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Horreur/Épouvante
Yakamoz : Le bout du tunnel
 Publié le 28/09/24  -  10 commentaires  -  8322 caractères  -  64 lectures    Autres textes du même auteur

Qu'y a-t-il au bout du tunnel ?


Le bout du tunnel


Tous les matins, sauf le week-end, monsieur A. prenait le RER C pour se rendre à son bureau dans le treizième arrondissement de Paris. Il ouvrait l’œil à sept heures précises et, à pas de loup pour ne pas réveiller sa femme, se levait, avalait son petit déjeuner, une douche rapide, enfilait ses habits préparés la veille sur une chaise, sortait de son appartement, fermait la porte sans un bruit. Dix minutes de marche lui suffisaient pour atteindre la petite gare de Chaville, charmante avec son toit de tuiles et ses parements de brique. Après un bref moment d'attente sur le quai, le RER s’annonçait et monsieur A. montait dans le deuxième wagon, toujours le deuxième car ainsi il pouvait descendre exactement en face de la sortie à la station Austerlitz, après quarante et une minutes de trajet. Juste après avoir quitté la gare, le train s'engouffrait dans un tunnel qui perçait une petite colline verdoyante et boisée. Ce passage dans l'obscurité durait environ deux minutes, mais monsieur A. avait remarqué que selon son humeur ou son état d'esprit, il paraissait très court ou très long, voire interminable. Pour en avoir le cœur net, monsieur A., qui était très méticuleux, avait chronométré le temps passé dans le tunnel une vingtaine de fois avec la trotteuse de sa montre, noté les chiffres sur un petit carnet, et constaté qu'à dix secondes près, il était toujours identique. Monsieur A., volontiers philosophe à ses heures perdues, aimait à méditer sur la relativité du temps et à l'occasion filait la métaphore du bout du tunnel.


Il était responsable des achats dans une entreprise d'import-export entre la France et l’Extrême-Orient. Embauché à vingt ans comme manutentionnaire, monsieur A. avait gravi tous les échelons de la société, et, enchaînant les promotions, avait obtenu ce poste à responsabilités vers la cinquantaine. Il s'entendait bien avec ses collègues, son supérieur louait son sérieux, sa ponctualité et ses qualités professionnelles. Monsieur A. s'épanouissait dans son travail et avait bien l'intention de finir sa carrière dans cette entreprise, jusqu'au jour où son chef de service fut remplacé par un jeune ingénieur fraîchement diplômé d'une grande école et muni de dents longues. Ce dernier entreprit de changer les méthodes de travail et décida de mettre en place des indicateurs de performance pour tous les collaborateurs. Bien que perturbé dans ses habitudes, monsieur A. fit preuve de bonne volonté pendant quelque temps, mais leurs rapports s'envenimèrent rapidement, son chef lui faisait constamment des reproches, critiquait ses idées devant les autres membres de l'équipe, et finalement monsieur A. lui-même commença à douter de ses compétences et de sa légitimité. Il se confia à quelques-uns de ses proches collègues qui ne comprenaient pas de quoi il voulait parler, tous trouvaient le nouveau venu sympathique et plein d'empathie. Au fil des jours, le moral et la motivation de monsieur A. se dégradaient, il se sentait de plus en plus seul et incompris, le burn-out était proche…


Son chef le convoqua pour un entretien le deuxième lundi du mois de juillet, à huit heures, pour avait-il dit « faire le point, mettre en place des mesures correctives et discuter de votre avenir dans la société ». Monsieur A. passa tout le week-end à préparer ce rendez-vous, listant fébrilement ses points forts et les arguments qu'il pourrait opposer aux critiques de son superviseur. Il se coucha le dimanche soir oppressé, la poitrine prise dans un étau et la boule au ventre.


Ce lundi matin, monsieur A. comme à son habitude monte dans le deuxième wagon du RER C. Il y a moins de monde que d'ordinaire, il a pris un train plus tôt, il ne veut surtout pas risquer d'être en retard pour l'entretien. Sur les sièges en face de lui, un jeune homme et une femme d'une trentaine d'années, à ses côtés une vieille dame aux cheveux blancs, dans le reste du wagon d'autres personnes auxquelles il ne prête pas spécialement attention. Les portes automatiques se ferment dans un chuintement caoutchouteux, monsieur A. se plonge aussitôt dans un livre, le dernier Modiano. Absorbé par sa lecture, il ne se rend pas compte que le train entre dans le tunnel, et lorsqu'il lève les yeux, il voit à travers la vitre la voûte de briques noircies qui défile. Il termine son chapitre et observe que le bout du tunnel n'est toujours pas atteint, il trouve cela bizarre. Vaguement inquiet, il regarde sa montre, cela fait déjà plus de quinze minutes que l'on a quitté la gare, le train devrait commencer à longer la Seine. Monsieur A. vérifie l'heure à nouveau, refait mentalement ses calculs, il s'est sûrement trompé. Mais c'est bien ça, on est parti à six heures quarante-six, il est sept heures cinq, et le train n'a toujours pas atteint le bout du tunnel. Il ne comprend pas, commence à paniquer, tente de se raisonner, respire profondément, il a chaud, son nœud de cravate le serre, il le dénoue, dans sa poitrine serrée son cœur s'emballe. Il jette un coup d’œil à ses voisins qui sont imperturbables, monsieur A. se demande pourquoi personne ne s’inquiète, il n'ose pas les questionner, il a peur d'être ridicule. Le train fonce toujours dans le sombre boyau, il semble accélérer, les plafonniers maintenant clignotent, puis s’éteignent pendant de longues secondes, plongeant le wagon dans le noir complet.


Tout à coup, un cri déchirant le fait sursauter, le jeune homme assis en face de lui hurle « freine, putain ! » et jette ses bras en avant, monsieur A. voit avec horreur son visage se tuméfier, ses lunettes se brisent et une balafre entame profondément son cuir chevelu, du sang coule sur sa joue. Puis c'est au tour de la femme de crier, les yeux exorbités, la bouche déformée par la terreur « pose ce couteau Romain, non, je t'en supplie, pas devant la petite », un rictus de douleur décompose son visage, une tache rouge s'étale lentement sur sa robe, ses lèvres se ferment. Quelques instants plus tard, la vieille dame assise à ses côtés commence à râler, elle respire difficilement, il peine à comprendre ce qu'elle tente de dire, distingue juste des bribes « j'étouffe, infirmière, vite, au secours », puis après quelques minutes de gémissements, elle se tait, ses yeux s'éteignent, sa peau se transforme, devient livide et parcheminée. Ses trois voisins sont désormais figés comme des statues de marbre, les yeux vitreux, leurs regards fixes privés d'humanité semblent posés sur lui. Monsieur A. est pétri d'effroi, son sang se glace, il se lève pour fuir. Il réalise alors que tous les autres passagers sont tour à tour en proie à des manifestations étranges, et dans le wagon ce ne sont plus que cris, gémissements, pleurs ou lamentations. Les plafonniers émettent maintenant des sortes de flashes de lumière crue, monsieur A. terrorisé assiste à des scènes atroces, il voit par intermittence des corps qui se disloquent, du sang et des larmes, des chairs meurtries, des peaux blêmes, des visages ridés qui soudain se figent et deviennent cireux. Il se rassied, son cœur cogne dans sa poitrine, prêt à éclater, il ferme les yeux pour échapper à ces visions d'épouvante, puis au bout d'un temps qui lui semble infini, monsieur A. perçoit au loin une lueur blanche, il se dit que c'est enfin le bout du tunnel, que ce cauchemar va cesser, il va se réveiller. La lumière s'intensifie, le wagon est maintenant noyé dans cette clarté aveuglante, et soudain c'est le noir et le silence.


Lundi 8 juillet 2024, madame A ouvre les yeux, regarde le réveil posé sur sa table de nuit, constate qu'il est huit heures, tend la main pour réveiller son mari, « chéri, tu es en retard ». Pas de réaction, elle le secoue, son corps est inerte, elle crie « chéri, lève-toi », mais il ne répond pas, ses yeux restent fermés, il semble dormir profondément. Elle panique, ne sait plus où est son téléphone, le trouve enfin, ses doigts tremblants composent le numéro des secours. Dix minutes plus tard les pompiers arrivent, elle entend la sirène au loin, ils montent l'escalier quatre à quatre mais c'est trop tard, ils ne peuvent que constater le décès de monsieur A. suite à un arrêt du cœur. Madame A. est effondrée, en larmes, le médecin du SAMU tente de la réconforter « votre mari est mort dans son sommeil, madame, il ne s'est rendu compte de rien, il n'a pas souffert ».


 
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   Jemabi   
19/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Je trouve la première partie très réussie, avec la description de la routine quotidienne du personnage principal. Elle m'a fait penser au début la nouvelle de Marcel Aymé "" Le passe-muraille". Là comme ici, la vie de l'employé modèle est bousculée par un changement au niveau des méthodes de la direction. Le parallèle s'arrête là, puisque la deuxième partie, soudain exprimée au présent, nous plonge dans ce que l'on prend d'abord pour un cauchemar, pour ensuite déboucher sur tout autre chose. Même si j'ai été un peu surpris que le rendez-vous avec le nouveau directeur passe à la trappe, je fois reconnaître que le thème de la mort est particulièrement bien amené et que le symbole du tunnel est approprié. Par ailleurs, la nouvelle est très plaisante à lire.

   Mokhtar   
14/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Texte supprime par son auteur

   Cornelius   
28/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour,

Tous les ingrédients d'une bonne nouvelle sont présents dans cette histoire. Le personnage a t'il atteint le bout du tunnel ? On ne le saura pas.

J'ai bien aimé cette histoire grâce à une agréable lecture qui nous emmène jusqu'à la chute ou plutôt au bout du tunnel.

Merci pour cette nouvelle.

   Dameer   
28/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Hello Yakamoz,

J’ai lu avec plaisir et une certaine avidité cette nouvelle, bien écrite, avec ce personnage central de monsieur A., à la fois attachant et repoussant, qui est pour moi le portrait même de ce qu’on ne souhaite pas devenir dans sa propre vie. Sans doute il n’était pas nécessaire de souligner "qui était très méticuleux", son comportement routinier et maniaque le démontre amplement !

Le jeune ingénieur aux dents longues qui débarque dans l’entreprise, c’est aussi hélas ce qui arrive souvent, et on voit tout de suite que les caractères de M. A et du jeune ingénieur sont incompatibles : M. A est bon pour être balayé, ou remisé dans un placard !

Ce que j’ai moins apprécié ce sont les visions d’horreur légèrement grotesques qui affectent les passagers du train dans le 5ème paragraphe, et pourquoi le jeune homme en face de lui hurle "freine, putain !" A qui s’adresse-t-il ?
J’ai du mal à comprendre ce qui se passe, est-ce le train qui déraille ?

Une description plus en douceur dans ce tunnel qui s’allonge, où une douleur insupportable serait uniquement concentrée dans le corps de Monsieur A, au lieu de s’éparpiller en visions cauchemardesques, serait plus en phase avec ce qui suit, c’est-à-dire sa mort. A cet instant final, après avoir longtemps lutté en vain, peut-être aussi plaidé sa cause auprès de Dieu, il rejoindrait apaisé les siens qui l’attendraient "au bout du tunnel".

   Robot   
29/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'ai été baladé car je ne m'attendais pas à ce récit surréaliste.
La mort cauchemardesque d'un homme banal est amené subtilement. Aprés la description de ce voyageur un peu falot confronté à une circonstance professionnelle relativement banale, nous sombrons dans un drame, dans une vision d'horreur d'apparence inexplicable.
Une écriture prenante qui s'achève sur la vision d'un cauchemar révélateur peut-être d'une situation de mort imminente bien éloignée des poncifs habituels sur la clarté attirante et la béatitude. Non, ici c'est l'horreur qui tue en plein sommeil.
Passionnant de bout en bout.

   Cox   
30/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Je trouve qu'on a là ce que j'ai envie de qualifier de "nouvelle modèle". On suit rigoureusement un schéma narratif bien établi "situation initiale-élément perturbateur-dénouement", qui pourrait paraître presque trop systématique s'il n'était pas réalisé de manière aussi irréprochable et efficace.

Le personnage est bien campé dès le début. Un monsieur-tout-le-monde procédurier attaché à son train-train (lolmdrxdlmao) quotidien. Un style de protagoniste classique mais qui a fait ses preuves, car il est toujours réjouissant de les voir plongés dans des rebondissements explosifs. On a juste ce qu'il faut pour établir clairement cette image, sans pour autant verser dans des descriptions routinières trop laborieuses. Bel équilibre. On prépare en outre la chute à travers le caractère du personnage et les circonstances du moment, mais avec suffisamment de discrétion pour ne l'éventer à aucun moment. C'est moins facile que ça en a l'air car beaucoup de textes oniriens se plantent régulièrement sur ce point.

J'ai trouvé la montée en tension très réussie. Tout est dans la gradation bien mesurée, par petites touches successives:
- "Il y a moins de monde que d'ordinaire, il a pris un train plus tôt": tiens, le monsieur psychorigide bouscule ses habitudes, il ne doit pas se sentir tou à fait à l'aise.
- "Vaguement inquiet, il regarde sa montre, cela fait déjà plus de quinze minutes que l'on a quitté la gare, le train devrait commencer à longer la Seine": ah tiens... Là ce n'est plus une question de psychorigidité, ça me stresserait aussi...
- La vérification fébrile parce qu'on a du mal à y croire et qu'on veut entretenir le doute, puis le résultat implacable: non il y a quelque chose qui cloche. Bien vu, et ça colle tout à fait avec le côté maniaque du personnage qui parvient à nous communiquer son stress compréhensible.
- L'hésitation à demander autour de soi. Oui! Un bon détail qui me parle et qui me met dans la scène

Et bam, voilà soudain l'horreur et la violence, préparées par cette montée de l'angoisse bien dosée. Le revirement est sec: on passe d'un sentiment d'inconfort relativement banal à de l'horreur soudainement fantastique. On ne comprend pas tout de suite ce qui se passe, on est d'abord plongé dans la confusion et la peur du protagoniste. Les descriptions frappent assez fort, sans tomber pour autant dans le gore racoleur. Puis on saisit lentement que ces gens sont dans un autre endroit et revivent un autre temps, qu'on est dans le train vers l'au-delà où chacun revit sa mort, et on suppute logiquement ce que la fin du texte vient vite confirmer. Je me demande a posteriori si les sensations d'oppression éprouvées plus tôt par monsieur A. étaient simplement un reflet de son angoisse, ou si il revivait lui-même sa crise cardiaque sans le savoir?
Avec le recul, je me demande aussi pourquoi monsieur A. semble avoir un statut à part puisqu'il est le seul à remarquer que quelque chose cloche, comme si tous les autres voyageurs étaient des PNJ de jeu vidéo à l'IA déficiente. Je pense au contraire que ça pourrait être très efficace de glisser un ou plusieurs autres personnages visiblement confus et que monsieur A. repèrerait du coin de l'oeil, comme pour le confirmer dans son mauvais pressentiment avant que tout n'éclate... Mais en première lecture ça ne m'a pas effleuré, donc ce n'est pas très important.

En bref, un effet thriller dans les r`gles de l'art, très réussi pour moi. Un texte immersif et efficace que j'ai lu d'un traite grâce au rythme dynamique, pour arriver à une chute inattendue MAIS cohérente dans la logique interne du texte.
Bravo et merci pour ce bon moment de lecture!

   Cleamolettre   
1/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

J'ai beaucoup aimé cette lecture, merci.
J'ai trouvé parfait d'ancrer monsieur A dans une réalité cadrée, carrée, pour mieux trancher avec la bascule dans le surnaturel (la mort étant une réalité, la manière dont elle est décrite ici étant un point de vue "fantastique").

Bien amené aussi le bouleversement du train-train quotidien, avec l'entretien, la situation au travail qui dérape et entraine inéluctablement le personnage vers son destin final et fatal. Et tout ça m'a permis de m'attacher à ce monsieur perfectionniste et un peu maniaque, bon choix de personnage pour préserver la surprise du texte qui se décale vers autre chose, bon choix de titre aussi qui joue sur les double sens. Et une écriture fluide et agréable, dépouillée, au service de l'histoire.

Je me suis par contre posée la question de l'utilité du dernier paragraphe, il me semble que le lecteur a compris la mort du personnage, son arrivée au bout du tunnel et le noir et le silence. Est-ce que le dernier paragraphe n'est pas trop explicatif ? Pour moi si, mais peut-être que c'est une précaution utile pour certains lecteurs qui pourraient ne pas être sûrs d'avoir compris. La question se pose mais je n'ai pas la réponse.

En revanche, je suis dubitative sur la manière dont ça se termine dans le train. Les autres "passagers" semblent revivre leur mort (ou bien la vivre en direct, comme si ce train transportait les doubles vivants des personnes qui vont mourir) mais pas monsieur A dont on apprend après qu'il était déjà mort. Peut-être que le paragraphe final est là justement pour expliquer que le train transporte des personnes déjà mortes et donc elles revivent leur mort avant le bout du tunnel, si c'est ça, alors il n'est certes pas inutile mais j'aurai donc aimé qu'on voit la crise cardiaque du personnage, pour qu'il revive sa mort dans le train comme tous les autres.
Il y a là une zone floue sur la manière dont ça se passe exactement et que j'aurai préférée un peu plus tranchée et nette.

Mais ça n'enlève rien au plaisir pris à lire. J'aimerai juste en savoir plus sur l'intention de l'auteur !

   MarieL   
12/10/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un récit dramatique qui tient en haleine le lecteur, la tension ne se relâche pas, c'est du grand art, et puis quelle aisance de plume !

Une lecture terrifiante mais magique de qualité !

   in-flight   
13/10/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Je vois dans ce texte la critique du monde professionnel.
La pression que subissent certains salariés est telle qu'ils meurent d'angoisse dans leur sommeil.

Je trouve que le style est clair et limpide. Peut-être que cela manque un peu de relief, mais je me dis que pour décrire la vie banale de cette homme, le style sobre que vous employé convient très bien en définitive.
La plongée dans l'horreur est plutôt bien amenée.

Un moment de lecture agréable qui nous rappelle que nous sommes tous plus ou moins des Monsieur A. noyés dans la compétition.

   Donaldo75   
29/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J’ai lu cette nouvelle comme une critique de la société moderne où l’aliénation de l’individu et les contraintes de l’entreprise pèsent trop sur les épaules de chacun. L’allégorie de la mort est le vecteur de forme utilisé pour amplifier ce point ; les événements qui se déroulent à l'intérieur du train peuvent représenter les différentes étapes de la mort. Il y a du kafkaïen à travers cette narration, par exemple rien que le nom du personnage principal, Monsieur A, un homme banal et routinier, qui se retrouve confronté à l'absurde et à l'horreur. Les autres passagers sont plus des éléments de décor pour représenter les réactions face à la situation que vit le personnage principal. Le nouveau chef représente la contrainte sociale, centre de la critique de la société moderne. Beaucoup de symbolique est utilisée dans cette nouvelle : le tunnel, souvent associé au passage vers la mort, le temps dans son écoulement qui devient presque relativiste dans le tunnel, le cœur comme ultime marqueur de la vie et la mort. La construction même du récit est intéressante car elle passe progressivement de la description minutieuse des habitudes de monsieur A à une situation de terreur. J’aurais tendance à dire que cela me rappelle des nouvelles de Stephen King ou Dan Simmons, le premier étant plus enclin à ce type de critique sociale. Personnellement, je n’aime pas le deuxième paragraphe car il résonne plus comme un CV, introduit une rupture narrative maladroite faite pour expliquer qui est Monsieur A alors que cela aurait pu être raconté en relation directe avec le paragraphe suivant, celui de l’entretien avec son chef, par exemple en laissant Monsieur A se remémorer les changements dans sa vie professionnelle. Par contre, le changement de temps accélère la pression narrative et l’usage du présent permet d’installer la terreur dans la lecture. C’est réussi en ce sens.


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