Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
ALDO : Aurore
 Publié le 27/07/24  -  10 commentaires  -  933 caractères  -  213 lectures    Autres textes du même auteur

Je tiens des lèvres du plus beau songe
le récit d’une nuit…


Aurore



Elle avait voulu voir la mer

et déjà la route étroite se perd
sous des sables, en pente douce vers les eaux.

Un ciel flottait tout au bord,
à son pied, le plancton lumineux

et le nord,
comme un songe soyeux de méduse boréale,
glissait sur nous

et tout
ne voulait que la nuit.


Elle fumait,

la main sur d’invisibles violoncelles
disait le nom d'un Gabriel
Fauré. Les volutes idéales
du vent déplaçaient ses cheveux.
 
Une étoile littorale m’a posé la question de ses yeux.


Là-bas,
prise dans sa vague toujours plus noire d’avancer,
la mer
poussait son cri de jeune fille et de regret.


Plus loin serait le matin,
plus loin le mot aurore,

qu'elle existe semble fragile encore

et demain,

nous restera la stupeur des bêtes.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Polza   
16/7/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Je suis heureux d’être le premier à commenter votre poème. Votre style fait que vous êtes reconnaissable parmi tous les autres oniriens ou oniriennes. Ce n’est pas un reproche, bien au contraire, celui de Cristale l’est presque toujours aussi, mais que peut-on reprocher aux plumes engagées qui nous confrontent si souvent à l’excellence ?

Cela m’oblige à essayer d’être performant dans mes commentaires (sans dénigrer tous les autres textes oniriens, j’essaye toujours de commenter du mieux que je le peux), j’ai comme une dette morale envers vous.

Autant vous le dire tout de suite, depuis que je vous ai dit que ça ne passerait pas toujours, vos poèmes m’ont jusqu’à présent prouvé le contraire. Celui-ci ne déroge pas à la règle !

J’aurais même pu m’arrêter des heures sur l’exergue tant je le trouve magnifique !

Comme je vous l’ai déjà dit, Aurore est symbole de recommencement, de début de cycle… Je ne sais si je le perçois dans votre poème, il ne m’est pas si facile d’accès, et pourtant, je ne sais comment vous faites, mais je suis encore subjugué par l’indicible beauté de vos images.

À quoi comparer cela pour décrire ce que je ressens ?

Un tableau de maître peut-être. Autant le dire tout de suite, je suis une bille en peinture, mais ça ne m’empêche pas d’apprécier certains tableaux quand je vais dans un musée.

Je n’ai aucune idée de la technique employée par l’artiste, je saurais à peine reconnaître une peinture à l’huile d’une aquarelle et pourtant, si je prends un Dalí par exemple (j’ai pu admirer son œuvre pour la première fois il y a des lustres au musée Dalí à Montmartre, j’ai le souvenir d’un petit musée caché dans l’effervescence de ce quartier parisien), je pourrais rester des heures à contempler l’une de ses toiles sans comprendre ce qu’elle signifie. Néanmoins, chaque détail, chaque coup de pinceau, m’évoque des souvenirs d’enfance ou des bouts de vie, des lectures, des films, des musiques, des conversations…

Voilà donc ce que je ressens quand je vous lis, cher A…

« Elle avait voulu voir la mer » on oublie trop souvent que certaines personnes n’ont jamais vu la mer de leur vie. Je ne sais si tel est le cas ici, mais cela peut avoir son
importance, son incidence sur la suite du récit…

« Un ciel flottait tout au bord,/à son pied, le plancton lumineux » non seulement je trouve que vos vers sont « beaux », mais en plus, il y a une recherche ou une connaissance immense dans ces derniers. Je me souviens avoir lu un article sur la bioluminescence il ya quelque temps de cela, c’était fascinant, tout comme le sont vos mots mis bout à bout…

« et le nord,
comme un songe soyeux de méduse boréale,
glissait sur nous

et tout
ne voulait que la nuit. » le nord glisse, il n’est pas une direction, dans la symbolique, le nord est lié la recherche de soi, c’est très intéressant dans le contexte de votre Aurore…

et tout ne voulait que la nuit est simplement divin, ce n’est pas l’ordre des choses naturelles, ce n’est pas la nuit qui arrive parce qu’inévitablement elle doit arriver comme chaque nuit, c’est ce tout qui englobe l’univers ou le cosmos qui ne veut que la nuit, il ne peut en être autrement, elle se trouve désirée, attendue…

« la main sur d’invisibles violoncelles
disait le nom d’un Gabriel
Fauré. » d’invisibles violoncelles est d’une superbe inventivité et beauté, la sonate de Fauré ne l’est pas moins !

« Une étoile littorale m’a posé la question de ses yeux. » c’est tout simplement hallucinant. Cette phrase est isolée des autres, elle n’a aucun début ni aucune suite, et pourtant, c’est peut-être la phrase centrale de ce poème. On dit que l’on reconnaît une personne à la couleur, à la forme de ses yeux, que cela ne change pratiquement pas de sa naissance à sa mort… aussi, en tenant compte de ce paramètre, l’étoile pose une question existentielle, « qui es-tu réellement, comment puis-je te reconnaître ? » « Tes yeux disent-ils la vérité (ne changent-ils jamais) ou ne sont-ils qu’un mensonge permanent et changeant ? »

« Là-bas,
prise dans sa vague toujours plus noire d’avancer,
la mer
poussait son cri de jeune fille et de regret. » encore une fois, les éléments ne sont pas de simples éléments, ils ont une âme, la mer pousse un cri, elle est vivante, bien sûr qu’elle est vivante la mer !

« Plus loin serait le matin,
plus loin le mot aurore,

qu’elle existe semble fragile encore

et demain,

nous restera la stupeur des bêtes. » je me questionne et me triture les méninges sur ce passage, mais je ne m’en plains pas. Finalement, elle avait voulu voir la mer, mais c’est la stupeur des bêtes qui restera. La stupeur de quoi, cela reste en suspend. Le lecteur parfois pessimiste que je suis pourrait penser à une femme qui veut voir la mer pour y vivre ses derniers instants et démarrer un nouveau cycle.

« qu’elle existe semble fragile encore » prendrait alors tout son sens, comme si « et demain, » elle ne sera plus là, plus de ce monde et qu’il ne restera que « la stupeur des bêtes. »…

Franchement, je ne sais pas, mais j’espère sincèrement que mon commentaire aura été à la hauteur de votre poésie…

Mais si tel n’était pas le cas, j’espère au moins que vous ne m’en voudrez pas de m’être un peu plus lâché que d’habitude dans mon commentaire. Si ce n’est peut-être pas réussi autant que vous l’espériez pour un commentaire, j’ai fait presque au maximum de mes capacités poétiques et intellectuelles, ne m’en veuillez donc pas…

Polza en EL

   Cyrill   
23/7/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ma première impression, un peu brute de décoffrage : ça envoie du bois !
Mais je laisse vite tomber les expressions toutes faites parce que votre poème, justement, n’a absolument rien qui fasse penser à un genre, il ne semble pas tissé sur un métier que je connaisse. Je rencontre des formules merveilleuses, comme « Une étoile littorale m’a posé la question de ses yeux. » ou «sa vague toujours plus noire d’avancer », et j’en passe comme le dernier vers.  
Je lis une écriture précise où chaque mot me semble pesé sans que le labeur se sente. Je vois un tableau se désorganiser, à la limite de l'absurde et qui bouscule les éléments, les personnifie.
Ça me suffit comme compréhension de votre poème, il arde son aura de mystère qui n’appartient sans doute qu’à l’auteur. De mon côté, celui du lecteur, j’engrange de l’imaginaire, et votre ambition d’écriture sert mes songes. Merci et bravo !

   Donaldo75   
23/7/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Du libre bien inspiré, avec un découpage agréable à la lecture. En tant que lecteur, je vois bien ce que la poésie m’amène à imaginer. Les images sont prenantes sans devenir lourdes. Le vers de fin termine en véritable point d’orgue. C’est réussi, indéniablement. J’ai passé un très bon moment de lecture.

   Eskisse   
27/7/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Aldo,

Il se dégage de ce poème une musique aquatique lestée de gravité. Les mots sont des perles mêlées.

J'aime par exemple les effets de glissement lexicaux comme " les volutes idéales" qui rappelle plus haut " fumait" et " méduse boréale" qui rappelle Aurore.

Sont utilisés des verbes de mouvement : " se perd", " flottait", " glissait" qui marquent la légèreté et sont peu à peu remplacés par des verbes de parole. La nature s'anime avec la jeune femme.

La lumière du plancton fait de la protagoniste une sorte de fée des
commencements tant les éléments s'inspirent autour d'elle.

Le joyau: " Une étoile littorale m’a posé la question de ses yeux."
J'ai lu ce vers de deux manières : " ses yeux" à Aurore / et une lecture plus surréaliste " ses yeux" , ceux de l'étoile littorale !
Dans les deux cas, il y a quelque chose d'évanescent dans la formule : il y a mille questions dans la question.

Je maintiens mon qualificatif de " envoûtante" pour votre poésie car elle se perçoit par les sensations et non par l'entendement.

   Provencao   
27/7/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour ALDO,.


J'ai beaucoup aimé ce secret envoûtant qui consiste à forger le mystère du libre arbitre et de la finalité et à hypostasier ce mystère, en une pensée sublime, dont l'entendement est à l'image de celle de l'homme

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
27/7/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour ALDO
" Elle avait voulu voir la mer... " un peu à la façon Brel, quand il citait Vesoul, Honfleur... comme toujours.
mais le clin d'oeil s'arrête là, dans ces vers libres, que notre poète distille par petites touches, sur une partition à la musique du sac et ressac marin.
NB je ne suis pas maître Es libre, mais je trouve ce récit éthéré, ponctué une fois nouvelle, et chantant comme la musique d'un orchestre de chambre jouant pianissimo.
la strophe
" la main sur d'invisibles..." a ma préférence.
Je pense que tel haïku, ce genre " Aurore " doit se lire, comme dite par un mime Marceau.

   Rosaura   
29/7/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour ALDO,

Un précieux poème que j’aurais du mal à commenter tant je le trouve évanescent au bord du matin mais encore flottant dans la nuit.
Il dit les lieux qui se confondent où rien ne stagne. Il chante le visage de la mer qui épouse celui d’une jeune fille, le flux aérien de la nuit qui progresse vers l’aurore. Il suggère l’alchimie du ciel et de la mer pour faire éclore la beauté du paysage en devenir où se fondent des volutes de ciel en méduse boréale avec la mélodie d’un Gabriel Fauré…
Pour moi l’un de vos plus beaux poèmes où l’on glisse de bout en bout avec fluidité vers l’aurore. Une échappée diffusant une nuit qui se retire doucement et instillant la fragilité d’un songe de mer qui s’épanouit vers le matin. Le regret de la nuit..., de la mer et le matin qui gagne sur la nuit…

Je suis émue en le lisant et relisant. Un cadeau.

   Hiraeth   
29/7/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je n'ai pas grand chose à ajouter aux commentaires, mais je vais tout de même y aller de ma petite appréciation.

Merci pour ce nouveau poème saisissant et réjouissant, sans rien qui pèse ou qui pose comme dit l'autre, qui nous livre son énigme sous un beau voile et nous fait voyager au bord de cette mer nocturne au cri de jeune fille et de regret (très beau vers qui fleure bon Ovide).

J'adore le dernier vers, d'ailleurs il décrit bien l'état dans lequel je me trouve après m'être enivré de votre mystérieuse poésie.

Je ne sens plus trop Saint John Perse, vous vous êtes douché à quoi pour faire partir l'odeur ?

   solinga   
31/7/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Splendide !

Chaque vers est moiré d'une infinité de nuances et palpite de rêveries visionnaires.

Une véritable envolée sensorielle... avec une chute admirable, après les phosporescences évanescentes du bord de mer.

On en sort tout empli des rumeurs de la houle et traversé de mille froissements de lumière.

   Keanu   
1/8/2024
Bonjour ALDO,

Voilà quelque temps que je vous lis en silence, souvent séduit voire impressionné par votre poésie aux allures d’invocation ou de prière, peuplée de figures d’un autre temps ou plutôt hors du temps, plus célestes que mondaines, immémoriales et pourtant évanescentes comme le souvenir, qui semblent appartenir à une sorte de mythologie personnelle et que j'imagine défiler en procession, enveloppées par une musique d'opéra. Je ne doute pas que des traces d’intimité incarnée et particulière se camouflent derrière les grandes et diaphanes allégories qui gravitent dans votre univers ; on les devine, vêtues par le voile du poème. Je regrette seulement que l’onirisme cérémonieux qui caractérise à mon sens votre écriture se fasse parfois suranné, frôle le pompeux ou verse à l’excès dans le symbolisme, comme si l’esthétique devenait par moments gratuite et hors sol, se nourrissant goulûment d’elle-même, peignant les murs à l’aveugle, enfermée dans sa crypte. Ici, par exemple, je suis subjugué par la force d’évocation des premières lignes (jusqu'à « et tout/ne voulait que la nuit ») qui, tout en pudeur et retenue, avec douceur et gravité, à la fois sur la pointe des pieds et comme une cloche d’église faisant vibrer l’air du soir, peignent une situation concrète (le désir de voir la mer, la route qui descend vers elle), pour mieux déployer ensuite des images à la fois sensorielles et sensuelles, filamenteuses, notamment le magnifique « et le nord,/comme un songe soyeux de méduse boréale,/glissait sur nous ». Ce n’est pas que la suite me déplaît, c’est qu’elle me plaît moins : je comprends qu’il s’agit de gagner en intensité, de pénétrer le cœur de cette nuit maritime et septentrionale, le cœur lyrique de cette partition, mais le lexique, le choix des mots (« invisibles violoncelles », « Gabrielle Fauré », « volutes idéales », « [une étoile littorale] m'a posé la question de ses yeux », « son cri de jeune fille et de regret ») me paraît soudain d’une mélancolie désuète et figée, assez grandiloquente ou apprêtée, pesamment dramatique, comme si on s’envolait trop vite et trop haut vers des images cosmiques et éthérées et que l’on perdait ainsi ce qui fait pour moi le sel de la mer et de la poésie — son appartenance à la chair du monde, à la densité et à la pesanteur du réel. Je comprends absolument les sentiments océaniques, d'élévation spirituelle ou de mystique sauvage, mais personnellement, je suis une créature de la boue, non pas du ciel, alors tant qu’à chanter dans ma liturgie le prénom des astres, je préfère que ce soit en gardant les genoux bien ensablés ; dans ce cadre, les volutes de la cigarette, pour moi, ne sont surtout pas idéales, et la main qui la tient n'a pas grand-chose à voir avec des violoncelles. J’apprécie toutefois en ce sens que la fin du poème nous ramène, comme la marée à l’aube, à « la stupeur des bêtes » — belle expression ! Ce n’est bien sûr que mon point de vue, et il demeure marginal dans mon appréciation globale de votre poésie, souvent sobre et brillante, d’une remarquable délicatesse. Merci beaucoup.


Oniris Copyright © 2007-2023