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Science-fiction
Vilmon : La disparition des étoiles
 Publié le 17/07/23  -  4 commentaires  -  11649 caractères  -  49 lectures    Autres textes du même auteur

Bloc mémoire B-34-alpha3, section H55A23, données cristallisées permanentes – Sujet : Disparition des étoiles.


La disparition des étoiles


Bloc mémoire B-34-alpha3, section H55A23, données cristallisées permanentes


Extraits des Lattes au sujet de la Disparition des Étoiles, période sombre de l’histoire humaine ayant peu de références archéologiques écrites. La traduction a pu être faite il y a quelques années, basée sur les affiches et les écriteaux de l’époque retrouvés dans des tunnels de transport préservés sous terre. Seules les sections ayant trait à la Disparition des Étoiles ont été réunies à cette section de cristal mémoire.


***


5 mars

Je ne suis qu’un astronome amateur, admirant les étoiles par fascination plus que par science. Les nouvelles à propos du Sac de Charbon sont arrivées beaucoup plus tard sur l’hémisphère Nord. L’attention des astronomes étant fixée sur la recherche d’exoplanètes plutôt que sur les astres communs, observables à l’œil nu. Après que plusieurs centres du Sud ont émis des rapports et des captures photographiques à propos du phénomène grandissant, plusieurs scientifiques s’y sont attardés. Conclusion : le Sac de Charbon prend effectivement de l’ampleur et devient plus opaque qu’à son origine, jusqu’à occulter quelques étoiles de la constellation de la Croix du Sud. J’aimerais bien le constater moi-même, mais je réside au-delà du tropique du Cancer et le ciel étoilé du Sud ne m’est pas visible. Je me souviens d’avoir été fasciné par la vision de cette énorme tache sombre cachant une partie de la Voie lactée lors de mon voyage en Nouvelle-Zélande, il y a maintenant plus de dix ans. Je m’étais réveillé durant la nuit pour aller observer toutes ces constellations et l’immense Voie lactée. Elle m’apparaissait beaucoup plus grande, agrémentée par ces Nuages de Magellan.


10 mars

J’ai réussi à me procurer sur le Web des photographies du phénomène relié au Sac de Charbon. Des articles émettent des hypothèses pour l’expliquer, certaines sont crédibles, d’autres proviennent de réseaux complotistes et de désinformation. D’après les calculs des astronomes, la formation de gaz et de poussières interstellaires serait en mouvement dans la direction de notre galaxie avec une vitesse entre 1,2 et 1,5 fois celle de la lumière, ce qui expliquerait qu’elle soit sombre étant donné qu’elle va plus vite que les photons. L’une des théories avance qu’il s’agit de particules de matière noire, cette substance hypothétique comblant le déficit de la masse de l’univers.


23 mars

La masse gazeuse opaque couvre une portion du ciel étoilé du Sud, des constellations entières ont disparu de nos regards. Le phénomène s’amplifie de jour en jour de façon alarmante. Un mathématicien avance qu’elle s’accélère suivant une équation exponentielle avec un dénominateur d’environ 1,618, soit celui du nombre d’or. Il ajoute qu’il est maintenant de plus en plus visible puisque l’extrémité de la colonne de particules sombres nous paraît d’un diamètre plus grand que l’amas de la nébuleuse au loin. Un vulgarisateur explique qu’il faut imaginer ce phénomène comme une poire très effilée. Sa partie étroite est pointée vers notre galaxie et le globe de sa base représente la nébuleuse d’origine. La tige ne cesse de s’allonger vers nous et son diamètre nous apparaît grossir jusqu’à occulter sa source. Il y a sans doute plusieurs années que ce prolongement avance vers nous, mais puisqu’il s’agit d’une masse de matière sombre sur un fond de nébuleuse noire et que nous ne pouvons pas nous déplacer de côté pour mieux l’observer de façon tridimensionnelle, elle nous surprend soudainement en progressant à grande vitesse.


26 mars

Les théories complotistes et la désinformation survoltent les réseaux sociaux. L’angoisse et l’inquiétude de la population sont palpables, elles s'accentuent malgré les appels au calme des gouvernements. Tout comme moi, les gens se ruent vers les marchés pour accumuler des provisions. Je vois des émeutes qui s’organisent pour contester, des groupes se former pour assurer leur propre survie. Je préfère me faire discret et m’enfermer chez moi, à l’abri. Je constate la même série d’événements qui a mobilisé les foules lors de la pandémie de Covid-19 et l’application des restrictions contre le réchauffement climatique. Certains avancent la théorie qu’il s’agit d’une expérimentation manquée pour obscurcir le ciel afin d’amoindrir les effets des rayons du soleil. Je n'arrive pas à saisir tout ce qui nous est annoncé ou les solutions suggérées pour se protéger du phénomène. Et avec toute cette désinformation qui circule au sujet des complots, des mensonges et des pseudo-scientifiques, j'avoue que j'ai de la difficulté à me faire une raison. Pourtant, l'évidence est là, il serait stupide de la nier même si certains préfèrent croire à d'autres causes moins plausibles pour l'expliquer. Les étoiles disparaissent dans notre ciel nocturne.


3 avril

Des scientifiques avancent le concept de l’anti-big-bang, le phénomène inverse de la création de l'Univers. Une entité quelconque retire la matière de l'espace, les planètes, les soleils et les constellations, une sorte d'antimatière qui se propage à une vitesse supérieure à celle de la lumière. Ce qui défie toutes les théories de la mécanique quantique ou autres explications scientifiques reconnues. Une différente affirmation appuyée par plusieurs, dont je doute vraiment, soutient qu'il y a un abus de satellites autour de la Terre qui cachent les étoiles. Les interprétations prennent parfois un aspect mystique ou divin, on parle du ravissement biblique chez plusieurs croyants chrétiens.


20 avril

Notre Lune commence à être bien seule parmi les rares points lumineux des planètes. Avec les semaines qui passent et la noirceur qui s'installe dans le ciel nocturne, j'ai personnellement apprivoisé cette crainte pour notre futur. Sans en être indifférent, j'ai fini par accepter mon impuissance à agir face à ce problème. Je concentre mes efforts à me protéger contre les insurgés et me prémunir contre les désordres sociaux. L'instinct de survie anime plusieurs groupes de personnes qui profitent de la situation pour s'enrichir, ou se révoltent de manière violente pour assouvir cet inconfort insoutenable devant ce phénomène. Je restreins mes sources d'information aux réseaux fiables, bien que je sois tenté d'en écouter d'autres qui diffusent des contenus plus optimistes. L'obscurité a rejoint le centre de notre galaxie, la Voie lactée s'assombrit. Les faits sont indéniables, il n'est plus possible de l'ignorer, les étoiles disparaissent. Comme plusieurs, je me questionne à savoir ce qu'il nous arrivera lorsque la noirceur atteindra notre Soleil. Comment la vie sur Terre peut-elle se poursuivre sans cet astre bénéfique ?


7 mai

Les gouvernements soutiennent une nouvelle thèse des scientifiques : l’arrivée des particules sombres dans notre système solaire causera un désordre électromagnétique, peut-être pire que les éruptions solaires. Ce qui pourrait provoquer un dysfonctionnement des systèmes électriques, des appareils électroniques et des réseaux de communication. Je suis inquiet pour ce journal que j’écris sur une tablette informatique. Je réalise qu’il a pris une importance personnelle, me permettant de m’éclaircir les idées, de garder le moral en relisant régulièrement les entrées des jours précédents. Il faut que je trouve un moyen de le préserver.


19 mai

Voilà plusieurs jours que je retranscris mon journal sur un substrat physique en prévision de la tempête électromagnétique. Le plastique est une matière facilement disponible et qui a une longue durée de vie. Je me suis déniché des crayons avec une encre à base de peinture. J’ai retiré mes rideaux en latte et je les ai coupés en morceaux de la longueur de mon avant-bras. J’y ai écrit toutes mes notes, ce qui me donne plusieurs pages. Je suis allé dans la maison voisine abandonnée pour me procurer d’autres rideaux, une de mes rares excursions à l’extérieur.


23 mai

Les pays rivalisent entre eux, ils font la course pour emmagasiner les ressources d'énergie. Le nuage de particules sombres recouvre tout le ciel nocturne, le Soleil nous semble maintenant voilé. Des poussières se sont introduites dans notre système solaire, certaines planètes ne sont presque plus visibles. Notre astre caché par ce nuage sonne le glas pour toute notre Terre et la vie qu’elle y abrite. Une croyance veut que certains humains puissent survivre en le remplaçant par des feux alimentés en continu par des énergies fossiles, nucléaires ou par la lave des volcans. L'effet de serre que nous tentions d'endiguer depuis plusieurs années devient un acteur important à notre survie, empêchant la perte de chaleur vers l'espace. Certains font même la promotion de libérer plus d'agents chimiques dans notre haute atmosphère pour y former une couche isolante.


27 mai

Cette nuit, je suis assis chez moi, derrière des remparts de fortune que j'ai mis en place pour éviter les attaques de mes voisins à la recherche de nourriture et de source d'énergie. Je suis devant mon écran et je regarde la Lune qu'on y présente. On annonce que c'est pour cette nuit, elle sera engloutie par la masse de particules. La vague électromagnétique approche, toute l’humanité retient son souffle.


28 mai

J’écris ces lignes à la lumière d’une bougie, tous les appareils électriques ou électroniques sont hors fonction. Un soleil pourpre s’est levé ce matin et il était rouge écarlate à son zénith. J'appréhendais de voir un ciel obscur cette nuit, mais d’étranges aurores boréales de couleur ambre et rosâtre parcourent la voûte. Je crois que ce sont les particules sombres qui brûlent en pénétrant dans notre atmosphère. Combien de temps celle-ci pourra-t-elle nous protéger de cette agression interstellaire ? Je n’en sais trop rien, j’ai perdu toute communication avec mes semblables.


6 juin

Après tous ces jours de soleil tirant de plus en plus vers le violet et de nuits à la voûte enflammée, la végétation et la faune semblent s’adapter à cette nouvelle situation. De jour, j’observe un ciel grisâtre parsemé de nuages sombres striés par des éclairs qu’un timide soleil rouge-violet perce à l’occasion. D’étranges flocons d’un blanc cendré flottent dans l’air, poussés par les vents. Ils s’accumulent au sol comme de l’écume de mer. J’ai aperçu quelques petits mammifères s’en nourrir. J’y ai goûté moi-même et j’ai été surpris par son goût sucré, une manne contemporaine. J’ai aussitôt rassemblé tous mes contenants et je les remplis pour me faire des réserves, ne sachant si ce phénomène pourrait se répéter.


21 juin

En principe, ce serait l’arrivée de l’été, mais la température des derniers jours ne cesse de descendre. Étrangement, les flammes du ciel, de ce qui était autrefois la nuit, réchauffent plus que le faible soleil violet. La course de celui-ci durant l’après-midi chevauche de plus en plus les feux du ciel. Je crois que le jet de particules sombres provient toujours du même point d’origine, le Sac de Charbon, pendant que notre planète poursuit sa révolution. Les saisons seront dorénavant déterminées par la voûte enflammée. Mais pour combien de temps ?


***


Les Lattes se terminent avec cette dernière entrée au journal. Les recherches archéologiques près du site où ont été découvertes les Lattes ont permis de retrouver un squelette humain fossilisé. Pour le moment, son analyse n’a pas dévoilé la raison de son décès. La théorie la plus optimiste suggère que l’homme avait cessé d’écrire son journal, étant donné la grande distance entre ces deux lieux de vestiges, pour se consacrer à s’adapter à son nouvel environnement. Il serait vraisemblablement mort de vieillesse.


 
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   jeanphi   
7/7/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour,

Je suis resté un peu perplexe à l'issu du dénouement de cette nouvelle. Vous présentez une chronique de la fin des temps, ou du moins d'un phénomène inconnu qui en représente la potentialité, rédigée par un astronome situé en observateur isolé des investigations en cours. Il me semble que vous auriez pu aller plus loin dans la description des ressentis : a-t-il peur, est-t-il fasciné, affolé ? Votre narrateur passe au travers de cette histoire sans présenter d'avis personnel sur la situation, je dirais dès lors qu'il s'agit d'une chronique, ou d'un compte rendu et non pas d'un journal, cela est discutable.
Le revirement final nous laisse envisager la possibilité d'un paradoxe temporel dont votre héros serait le point central, mais sans éclaircir aucun des nouveaux questionnements que cette révélation induit. Le lecture est presque obligé de produire une interprétation afin de ne pas être lâché soudainement dans le vide par le point final. Votre personnage pourait être l'origine, la cause, ou le dernier survivant de cette disparition, de ce paradoxe temporel, on ne le saura pas ...
Je m'exprime longuement à ce sujet pour insister sur le fait que l'idée et la rédactions sont bonnes dans leur ensemble, et que ce seul dernier paragraphe,
sans explications supplémentaires, déstabilise le récit tout entier.
Des éléments pourraient être donnés plus haut qui permettent de clarifier la situation finale.
Merci pour cette lecture

   Donaldo75   
11/7/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
J’aime bien le format journal dans les nouvelles de science-fiction ; je trouve qu’avec l’exergue qui introduit cet aspect documentaire, cela donne un style à une nouvelle. Bon, ici parfois le format tangente l’explication scientifique mais ça passe. La progression dramatique tient la route. J’aime bien le passage du 3 avril ; il parait pseudo-scientifique mais expose le sujet selon différentes perspectives. Il n’y a pas d’explication finalement au phénomène dont le journal montre bien les conséquences et les théories échafaudées pour l’expliquer ; c’est intéressant parce que cela montre l’impuissance de la civilisation du narrateur par rapport à la situation.

   Shepard   
17/7/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour Vilmon,

Une fin du monde rapportée par journal. Je dois dire que je ne suis jamais vraiment fan de ce type de format, une astuce courante de nouvelliste, mais je dois aussi dire que vous vous en sortez plutôt bien pour cette fois. Bien sûr, on pourrait imaginer l'histoire en direct, complétement différente. 

Cette histoire de poire noire m'avait laissé présager un fin destructrice, car on parlait d'énergie noire (enfin matière noire, mais je crois que c'est une erreur ? puisque l'on parle du déplacement des objets présents dans la galaxie), mais l'homme est mort de vieillesse et ses restes sont là pour étude. Par qui ? On ne sait pas. Le reste de l'univers semble encore exister. Il y a un certain flou artistique sur la question, je ne chercherai pas plus loin sur le pourquoi du comment et je ne pense pas que la nouvelle en ait besoin.

Finalement, le tout reste un peu froid, bien que propre, pas loin du lab-book. J'aurais aimé plus de réflexion, de contemplation. Le personnage ne se pose-t-il aucune question sur son devenir ? Sur ce que tout ça peut bien signifier ? Sa propre hypothèse sur le sujet ? Sa conversion aux Dieux du cosmos ou simplement son envie de boire un dernier cocktail avec de petits parasols...? Je ne sais pas, quelque chose qui dépasse ce rapport. 

Il y a par contre un peu de mystère : ces flocons, par exemple. Vraiment, plus j'y pense, plus j'aurais aimé voir ça. Enfin... suivre le personnage directement, même par ellipse.

Pas grand-chose à dire sur le style volontairement sobre, qui ne laisse que peu de place à la sauvagerie littéraire. Du bon travail néanmoins. 

En conclusion, pour moi, il manque quelque chose, une autre dimension à explorer derrière le descriptif comme on dirait en science.

   Vilmon   
6/8/2023
Bonjour, pour plus d'explications sur ce récit :
ICI


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