Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
ALDO : Colline
 Publié le 25/06/24  -  11 commentaires  -  1130 caractères  -  284 lectures    Autres textes du même auteur

Nous serons à jamais les acteurs d’une geste très ancienne.


Colline



Colline est le nom que les gens de ce pays donnent à la nuit.

On dit qu’elle n’est venue qu’une seule fois.

Les vents noirs chasseurs d’insectes l’annonçaient,
un cercle de feu sur le sable l’attendait
et sa flamme se reflète, vivante encore, sur de nombreux visages.

De danser, dans l’ivresse, nous ne savons pas le froid qui s’approche.
Quand il pose sa main sur nos épaules,
il est tard,

nous regardons le soir.

Le vent les songes se taisent,
le musicien s’avance, au masque de tristesse
et s’élève

la grande prière du monde sur son aile de grillon…



Elle portait une veste et c’était peut-être la mienne.



Maintenant que la voiture roule des chemins de sel,
bordés d’une étoile nouvelle
nous longeons la nuit, ou bien plutôt c’est Elle
qui semble nous longer

et ses doigts, pareils aux doigts glacés des eaux arctiques,
relèvent sa jupe.

Là, plus avant sur la route, dans la lumière des phares,
un grand cheval blanc nous regardait.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Polza   
12/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Je trouve que l’exergue donne de l’ampleur au récit, elle annonce quelque chose d’immuable.

J’ai eu l’impression d’être un soir de veillée au coin du feu, un peu comme Tom Hanks dans Cloud Atlas qui raconte une histoire dont je ne saisis pas entièrement le sens, mais qui est empli d’une gravité profonde m’obligeant à être captivé.

Je lis souvent de la poésie qui m’apparaît parfois hermétique sur Oniris, je ne la commente pas toujours.

Je ne sais pas ce qui fait que cela casse ou cela passe pour moi, mais cette fois-ci ça passe sans que je puisse expliquer pourquoi en détail.

Après tout, tout ce que je comprends n’est pas forcément poésie (selon mes propres critères, loin de moi la prétention de dire ce qui est poétique ou pas) et tout ce que je ne comprends pas l’est tout de même parfois (toujours selon mes propres critères).

J’ai apprécié les nombreuses images, elles sont percutantes.

« Maintenant que la voiture roule des chemins de sel,/bordés d’une étoile nouvelle/
nous longeons la nuit, ou bien plutôt c’est Elle/
qui semble nous longer » dans ce passage, j’ai eu le sentiment qu’il manquait le mot sur pour que l’ensemble soit cohérent. « Maintenant que la voiture roule sur des chemins de sel » ne m’aurait posé aucun problème.

« Là, plus avant sur la route, dans la lumière des phares,/un grand cheval blanc nous regardait. » Le cheval (blanc) est un animal d’un grand symbolisme, je ne sais pas ce que cette fin annonce et je ne souhaite pas me triturer les méninges afin de comprendre le comment et le pourquoi. On peut aimer Lynch sans pour autant tout comprendre à ses films.

L’exercice (le poème) est réussi en ce qui me concerne, mais je ne me laisserai peut-être pas toujours autant séduire par un récit que je trouve abscons malgré tout…

Polza en EL

   papipoete   
25/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour ALDO
même si je suis loin de votre idée, je peux écrire un scénario sur ces lignes qui évoquent un événement extraordinaire, qui vint horrifier les habitants de cet endroit que j'imagine dans quelque désert, traversé par une route 66 ou trans-amazoniènne.
NB sur un cheval blanc, la " chose " , ( une cavalière à priori, blonde peut-être ) après avoir tétanisé la population, s'en va mais en même temps est là, qui suit toute marche, toute odyssée.
ça fout la trouille, mais pas tant que les élections qui s'annoncent, avec tous ces " chevaliers de l'apocalypse " et leur sourire qui glace les sangs !
l'avant dernière strophe fait hérisser les poils à souhait !

   EtienneNorvins   
25/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je serai donc cette fois-ci plus chien que vache :)). Car je n'ai pas vu passer votre texte en EL !!

« Colline » et non « Coline » : pour la première fois dans votre série de portraits, un nom commun ? Avec un Adret et un Ubac, une face sombre et une autre plus lumineuse ? Le texte oscille ensuite entre ‘nuit’ et ‘étoile’, ‘vents noirs’ et ‘cercle de feu’. Ou est-ce une allusion à la pente d’Héraclite, qui n’est pas la même selon qu’on la monte ou qu’on la descend ?

Ou faut-il y voir la francisation de Colleen – dont on trouve une origine tantôt gaélique (‘barbare’ donc), tantôt grecque (‘civilisée’)… Cailean, ‘jeune enfant’, ou (Ni)kos Laios, ‘victoire du peuple’ ? Dans les deux cas, une résonance fonctionne, confusément – et c’est là tout le charme à nouveau ensorcelant de votre poème, que cette capacité à entrer en réson / raison à la Ponge… Comme un caillou jeté, invisible au lecteur sinon par les cercles qu’il dessine à la surface d’une eau…

Toujours est-il que dès le premier vers, une équation est posée : cette Colline = le nom de la nuit dans une contrée dont on ignore le nom, comme on ignore celui de la Ville de Ludovic – alors qu’on sait ‘de Sophia’ le jardin de Romuald

Cette nuit, un ‘on-dit’ affirme qu’elle n’est venue qu’une seule fois (vers 2). Elle prend au vers 17 une majuscule (« c’est Elle »), ce qui tend à renforcer son unicité. Entre temps, elle a été associée au froid (v.6) d’une main (v.7), répétés comme par symétrie au vers 19 («  ses doigts, pareils aux doigts glacés des eaux arctiques »). Faut-il développer l’équation : Colline = Nuit = Mort ?

Et filer vers un ‘Dasein’ (l’« être-là » d’Heidegger) qui est aussi un ‘Sein zum Tode’ (« être pour la mort ») ? Indubitablement, les vers 3 à 13 semblent évoquer cette fatalité qui s’abat sur des « nous » trop ‘frivoles’ (« De danser, dans l’ivresse »…) et qu’un nouvel effet de symétrie semble confirmer (vers 17 à 20) avec une dimension érotico-morbide.

L’axe de symétrie serait alors le vers 14, en effet très nettement détaché par le mise en page, et qui pose une identité possible entre « Elle » (Colline) et le locuteur par le biais de cette ‘veste’ – qui est ‘habit’, ce qui enveloppe (comme au vers 17-18) ou déesse du foyer (« cercle de feu » / « flamme », des vers 4 et 5) ?

Va-t-on irrémédiablement vers un cauchemar – ce cheval blanc du dernier vers, qui évoque une ‘Night / Mare’ (littéralement : Jument Nocturne) à la Füssli ?

Peut-être. Pourtant, une autre voie que ces « chemins de sel » que roulent (comme absurdement un hamster dans sa cage ?) une machine (« voiture ») semble ouverte : vers la « prière » sans qu’on sache exactement à qui appartient cette « aile de grillon » (à la prière ou au monde ?) … qui fait écho à une célèbre cigale elle aussi musicienne (v.11) ? Cette prière devient-elle l’« étoile nouvelle » (v.16) qui offre une possible bifurcation hors des « chemins de sel » ?

Ce « sel » et cette atmosphère ‘eschatologique’ appellent la femme de Loth ou de Lût, et la catastrophe de Sodome et Gomorrhe près de la Mer Morte ; ou le Great Salt Lake, autre lieu « prophétique ».

Or prophétie il semble y avoir – vers 3 à 5 : ne lit-on pas que Jean le Baptiste, ce prophète ‘noir’ qui prêche dans le désert, se nourrit d’insectes ? Et ce cercle de feu dont la flamme ne meurt pas ? Et cette nuit qui « n’est venue qu’une seule fois » - allusion à l' "événement pascal" et raison pour laquelle le texte oscille entre le temps passé et le temps présent (très nettement marqué au début du vers 15) ?

Un autre axe de symétrie s’offre alors : vers 14 … et 13. « Elle » peut grammaticalement être « la grande prière » - et le grillon est également proche des « sauterelles » de Mathieu, 4, 3 ? Pour cela, il faut que « le vent les songes se taisent » et qu’une tristesse soit visible (v.11), assumée ?

Les effets de symétrie relevés suggérent alors que le texte se dédouble, offrant des sentiers « qui bifurquent » quelque part autour du vers 14 – l’un vers l’« être pour la mort », l’autre vers « Mort où est ta victoire ? »

On hésite. Car le texte demeure obstinément nocturne : l’adret de la colline n’est suggéré que par le mot colline… Nul matin n’est ici évoqué : seule une flamme, certes « vivante encore », mais… Le vers 13 appelle en moi « Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir », où il n’est peut être plus d’hostie à déposer.

Et le texte entier : l’Abschied final du Chant de la Terre de Mahler : ce long coda laissant en suspens toute conclusion d'ordre terrestre sur des paroles du compositeur « la Terre adorée, partout, fleurit au printemps et reverdit : partout, toujours, l'horizon bleu luira ! Éternellement... Éternellement... » - cet Eternellement (Ewig) repris sept fois au son du célesta. (je cite ici Wikipedia).

Merci Aldo pour tant de richesse partagée !

   Cristale   
25/6/2024
Je suis désolée ALDO de n'avoir rien compris de votre poème.
Lu et relu maintes fois, le sens m'échappe.
Il y a de jolis mots mais leur assemblage me reste hermétique, trop pour que la voix qui les porte m'envahisse de poésie.
Une autre fois sans doute sur vos lignes.

   Provencao   
25/6/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Bonjour Aldo,

j'ai eu la nette impression de lire des poésies de Mallarmé où la problématique du sens ne se présente et ne se pose comme telle. Beaucoup de noirceur voire même une obscurité.
J' ai eu beaucoup de difficultés à y rencontrer le sens de la poésie.

"maintenant que la voiture roule des chemins de sel,
bordés d’une étoile nouvelle
nous longeons la nuit, ou bien plutôt c’est Elle
qui semble nous longer..."

J'ai hâte de lire et découvrir le sens véritable donné à votre poème.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Robot   
25/6/2024
Surréalisme ? Hermétisme récitatif ? Phraséologie de l'obscurité ? Nonsense ?
Je n'ai rien compris mais, qu'est-ce que c'est beau !

   Myndie   
26/6/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Aldo,
je viens de lire un poème dont l'intensité poétique m'a emportée bien loin.
L'incipit interroge autant qu'il est promesse et dès le premier vers s'ouvre à moi tout un univers qui m'est cher, vibrant de sensations; un univers qui exerce sur moi la même attraction que le cinéma de David Lynch, à qui Polza faisait aussi référence. Ce même Lynch qui a dit qu' « On n’est pas obligé de comprendre pour aimer. Ce qu’il faut, c’est rêver.”
Et bien voilà, c'est ce pouvoir qu'a votre poésie, elle fait rêver et c'est pourquoi je l'apprécie vraiment beaucoup.

C'est comme si une à une, chaque image devait tout dire et ne rien communiquer ; pour qu'on n'en retienne que l'émotion qu'elle procure et qu'on se l'approprie.
Que de belles choses dans vos vers ! Que de fausses pistes, d'enchantements, de trouble et d'élégance !
Comment choisir ? Il faudrait recopier tout le poème.
J'aime vos « vents noirs chasseurs d'insectes », vos « chemins de sel » bordés d'étoiles, et surtout, j'aime vos nuits quand elles s'appellent » « Colline ».

En d'autres temps, j'aurais gratifié votre poème d'un « passionnément++ »
Myndie

   Eskisse   
28/6/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

Voilà ce que m'inspire votre poésie, ondulante et légère, intrigante et ailée : elle me rappelle La Nuit de Claude Roy
Votre poésie n'est pas rémanente après ma lecture ( peut-être me manque-t-il de la musicalité) mais elle est présente à chaque lecture.

   Yannblev   
30/6/2024
Bonjour Aldo,

Cette geste est donc très ancienne ? et ses acteurs aussi sans doute. En tous les cas elle est évoquée avec un certain style et une ardeur épistolaire qui porterait vers une espèce de quatrième dimension assez éloignée des évocations lyriques du moyen-âge, celui de la geste…
j’ai compris tous les mots, j’ai entendu toutes les phrases, j’ai vu les images proposées parfois épiques selon la loi du genre geste mais pour la dimension quatrième j’avoue être resté à la fin sur ma faim. Sauf bien sûr à me poser cette question : « mais de quoi s’agit-il au juste ? ».
Je relirai, peut-être, plus tard… à tête reposée et mieux disposée.

   Chlo   
7/7/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un poème à la frontière du mystique, qui convoque tant la symbiose avec la nuit et le monde que des images, à l'instar du cheval de la fin du poème, si inattendues qu'elles en paraissent fantomatiques. Un voyage dans une réalité aussi connue qu'étrangère car étrange. Tout ça fonctionne avec brio dans un très bel exercice d'équilibriste aux mille écueils possibles. Merci, et bravo.

   solinga   
11/7/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Des paysages aux bras grands ouverts, comme ceux de Giono. On est pris par une immensité d'étoiles, entre terre et songe.


Oniris Copyright © 2007-2023