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Poésie libre
Aconcagua : Pierre ou la vie en fauteuil
 Publié le 12/04/20  -  11 commentaires  -  1060 caractères  -  198 lectures    Autres textes du même auteur

L'enfermement dans une image.


Pierre ou la vie en fauteuil



Les mots dans ma bouche
ont des allures de cohues,
de paniques violentes,
je ne les comprends pas,
ils ne sont pas à moi.
Mon corps aussi s’est échoué
sur les rivages de ma naissance,
il est brisé, tordu, indomptable,
il est posé à côté de moi
c’est un objet inutile.

Pour eux je suis un corps sans rien,
avec le vide pour espérance.
On me manipule avec l’efficacité
des choses bien faites, sans un mot,
l’absence dans le regard.
Ils me touchent
et pourtant ils sont loin,
ils pensent au café bien chaud
ou au temps qui balbutie
et s’étire avec la résistance de la paresse.

Et puis elle est venue,
avec sa voix chaude à déclarer la vie,
avec ses sourires à déserter la peine,
et la tourmente de ses gestes
pour épeler la tendresse.
Elle a lu les mots dans mes yeux,
elle a cicatrisé l’indifférence,
elle m’a pris par l’indicible
avec une infinie douceur
et je suis devenu,
je suis vivant.


 
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   papipoete   
26/3/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
libre
je suis là assis dans mon fauteuil, une marionnette clouée au pilori, dont toutes les ficelles sont cassées.
Des gens muets me tournent et retournent pour mon bien, mais Pinocchio parmi la liste des pantins à manipuler, on ne prête guère attention à mon âme...
Puis, elle est venue, m'a considéré, m'a parlé comme à un humain ! depuis, je vis...
NB je ne peux m'empêcher de songer au film " intouchable ", et ce paralytique si riche, mais pauvre comme Job de n'être qu'un patient, jusqu'au jour où Driss entre dans sa maison, entre dans sa vie.
Les 2 premières strophes font mal, et montrent que tout soigneur n'a pas forcément la main sur le coeur ( faute de temps souvent ) et la dernière partie resplendit à travers le portrait de " Elle " que l'on aime sans la connaître ! " Les mots pour le dire " sans emphase ", et chaque ligne " elle a cicatrisé l'indifférence "...magnifique !
j'ai un ami dans cette situation pour qui j'écrivis un poème, ici refusé de parution... ça lui aurait fait tellement plaisir !
papipoète

   Donaldo75   
28/3/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

J'ai bien aimé ce poème. Il ne tombe pas dans la facilité et utilise intelligemment des images pas forcément agréables à visualiser pour un lecteur de poésie. Le fond - d'ordinaire, je n'en parle pas vraiment dans mes commentaires mais là comment procéder autrement, comment passer à côté sans perdre l'essence même du texte ? - est réellement exposé, sans fioritures stylistiques; il nous pointe une réalité que nous ne connaissons pas. La fin est belle et positive; elle apporte une lumière dans un ciel nuageux devenu sombre au fil des vers.

Merci pour le partage.

   Anonyme   
12/4/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Aconcagua,

J'ai aimé cette voix intérieure empreinte de tristesse que vous avez su faire entendre.
J'aime particulièrement aussi ces vers : " Mon corps aussi s'est échoué / sur les rivages de ma naissance " vers qui me semble dire combien cette partition du corps et de l'esprit est terrible.
et le vers " et m'a pris par l'indicible / avec une infinie douceur" .

Vous avez donné une voix à l'indicible justement.

   Provencao   
12/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"Elle a lu les mots dans mes yeux,
elle a cicatrisé l’indifférence,
elle m’a pris par l’indicible
avec une infinie douceur
et je suis devenu,
je suis vivant."


La vérité de la poésie vraie est la vérité de la vie

Belle connaissance de soi, en ces vers crus, sans fioritures.

J'ai beaucoup aimé, cette lumière et vérité qui s’acquièrent par un effort individuel et sincère vers la vérité, que seule " l'infinie douceur" peut confier,

Ai plaisir de vous lire
Cordialement

   Castelmore   
13/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Aconcagua

Intelligence et sensibilité tournées vers les malheurs du monde caractérisent tous vos poèmes.

Celui-ci appartient bien à cette famille qui porte son regard, souvent de façon originale, sur ce que la plupart des gens ne savent tout simplement pas voir ou choisissent d’ignorer...
Les images en sont à la fois simples et profondes,

et je salue les difficultés à la fois littéraire et émotionnelle que vous affrontez à chaque période d’écriture.

Je regrette seulement la longueur des paragraphes qui impose une lecture sans respiration suffisante...

Merci pour le partage

   Hiraeth   
14/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je regrette qu'il n'y ait pas plus de commentaires parce que ce poème est vraiment bon. J'aime surtout les deux premières strophes, notamment l'image de ces mots-cohues et sources de panique qui s'échappent de la voix poétique sans lui appartenir.

J'aurais tendance à dire que la naissance est un naufrage pour tout le monde, mais ce texte m'enjoint à relativiser cette idée. Pour les handicapés, les corps sains semblent avoir déjà repris la mer et sont toujours trop loin pour eux. L'indifférence des autres est d'ailleurs bien décrite et servie par un rythme travaillé du début à la fin.

En lisant ce poème j'ai pensé à celui-ci, écrit en anglais par un poète de la Grande Guerre : https://www.bartleby.com/136/14.html
Le "gobble their muffins and eggs" résonne particulièrement avec le "café bien chaud" ici.

   Melusine   
14/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Toutes les sensations prisent au piège de l'immobilité sont très bien décrites dans ce texte. C'est avec une grande sensibilité que l'auteur témoigne d'une réalité très cruelle.

"il est posé à côté de moi
c’est un objet inutile."

Le rapport aux soignants est également rendu sans concession

"On me manipule avec l’efficacité
des choses bien faites, sans un mot,
l’absence dans le regard."

Ce très beau poème se termine sur une note plus
légère, tout est question de rencontre.

"elle a cicatrisé l’indifférence,
elle m’a pris par l’indicible"

Merci Aconcagua pour cette lecture

   assagui   
15/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour,

l'indifférence en première page avec toutes les images!
D'emblée , vous nous prenez par la main et nous montrez ce quotidien si rude pour Pierre.
Heureusement qu'il existe des êtres de partage.
Opéré l'an passé je me souviens du lendemain, de cette sonnette hors de portée, d'une aide-soignante qui n'avait aucune attention pour nous autres et de ce cri que j'avais fini par pousser pour quelle finisse par venir. Ce sentiment de n'être plus rien qui nous envahit. C'était juste un jour et non un quotidien.
Je me souviens aussi fort heureusement de toutes celles qui m'ont accompagné et de leurs grandes compétences.
j'ai aimé:
"les allures de cohue
sur les rivages de ma naissance
la résistance de la paresse
ses sourires à déserter la peine
pour épeler la tendresse"

et surtout:
"elle a cicatrisé l'indifférence"
bravo!

   Jocelyn   
16/4/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

j'aime bien ce texte. C'est curieux que la petite note de présentation précise ''enfermement dans une image'' parce que c'est la somme de ce que j'ai rencontré tout au long de la lecture. des images. certaines sont fortes ''c'est un objet inutile'' (mon corps), d'autres juste évocatrices ''temps qui balbutie''. Mais ce qui est plus intéressant encore dans ma lecture, c'est le mystère construit autour d'"elle". Celle qui tire le personnage de sa langueur. Est-ce une personne ou juste une image ? Je n'ai pas su trouver, aussi vrai que tout ce que je pourrais supposer ne dépassera jamais le cap de supposition. C'est ce qui fait toute sa force au texte. Autant que ce qui colore notre quotidien, c'est peut être vraiment tout...

   Malitorne   
17/4/2020
modéré: Commentaire hors charte- se référer au point 6 de la charte.

   Zeste   
20/4/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Du trépas à la vie, il y a un regard, celui de l'autre. Beaucoup d'émotion à vous lire, parce que vous la faites passer avec la simplicité de la grandeur d'âme et la marque du talent.
Non seulement j'ai apprécié votre poème mais beaucoup plus que cela; il restera à jamais gravé dans ma mémoire émotionnelle.


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