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Policier/Noir/Thriller
Vilmon : Une vie de chien
 Publié le 04/02/24  -  8 commentaires  -  17242 caractères  -  85 lectures    Autres textes du même auteur

Une visite pour payer une dette.


Une vie de chien


Je gare mon Gran Torino près du trottoir. C’est bien ici, 3456, 68e Avenue. Nous devons rendre visite à un certain Georges Simpson. Il ne paie pas ses comptes depuis quelque temps, certainement un autre camé de marijuana qui flambe tout son argent. Je fais signe à Luigi, il acquiesce d’un coup de tête et d’un grognement. Nous ouvrons chacun notre portière, je regarde par précaution chaque côté de la rue en me levant : rien d’anormal. J’attrape mon chapeau déposé sur la banquette arrière et me l’enfonce sur la tête pendant que j’aperçois mon massif Luigi sortir lentement de la voiture. Les ressorts de celle-ci reprennent leur position normale, ce gars finira bien par esquinter la suspension. Que des muscles, un torse de gorille, du solide, des poings comme des enclumes, je l’aime bien mon Luigi : fiable, silencieux, réglo, mais pas stupide, pas du tout. Il est simplement économe dans ses gestes et ses paroles. Je souris alors que nous refermons nos portières, il me dévisage en fronçant les sourcils ; il se demande ce qui m’amuse tant de faire cette visite.


– T’inquiète, mon grand, je lui dis d’un ton rassurant. Je n’ai pas l’esprit dérangé, c’est parce que j’aime bien bosser avec toi, Luigi. Ce n’est que ça.


Je le rejoins en faisant une courte pause pour passer ma manche et nettoyer une petite tache sur le coffre arrière noir de ma voiture. Elle a de la classe avec cette couleur sombre et cette ligne jaune qui court sur ses flancs, cependant, j’ai l’impression qu’elle attire à elle la moindre poussière.


– Il faut savoir apprécier les choses simples que nous offre la vie, mon ami, j’ajoute en m’approchant de l’édifice. Appartement 36, je lui précise en pointant vers le portique. Il n’y a pas d’ascenseur. Ça va aller ?


Mon imposant confrère pousse un grognement et me suit lentement pour gravir le court escalier en pierre. J’ai le temps de sortir mes outils, de les insérer dans la serrure, de la crocheter et d’ouvrir la porte avant qu’il ne me rejoigne sur le palier. Il me tapote l’épaule pour me féliciter, un geste tout aussi délicat qu’une patte d’ours. J’entre et je tends l’oreille en levant ma main pour demander un temps d’arrêt. Je m’avance avec précaution près de la cage de l’escalier central et y jette un regard vers les paliers supérieurs. Je n’entends que le souffle profond de Luigi qui patiente derrière moi. Tout semble bien tranquille, j’entame la montée d’un pas rapide et fluide, l’oreille et l’œil aux aguets. Les recoins sont malpropres, la poussière s’y accumule, l’air est légèrement étouffant avec son odeur de moisissure, rien d’étonnant pour ce quartier pauvre. J’entends les pas pesants de mon confrère, il gravit lentement les marches une à une, accompagné par de sévères grincements de bois.

Ma course emballe mon cœur, j’atteins le troisième étage à bout de souffle, je repère l’appartement portant le numéro 36, je retire mon chapeau, sors un mouchoir de ma poche de veston et m’éponge le front en attendant Luigi. J’entends son pas lent et régulier, sa respiration élaborée. Un sale coup sur les genoux avait mis fin à sa carrière de boxeur poids lourd. D'un seul coup, il pouvait mettre KO les plus imposants de ses adversaires. J’étais l’un de ses plus fervents admirateurs. Luigi est affublé d’un grand sens de l’honneur. Il était censé s’étendre au tapis lors d’un match truqué, il avait refusé et il avait remporté la ceinture du championnat. Cependant, les commanditaires ne le voyaient pas du même œil, ils l’ont embusqué un soir alors qu’il revenait chez lui, un peu saoul. Ils lui ont broyé à la barre de fer les deux genoux, terminant ainsi sa carrière de boxeur. Il a maintenant en horreur les escaliers, il ne s’en plaint aucunement, mais je peux lire les traits de son visage plutôt impassible, je sais qu’il souffre à chaque marche.

J’agite mon chapeau comme un éventail alors qu’il me rejoint, sa poigne massive s’agrippant à la main courante qui se plaint gravement d’un craquement. Il prend une pause près de moi, soulevant les sourcils, se questionnant à propos de mon immobilité.


– Je dois reprendre mon souffle, je lui réponds. Je crois que je suis monté trop rapidement, j’ai la tête qui tourne légèrement.

– Faut t’entraîner, me reproche-t-il d’un ton grave.

– C’est vrai, je devrais peut-être me remettre au tennis, j’avais un certain talent pour ce sport.

– Un sport de playboy.

– Je pourrais faire des rencontres intéressantes avec la haute classe, tu sais ?

– C’est stupide de courir ainsi pour une petite balle.


Je ris doucement, j’aime bien lui soutirer ces rares répliques, on voit bien que tout au fond, ce gaillard a un sens de l’humour malgré son air un peu bourru. Je l’avais sorti des abîmes après cette correction. Durant sa convalescence, j’ai fait mon enquête et j’ai retrouvé la trace des salauds et des commanditaires. Après sa guérison, nous nous sommes associés, je l’ai mené vers les fautifs, il les a massacrés et depuis, nous sommes comme deux doigts de la main. Nous redressons les torts à ces crapules qui ne paient pas leurs dettes ou qui ne marchent pas droit. Mon patron n’a que des éloges à notre égard et nous avons sa pleine confiance.


– Je me sens mieux, allons-y, je lui déclare après m’être assuré que le souffle de Luigi retrouve un rythme normal. Alors, comme d’habitude, je frappe à la porte et tu enfonces dès que la poignée tourne.


Il acquiesce d’un grognement et se positionne près de la porte, dos au mur, pendant que je me poste devant. Je lève la main en sortant une enveloppe de la poche intérieure de mon veston de l’autre et je cogne avec insistance. J’entends une voix étouffée derrière le panneau.


– Courrier spécial pour monsieur Simpson, je m’écrie en frappant à nouveau.


Je brandis l’enveloppe devant mon visage lorsque j’aperçois le judas de porte s’assombrir. J’entends jouer le verrou, les gens sont toujours curieux pour une enveloppe mystérieuse. La poignée tourne, la porte recule légèrement, j’entrevois une silhouette sombre et un œil étincelant, réfléchissant la lumière du palier. Il est temps d’agir, Luigi, je me dis en m’écartant pour lui laisser toute la place. Comme un train à toute allure, mon massif ami fonce et pousse la porte dans un énorme craquement, faisant voler la chaîne de sécurité en morceaux. Il s’engouffre dans l’appartement en saisissant notre hôte, le soulève et l’emmène au fond pendant que celui-ci s’écrit de stupeur et d’horreur. Je regarde tout autour avant d’y pénétrer à mon tour, je patiente sur le seuil pendant un moment pour vérifier qu’aucun curieux ne vienne nous embarrasser. Satisfait, j’entre et je pousse doucement la porte qui se referme correctement ; je comprends alors l’intelligence de mon confrère : l’avoir enfoncée dès la poignée tournée aurait arraché le cadre.

Des gémissements étouffés proviennent du salon, je les rejoins : Luigi enlace le torse de l’homme d’un bras et lui couvre la mâchoire de l’autre main. Sa tenaille est solide bien que notre hôte se débatte avec ardeur en tentant de le frapper. Je promène mon regard furtivement sur le décor : un ameublement dépareillé et de piètre qualité, une grande collection de disques vinyle, surtout du jazz, un ensemble de stéréo haut de gamme, un cendrier rempli de mégots roulés, une odeur bien familière qui flotte dans l’air malgré les fenêtres grandes ouvertes, de la marijuana. Je prends un air décontracté et je souris, satisfait : un fou du jazz camé à la mari, bingo !


– Allons, allons, du calme, c’est tout simplement une visite de courtoisie, je lui dis en levant les mains. On fait un deal, OK ? Tu te calmes, mon ami te relâche, tu t’assois sagement et on discute. D’accord ?


L’homme me fixe avec des yeux exorbités, son spleen doit accentuer la réalité de la situation.


– Tranquilo, tu saisis ?


Il acquiesce légèrement de la tête, entravée par la poigne de Luigi.


– D’accord, on peut le relâcher, Georges nous promet de rester sage et de s’asseoir, n’est-ce pas, Georges ?


Mon confrère lâche du mou, notre hôte ne tente pas de s’enfuir, il se libère de l’emprise et prend place, ou plutôt s’affale sur son sofa, apeuré et silencieux. J’observe Luigi qui s’éloigne de quelques pas tout en restant aux aguets, debout, lui barrant le chemin vers la porte de sortie. Je me déplace vers la fenêtre, je vérifie que personne ne regarde par ici, je referme les rideaux et je remarque une contrebasse appuyée au mur dans le coin qui me faisait dos.


– Regardez-moi ça ? Tu en joues, Georges ? Tu es musicien, dans un band de jazz ?


Il me répond par l’affirmative dans un murmure, un peu surpris par mes déductions.


– C’est payant ? Je te le demande, Georges, car tu dois beaucoup d’argent à notre patron et il n’en reçoit plus du tout de ta part depuis quelque temps. Ça te dit quelque chose, Georges ? C’est pourquoi mon confrère et moi nous sommes venus te rendre visite, pour récolter l’argent. Qu’est-ce que tu bredouilles, Georges ? Tu n’as pas l’argent ?


Quelqu’un frappe à la porte, interrompant l’incompréhensible réponse de Georges. Il se tait lorsque je lève prestement la main, je remarque le regard inquiet de Luigi pendant que je m’approche de l’entrée de l’appartement. J’observe par le judas et je vois une belle dame, cheveux blonds en chignon, légèrement blanchis aux tempes, elle s’impatiente. J’ouvre en grand la porte et je souris en voyant sa surprise.


– Bonjour, madame, ou est-ce mademoiselle ? je lui demande d’un air aimable en portant la main à mon chapeau.

– Je, vous, bonjour, mademoiselle, effectivement, me répond-elle un peu déstabilisée.

– Que puis-je faire pour vous ?

– Georges Simpson n’est pas là ? me rétorque-t-elle sévèrement. Qui êtes-vous, monsieur ?

– Disons que je suis un de ses proches amis.

– J’ai reçu une plainte pour du vacarme à cet étage, poursuit-elle en remarquant la chaîne de porte absente et une partie du cadre arraché. Avez-vous enfoncé cette porte ?

– Un malheureux accident, Georges avait oublié de retirer la chaîne, mon ami est entré sans faire attention, je lui explique en croisant les bras et en m’appuyant sur le cadre pour le cacher.

– C’est malin, s’exclame-t-elle. Qui va payer pour les dommages ?


Je l’observe pendant quelques secondes alors qu’elle attend une réponse de ma part. Je lui souris, je l’apprécie bien : directe, sans ambages, un caractère sec et ce visage un peu ridé dans lequel on devine la beauté d’il y a quelques années. Son air sévère s’adoucit, remplacé par des traits de soucis et elle tente de voir au-delà de mon épaule, cherche des indices pour comprendre la situation.


– Ne vous inquiétez pas, Georges va bien, nous nous occupons de lui.

– Des amis, vraiment ?

– Disons plutôt des associés.

– D’accord, conclut-elle en me fixant les yeux, un éclair de compréhension sur son visage. Pouvez-vous aussi vous assurer que Georges paie son loyer, ajoute-t-elle avec défiance. Il est en retard de trois mois.

– Mais certainement, mademoiselle, je la rassure en riant légèrement. Comme vous avez deviné, il est en difficulté financière actuellement, nous sommes là pour l’aider à recouvrer ses dettes et le remettre sur le bon chemin. Je vous promets de tout faire en mon pouvoir pour régler votre problème.

– Bien aimable de votre part, envoie-t-elle en hochant la tête.


Je la regarde se retourner et se diriger vers l’escalier, je me surprends à quitter le seuil en fouillant dans ma poche de pantalon.


– Attendez, voici pour le dérangement, pour réparer la porte, j’insiste en lui tendant quelques billets.


Elle rougit un peu, prend l’argent et descend promptement l’escalier, ayant perdu un peu de sa fougue et de son caractère pimenté. Elle me plaît bien, il faut que je vienne visiter ce Georges plus souvent à l’avenir. Je jette un dernier regard vers le bas des escaliers, je croise ses yeux qui me cherchent et qui se détournent immédiatement, j’ai peut-être une chance de la séduire davantage. J’entends Luigi qui m’interpelle depuis le salon, je me ressaisis, je traverse le seuil, referme la porte et le rejoins.


– C’est pas croyable, Luigi, tu sais qui je viens de rencontrer ? je lui demande en entrant au salon. La propriétaire du bloc, image-toi que notre ami Georges lui doit trois mois de loyer. Qu’est-ce que nous devons comprendre, Georges ? Que tu traînes plusieurs dettes avec toi ?


Je porte mes mains sur les hanches en écartant les pans de mon veston.


– Notre patron te prête généreusement son argent durement gagné et toi, Georges, tu le dépenses en drogue et en disques ? C’est bien ça ? Mais qu’est-ce que tu nous marmonnes ? Je ne t’entends pas bien. Tu l’entends, toi, Luigi ?

– « Le collier dont je suis attaché de ce que vous voyez est peut-être la cause », me rétorque notre hôte.

– Comment ? je lui demande en faisant quelques pas vers lui.

– « Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas où vous voulez ? Pas toujours ; mais qu’importe ? Il importe si bien, que de tous vos repas je n’en veux aucune sorte »…

– Regarde cet arrogant, Luigi. Il nous récite une fable de La Fontaine, Le Loup et le Chien.


Mon ami grogne d’incompréhension pendant que je m’approche davantage de Georges qui recule sur son siège tout en me dévisageant avec véhémence. Je secoue légèrement la tête, j’admire son audace et son courage.


– Je suis un chien en laisse, tu crois, Georges ? Je mène peut-être une vie de chien sous les ordres de mon patron, mais c’est mieux que ta chienne de vie de dépendance à la drogue. Tu me dégoûtes, Georges. Luigi, un doigt, je déclare en m’éloignant.

– Lequel ? me demande mon ami en s’approchant sous le regard incompréhensif de Georges.

– Le petit de la main gauche, ça lui apprendra de tarder pour ses paiements et de nous narguer.

– Non, je dois jouer du jazz pour pouvoir vous rembourser, s’écrie Georges en se relevant.


Luigi lui saisit violemment le bras gauche, se retourne rapidement et l’enserre sous son aisselle, collant Georges à son dos. Il immobilise la main et recourbe atrocement le petit doigt vers l’arrière, récoltant des craquements d’os et des cris de douleur.


– Je vais me passer de l’eau sur le visage, on étouffe ici, je leur déclare en faisant un clin d’œil à Luigi. Je te laisse réfléchir, Georges, peut-être trouveras-tu un moyen de nous rembourser avant que Luigi te casse un autre doigt.


Je quitte la pièce, Luigi ayant compris que j’en profite pour fouiller l’endroit. J’entre dans la chambre qui n’est meublée que d’un lit aux draps poisseux et d’un étui pour la contrebasse. Je soulève le matelas nauséabond, rien dessous. Je laisse la chambre, fouille la cuisine et la toilette, sans succès, à part quelques rouleaux de joints et une liasse de billets, une vingtaine de dollars, cachée dans un pot de café. Par intuition, je retourne à la chambre et j’ouvre l’étui, surprise : un fusil de tireur d’élite. Je reconnais là un Garand M1D avec sa lunette d’approche M84, une arme de prédilection et de grande qualité pour un tueur à gages. Je réalise que nous commettons peut-être une grave erreur : qui sait si cet accro à la drogue ne va pas nous tirer une balle entre les yeux dans un jour ou deux ? Je replace le fusil et je retourne au salon en essayant de prendre un air décontracté.


– L’eau fraîche m’a ramené un peu à la raison, je leur annonce. C’est logique, Georges, il te faut tes doigts pour gagner ta vie et pour rembourser tes dettes. Et bien que tu te considères comme un loup solitaire, je suis prêt à te donner un coup de main afin d’être mieux grassement payé.


Luigi est surpris par ma déclaration et relâche sa prise. Georges en profite pour se dégager et s’éloigne en couvrant délicatement de sa main le doigt blessé, son regard vers moi, ahuri.


– Laisse-moi te donner un coup de pouce afin que tu ne les perdes pas, je poursuis en souriant. Tu travailles actuellement ? Je peux m’organiser pour t’inclure dans un bar de jazz, je précise après sa négation de la tête. Bien, d’accord, on fait comme ça, nous revenons te voir dans un jour ou deux avec quelques bons endroits pour un joueur de contrebasse, j’ajoute en faisant un signe discret vers la sortie.


Luigi saisit et me suit, j’ouvre la porte, nous quittons l’appartement. Après l'avoir refermée derrière lui, nous descendons les marches en silence. À l’extérieur, sur le palier de pierre, je sens le poids de son regard dans mon dos.


– Pas croyable, je lui chuchote en approche de la voiture. Un Garand M1D, tu réalises ? Ce gars est un tireur d’élite ! Sous cet accro à la marijuana se cache un chasseur de prime.

– Pas de chance, me répond Luigi gravement. Nous sommes certainement ses prochaines cibles.

– Peut-être pas si je lui trouve des contrats, je lui déclare avec malice en passant derrière l’auto. C’est un junkie, il a besoin de drogue, il lui faut de l’argent pour s’en procurer et moi je peux aligner les astres du ciel pour lui en donner grâce à son talent caché.

– Le loup aura sa laisse et aura une vie de chien comme nous.


Je démarre mon Gran Torino en souriant : il n’est pas dupe, mon Luigi, loin de là, il a tout compris.


 
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   jeanphi   
18/1/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

J'adore, très américain, un peu décrépit, un phrasé précis de crapule trop sûr d'elle. L'histoire touche sa cible. Une mise en abîme de l'emmerde.
Dès l'entrée on capte une maturité de raisonnement chez l'auteur, un décor se pose qui n'est pas en toc. La description de l'ami boxeur devrait être écourtée ou bien revue, du moins c'est mon impression.
La qualité et la finauderie de circonstance sont bien au rendez-vous.

   Ercel   
4/2/2024
Bonjour,

Au risque de vous paraître (très) sévère, je dois avouer que je n’ai pas dépassé la trentième ligne. J’ai été d’emblée perturbé par les approximations syntaxiques du début de l’histoire. Et pour être honnête, ça a métamorphosé le lecteur bienveillant que j’espérais être en déchiffreur tatillon. Autrement dit, après deux ou trois maladresses repérées, je n'ai plus plus rien fait d’autre que de chercher à en débusquer de nouvelles.

Je prends quelques exemples de ce sur quoi j’ai tiqué dès le début de ce récit :

• Il ne paie pas ses comptes → L’expression me semble impropre. Il ne paie (règle) pas ses dettes, (ses factures) ou il n’assainit (n’équilibre…) pas ses comptes.
• Un autre camé de marijuana → « Un autre camé à la marijuana »… ou « un autre camé gavé de marijuana ».
• J’attrape mon chapeau déposé sur la banquette → « déposé » semble de trop… à la rigueur « posé » aurait été plus convenable.
• … tandis que j’aperçois mon massif Luigi sortir… « mon » me semble impropre parce qu’il est déjà associé à « mon chapeau » et à « me l’enfonce » ; cette erreur réapparaît plusieurs fois (ex : J’entre et je tends l’oreille en levant ma main… « Je » et « me » se télescopent). Le verbe « sortir » à l’infinitif est également étrange. Il devrait plutôt être décliné au participe présent.
• Il se demande ce qui m’amuse tant à faire cette visite. Problème de formulation ou de point de vue. Le narrateur (malgré la première personne) semble être capable de lire dans les pensées de l’autre. Et là encore, je tique sur la proposition infinitive.
• … une petite tache sur le coffre arrière noir → « une petite tache sur le vernis noir du coffre arrière » serait, je crois, plus agréable à lire.

J’imagine qu’il n’est pas très agréable de lire ce que je viens d’écrire, et j’en suis vraiment désolé. J’ai beaucoup hésité avant de publier ce commentaire, mais j’ai pu constater que d’autres nouvelles rédigées par vos soins sont d’une qualité d’écriture bien supérieure (ex, le magnifique cheval d’Ulysse).

   KURT   
5/2/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
L'atmosphère tarantinesque fonctionne, on imagine bien le décor, les trognes, les sourires sadiques... Je note néanmoins quelques lourdeurs de style, quelques coquilles également (?). Je ressens un empressement de l'auteur. Un re-travail permettrait de favoriser encore l'immersion. Petite note personnelle: vous recourez au vocabulaire méprisant de l'addiction sévère pour un fumeur de pétards ;) alors que les termes junkie, camé, ou l'image du drogué sur la paille pour payer sa dose colleraient mieux à un accro au crack ou à l'héroïne. Enfin, je trouve les réactions des personnages un peu "à l'ouest" : le jazzman endetté ouvre sa porte sur présentation d'une enveloppe, la propriétaire finit par dragouiller un "recouvreur" en effraction dans sa propriété, le fumeur et endetté s'avère tueur à gages, vraiment? Il manque selon moi quelques lignes de force pour crédibiliser l'ensemble. Mais sinon, bon moment.

   Cox   
5/2/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Je prends ce texte comme un hommage à Pulp Fiction, pour les nombreux éléments du film qui sont repris ici comme des clins d’œil je pense (le cadre général, le passif du boxeur qui refuse de se coucher et qui en paye le prix, le duo d’hommes de mains qui débarque chez un type avec une violence nonchalante comme dans la scène célèbre, etc…). On pourrait craindre que ce soient des éléments qui manquent d’originalité et tombent un peu dans le cliché, mais ici j’ai apprécié la façon dont ils sont amenés, et ils semblent s’inscrire naturellement dans le récit ; c’est donc habilement mené.

Le personnage du boxeur est légèrement caricatural. On sent que l’auteur essaye de l’éviter en nous précisant que Luigi n’est « pas stupide », mais de facto il colle quand même beaucoup aux clichés de la grosse brute pas commode. On l’entend presque penser « sport de lopettes » quand il dit « c’est stupide de courir après une petite balle », au grand amusement du narrateur. Le fait que le narrateur se réjouisse à la fin de constater que Luigi a compris une fable pour enfant contredit aussi un petit peu l’opinion qu’il avait de son intellect. (Accessoirement, qu’est ce qu’une fable de La Fontaine fout dans l’imaginaire collectif de 3 loubards américains ?)

Le narrateur en revanche a une personnalité roublarde assez rigolote, si on laisse de cote sa vision de boy-scout de la beuh. Son ton, pour l’essentiel, est bien rendu et m’a porté le long de la nouvelle (à quelques fausses notes près ; « ces crapules » par exemple, ou bien « j’ai peut-être une chance de la séduire davantage », qui fait collégien naïf). J’ai bien aimé aussi le personnage de la logeuse, pas crédible pour deux sous, mais á prendre comme un « comic relief » sympathique et qui fait son job ; faire sourire puis s’effacer (l’épisode aurait pu être plus court en revanche pour gagner en dynamisme)

La fin, je ne sais pas trop quoi en penser. La révélation est intéressante (on se dit que ca doit vraiment etre un tueur à gage de seconde zone, mais enfin pourquoi pas). Je crois que je l’aurais plus appréciée si elle menait a un changement de ton cependant, avec le narrateur qui réaliserait « merde, lá on a déconné sec, mon Luigi » et qui commencerait à baliser. Le fait qu’il garde le même ton nonchalant et impassible affaiblit cette fin je trouve, et il me parait bien détendu pour quelqu’un qui n’a pas de plan solide et pourrait bien se faire abattre dans les jours à venir.

Pour ce qui est des quelques tournures surprenantes que de précédents commentateurs ont pu relever, je crois vous en avoir déjà mentionnées quelques unes sur des textes précédents mais je serais bien incapable de dire si elles sont en fait tout á fait naturelles en français du Québec, donc je passe outre. Elles ne me dérangent pas outre mesure de toute façon ; on comprend sans problème.


Bref ! Je sais que j’ai relevé pas mal de points, et que j’ai l’air de râler, mais au final je me suis laissé porter par la gouaille du narrateur, et j’ai bien apprécié la lecture. Il y aurait des trucs à peaufiner pour rendre le tout plus abouti, mais dans l’ensemble, ça reste une lecture prenante et sympathique avec une atmosphère bien campée ! J’ai apprécié.

   Vilmon   
6/2/2024
Bonjour, merci pour vos commentaires.
Voici un lien pour les remerciements et quelques explications à propos de ce récit.
ICI
Vilmon

   Cornelius   
7/2/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour,

Voici une scène classique de film noir qui si elle n'est pas originale nous fait tout de même passer un bon moment de lecture.
Les malfrats sont des gens bien organisés avec un service d'intervention à domicile 24/24 d'une belle efficacité. Pour le malheureux client il n'y a guère d'autre alternative, il faut payer ses dettes ou payer de sa personne. Dans les deux cas la note est plutôt douloureuse.
Merci pour ce cruel divertissement.

   Malitorne   
7/2/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Je ne dirais pas que j’ai été pris d’un grand intérêt mais enfin ça se laisse lire. Sans être d’un haut niveau le style reste fluide et porte bien son histoire. Peut-être auriez-vous pu faire davantage d’effort concernant les noms et la marque de la voiture, trop caricaturaux. Pour cette dernière, ça nous ramène inévitablement au film de Clint Eastwood.
Il manque un petit quelque chose, à mon sens, pour sortir ce récit du déjà-vu. Du cul sans détours, du vocabulaire de gang, de la violence brute, un truc qui percute en pleine face quoi ! En l’état c’est trop gentil, aussitôt lu, aussitôt oublié.

   dowvid   
7/2/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
J'apprécie parce qu'on ne se prend pas la tête. Ça se lit bien.
Par contre, trop de clichés de films américains à mon goût. Je préfère de beaucoup l'esprit européen à celui d'Hollywood. Question de goût.
Je n'aime pas tellement la fin non plus. Le contrebassiste ne pourra pas jouer sa contrebasse avec l'auriculaire gauche cassé. Si c'est un tireur d'élite qui cache son fusil dans son étui de contrebasse, il devrait avoir le salaire en conséquence d'un tueur à gages. Il ne serait pas à sec comme dans l'histoire. Et ce n'est pas la mari qui est addictive au point de coûter si cher. L'héro peut-être, mais la mari...
Bon, c'est malgré tout pas si mal, mais tellement perfectible.


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