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Humour/Détente
victhis0 : Petite recette
 Publié le 20/01/11  -  16 commentaires  -  13752 caractères  -  141 lectures    Autres textes du même auteur

C'est toujours pareil les recettes culinaires ; tellement peu poétique !


Petite recette


Recette du gâteau au chocolat


Saisissez-vous d’un bol ou d’un petit saladier. D’aucuns préfèrent des saladiers sauvages, capturés en pleine nature car, paraît-il, ils sont plus vigoureux. Pour ma part, je ne puis adopter une opinion aussi tranchée : les saladiers d’élevage, produits en série, sont d’une efficacité largement comparable. Plus dociles, plus faciles à manier et à nettoyer que leurs homologues naturels, les saladiers d’élevage sont de surcroît moins chers à l’achat. Si l’on rajoute à ces faits avérés la bonne tenue des producteurs en terme de qualité de fabrication et d’élevage (assurez-vous de la présence de labels de qualité tels NF – Naïvement Fabriqués pour les néophytes), je ne saurais pousser à un élitisme dépassé, une orthodoxie surannée, en ne jurant que par les saladiers sauvages. D’autant qu’il paraît que leur population décroît dans des proportions gravissimes – il est rare de croiser des saladiers sauvages lorsque l’on se promène dans nos belles provinces, il est vrai, hélas, ne serait-ce que pour jouir du regard émerveillé de nos chères têtes blondes devant une famille de saladiers surprise au coin du bois, au petit matin blême, à l’heure où la Nature prodigue nous présente sa splendeur incomparable, lorsque le ciel et la terre communiquent dans une symphonie de couleurs et de musique à nulle autre pareille. Mais je m’égare.


Il y en a même qui poussent le raisonnement jusqu’à utiliser des saladiers naturels de leur propre région… Hormis le prix – décourageant – de tels saladiers, il est aussi je crois le reflet d’opinions politiques nauséabondes. Qui plus est, ces saladiers sont extrêmement délicats à manœuvrer : fragiles, imprévisibles, ils risquent de vous faire rater votre gâteau au chocolat, ce qui serait tout de même un comble. Il y a bien quelques experts bien connus du grand public – Manfred Azout, Nicolaïevitch Fabructatovinavic, Maurice-Laszlo de la Pratouillère – qui peuvent ressentir une « légère saveur fauve dans le gâteau au chocolat réalisé dans un saladier sauvage » (sic). Mais je ne suis pas sûr de leur sincérité. Azout aurait des intérêts dans une réserve naturelle de saladiers qui fait payer cher la visite. Nicolaïevitch est un indécrottable réactionnaire à la solde des nervis des Naturalistes comme chacun le sait. Quant à Manfred, je préfère ne pas en parler. Du reste c’est superflu puisqu’il le fait tout seul dans son dernier opus : « Saladiers Sauvages, mythes & réalités d’une race méconnue ». Un pur navet. Il se fait tard et votre gâteau n’est toujours pas dans le four, on pourrait même dire qu’il en est encore assez loin. Mais je m’égare à nouveau.


Donc prenez un saladier d’élevage. Propre.

Munissez-vous d’un filet à papillons du genre JANOD qui coûte moins de treize euros. Attendez la pluie – ça va pas tarder de toute manière, vu l’allure chafouine du ciel. Sortez en chantant – même faux, les tablettes de chocolat sont sourdes comme chacun sait – et saisissez une bonne vingtaine de carrés de chocolat noir pâtissier, l’équivalent de deux cents grammes. Pour que cette quête ne dure pas trop longtemps, vous pouvez appâter le carré de chocolat avec quelques feuilles d’aluminium, savamment disposées dans le fond du filet. Vous m’objecterez que le chocolat n’a pas d’yeux. Et alors ? Ça ne prouve rien du tout. Ça marche très bien, vous ne connaissez pas tous les secrets de Dame Nature. Donc vous mettez du papier alu dans votre putain de filet et vous allez décrocher du ciel deux cents grammes de chocolat. Noir. Et n’y voyez aucun sous-entendu racial. Noir c’est noir. Le chocolat noir se glisse entre les gouttes de pluie, en général au rythme de un carré pour deux cents gouttes au mètre carré au sol par seconde. Il est indispensable de compter les gouttes qui tombent entre deux carrés – ceux-ci hésitent à tomber si cette proportion n’est pas respectée et ils repartent, hop, dans le ciel ce qui ne fait pas avancer notre recette. Lorsque votre filet contient deux cents grammes de chocolat noir un peu sonné par la chute, vous pouvez rentrer séance tenante à la maison.


Une fois séchés – le chocolat d’abord et vous après – allez voler un tas de beurre doux chez le voisin. Il y a plusieurs bonnes raisons pour faire cela :


– votre voisin est un crétin ignare qui met son beurre doux dans un frigo : forcément, le beurre doux devient… dur. C’est ballot. Comment faire avec un beurre doux-dur ? C’est impossible, mais votre voisin n’entrave rien de toute façon.

Vous attendez que votre andouille (le voisin pas la charcuterie qui n’a vraiment – vraiment– rien à foutre dans une recette de gâteau au chocolat) dorme. Vous caressez doucement sa calvitie naissante en ouvrant la porte du réfrigérateur où dort le beurre engourdi. Il faut de longs bras, certes j’en conviens. Mais il faut savoir ce que vous voulez. Sans réveiller ni le beurre ni votre voisin – qui pourrait très bien être Manfred, ce serait bien fait – avec une aiguille, grattez délicatement le beurre femelle jusqu’à obtenir un monticule disgracieux de deux cent cinquante grammes. Gare à vous si le beurre mâle se réveille ! Vous ne seriez pas la première victime du beurre mâle en courroux… Les cimetières sont remplis de cuisiniers amateurs maladroits, morts au combat contre un beurre mâle qui a tourné au vinaigre… Sans compter avec le goût d’un beurre au vinaigre dans un gâteau au chocolat, du plus mauvais effet. N’oubliez pas que, si le beurre est doux, il devient dur, âpre et sans pitié une fois refroidi : vous risquez la même température, vous le savez bien. Mais je m’égare à vous.

L’autre bonne raison de voler un tas de beurre au pauvre type d’à côté c’est, bien sûr, l’économie substantielle que vous allez réaliser ; économie bientôt indispensable pour compléter les ingrédients de notre recette…


Là attention étape cruciale : sifflez le chocolat – il ne peut pas résister au la mineur – et faites les présentations avec le saladier d’élevage. Respectez le protocole en présentant le saladier au chocolat et non l’inverse, ne serait-ce que par pure élégance. Le beurre femelle vous tend les bras : saisissez-les, tirez un coup sec et paf dans le saladier. Au moment où une scène lubrique débute, en général au crépuscule, vous mettez tout ce beau monde sur une plaque chaude mais pas trop. La scène vire à l’orgie. Écartez vos enfants et n’écoutez pas votre intimité qui s’émoustille toute seule. Concentrez-vous sur les mouvements lents et réguliers que vous allez effectuer avec votre spatule, instrument poétique en quête de rimes chastes, au cœur de l’ignominie décadente qui s’offre à vos yeux, jusqu’à ce qu’il ne subsiste qu’un genre de pâte marronnasse et odorante qui plus est. Il y en a qui se servent de casseroles vulgaires pour les mettre sur le feu. Je ne préfère pas en parler. Une casserole… Et pourquoi pas un trombone à coulisse ? ou une Audi pendant que vous y êtes ! Mais je m’égare, décidément.


À ce moment de la recette vous vous dites que vous avez tiré le bon bout. Ben pas si sûr… Les plus habiles d’entre vous peut-être. Et encore. Nous arrivons au sucre.

Le sucre, il parle pas, il chante pas, il écoute rien, il n’en fait qu’à sa tête : trouvez la tête du sucre au milieu de deux cents grammes de pouc en sudre. Faites une légère contrepèterie et récupérez le précieux ingrédient. Versez la contrepèterie dans l’orgie chaudasse citée plus haut dès que vous aurez convaincu la tête de sucre de bien vouloir rentrer dans la danse. Vous n’ignorez pas que le sucre est asexué et vous ne parlez pas le sucre couramment : sachez qu’il existe d’excellents ouvrages de formation pour parler le sucre (glace, poudre, de canne, plusieurs idiomes cohabitent, faites un peu attention quand même, notamment aux labiales, traîtresses comme toujours). Si nécessaire, faites parler vos membres avec des gestes explicites, ça évite les palabres. Même frigide, la tête de sucre pourrait être tentée par une nouvelle tentative, pour voir : n’hésitez plus, vous fatiguez, vous avez faim… Collez les deux cents grammes de sucre au bordel tiédasse.


Instant de grâce, enfin : cinq œufs. C’est reposant les œufs : on les prend, on leur pète la gueule, on récupère tout ce qu’il y a dedans (les blancs, les armes, le bus scolaire, les jaunes). On met seulement les blancs et les jaunes dans le saladier, on rend le bus scolaire à la mairie et on braque le voisin avec les armes. Si c’est Manfred, tu flingues direct.

La scène répugnante que vous avez sous les yeux va devenir glauque, sinistre, écœurante. Il y a même des sites où sont chargés des chocolate cake snuff movies. Je vous rappelle que c’est strictement interdit. On ne me prendra pas en flagrant délit d’incitation à la débauche culinaire. Jamais. On a ses principes.

Vous maîtrisez vos nerfs, vous êtes adulte, responsable, l’incarnation d’une société stable et morale où l’ordre règne et où les parasites sont châtiés sans haine mais avec fermeté. Vous résistez, vous convoquez toutes vos ressources, les enseignements de vos géniteurs, vos meilleurs souvenirs d’enfance, l’histoire de votre pays plusieurs fois souillé et toujours debout… Lentement, vous incorporez les cinq œufs dans l’ordre dans le truc visqueux dégueulasse, ça fait des schblourbes infects… Mais vous tenez bon. Pensez à Manfred si vous lui faisiez bouffer ses saladiers sauvages, moi ça me détend. Ou un prof. Ou cette petite idiote d’Agrippine, en quête elle aussi de rimes chastes malgré moi. Mais je m’égare et ça ne vous regarde pas du tout.


Là, c’est le (seul) moment religieux : une bonne cuillère de farine de froment. Prenez de la farine œcuménique, celle qui se glisse avec autant de grâce dans une galette frangipane que dans une corne de gazelle. Coursez la gazelle, nettement moins agile que la galette, arrachez-lui une corne, juste pour rigoler, puis rentrez chez vous on a un gâteau à finir et il se fait tard.

Combien ça pèse une cuillère de farine ? Mais qu’est-ce que j’en sais moi... Vous pouvez pas vous débrouiller tout seul au moins une fois dans cette recette de base ? Faut tout vous dire ? Et ça veut cuisiner ??? mais je m’égare à côté du pressing c’est pas très loin.


Ok, donc faites pleuvoir la cuillère à farine telle une bourrasque de neige immaculée qui va petit à petit recouvrir de son manteau prude la dépravation sexuelle que vous avez mis au point, je vous le rappelle à toutes fins utiles, on ne sait jamais. Mais la Nature étant ce qu’elle est, elle la suce (la mixture pas la Nature j’espère que vous suivez bien) jusqu’à ce qu’elle sombre elle aussi, fragment de lumière diaphane vite maculé, ange délicat frappé lâchement par les ténèbres agrippant dans des serres puissantes la pureté même pour la soustraire à jamais des regards…

C’est fini.

Enfin non. On prend le saladier domestique, on transvase la partouze dans un plat carré de vingt centimètres de côté et on répartit bien la préparation. Je suis conscient que cette phrase semble absconse, sibylline, qu’il s’agit d’une périphrase complexe. Que signifie transvase ? carré ? consultez les augures, lisez de la tripe de chien tiède et vous saurez.


Au bord de vomir tout votre quatre heures, vous êtes bientôt débarrassé de votre œuvre : on va la faire cuire, à jamais. On va l’allumer, ce four libérateur. Vérifiez que vous êtes seul, votre réputation pourrait souffrir de cette ultime scène si par hasard vous aviez échappé aux regards de vos comparses dans les étapes précédentes, quel coup de bol. Vous baissez les vêtements de la moitié inférieure de votre corps. Doucement sans vous casser la figure vous faites de petits pas maladroits vers le four : ça commence à chauffer. Rapprochez-vous jusqu’à ce que le four vous regarde. Vous devriez à ce moment ressentir la gêne, l’embarras du four qui n’est pas du tout lubrique, lui. Un four bien élevé c’est indispensable : choisissez une marque danoise, c’est plus sûr, ils fabriquent des fours froids. Donc, vous vous rapprochez sans tomber pour ne pas le faire rire (car le four danois rit facilement) et vous lui susurrez des cochonneries salaces avec une bouche humide, je vous laisse y réfléchir vous avez tout le vocabulaire nécessaire, faut juste assumer. Mais je m’égare de l’Est.


Quand le four atteint les cent quatre-vingt-douze degrés, vous devriez être à court d’arguments si vous possédez une dose normale de lubricité. Si le four percute les trois cents degrés en moins de dix minutes, je vous tire mon chapeau mais je m’éloigne un peu de vous on ne sait jamais. Et votre gâteau sera immangeable. Ceux d’entre vous qui dégusteront un gâteau pas cuit, ben y a des chaînes de télé où vous pourrez apprendre des trucs. Mais je m’égare et les trains sont en grève.

Vite, vous ouvrez le four, vous fourrez la préparation sombre dedans, vous refermez le four. Vous poireautez vingt-deux minutes, lisez un Oui–Oui.

Vous sortez le gâteau du four qui n’en peut plus et le gâteau non plus. Il y a des odeurs, c’est normal. Vous refroidissez tandis que le four va faire un petit tour discret aux toilettes pour se remettre de ses émotions. Vous vous souvenez que vous avez fait des économies ? eh bien c’est maintenant qu’elles vont servir : filez-lui vos piécettes (au four bien sûr pas au gâteau, ce serait pas très bon) en échange de son silence absolu. S’il est danois, il acceptera sans rechigner.


Voilà, vous avez finalement réussi votre recette de gâteau au chocolat ; de vous à moi je n’y croyais pas beaucoup, j’ai assez peu confiance en vous. Mais vous pourrez toujours m’écrire pour me dire que vous l’aurez réussi, je n’irai pas vérifier, sachant que vous mentirez probablement. Surtout si vous êtes du bord de Azout, Nicolaïevitch Fabructatovinavic, ou Maurice-Laszlo de la Pratouillère.


 
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   Mistinguette   
14/1/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Contrairement à l’auteur, je préfère les saladiers sauvages aux saladiers d’élevage ; certes, ils sont plus chers à l’achat, mais leur durée d’existence est sans commune mesure avec ceux produits en série. En ce qui me concerne, j’en possède plusieurs choyés par ma famille depuis trois générations, je peux certifier à l’auteur que, malgré les années, ils sont toujours aussi pimpants. On ne peut pas en dire autant des saladiers d’élevage qui, après quelques saisons de bons et loyaux services, doivent être mis au rebus tant ils sont dans un triste état. Je n’ai pas d’avis sur les saladiers naturels, leur prix exorbitant ne m’a jamais permis de m’en offrir un. Un jour peut-être ! Si j’épouse un ministre ou un émir. Mais ce n’est pas dans mes projets immédiats, mon mari ne serait pas d’accord.
Mais je m’égare gamelle.

Pour en revenir à la recette, j’ai tout bien fait comme a dit l’auteur, j’ai juste remplacé le chocolat noir par du blanc (non pas que je sois raciste, mais dans ma région il ne tombe du ciel que du chocolat blanc), et pendant la cuisson, n’ayant pas de Oui-oui sous la main, j’ai commencé le « Marc Lévy » que Lohengrin m’avait offert à Noël. Bon, je me suis un peu endormie, à la place des vingt deux minutes préconisées mon gâteaux à cuit trois heures cinquante sept, mais comme mon four est un four à chaleur détournante (qui décuit quant c’est trop cuit), il n’y a pas eu de bobo.

Donc, au final, même si l’auteur en doute, une recette parfaitement réussie et un gâteau délicieux. Je me suis régalée. Chose peu fréquente, j’en ai repris plusieurs fois au risque d’altérer ma silhouette de sylphide. Si dans ses tablettes l’auteur à d’autres recettes en réserve, je suis preneuse.
Un grand MERCI pour celle-là, ainsi qu’une bonne année chocolatée et mes amitiés à Nicolaïevitch Fabructatovinavic itou à ses camarades.

PS : J’espère avoir été constructive…

   Pat   
16/1/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'aime beaucoup ce genre de texte dans la lignée des instructions de Cortazar (dont s'est aussi inspiré un auteur prolifique d'Oniris). On sent une grande facilité d'écriture qui permet, outre une expression plaisante, des jeux humoristiques avec les mots. Toutefois, j'ai eu l'impression de premier jet, par moments. L'auteur digressant un peu trop, notamment avec ses saladiers, ce qui m'a semblé ennuyeux. Un peu d'élagage n'aurait pas nui au propos, selon moi.

   Anonyme   
18/1/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Très rigolo. J'aime cette imagination en cavale et débridée qui ne tombe pas dans la répétition. Chaque ingrédient a son originalité : la pluie de chocolat, le beurre femelle à quérir chez le voisin, la tête du sucre..et j'en passe
Une forme de poésie par la nature invitée à plusieurs reprises...
Beaucoup d'heureux jeux de mots ...
Bref, un très bon moment de lecture ...
Juste, un point, non le moindres car c'est le début, les deux premiers paragraphes sur les saladiers (surtout le tout premier d'ailleurs ) est un peu long. C'est d'autant plus gênant que c'est le démarrage du texte...et déjà lire une recette dans une nouvelle n'attire pas forcément, ce début aurait pu me faire renoncer ...Dommage.
Bonne continuation à l'auteur.

   Perle-Hingaud   
18/1/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte très agréable à lire. On sent la fluidité, l'écriture qui file, qui traduit les pensées sans embarras, mais avec jubilation. J'aime le jeu, l'imagination, le plaisir de l'auteur qui rejaillit sur le lecteur. Un seul bémol: un peu lourd sur le saladier. Mais je ne boude pas mon plaisir, une "petite recette" bien sympathique.

   Selenim   
20/1/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un texte où transpire la jubilation d'écrire de l'auteur. Un tel art devrait être enseigné dans nos écoles.

A part la digression introductive saladière, le récit se lit sans temps mort. Savant dosage d'absurde, de grotesque ou du pure crétinerie, j'ai regretté l'aspect trop systématique de l'humour et le manque de renouvellement. La recette manque également d'un zest de finesse, le chocolat me parait un peu trop "noir".

il y a quelques envolés poétiques mais trop timides à mon goût. Même si l'auteur possède un imaginaire capable de rendre jaloux ce bon vieux Münchhausen, il est surtout fécond dans les situations mais moins dans l'écriture. Dommage.

Au final, un texte plaisant à lire mais un peu écœurant.

Merci

Selenim

   Anonyme   
20/1/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Une première lecture plaisante jusqu'à la moitié du texte. J'ai franchement ri dans les premiers paragraphes.

Au premier "je m'égare" (première lecture et attaque rigolarde du texte) j'ai compris que j'en retrouverai un autre à la fin du second paragraphe. Bon point.

Sauf que ces "je m'égare" deviennent trop nombreux et que les jeux de mots ne sont pas assez recherchés par la suite.
J'admets l'exercice difficile mais il y avait deux solutions : se creuser la cervelle et prendre le temps de la réflexion, ou laisser tomber et n'élire que le nec plus ultra.
L'humour ne pardonne aucun laisser glisser.

Mais quand même, j'ai franchement ri et je remercie l'auteur de ces quelques minutes d'humour. par un matin gris et givré, c'est inestimable.

En ce qui concerne la poésie du propos, on tombe dessus comme on tombe sur des pépites dans un cookie. C'est à chaque fois la même chose, y'en a jamais assez... De fait, je trouve l'ensemble - agréable à lire - mais quelque peu déséquilibré.


L'écriture est fluide, le texte se lit sans effort. L'imagination est gourmande. Bien délayée.

   widjet   
20/1/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Petite parenthèse avant la "Petite Recette".

Crois le ou pas, cher Victhis, pas plus tard qu’hier en sachant qu’un nouveau texte de ta part allait être publié, je me suis dit « mais depuis combien de temps date le dernier opus de l’ami Vic ? ». Bah il m’a fallu remonter jusqu’en juin 2009 ! En tout cas, c’est un plaisir de retrouver l’auteur appliqué et sérieux (« sérieux » dans le sens de celui qui « travaille » ses textes car il est évident que tu t'amuses follement lorsque tu écris) que tu es.

Ce dernier opus donc ne fait pas exception à la règle : tu passes un certain temps à écrire, à peaufiner, bref à ouvrager. Ici, le choix des mots est pesé, calibré etc… Sans oublier, l'essentiel selon moi : le plaisir que tu prends.

En tant qu’auteur comme lecteur, j’apprécie ce soin et cette exigence de plus en plus rare dans nos contrées (même si le terme « four » par exemple est abusivement utilisé et quelques familiarités (« foutre », « flingue direct »…) incongrues contrastent avec le ton globalement « précieux » de l’ensemble)

Question : pourquoi jouer avec les négations (tantôt tu en mets, tantôt pas) ?

Finalement, les digressions – agrémentées d’un humour assez fin – rendent la leçon culinaire moins « solennelle », globalement amusante à défaut d’être poilante (ton esprit aiguisé et ton sens de la répartie peut largement mieux dans ce registre, je pense).

Je reprocherai un rythme parfois bancal (la partie du « saladier » est un tantinet longuette) mais j'avoue que l'exercice d'équilibriste (comment ne pas ennuyer son lecteur sans trop abuser des "égarements" qui risque de le lasser à longue....le dosage n'est pas évident !) est difficile.

Bref, même si je suis mitigé sur ce texte (même si différent, j’ai pris plus de plaisir avec des textes comme « Friends&Co », le meilleur à ce jour, « Non » ou encore « le Diner », là j'avoue que mon attention n'a pas toujours été soutenue), je salue ton retour parmi nous et attend (pour cette année hein !) la prochaine livraison !

W

   Anonyme   
22/1/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut victhis0 et merci pour la recette ! Je viens de mettre en pratique tes conseils culinaires et éclairés et, bon, même la chienne n'en veut pas du gâteau chocolaté ! Je pense que je vais le donner aux voisins chez qui j'ai volé les oeufs (datés en plus !)
et le beurre... Je crois que le problème est là, c'est du beurre salé, femelle mais salé, car ici le beurre doux ils connaissent pas les indigènes. Le plus dur aura été pour le saladier sauvage... Ben non, j'en avais pas sous la main ; j'ai fini par trouver un truc qui y ressemblait dans une décharge... sauvage. Il était bien un peu ébréché mais je pensais que ça ferait l'affaire... en faisant gaffe !
J'ai pas fait gaffe, c'est l'âge qui me joue des tours, et j'ai fini par me trancher la main avec les "ébréchures"... C'est pour ça que je t'écris depuis les Urgences ! Salut et encore merci pour cette belle tranche de rigolade... PS : Je te laisse, le toubib arrive !

   littlej   
22/1/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Le texte commence bien. ça se lit facilement, ça part dans tous les sens, même quand le narrateur essaye désespérément de revenir à la recette. Le maître-mot de cette nouvelle : le délire. Le délire jusqu'au bout - personnification à l'extrême des ustensiles, des appareils + phrases à rallonge pour divaguer tranquillement + mots familiers, voire vulgaires, au milieu d'un paragraphe au langage soutenu +... etc. etc. Malgré tout ça, je trouve que ça ne fonctionne pas du tout.

Parce que, d'abord, je n'ai pas ri, ni même souri, pas une fois ! Dans un texte classé Humour/Détente, la volonté de l'auteur est cerné, connu d'avance ; on attend les observations fines et drôles au tournant. D'où mon amer déception.

Deuxièmement, la forme ne m'a pas franchement séduite. Voilà, c'est bien sûr agréablement écrit, même s'il y a parfois quelques lourdeurs à cause de répétitions (du mot "four" par exemple) ou d'un manque de concision, MAIS... ça reste trop logique, trop "bien tourné", trop scolaire peut-être dans la forme, alors que le fond est dans le délire totale ; voilà, pour résumer, je trouve qu'il y a une sorte de dissonance entre le fond et la forme.

J'aurais aimé, personnellement, une écriture moins logique, plus rentre-dedans, plus originale enfin et surtout.

Tout le problème de ce texte est, pour moi, dans la forme.

j

   Coline-Dé   
23/1/2011
Pas franchement fan de ce genre de texte où, malgré de bonnes trouvailles, l'accumulation donne un aspect artificiel, comme la bonne humeur forcée d'un animateur de colonies de vacances.
Ou alors, c'est que je suis de mauvais poil.
Mais je trouve un côté brouillon, ça part tous azimuts avec des jeux de mots assez potache, pas convaincants.
Ou alors, je suis de mauvais poil.
Mais si je consomme par petits bouts, j'aime assez : par exemple les présentations protocolaires du chocolat et du saladier m'ont fait rire.
C'est l'accumulation qui me tourne le coeur... J'ai peut-être un cancer du foie ?
Ou alors, je suis de mauvais poil.

   Menvussa   
14/2/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Victhis0,

C’est écrit avec un soin tout particulier. C’est bourré de jeux de mots d’aucuns très subtils et d’autres dont je vois poindre le bout du nez sans pour autant trouver le code permettant de les saisir parfaitement. Du coup l’imagination s’emballe et diverge. J’en viens à me demander si c’est moi ou l’auteur qui bat la campagne à la recherche d’œufs, de tablettes plus noires que noir.

Qu’ai-je donc fumé au petit déjeuner.

Alors que dire ? Que c’est bien écrit, que c’est tiré par les cheveux, au risque d’en retrouver dans la pâte moelleuse du gâteau ?

Difficile à trancher. Cuisson trop pointue ? Démoulage trop ardu ?

J’ai dans la bouche un goût amer, et sur l’estomac un poids… indigestion ?

C’est indubitablement très bien écrit. Trop bien peut-être. Un peu trop recherché. Trop dense pour que je puisse pleinement savourer. C’est dommage… pour moi !

Il faudrait j’en suis certain une seconde lecture avec sous la main, s’il existe, le dictionnaire des allusions.

Mais je n’en ai pas le courage.

Il y a des mots qui m’on fait sourire, qui auraient pu me faire rire. Mais je reste un peu amer comme le cacao. Un peu sur ma faim… là c’est un comble.

Au plaisir de te lire

   Flupke   
14/2/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Salut Victhis0,

Ravi de te revoir parmi nous !

Un texte suffisamment déjanté pour ne pas devoir l’analyser au premier degré. J’ai parfois souri. Mes commentaires ne porteront pas sur le réalisme :-) mais plutôt sur des détails.

Car parait-il, [ils sont] plus vigoureux => je suggère ici économie facile d’un verbe terne au profit de la fluidité.
D’autant qu’il paraît que – en l’absence de toute référence claire à Johnny, ces lourdeurs johnnysantes m’apparaissent involontaires et devraient être allégées.
Une réserve de saladier qui fait payer cher – ce « qui » est-il correct ? Ça ne sonne pas bien à mon oreille.

« Du genre JANOD », les expatriés ayant perdus leur références métropolitaines auront du mal à décrypter l’allusion (si allusion il y a, perso j’ai rien décodé, je suis d’une génération déréférencée).

J’ai bien aimé « un pur navet » et « où dort le beurre engourdi » belle image pour ce dernier.

J’ai bien aimé le défi quasi-oulipien. Merci pour ce bon moment de lecture.

Amicalement,

Flupke

   alpy   
17/2/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour vitchis,

Quant à la forme, je trouve qu’il y a quelques longueurs, répétitions (four, je m’égare, etc.) et des mots un peu forts qui ne sont pas forcement nécessaires dans cette nouvelle.

Quant au fond, le concept est intéressant et il y a des bonne trouvailles (les saladiers sauvages, le beurre femelle et mâle, le four danois, …). En particulier, j’aurais joué un peu avec le beurre (doux femelle et salé mâle ?). Elle devient donc douce quand on la caresse ? Il y a quelque chose à faire là-dessus.

Je pense qu’avec un peu de retravail le texte pourrait devenir beaucoup plus plaisant.

Bonne continuation,

Alpy

   marogne   
19/2/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
Bon avant tout, je ne suis pas très sensible en général aux textes humoristiques, surtout quand il y a des jeux de mots, quand on y ajoute des contrepèteries c’est encore pire, et quelques mots grossiers c’est le pompon. Mai bon, c’est un exercice de style, et j’avoue avoir lu jusqu’à la moitié avec plaisir – sans rire ni sourire mais avec plaisir. Après j’ai regardé où était la fin….

Et puis, étant gourmand, je n’ai pas ressenti le goût du chocolat, dommage non ?

L’écriture est plaisante, sauf quand elle recherche à se moquer, mais elle se tient bien jusqu’à la fin, attirée sans doute par le gâteau.

Détails :
• mais manfred n’est ce pas aussi azout ?? (séquence des saladiers..) On ne saura donc pas ce que pense Maurice.
• * dommage, pour moi, le « putain » dans la séquence de chasse au chocolat, gâche
un peu le passage

   rmfl   
30/11/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
Lourd et long!
" péter la gueule aux oeufs? non! car savez vous quelle délicatesse il y a dans le geste de casser un oeuf?
Et l'odeur du chocolat fondu? rien n'est venu chatouiller ma narine!
Dommage, je suis restée sur ma faim...

   in-flight   
13/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Une grosse "connerie" que vous avez écrit avec un plaisir évident. Je vous ai suivi parfois (les 3 premiers paragraphes) mais c'est aussi déroutant par moment: la pluie de chocolat, j'ai tiqué un peu... Le beurre mâle et femelle.

Bref, une recette au goût mitigé, pas toujours harmonieux mais avec cette petite saveur agréable qui reste en bouche. C'est ce que je retiens.


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