambre pour la nuit. Je voudrais que tu y ranges tout de suite mon bâton afin de le mettre en sûreté, car ce n'est pas un bâton ordinaire. Et surtout, prends garde de ne pas l'empoigner en lui disant "Bois de Saint Winnoc, déplie-toi !" Car moi-même je ne sais quel terrible prodige cela déclencherait.


Le Baes s'exécuta sur-le-champ, et monta à l'étage pour préparer la chambre, bien décidé à découvrir quel était le pouvoir du bâton. Il en trouverait bien un autre, s'il le fallait, pour le lui substituer discrètement et jouir de ce nouveau miracle à la place du niais colporteur ! Il s'enferma dans la chambre qu'il destinait à Ratenboel, empoigna le bâton et récita l’invocation : "Bois de Saint Winnoc, déplie-toi !»


Un instant plus tard, ledit Ratenboel redressa le nez de la mousse de sa chope aux bruits de lutte et aux cris de douleur lui parvenant étouffés de l'étage. Quelle ne fut sa surprise en voyant le Baes dévaler l'escalier, poursuivi par le Bâton de Saint Winnoc, qui se maintenait de lui-même en l'air et battait l'escroc comme manié par des bras invisibles !


Comprenant d'un coup, quoiqu'un peu tard, la supercherie dont il avait été victime, il partit d'un formidable éclat de rire devant cette bastonnade surnaturelle. Les petites dents de rat découvertes et la petite figure plissée par l'hilarité de Ratenboel, sa petite bedaine secouée par les hoquets, qu'il se tenait entre les bras en battant le sol du pied, offraient un contrepoint du plus haut comique aux implorations et aux cris de souffrance du Baes enfin châtié de sa perfidie ! Et plus l'aubergiste criait grâce, plus Ratenboel se gaussait.


- Je t'en prie, Ratenboel! Ce maudit bâton me rompt les côtes et tous les membres! Fais-le cesser avant qu'il ne me fende le crâne !

- Il cessera, lui répondit-il entre deux éclats de rire, lorsque tu m'auras rendu mon âne et ma besace !

- L'âne est à l'écurie et la besace en mon coffre ! Par pitié ! Arrête ce bâton ! Je me meurs ! Je te les baillerai céans !

- Crois-tu que je me fierai encore à ta parole, fielleux coquin ? La bastonnade ne cessera que lorsque j'aurai la bride de l'âne en main et le sac sur l'épaule. Hâte-toi, car le bois de Saint Winnoc n'est pas près de faiblir !


Et c'est sous une volée de coups que le Baes, sous les yeux ébahis de toute sa maisonnée, alla quérir l'âne et la besace, toujours suivi d'un Ratenboel hilare. Lorsqu'enfin rentré en sa possession, ce dernier ordonna : "Bois de Saint Winnoc, replie-toi !" en empoignant le bâton, l'aubergiste gisait dans la fange de sa basse-cour, plus mort que vif.


Sachez que Jan Ratenboel s'en retourna chez lui quelque peu guéri de sa naïveté, qu'il devint le plus riche fermier d'Ukesham, et peut-être même de tout le pays des Moeres, tant il fut avisé dans l'intendance de ses biens, et que l'un de ses petits-enfants obtint la charge d'échevin* à la ville de Bergues. Quant à l'aubergiste, on raconte que, s'il se remit de ses blessures, il ne guérit point de son avidité, et qu'il fut pendu quelques années plus tard sur la place du marché, pour avoir dérobé la bourse d'un noble de passage qui avait fait étape en son hôtellerie.


Que cette histoire vous serve d'assurance qu'en ce bas monde, et malgré toutes les injustices dont vous pourrez êtres témoins ou même victimes, la Providence finit toujours par venger l'innocence de la perfidie de ceux qui en abusent.


______________________


Notice: Cette histoire n'est pas de mon invention. Je l'ai trouvée dans un recueil intitulé : "Les Contes Flamands", signé Hippolyte Verly (journaliste lillois, 1838-1916). Je me la suis d'abord appropriée pour la conter en public à une soirée médiévale au Dracir (une excellente taverne de Lille), soirée qui a également été la genèse de Ver Sacrum, le groupe de musique médiévale de mes amis. Et je dois dire qu'elle a eu son petit succès. Je l'ai retranscrite ici de mémoire; le texte que vous venez de lire n'est donc pas un simple travail de copiste, mais bien issu de ma plume. L'histoire est présentée en quatre épisodes pour la bonne raison que je l'ai écrite en quatre fois.

J'ai pris beaucoup de plaisir à le rédiger, mais tout au long de ce travail, j'ai eu soin de respecter la Charte du Comité de Censure Spatio-temporelle. C'est donc délibérément que je la situe au hameau d'Ukesham, qui est devenu la ville d'Uxem, et qui figure sous ce nom dès 981 dans les registres de l'abbaye de Gand (source : site de la ville d'Uxem) L'abbaye de Saint Winnoc a été fondée en 1022 par le comte Baudouin IV de Flandre (source : wikipédia, rubrique "histoire de Bergues"). Elle peut donc se situer entre le XIe et la Révolution (l'abbaye a été détruite durant cette triste période).

Vous remarquerez que même si j'ai fait usage de termes pour le moins exotiques, j'ai pris soin de les expliquer par des notes en bas de page, par égard pour les gens qui ne connaissent rien du beau pays des Moeres, et je reste disponible pour tout complément d'information par le truchement du forum Oniris. Sachez par ailleurs que le pays des Moeres correspond à la partie du Blootland (le “ pays nu ”) située en dessous du niveau de la mer, ce qui explique les inondations annuelles. Le Blootland est la région de Dunkerque, et fait partie du Westhoek. Pour ceux que ça intéresse vraiment, voyez Wikipédia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Blootland et http://fr.wikipedia.org/wiki/Westhoek. C'est chez moi ! Un dernier détail, mais qui a son importance à mes yeux : les correcteurs les plus vétilleux seraient tentés de mettre un tréma au premier “ e ” de “ Moeres ”. Son omission dans mon texte est volontaire ! Il s'agit d'une hérésie, d'une déformation imposée par les Français, qui trahit la prononciation flamande du mot. On ne le prononce pas “ Mo-ères ” mais “ Moures ”.


* Ukesham est l'ancien nom de la ville d'Uxem, située dans la campagne proche de Dunkerque.

* Les Moeres : littéralement “les marécages” .

* Keersmacker : fabriquant de chandelles.

* Baes : patron (féminin Baesin). Se prononce comme l'anglais “ boss ”.

* Ryckeboer (littéralement : “ Le riche paysan ”) : patronyme répandu en Flandre, à l'origine un sobriquet désignant le fermier le plus prospère d'un village.


 
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   Nat   
7/10/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Toujours aussi sympathique, cette petite histoire. Excellent style rédactionnel. A quand la prochaine?

   studyvox   
7/10/2007
Bravo, c'est très bien écrit.
La répétition des 3 rencontres avec le saint, alourdit un peu le texte, mais c'était inévitable.
J'aurais peut-être plutôt classé cette nouvelle dans le genre "fantastique merveilleux", au lieu du genre "humour".
Cela me rappelle, dans mes souvenirs lointains, le conte "les souhaits" de Charles Perrault.
J'aime bien l'idée qui consiste à mettre en forme une histoire dont on n'est pas l'auteur à cent pour cent.
Les notes explicatives et les liens à la fin du texte, c'est une bonne idée, qui éclaire le lecteur.
Malheureusement, les liens avec des pages de "wikipédia" ont l'air de conduire à un document qui n'existe pas encore.
Mais c'est peut-être à cause d'une mauvaise écriture du lien.
J'ai constaté que parfois, certains liens ne fonctionnaient plus correctement, dans le texte publié, alors qu'ils étaient corrects dans la source.
Encore merci pour ce conte.

   macalys   
7/10/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Un bon moment de lecture, j'en reprendrais bien une louche ! En lisant ce texte, j'entendais crépiter les flammes dune veillée au coin du feu...

J'aime bien le découpage en chapitre, cela permet de faire une petite pause dans sa lecture, en se demandant ce qui peut bien se produire après, et de méditer les informations du chapitre précédent. Enfin en tous cas, cela m'a permis de mieux profiter de la lecture.

Sinon, l'évolution du personnage principal, rongeur naïf et craintif au début puis rat avisé et prudent à la fin est bien amenée.

   Otus   
10/10/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai corrigé ce texte avec le plus grand plaisir, et le relis avec tout autant d'entrain... Bravo.
Mention spéciale pour les jeux de mots avec les titres des chapitres, inventifs et malins.

   VanHoering   
12/10/2007
Hum! Content que ça vous plaise...Merci à tous.

   Anonyme   
23/10/2007
 a aimé ce texte 
Un peu
Rien ne justifie de telle longueur de phrases. Du coup le style est empesé.
Ces principales et ces subordonnées à n'en plus finir gènent bigrement la lecture.
Les dialogues manquent de réalisme par rapport aux personnages.

Dommage car l'hitoire est plaisante.

   Anonyme   
23/10/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Merci pour ce moment de lecture. J'aime bien cette tonalité donnée au récit. La tonalité du conte. Le style est impécable. Bravo

   VanHoering   
26/10/2007
Hum! Donc, pas de subordonnées, pas de phrases trop longues...OK, merci, j'y penserai avant d'envoyer mon manuscrit à la Bibliothèque Rose!


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