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Poésie libre
Airjai : Misère
 Publié le 12/04/23  -  7 commentaires  -  1383 caractères  -  131 lectures    Autres textes du même auteur

Nous voici dans les grands combats où les maîtres
seront par terre et la misère traversée. (Guillevic)

Litanies…


Misère



À force de s’user
et de toujours lutter…

À force de sacrifices
et à bout d’artifices…

À force de gémir de crier de gueuler
sans que rien n’ait changé…

À force de nuits sans sommeil
et de matins d’angoisses…

À force de jours tous pareils
qui ne sont que menaces…

Las de se coltiner avec cette garce
qui tous les jours de l’an le regarde en face…

Cette enfant de putain
créée par les humains
qui le prend et l’enlace
l’étouffant dans sa nasse…

Allant les yeux plantés vers d’autres horizons
espérant que l’on comprenne ce qui est sa raison
en laissant dans la peine
tous les êtres qu’il aime
femme enfants
amis et parents
pressé de toutes parts ne sachant où aller
pour tout dire en un mot le voilà « oppressé »
rejetant le présent ne voulant plus d’avenir
il va arrêter là ses mauvais souvenirs.

Égoïstement ?
Courageusement ?
À vous d’en décider !
Moi qui l’ai connu je ne puis le juger !

Lui divorçant de la Vie
de la Mort il s’éprit.

Choisissant de partir pour ces terres de paix
le repos pour son âme il a ainsi trouvé.

MISÈRE !
Tu peux chanter victoire encore une autre fois
le geste de cet Homme c’est à toi qu’il le doit.


 
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   Gemini   
2/4/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
.J'ai pensé aussitôt à "La Mort et le Bûcheron", bien que la morale soit différente de la chute d'ici.

J'ai trouvé le dizain central plus faible que les distiques et quatrains. Je ne sais pas s'il fallait s'étendre, ou sortir de l'ambiance de ce réquisitoire par un vers assez prosaïque : "pour tout dire en un mot le voilà oppressé".
Il contient, de plus, des mots (les deux derniers vers) qui seront reformulés autrement plus loin. Ou alors, le distique "Lui divorçant de la vie / de la Mort il s'éprit." est à supprimer, ce qui serait dommage parce qu'il est bien tourné.

La tournure des "jours de l'an" est trompeuse. N'aurait-il pas mieux valu « tous les jours de l’année » ?

Le procès et le verdict me semblent convenus, mais l'antiphrase "Tu peux chanter victoire.." et le tutoiement de la coupable donnent un ton chargé d'une amère ironie d'où l'on sent sourdre la colère.
Le débat reste ouvert pour savoir si le suicide est un acte de courage ou de lâcheté.

PS : J'aime bien Guillevic qui disait aussi : « Il n’y a pas d’ailleurs où guérir d’ici. »

   jeanphi   
2/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour,

L'expression est formelle, convenue, je trouve ce texte un peu impersonnel. Est-ce une intention ?
Le début est plus animé, une colère contenue qui bouillonne, à force de ... à force de ... beaucoup de poids.
Ensuite :
Sobriété extrême dans l'exposition du suicide d'un proche cela est compréhensible et tient plus de l'apophtegme que du poème. Conscient
de la difficulté du ton dans les éloges funèbres.
Si c'était à faire pour un enterrement je supprimerais l'inversion finale dans cette adresse à la misère, pour moins de grandiloquence et plus compassion, simple avis.

   Geigei   
12/4/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Le propos ne surprend pas par son contenu. Mais je l'ai lu souvent : "Tout a déjà été dit. C'est la forme qui fera la nouveauté." Or, la forme ne surprend pas non plus.
Pour honorable et légitime que soit la colère décrite, je dois avouer que je ne me serais jamais approché du micro du funérarium pour prendre la parole. Ce n'est pas facile de commenter ainsi le départ d'une personne connue.

   Miguel   
13/4/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
"Espérer que" doit êtres suivi de l'indicatif et non du subjonctif.
L'écriture, malgré cette erreur courante, me paraît convenable. Mais encore un texte qui tombe dans le stérile et éculé compassionnel. Si le personnage avait mis sa force ailleurs qu'à "gueuler", peut-être s'en serait-il mieux sorti. Il est toujours possible de compenser un déficit de chance par un surcroît de mérite. Mais, comme dit l'auteur, ne jugeons pas l'homme, on n'est pas à sa place. C'est le poème qui me semble pleurnichard et vainement révolté, car je n'y trouve pas la tonalité pathétique qui aurait mis en valeur le thème et sauvé l'ensemble. Pour la forme poétique : les rimes, quand il n'y a ni mesure ni rythme (il y en a bien, mais c'est aléatoire), n'ont pas trop de raison d'être. L'intention est bonne, mais ce travail ne me semble pas tout à fait à la hauteur des autres poèmes d'Airjai. Mais enfin l'exergue lui-même, bien que de Guillevic, est également un lieu commun, avec son renversement revanchard.

   Passaroun   
15/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Bonjour, ce qui me surprend c’est l’abandon de la litanie qui démarre le poème et le rythme. L’expression passionnée qui s’ensuit est un peu déroutante. Il y a une forme de franchise ici qui m’a fait lire le texte jusqu’au bout. BP

   Anonyme   
17/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Airjai.

Ça n'a rien à voir, mais le titre de ce poème me fait tout de suite penser à Coluche : https://www.youtube.com/watch?v=Clm9HJYQl2I
Ça ne représente évidemment pas ce que le narrateur du texte Misère a écrit, j'espère que ça ne choquera pas trop...

"Sans que rien n’ait changé…" J'aurais préféré : sans que rien ne change, mais dans ce cas, la rime disparaît...

"Cette garce" et "Cette enfant de putain, créée par les humains" ( c'est de la misère dont on parle, non ?) dans ce cas ne faudrait-il pas écrire: qui les prend et les enlace, les étouffant dans sa nasse. (Ai-je mal compris ? Oui, je le crois, mais c'est ce passage que je ne capte pas, ce n'est pas clair du premier coup, un peu confus à mon goût. Après on comprend mieux et l'on s'aperçoit de la mort de cet homme "oppressé".
"Tous les jours de l'an " le narrateur veut parler de tous les jours de l'année et non pas de tous les1er janvier... J'exagère peut-être.
Le thème est abouti, c'est sûr, mais il y a des retouches à faire dans ce texte qui est pourtant si émouvant, vrai et direct : " le geste de cet Homme, c'est à toi qui le doit " MISÈRE. Bravo pour les majuscules sur MISÈRE, Mort et Homme, et veuillez accepter ces quelques menues remarques.
ericboxfrog

   papipoete   
23/4/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Airjai
Misère, bonheur, opulence... trouvez l'intrus !
Si ce n'était pas un terme abject, on pourrait parler d'elle, comme " merveille du monde ", tant elle dure depuis l'aube de l'humanité, sans s'user !
NB confronté à cette " enfant d'putain ", le héros songe qu'elle pourrait disparaitre, s'il venait à mourir en aidant un peu le cours des choses...
Est-ce lâcheté ou courage, d'ici en finir ? vaste débat !
" lui divorçant de la vie, de la mort il s'éprit " est mon passage préféré, au sein de ce texte poignant.
Avec ma petite-fille, en auto, nous chantions à tue-tête :
" misère, misère, c'est sur les pauvres gens
misère, misère, qu'elle tombe tout l'temps
misère... "


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