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Science-fiction
Zalbac :  La volonté d'en sortir
 Publié le 03/02/13  -  11 commentaires  -  9836 caractères  -  112 lectures    Autres textes du même auteur

"L'arme la plus redoutable d'un Homme" est à manier avec précaution !


La volonté d'en sortir


Afin de tromper l'ennui, Rick Densmore cloutait avec application la crosse d'une de ses arbalètes.


— Cunéiphile ! s'apostropha-t-il, hoquetant d'un rire nerveux lorsqu'Artémis, petite lune forestière et giboyeuse apparut enfin sur ses écrans.


Son premier quartier semblait s'arracher d'Antiope, quatrième planète du système de Bellatrix, l'étoile Amazone.


— On arrive, ma chérie !


Bien qu'il fût seul à bord, Rick parlait beaucoup.

Le voyage, relativement court, amputait tout de même sa semaine de congés de vingt-trois précieuses heures. Le syndicat avait enfin obtenu que les semaines ne soient plus comptabilisées selon le Comput Universel mais sur le cycle relatif des planètes de destination.

C'est cette méthode avantageuse qui avait décidé Densmore à aller chasser sur Artémis. Près de cent heures de gagnées, ce n'est pas négligeable. Il s'était souvent interrogé sur le cas des agents temporels, théoriquement libres de revenir de congés la veille de leur départ. Un des étonnants avantages d'une profession dont la réalité même était sujette à caution.

Durant leurs vacances, la plupart de ses collègues pratiquaient le tourisme sexuel. Ces acharnés s'obstinaient à aller baiser les créatures les plus diverses. De l'humanoïde modifié à la blatte géante pour les plus vicieux dont les phéromones, selon la rumeur, étaient capables de faire jouir un eunuque à dix mètres.

Très peu pour un chasseur de la trempe de Densmore. Sa jouissance, il la puisait dans les yeux de ses proies agonisantes. Lorsqu'elles en étaient pourvues.

Tel un mantra, Rick se répéta la Loi de la Chasse :

Une seule arme, un moyen de communication de portée restreinte à quatre fois le diamètre équatorial de la planète et un seul chasseur par hémisphère.

Cette dernière précaution évitait les accidents et les règlements de comptes. Toute infraction impliquait le bannissement à vie. « Dura lex sed lex »

Du côté austral d'Artémis, il aperçut l'énorme vaisseau lenticulaire typique des Taurus d'Aldébaran. Son orbite était si polaire qu'il en paraissait immobile. C'est donc par une navette de la taille du traceur de Densmore que son propriétaire avait rejoint son territoire.

Si l'arme utilisée par le chasseur était en rapport avec la taille de son véhicule, celle de Rick était sans nul doute un jouet en comparaison.

Mais l'arme la plus redoutable d'un Homme ne pesait guère plus d'un kilogramme et se situait dans sa boîte crânienne.


Les manœuvres d'approche et l’atterrissage furent une routine pour un spécialiste des simulateurs de vol.

À longueur d'année il décollait et se posait virtuellement avec les élèves fortunés de l'École de Navigation Stellaire de Neo-Terra. Une activité répétitive peu passionnante mais rémunératrice qui lui permettait de s'offrir des safaris exotiques palpitants.

Densmore ne possédait pourtant nul trophée, la loi interdisant formellement d'emporter tout ou partie d'une créature tuée lors d'une chasse.

Ce stupide décret donnait la part belle aux braconniers qui alimentaient le florissant circuit parallèle des riches excentriques friands de curiosités les plus diverses. Les lambeaux de peau de diaphoderme, quasiment invisibles, ou les pattes de sempériforme, qui reprenaient leur aspect même après passage au mixeur, se monnayaient une fortune.

Les braconniers étaient passibles du trou noir artificiel ce qui fait qu'aucun ne savait véritablement ce qu'il risquait.

Guère plus curieux qu'envieux de leur sort, il vérifia pour la dixième fois son autorisation de chasser dans le secteur de la ceinture d'Orion. Elle expirait à la fin de l'Année Universelle.

Rick endossa son carquois rempli de carreaux divers, rafla son arbalète sur le poste de pilotage et ouvrit le sas.


Il n'avait pas choisi de se poser sur la canopée car l'alternative n'existait pas. Son hémisphère et la lune entière étaient recouverts par l'extraordinaire luxuriance de la végétation.

Il parcourut avec précaution les quelques enjambées qui le séparaient d'une ouverture vers le sol et s'y glissa silencieusement. Même à plusieurs mètres sous le couvercle végétal il ne distinguait pas le sol, mais les chants, cris et appels en tous genres lui firent penser que la partie allait être fructueuse.

Progressant péniblement dans ce fatras de branches et de lianes, Rick repéra le tronc horizontal d'un arbre gigantesque sans doute abattu par l'âge et qui constituerait une piste idéale pour cheminer en toute tranquillité.


Après avoir gagné son sentier cylindrique il ne lui fallut que quelques secondes avant d'apercevoir sa première proie, un jeune phénix ou une renaissance récente, à vingt mètres de distance Densmore ne pouvait en être certain.

Il savait, par contre, le phénix immortel par nature et ne jugea pas utile d'imposer une blessure suivie d'une renaissance douloureuse à l'animal.


C'est au moment où il reprenait sa marche que le tronc pivota brusquement. Densmore perdit l'équilibre.

Battant l'air de ses bras il lâcha son arme et parvint à saisir une branche qui céda sous son poids ; la chute fut brève et brutale dans la cage dissimulée sous le tronc. La porte claqua violemment et le verrou se crocheta.

Après les injures d'usage, Rick calma la poussée d'adrénaline qui l'avait envahi et considéra la situation avec recul. S'il ne souffrait que de quelques ecchymoses, un des meilleurs chasseurs du Secteur était pris dans le plus basique des pièges : une cage !

Son optimisme fut aussitôt tempéré par l'identité présumée de ceux qui l'avaient installée.

Des exo-braconniers... Des êtres si étranges qu'il avait été impossible de les intégrer à la Confédération. D'une structure mentale trop différente, la communication s'était bornée à leur faire connaître les limites physiques de notre espace et comprendre que leur violation entraînait de graves ennuis.

Néanmoins, les diverses races qui constituaient ces charognards ne se privaient pas de poser leurs collets un peu partout, profitant des éclipses pour les relever en toute quiétude.

Rick consulta son transcom avec sang-froid, quatre journées pleines d'Antiope le séparaient de la prochaine éclipse, soit cent huit heures terrestres ou plus avantageusement présenté, six mille quatre cent quatre-vingts minutes.

Voilà qui laissait une marge plus que confortable pour sortir de cette cage et même reprendre sa chasse !

Densmore s'approcha du verrou, présumant que le mécanisme serait juste assez complexe pour retenir des reptiles ou au mieux des mammifères peu évolués.

Il reconnut aussitôt une gâche à commande mentale. Soulagé il entreprit de se concentrer sur son ouverture. Au bout de dix minutes de conditionnement, Densmore fut étonné de constater que le verrou ne semblait nullement impressionné par l'énergie mentale déployée pour son ouverture.

Il reprit ses efforts et une heure plus tard c'est l'inquiétude qui commença à se manifester.

Un mécanisme défaillant ? Une source naturelle d'interférences brouillant ses ondes cérébrales ?

Il actionna la commande du signal de détresse de son transcodeur et quelques secondes plus tard, le bovin qui chassait de l'autre côté de la lune entra en contact avec lui.

Après réglage du signal-source la traduction s'effectua.

Un souffle puissant mais apparemment amical résonna :


— Salut camarade-chasseur ! Excuses faites pour non-présentation / Tarkus origine Aldébaran III / occupé guetter gibier abondant ! /


La phrase hachée fut suivie par une sorte de beuglement en lequel Densmore imagina un équivalent de rire.

Il exposa rapidement son problème, piteux de se retrouver dans pareille situation, la Loi interdisait au bovin de lui porter physiquement assistance, un chasseur par hémisphère.

Tarkus s'avéra être ingénieur spécialisé en thermorésistance des matériaux. Domaine assez éloigné de la confection de serrures et verrous à commande psychique mais il était néanmoins très au fait en matière de pièges et de trappes cynégétiques.

À sa demande, Densmore lui décrivit le symbole gravé sur la face interne du verrou, deux triangles inversés et imbriqués.

Il s'agissait bien selon le chasseur d'Aldébaran d'un verrou à commande mentale mais inversé, mis au point pour retenir les créatures suffisamment évoluées pour effectuer la manœuvre simple d'ouverture mais incapable d'imaginer qu'il faille l'inverser pour faire jouer la gâche !

Sur ces explications, un meuglement d'une rare intensité lui fit comprendre que Tarkus le prenait gentiment pour un benêt.

En lui souhaitant bonne fin de journée, Rick raccrocha et se mit à immédiatement à l'œuvre.

Il fallait donc se concentrer sur sa fermeture afin que ce mécanisme s'ouvrît ! Soit.

Densmore avait suivi comme beaucoup un entraînement aux commandes mentales et il se faisait fort de remporter l'épreuve en peu de temps.

Une heure pourtant passa encore sans aucun résultat.

Rick s'installa le moins inconfortablement possible et entama la lutte pour de bon.

Quatre heures plus tard, il lui sembla que le pêne avait effectué un très léger mouvement, mais il ne put écarter la possibilité d'une illusion.

La peur commença à sérieusement le gagner, il s'acharna jusque tard dans la nuit et c'est le sommeil qui lui fit cesser ses efforts. Le vacarme nocturne le réveilla et il reprit frénétiquement sa tentative. Il devait se persuader de ne désirer qu'une chose au monde, la fermeture de ce satané verrou et de cette maudite porte !

La lutte dura deux jours et demi, soit près de soixante-dix heures. La raison vacillante de Densmore dans un ultime effort lui provoqua une douleur terrible et la gâche joua, le verrou lâcha et la porte s'ouvrit à la volée.

Horrifié, Rick Densmore se jeta en arrière et se recroquevilla dans sa prison.

Le lendemain, les braconniers le récupéraient, tremblant et tassé au fond de la cage ouverte.


 
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   Pimpette   
3/2/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bien écrit. C'est important pour moi qui ne suis vraiment pas une flèche(ça va avec le texte, non?) en face des récits de SF!
J'ai bien suivi et surtout, la chute est très rigolote...un prisonnier au fond de sa cellule incapable de sortir alors que la porte est ouverte...c'est une trouvaille!

   Acratopege   
3/2/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Oui, texte qui frappe par son style en parfaite adéquation avec le contenu. Beaucoup d'humour aussi. Mais le récit pèche par son scénario alléchant qui ne mène qu'à une chute trop rapide et décevante à mon goût. J'aurais aimé un peu plus d'invraisemblance, en accord avec le début du récit!

   pokilm   
4/2/2013
 a aimé ce texte 
Bien
C'est surtout l'idée que je trouve séduisante car la S.F. n'est pas ma tasse de thé mais j'apprécie de voir passer une réflexion somme toute assez profonde sous une forme légère et divertissante : mine de rien, ça valait la peine de s'arrêter!
Merci à vous.

   David   
6/2/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Zalbac,

C'est très bref mais pas mal foutu, notamment dans la façon de faire imaginer tout un monde autours, à travers diverses petites remarques, sur le métier du héros, l'action en cours et autres digressions.

La fin est assez spéculative, je crois que c'est le fait de s'être mis à penser comme un de ses "exo-braconniers" qui a mis le chasseur en si mauvaise posture. Un genre de raisonnement par l'absurde dont il n'a pas vu venir la conséquence finale : à force de penser à le fermer pour pouvoir ouvrir le verrou, le héros en vient à inverser son envie de s'en libérer avec une forte crainte de sortir de la cage.

Il y a de l'humour, au-delà de cette fin, dans le ton général qui semble préparer une épopée alors que le récit trouvera sa cohérence en peu de mots.

   AntoineJ   
9/2/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
ça m'a l'air bien mais alors c'est pas facile à suivre. entre les endroits à mémoriser, l'histoire qui saute par étape et l'astuce (je pensais qu'il fallait devenir idiot - contraire d'intelligent - pour ouvrir) qui aboutit à une conclusion que je ne comprends pas (pourquoi ne sort-il pas ? il est dévenu animal apeuré ?) j'ai eu rudement du mal à rester concentrer et à aller jusqu'au bout.
pourtant cela est accrocheur et bien écrit.
pourtant j'adore la SF (même les nouvelles) (mais moins le space opéra ... )
ah oui et j'ai repéré une faute "Densmore que son propriétaire avait rejoint son territoire" ... rien de bien grave.
Bref, avec un peu de sauce pour un lecteur dépassé cela eut été mieux !

   costic   
10/2/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Assez plaisante nouvelle. vision futuriste un brin aliénante. Monde assez bien construit et évoqué. On ne comprend pas toujours clairement certains aspects comme la comptabilité des heures de congé. Faune et flore bien conçues. J’ai bien apprécié le mécanisme d’ouverture à commande mentale inversée. Cette chasse sportive et intensive et très organisée ne plaide pas en faveur du futur… On aurait pu craindre une fin plus tragique… Le petit moins : peut-être une entrée en matière un peu rapide, de très nombreuses observations en très peu de lignes. L’ensemble mériterait d’être plus tranquillement exposé.

   Miguel17   
17/2/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La fin est troublante, je trouve, l'idée d'être enfermé par une porte ouverte me semble assez originale. ça m'a plu, même si je n'ai pas l'impression d'avoir tout compris. Néanmoins j'ai trouvé le style un peu trop lourd, qui en général gênait la lecture, mais ce n'est que mon avis.

   Anonyme   
12/3/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
merci pour ce petit voyage, tes lignes m'ont emporté loin du lieu où je me trouve et ce fut un aller-retour dans ton univers des plus agréables

   brabant   
15/3/2013
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai trouvé cela bien écrit, au scalpel, le futurisme le disputant à l'humour dans un véritable mécanisme d'horlogerie, mais sans Pimpette et David je ne comprenais pas pourquoi Rick Densmore n'était pas sorti de sa cage (Il aurait fallu espacer la dernière ligne) ; il est vrai que la seule chose que je sois capable de réparer est un sablier :)

   Anonyme   
1/1/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
On sent qu'il y a de l'imagination derrière. Mais si ce n'est pas le composant d'une histoire plus complète, la débauche de détails est inutile, je la trouve dans ce cas un peu spéculative. Pourquoi ne pas s'atteler à un travail plus conséquent, essayer de faire tenir tout cela dans une nouvelle plus finement ficelée, mieux structurée ? La fin arrive un peu à plat. Un détail, on commence par un monologue... Rick parlait beaucoup... et on ne l'entend finalement plus... Quoiqu'il en soit le tout n'est pas très intéressant. Avis très personnel.

   fergas   
20/3/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Zalbac,
un récit très récurrent dans les nouvelles de science-fiction: le chasseur qui déboule sur un monde exotique pour tuer des gibiers improbables, avec des règles de chasses alambiquées.
Celui-ci ne m'a pas franchement emballé: j'attendais plus d'intelligence et de tentatives du chasseur pour se libérer de sa nasse.
Il aurait été possible d'exploiter plus avant la collaboration avec l'autre chasseur, Tarkus, pour mettre deux intelligences différentes en compétition sur le même problème.
Et puis se focaliser sur la serrure limite les possibilités: quand on ne peut pas passer par la porte, on attaque les murs.
La chute est sans grand intérêt: on se demande pourquoi le héros reste dans sa cage ouverte, et qu'est-ce qui peut bien lui faire peur. Un chasseur timoré?


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