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Poésie en prose
AnGer : Bouteilles de mots
 Publié le 11/11/07  -  4 commentaires  -  1576 caractères  -  44 lectures    Autres textes du même auteur

Parce qu'écrire finit toujours par se faner dans une page.


Bouteilles de mots



Elle met souvent ses vendanges de verbes dans l’écru de sa page, enfouis dans les profondeurs d’une cave, les maux mis en bouteilles reposent. Dans le pourpre de leur timide coût, l’heure qui passe ne tache pas la robe de ses lignes.

Parfum âpre qui enroule une langue sur une saveur inconnue, tourne les lettres dans la candeur d’une bouche fraîche, le fruit de sa raison ne pousse que dans les tableaux d’alphabets, A, elle compose, B, s’impose, C, la décompose, si loin, si près. Elle contemple les rangées de ses maux, flacons de lettres disparates qu’elle met en émotion pour se séparer de ses suffocations passées ou à venir.

Quand, dépassée, enivrée de ces vapeurs suggérées, elle débouche d’un doigt tremblant un millésime ancien, plein d’arrogance, soupçon de souffrance, elle fait chambrer dans la courbe d’un verre, le nectar humide d’un autre cru, distillé par son cœur, pressé par son regard.

Elle écrit de ce qui ne parle pas, elle parle de ce qui ne s’écrit pas, juste pour emplir ses bouteilles de mots, les placer dans la pénombre d’une cave, et parfois, parfois, les jeter dans l’oubli sans raison, elle replie alors l'évaporation de cette saveur contre les jambes de ses maux.

Elle parcourt les vignes de ces cécités à venir, grave, elle met le grain de ces pages dans le pressoir de sa plume, coule le breuvage coloré de ses boucles d'écrits pour lui, pourtant si proche, si loin, elle recouvre l'écru sans âge de cette écriture fragmentée, et le dépôt de son cœur se forme sur ses feuilles de vie…


 
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   nico84   
11/11/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le vocabulaire du vin est une bonne idée même si je ne suis pas fan d'alcool, il se dégage de ton texte une originalité, un bon mélange d'odeurs, de parfums qui nous enivre imodérément.

   clementine   
20/11/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
La parabole est belle, les images volent et les odeurs s'exhalent.
Tous ces écrits, ces non dits, ces silences ne trouvant leur écho que dans l'encre du stylo.
Ces feuilles bleuies, enfouies au fond d'un tiroir, au fond de notre mémoire.
Sentiments oubliés, niés, dénigrés.
Ta prose et évidente et je l'ai apprécié.

   Anonyme   
30/5/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Le titre m'a séduit, et tout l'écrit plus encore. C'est très judicieusement avec beaucoup de subtilité, un texte a savouré sans modération.

Je vous ai lu et relu, c'est un vraiment un texte bien délicatement posé où chaque mot est à sa place. Ce qui rend ce texte étonnant, c'est la manière de voir s'emboiter les mots les uns avec les autres, avec une dextérité sans pareil. Je m'attache à ces mots-ci :

" Elle écrit de ce qui ne parle pas, elle parle de ce qui ne s’écrit pas, juste pour emplir ses bouteilles de mots, les placer dans la pénombre d’une cave, et parfois, parfois, les jeter dans l’oubli sans raison, elle replie alors l'évaporation de cette saveur contre les jambes de ses maux. "

Et puis ces mots-là :

" Elle parcourt les vignes de ces cécités à venir, grave, elle met le grain de ces pages dans le pressoir de sa plume, coule le breuvage coloré de ses boucles d'écrits pour lui, pourtant si proche, si loin, elle recouvre l'écru sans âge de cette écriture fragmentée, et le dépôt de son cœur se forme sur ses feuilles de vie… "

Je crois que je vais finir par citer tout ce texte, tellement il m'a subjugué. C'est une petite merveille.

   Asrya   
13/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un excellent texte bien savoureux.
On sentirait presque les arômes du vin et le développement de la vigne à travers vos lignes.
Le lien entre la nature et l'écriture ; un beau parallèle entre saveurs d'une boisson et celles d'un écrit.
J'ai beaucoup aimé la délicatesse de vos mots, justes, qui sonnent une mélodie bien agréable.
Le passage " le fruit de sa raison ne pousse que dans les tableaux d’alphabets, A, elle compose, B, s’impose, C, la décompose, si loin, si près." est rudement bien lové dans cette prose.
Je me suis délecté du breuvage de votre poésie,
Merci,
Au plaisir de vous lire à nouveau,
Asrya.


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