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Poésie néo-classique
Angieblue : La belle au flambeau [concours]
 Publié le 29/09/20  -  15 commentaires  -  1345 caractères  -  287 lectures    Autres textes du même auteur

Thème : Demande à la poussière.


La belle au flambeau [concours]



Ce texte est une participation au concours n°29 : Histoire de tombes et poésie de poussière...
(informations sur ce concours).





Dans les caveaux obscurs d'un profond souterrain,
Tu condamnas ton âme aux éternelles flammes.
Désirant posséder la plus belle des femmes,
Tu passas un contrat, le signant sur l'airain.

Muni d'un parchemin, surgit de l'Achéron
Ton serviteur déchu te couvrant de promesses.
Sous ses ailes noircies, tu ne vis pas les tresses
De serpents emmêlés qui rampaient sur son tronc.

D'un baiser sépulcral, au cœur du cimetière,
Tu séduisis ta proie en faux prince charmant.
Tu lui pris sa vertu sous l'œil d'un chat-huant,
Et la belle expira dans son linceul de pierre.

Elle revint le soir, s'éclairant d'un flambeau,
Arroser de ses pleurs les fleurs des sépultures.
Tu l'aperçus parfois, au creux de tes luxures,
Te dévorant les yeux sous les traits d'un corbeau.

À l'heure du paiement, lors de ta mise en bière,
Des éclairs courroucés frappèrent ton tombeau.
Tu requis le pardon de la belle au flambeau,
Le spectre répondit : « Demande à la poussière ! »


 
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   Anonyme   
8/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Saisissant ! J'ai beaucoup aimé cette ambiance gothique à souhait servie par une forme classique à première vue impeccable, sauf éventuellement la rime Achéron/tronc à cause des consonnes terminales. Peut-être un peu trop d'adjectifs à mon goût, une facilité pour donner de l'emphase, mais enfin c'est dans le ton.
En relisant, je me rends compte que ce sont les deux premiers quatrains qui "saturent" en adjectifs : sept pour huit vers. Je pense que si vous aviez continué sur cette voie, entre les caveaux obscurs et les souterrains profonds mon radar à clichés aurait fini par réagir, mais les quatrains suivants se placent dans l'action et on cesse d'avoir près d'un qualificatif par vers ; un grand progrès à mes yeux.

Une mention pour la rime charmant/chat-huant !

   pieralun   
28/10/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte où le classique semble avoir été respecté, et le rythme, la musique sonnent agréablement.

En revanche, bien des rimes m’ont parue forcées et rendent le poème un compréhensible par endroits :
- signer un contrat sur « l’airain » ??? Si ce n’est pour rimer avec souterrain..
- sous l’œil d’un chat-huant ???????? sérieux ?????
- te dévorant les yeux sous les traits d’un corbeau ( vous avez vu beaucoup de corbeaux dans la mythologie s’attaque à la chair humaine ?
Je suis désolé, c’est personnel, mais ce dictat des rimes m’a gâché le plaisir de la lecture

Après un échange avec l’auteur, je reconnais avoir trop abîmé l’évaluation de ce texte, et je ne fais que réparer mon erreur en réévaluant.

   Gabrielle   
10/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une très belle invitation à entrer dans les obscurs caveaux d'un souterrain menant vers un grand précipice...

Un texte magnifique qui relate un pacte signé outre tombe.

L'auteur nous renvoie sur un extrait relevant du prestigieux.

L'identification au personnage cité dans le texte se fait automatiquement et le lecteur se voit propulsé dans le monde des ténèbres avec pour seule consolation un présent dont il doit payer le prix.

Une magnifique plaidoirie pour la poésie classique si bien menée...

Au plaisir de vous lire...

   Ioledane   
11/9/2020
 a aimé ce texte 
Bien
"Sous ses ailes noircies, tu ne vis pas les tresses" : aïe ! Cet alexandrin ne respecte pas la prosodie classique, avec le e de "noircies". De même je pense que la rime interne du deuxième vers ne serait pas très bien vue en classique. Mais tout cela passerait parfaitement dans une autre catégorie.

Bon, ce texte est rempli de clichés du genre : caveaux obscurs, profond souterrain, éternelles flammes, linceul de pierre ... Mais c'est tellement bien écrit, avec élan et fluidité, que ces facilités se font un peu oublier.

D'autres images sont plus originales, comme celle des tresses de serpents, très bien trouvée et dont l'effet à la rime, avec ce rejet, est agréablement surprenant.

Quelques étrangetés à mes yeux :
- L'airain : curieuse matière pour déposer une signature
- "Tu l'aperçus (...) te dévorant les yeux" : j'ai du mal à"visualiser" l'image pour le coup.

Je ne suis pas vraiment amateur du genre (et je n'ai pas lu les informations sur le concours, honte à moi !) mais malgré tous les poncifs, j'ai bien aimé ma lecture.

   papipoete   
29/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour
dans le monde des sépultures, un faux prince-charmant met à mort sous son étreinte de vampire, la Belle qui rêvait, l'attendait depuis si longtemps ; elle reviendra le hanter jusqu'à la nuit des temps !
NB un poème que put susurrer Mylène Farmer, sur une musique envoûtante... Un mélange de Belle au bois dormant et de Draccula qui fait froid dans le dos.
Un récit bien imagé ( pas pour les enfants ! )
La 2e strophe ( sous les ailes noircies... ) on tremble de lire la suite, et cette " tresse de serpents..." fait monter l'angoisse.
la 4e strophe est ma préférée ( et pourtant je défends la cause des corbeaux ! )
l'ultime ligne illustre parfaitement le thème du concours !
dans la 3e strophe, au 3e vers j'aurais préféré " lui prenant ... "
mais les dodécasyllabes tout de noir vêtus, servent leur maître de belle façon !

   Myo   
29/9/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Une atmosphère glauque et obscure.
Un pacte avec le diable, un baiser mortel tel celui d'un vampire.

La fin m'échappe, les corbeaux, les sépultures, le spectre, le cimetière, les caveaux ... ça fait beaucoup de lieux communs pour le genre.

Je suis un peu embêtée par le 1er vers du dernier quatrain.
Personnellement, je prononce naturellement "paiement" en 3 syllabes avec le rythme du classique .... ce qui me fait un vers de 13 pieds.

Je ne suis pas séduite par ce charme maléfique ... mais la forme est travaillée et presque parfaite.

   Robot   
30/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voilà un poème qui a su se saisir du thème pour sortir de la convention habituelle de ce qu'offre trop souvent les textes classiques ou néo.
J'ai apprécié que ce texte néo à l'écriture fluide se garde des prononciations désuètes du classique, par exemple que paie/ment soit ici en deux syllabes comme il est d'usage à présent. Il est bien peu de personnes dans le langage courant qui dise : "je vous apporte mon pai-heu-ment"

Une sorte de conte étrange, dans le genre de la fantaisie fantastique. Une histoire terminée par un quatrain et un vers qui laisse le lecteur à son imagination sans lui imposer une conclusion.

J'ai passé un bon moment de lecture.

   Lulu   
3/10/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour,

J'ai beaucoup aimé ce texte qui permet peut-être d'exorciser certaines peurs... celles qu'on a parfois. En tout cas, le poème m'a parlé.

J'ai trouvé qu'il y avait un bel imaginaire et de belles images, y compris celles de ces serpents sur le tronc, moi qui détestent les serpents.

Les deux premiers vers m'ont plu au point de prendre le temps de les relire avant d'entrer vraiment dans le poème.

Le rythme des vers est intéressant, car il instaure une ambiance recherchée et que l'on ressent très bien à la lecture. Une phrase ; deux vers. Ainsi, tout au long du poème. Un rythme qui accentue cette impression de condamnation.

Le troisième quatrain m'a beaucoup plu. J'ai particulièrement aimé l'image du "linceul de pierre".

Le mot "luxures" m'a surprise, mais l'image du corbeau est magnifique et je l'y rattache, finalement, pour son côté apparent.

J'ai été toutefois étonnée de façon un peu négative par le mot "paiement" qui sonne vraiment comme "paiement des impôts" ou "paiement de telle facture", soit comme provenant d'un autre contexte que celui que l'on imagine dans le poème où l'atmosphère est à la fois fictive, imaginaire et loin de ces petites choses concrètes de la vie quotidienne.

Le poème se clôt sur les mots du thème de façon intéressante et tout ce quatrain me donne envie de relire une certaine poésie ; celle antique que j'ai un peu oubliée ces derniers temps. Impression toute personnelle, donc, mais suscitée aussi par ce joli poème.

Merci du partage !

EDIT : Joli titre, aussi. L'image semble presque fantomatique, bien vue dans l'ambiance de ce poème.

   Anonyme   
27/10/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Angieblue,

Un thème respecté, une ambiance générale glauque et obscure qui m'a beaucoup plu.
Belle originalité, le tout servi par des vers néoclassiques de bonne facture auxquels il ne manquait pas grand chose pour atteindre la catégorie classique.
Une lecture agreable, un sujet intéressant et qui sort de l'ordinaire.

   Anonyme   
9/11/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Angieblue.

Je constate que les poèmes en contemporain, néo et classique évoquent souvent des sujets qui le sont tout autant, dans un style se rapprochant de celui des siècles passés.
Pour moi, qui ne suis pas très amateure en raison de mon manque de connaissance en histoire et mythologie (ou réciproquement), il me reste la musicalité, l'harmonie pour apprécier, ou pas, les poèmes de ces catégories.
Celui-ci par sa composition m'a beaucoup intéressée et plu.
J'aime trouver le passé simple, je le trouve efficace tout au long du texte.
Un vers me semble moins fluide :
"Tu séduisis ta proie en faux prince charmant." (à cause du hiatus ? pas seulement, le "en" ne me semble pas vraiment approprié.

Merci du partage,
Éclaircie

   Angieblue   
9/11/2020

   ANIMAL   
18/1/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Belle histoire de pacte avec le diable et de vengeance. Tout y est pour servir le thème, avec le lieu sinistre, le séducteur qui se damne et sa victime qui revient le hanter et refuse son pardon au moment du trépas.

J'ai bien aimé retrouver des repères connus tout au long du poème : le contrat, l'obscurité, les serpents, les corbeaux et les chats-huant, le sépulcre et le spectre... L'airain et l'Achéron donnent une touche antique adaptée au propos et tout cela pose une ambiance sinistre à souhait, digne d'un film d'horreur.

Un texte tout à fait dans l'esprit du concours.

   Anonyme   
28/4/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Angie,

Wow… Je ne te savais pas poétesse, prêtresse gothique, maîtresse Domina des souterrains et rimeuse ténébreuse. Je retrouve tout ce que je sais un peu de toi, et de cet amour pour la gothicité (ça se dit ?) que nous partageons. On sent que tu as bossé dessus, c’est impeccable, et mortellement beau.

Anna des Carpathes

   EtienneNorvins   
8/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Délicieusement morbide, indeed...

"For I have sworn thee fair, and thought thee bright,
Who art as black as hell, as dark as night".

   Donaldo75   
25/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Angie,

Je ne me souvenais pas de ce poème ; il faut dire que durant ce concours il y a eu un paquet de textes à lire et j’ai du passer à côté. C’est gravement gothique ; je pourrais le lire en écoutant « The fields of the Nephilim » ou « The southern death cult » mais j’ai décidé de le faire sans influence musicale, pas même un petit « Sisters of mercy » pour te dire comme je suis sage. Et je trouve que tout ça va bien avec le thème et la couleur de la Lune ce soir dans le ciel de Saint Germain en Laye – qui comme tout le monde ne le sait pas est différent de celui des autres points du globe – en cette soirée de novembre elle-même bien gothique. Le narratif va complètement dans le sens du décorum assemblé dans ces quatrains et j’apprécie quand la poésie ne se pare pas des habits d’intellectuels à lunettes sortis tous droits des Inrocks ou de Libération, quand elle reste tonale et non emberlificotée par des vers cryptiques mais moisis.

Bravo !
Je lâche un de mes corbeaux pour t’envoyer ce commentaire ; il a mangé récemment un pigeon voyageur alors je pense qu’il en a absorbé les facilités de navigation. Et puis Béthune n’est pas si loin à vol d’oiseau.


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