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Mokhtar
13/4/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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Je trouve assez ambigu ce poème intéressant.
N’ayant pas, dans un premier temps, lu l’incipit, je suis parti dans une première lecture pour y voir la peinture de la vie d’une femme cloîtrée et recluse. Sa vie est celle de la génitrice allaitant le marmot et disponible pour le repos du guerrier, tout en entretenant la maison. Le « après » clôturant les deux premières strophes pouvant être interprété comme « après l’amour », « lui » n’apparaissant pas vraiment sous un mauvais jour. Je voyais donc dans ce texte un hymne à la libération de la femme, voulant sortir du sérail en quête d’une vraie vie « après » être sortie de sa captivité. C’est dont un plaidoyer très poétique, mais aussi très convaincant, pour l’émancipation de la femme que je croyais discerner ici : une remise en cause de la condition séculaire de la femme, amorcée au XX siècle surtout dans les civilisations occidentales. La lecture de la phrase en exergue, qui évoque violence et manipulation, m’a un peu surpris car rien dans le corps du poème ne me semble faire référence à ces faits. On y évoque bien des larmes, qui pourraient naître de relations difficilement consenties, mais qui pourraient aussi tenir à l’étiolement de la captive. Seules la première et la dernière phrase qui évoquent la mort font pencher vers le dramatique, mais elles sont vraiment extérieures au texte, comme plaquées. Je me demande si l’auteure (je pense pouvoir risquer le féminin) n’a pas essayé de nuancer ce texte à cause de circonstances personnelles, mais sans vraiment vouloir s’impliquer de façon explicite (pudeur ? douleur ?...). De façon générale, je pense qu’il est préférable que la compréhension d’un texte ne dépende pas d’une présentation liminaire. Et, pour tout dire, ma première lecture suffisait amplement à mon bonheur. Mais peut-être aussi n’ai-je pas eu assez de finesse pour lire entre les lignes. Il reste que ce texte de qualité est très bien écrit, poétique, sensible et touchant. (Petite préférence pour la seconde strophe). Mokhtar, en EL |
STEPHANIE90
14/4/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour,
un texte très fort qui m'a mit un coup de poignard dans le ventre à sa lecture. "Captive Personne ne nous apprend à mourir. ... Il me le dit aussi, après. ... Il le dit après, après. ... Et moi j’attends l’enfer pour avoir un après" La deuxième strophe est particulièrement poignante et résume fort bien la dépendance affective derrière les coups. L'enfer quotidien est fort bien exprimer ici avec douceur et en même temps, je devine la violence qui se cache derrière ces mots d'amour et la folie de l'amour... Merci, votre poésie va me marquer au fer rouge, mais n'oublions pas qu'il y a aussi des hommes pris dans cet engrenage infernal et qui ose encore moins en parler, StéphaNIe en EL |
papipoete
16/4/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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libre
" Il me dit que je suis belle, qu'il n'attendait que moi " chantait Patricia, et votre plume rapporte les même paroles... Vos enfants vous témoignent tout leur amour et " lui " aussi, après... NB sans animosité, vous parlez de ce personnage qui vous aime... à sa façon, comme sa chose qui doit rester belle, et en imprégner la maison toute entière ! Je ne doute pas que dans ces instants, " il " ait des trémolos dans la voix, après ne pas avoir entendu vos cris, vos prières vos pleurs ? La première strophe " lapidaire ", pose si cruellement la scène ! papipoète |
Donaldo75
17/4/2019
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour,
Après la lecture de l'exergue, je me suis dit qu'il avait de la matière et de l'ambition dans cette poésie. Et je n'ai pas été déçu. La tonalité est bien présente, le lecteur se met dans la peau de la femme, même s'il est un homme comme c'est mon cas, imagine, extrapole, ressent, vit presque le drame de l'intérieur. Les trois derniers vers sont terribles. Bravo ! |
Anonyme
5/5/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Un "après " qui en dit long ; l'exergue nous renseigne à ce propos.
Ils sont tous très repentants après avoir donné des coups... Un phénomène qui a tendance à s'amplifier à l'heure actuelle. " Il dit qu’il m’aime depuis la nuit des temps, que je dois rester à la maison pour la fleurir, l’embaumer, pour faire briller ses rêves, pour soumettre le temps, pour attacher les mots, pour piéger les mensonges. " L'apogée de l'hypocrisie. A vomir ! Des images d'une grande noirceur " Ma vie s’étale avec paresse comme une tache de sang." " lorsque mon visage est reposé " Une plainte toute discrète mais marquante. |
hersen
5/5/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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"Il" trouve..."il" dit...après.
C'est ce mot, "après", qui rend compte de toute l'horreur de la vie d'une femme qui subit des violences conjugales. Ce poème exprime avec maestria à la fois la résignation et la cause de cette résignation. les enfants qui dessinent l'amour sur sa peau, comme des papillons tout doux, entre deux deux avant d'après. Ce poème est un cri, puisse-t-il être entendu pour que ces femmes réussissent à s'extirper de ce cercle infernal. Merci de cette lecture. |
Lulu
5/5/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonjour Aconcagua,
Je suis très touchée par ce texte qui est à la fois très beau dans son expression poétique, et si dur dans ce qu'il tait presque et que l'on imagine autour du mot "après". On sent un appel à la douceur, par opposition à la violence, tant du fait de cette douce expression poétique qui court dans le poème, que du regard posé sur les enfants, ou de la narratrice en vers elle-même "Je suis belle je crois, / lorsque mon visage est reposé / et que mes enfants / dessinent leur amour sur ma peau…" Un poème fort émouvant. Merci d'avoir partagé ces mots. |
senglar
5/5/2019
a aimé ce texte
Passionnément
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Bonjour Aconcagua,
Poignant ! Je me retrouvé ici dans l'au-delà des mots, le ressenti poussé jusqu'à la désincarnation. Cette femme si belle n'a pas d'autre possibilité d'exister que par la faveur de son bourreau. Je me suis retrouvé ici dans le nec plus ultra de la manipulation où la femme est niée en tant que personne pensante, où elle devient femme-objet, ornant, élevant et travaillant à rendre son intérieur aussi beau qu'elle doit être belle. Femme-esclave, repos du guerrier qui n'existe que pour le confort de son maître, sans existence propre, prisonnière... Il m'a semblé être ici dans la manipulation morale avec, comme couperet, qui ne tient qu'à un fil, la violence physique, car l'équilibre est fragile et la frontière ténue et je devine qu'il suffirait d'un rien pour que tout bascule. Je me dis enfin que tout basculera un jour, forcément, et qu'aux enfers évoqués en fin de poème succédera l'enfer tout court, car le bourreau a besoin de toujours plus pour affirmer sa puissance qui est sa jouissance. Poignant ! Des vers merveilleux : "et que mes enfants dessinent leur amour sur ma peau" J'ai vu des petites mains d'enfant imprimées sur une peau de femme. Fabuleux ! :) "Il dit que mes larmes ont un goût d'orange et de miel" Ces deux vers ont une allure de transfiguration. Poignant ! Senglar de Brabantie |
Vincente
5/5/2019
a aimé ce texte
Passionnément
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C'est si touchant et tellement pudique.
Dans l'ambivalence d'une écriture délicate se cache la peur la plus scélérate, une ambivalence où le double jeu (double "je" du mari !) s'opère insidieusement dans le quotidien et dans l'intimité. C'est très bien évoqué, sans pathos alors que le mal est terriblement là. Je ne veux pas citer les passages les plus forts, j'aurais l'impression d'en rajouter, de jouer avec la "tache de sang". Oh ces "mots attachés" qu'ils sont parlants dans leur retenue ! Et cet épilogue comme une espérance nourrie à contre-temps... ! J'aurais voulu ne pas avoir à commenter pour ne pas être l'impuissant lecteur qui vibrent du malheur d'un autre... mais j'ai lu et maintenant je sais, alors mon empathie très sincère s'adjoint à l'espérance d'un mieux à venir, avant "l'après", pour la femme qui se dévoile ici. |
Davide
5/5/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Bonjour Aconcagua,
Ce poème me touche dans ce qu'il suggère l'horreur sans jamais vraiment la dire. En rhétorique, on appelle ce procédé une ellipse. Pourtant, on sent que tout n'est pas rose : "tache de sang", "oiseau apeuré", "dorures effarouchées"... jusqu'aux derniers vers, où tout s'accélère, s'intensifie, mais l'action du drame reste hors-champ. La narratrice arrive à exprimer la détresse avec des métaphores, des personnifications, des oxymores... elle tente d'interpeller, mais elle ne peut pas dire la vérité, surtout pas ! Il risquerait de la ... Un enfer dépeint d'une main de maître, où tout est confusion, ("je crois"), manipulation ("je dois rester"), où plus rien n'est certitude, malgré l'amour qui l'entoure (ses enfants). Et ce vers, glaçant : "Il me le dit aussi, après." Ce texte me fait penser au superbe film "Jusqu'à la garde" que j'ai vu récemment. Rarement un film m'a touché à ce point ! Merci Aconcagua pour ce partage très émouvant, Davide |
Anonyme
5/5/2019
a aimé ce texte
Passionnément
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Bonjour Aconcagua,
Superbe texte où la violence n’est pas une seule fois décrite. Elle n’apparaît que suggérée par les terribles mots d’amour qui la prolongent : « Il me le dit aussi, après. » Cet angle de restitution de la violence conjugale témoigne mieux des jeux pervers de certains manipulateurs. Les enfants ne sont pas là pour racoler un sentimentalisme de bas-étage. Eux ne souffrent pas de gifles ou de poings contondants, ils protègent leur mère avec des douceurs de papillon. Leur présence est solaire. « Il me le dit aussi, après » pourrait presque s’assimiler à un oxymore, dont l’objet est d’impliquer deux mots et pourquoi pas deux idées de sens fortement contrasté, voire antinomique. Dans ce cas, il me le dit aussi après, pourrait signifier il me dit je t’aime, en même temps que il a frappé fort. Il faut avoir atteint un degré de violence inouï pour ne même plus vouloir la nommer. Plus terrible encore, cette attente de la violence (Et moi j’attends l’enfer), parce qu’elle est le déclencheur du mot d’amour qui va suivre (pour avoir un après). C’est un peu porter volontairement des chaussures pointure 36 au lieu de 38, pour le simple plaisir de les enlever le soir en disant : qu’est-ce que ça fait du bien… Oui, il y a vraiment du tragique absurde dans cette souffrance réclamée par laquelle doit passer un petit instant d’apaisement. J’ai été remué et même un peu plus que ça. FrenchKiss Qui aime le réalisme transfiguré |
jfmoods
6/5/2019
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Pour l'individu psychiquement malade, la violence infligée à la partenaire apparaît comme un comportement ordinaire ("Ma vie s’étale avec paresse / comme une tache de sang").
Le sadisme est la source d'une jouissance souveraine ("Il trouve que mon corps / est une vague de tendresse / qui palpite comme un oiseau apeuré", "Il dit que mes larmes ont un goût / d’orange et de miel / et que de mes yeux s’échappent / des dorures effarouchées"). Il s'agit de contrôler l'Autre dans tous les compartiments de sa vie (titre : "Captive"). Par l'emprisonnement, le tortionnaire entend réaliser l'utopie d'une toute-puissance ("je dois rester à la maison / pour la fleurir, l’embaumer, / pour faire briller ses rêves, / pour soumettre le temps, / pour attacher les mots, / pour piéger les mensonges"). Ainsi va la vie chaotique et misérable d'un couple, entre violence aveugle, anticipation du pire ("Personne ne nous apprend à mourir") et rédemption exacerbée ("Je suis belle je crois [...] Il me le dit aussi, après", "Il le dit après, après", "Il dit qu’il m’aime / depuis la nuit des temps", "Et moi j’attends l’enfer / pour avoir un après"). Dans cette existence d'esclave, l'amour inconditionnel de la progéniture ressemble à une oasis au milieu d'un désert de rocaille ("Je suis belle je crois, / lorsque mon visage est reposé / et que mes enfants dessinent / leur amour sur ma peau / avec des douceurs de papillon"). Merci pour ce partage ! |
BlaseSaintLuc
6/5/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Les "maux" sont dits avec une grande délicatesse, ça respire la douceur "de papillon".
Mais l'effet papillon peut avoir de grandes conséquences, quel est donc cette tache de sang et cette ombre sur ces jours qui s'étalent avec paresse ? L'oiseau apeuré, de sa cage ne peut guère s'évader, l'extraction de l'or des larmes lui retire de l'éclat. Soumise attachée et piégée dans le présent de l’enfer, pour l'incertain après. Magnifique, merci pour la lecture. |
Marite
8/5/2019
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Littéralement époustouflée par ces mots offerts à nous, je suis tentée de dire "en confidence". Si peu de mots pour traduire une quelconque violence, mis à part "la tache de sang" et " l'enfer". Et pourtant nous la percevons de plus en plus avec ces "... après ... après, après ..." distillés en fin de strophe. Je n'ai pu qu'imaginer l'emprise subie.
Le choix de la poésie libre est bien adapté je trouve car la douceur des mots choisis nous informe sur l'acceptation de cette situation tragique allant même jusqu'au sacrifice " Personne ne nous apprend à mourir." |
Ombhre
25/5/2019
a aimé ce texte
Passionnément
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Bonjour Aconcagua,
un texte superbe, terrible, qui décrit avec des mots simples cet enfer que certains hommes vont vivre à certaines femmes. Le mot "après" qui revient comme une litanie rythme le poème, cet après que l'on espère, qui permet parfois de supporter le présent, cet après toujours si près, toujours trop loin. L'auteur a bien agencé les images, pour mêler horreur, douceur, songes et mensonges en un bouquet que Baudelaire n'aurait sans doute pas désapprouvé. Les deux derniers vers clôturent magnifiquement le dit et le non dit de ce poème. Bravo pour ce très beau texte qui nous prend aux tripes, et rend l'homme que je suis honteux des actes d'autres hommes. Ombhre |