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Poésie contemporaine
ANIMAL : Orphelins de nulle part
 Publié le 06/02/21  -  9 commentaires  -  932 caractères  -  163 lectures    Autres textes du même auteur

En hommage aux orphelins roumains sous Ceausescu,
Ceux qui ont survécu,
Ceux qui ne l’ont pu.


Orphelins de nulle part



Le silence de l'oubli
Parcourt en vent coulis
Les sombres corridors
Dans des relents d'aurore.
Les dortoirs dépotoirs
Aux angles sans espoirs
S'engluent dans la tristesse
De lieux nus de tendresse.

Réalité fardée
De murs pour les cacher.


Ils sont là, alignés,
Sur des châlits souillés,
Doigts maigres cramponnés
Aux froids barreaux d'acier,
Orphelins de nulle part,
Purs enfants du hasard
Qui ne savent ni rire
Ni pleurer, ni sourire.

Cent visages figés
Aux rêves sans pensées.


La raison s'est enfuie,
Les bouches sont des cris,
Allongés, les pieds nus,
Les fronts bas et têtus
Leurs prunelles sans éclat,
Résignées, ne voient pas
Que derrière les croisées
Un nouveau jour est né.

Ils attendent que la mort
Se soucie de leur sort.


 
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   fugace   
26/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est d'une noirceur et d'un tragique inimaginable.
Mais comment traduire l'horreur autrement que par des images aussi fortes: "les dortoirs dépotoirs aux angles sans espoirs s'engluent dans la tristesse de lieux nus de tendresse", "cent visages figés aux rêves sans pensées"...
L'hommage rendu ici à ces orphelins de nulle part est vraiment magnifique.

   Corto   
6/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voici un poème qui n'hésite pas à parler des horreurs faites à ces enfants.
Les mots sont à la fois rudes et prudents.
Les images sont sans concession.
Voilà qui nous amène à nous souvenir, plutôt douloureusement de ces "enfants du hasard
Qui ne savent ni rire
Ni pleurer, ni sourire."

Merci du partage.

   inconnu1   
7/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Beau poème pour rendre un hommage à ces orphelins qu'on a oubliés. Les hexasyllabes donnent du rythme et permettent d'accentuer l'horreur des images.

Sur la forme, comme souvent en contemporain, je regrette qu'il n'y ait pas d'harmonie dans la prononciation des e à l'intérieur des vers qui parfois sont élidés, d'autres fois pas, ce qui fait que le lecteur doit parfois s'y reprendre pour rester dans le rythme des hexasyllabes

merci du partage

   papipoete   
6/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonsoir ANIMAL
Il subsiste sur Terre de terribles signes du passé, souvenirs horribles comme Auchwitz, chaises électriques aux USA, des fous aux commandes de grandes nations et des innocents, comme les orphelins de l'ère Ceausescu entassés dans des mouroirs, ne sachant plus sourire ni parler, et attendant la mort... Aujourd'hui, ils sont presque libres, mais libres de profiter de quoi...
NB je ne minimise pas l'horreur des conditions d'élevage de poules, cochons en batterie, mais savoir que ce sort funeste fut celui d'enfants, que ce despote instaura, en favorisant l'abandon par leurs parents d'enfants " pas comme les autres ", me fait baisser les yeux...
des vers comme écrits par une plume " barbelée ", qui fait fait mal, et au loin on entend cet écho de petits condamnés prisonniers à perpet !
dure, dure lecture...

   Anonyme   
6/2/2021
Les petites strophes en italiques sont les meilleures ; tout le sens y est. Vous auriez pu, je trouve, utiliser des mots plus forts. J'imagine que vous êtes loin de la réalité, sans pour autant être pudique.

   Castelmore   
8/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir ANIMAL

Réalité fardée

De murs pour les cacher
Cent visages figés

Aux rêves sans pensée
Ils attendent que la mort

Se soucie de leur sort

Ce poème imbriqué dans les trois strophes principales de votre opus pouvait en être l’exergue, le prologue à un dénouement . Il est en fait l’épilogue des horreurs décrites dans les trois huitains : réalité cachée par un pouvoir immonde, esprits vidés de toute humanité, avenir réduit à la mort sociale et physique...

Les images et les mots que vous avez choisis sont sans concession et cependant vous êtes arrivé à faire éclore de vos vers et nous faire participer à une forme de douceur !
Celle ci nimbe ces petits corps meurtris et nous touche au delà de l’horreur que les faits que vous décrivez et dénoncez font naître dans notre raison.

Votre poème est de ce point de vue une illustration parfaite de la citation de Jean-Pierre Siméo que Cristale nous propose en signature de ses interventions:

"La poésie est avant tout effraction. Elle cherche à plonger plus loin que les effets de surface. “

J’ajoute que je connais la difficulté de travailler des textes qui côtoient les univers cruels ou l’humain est piétiné... difficulté et souffrance. Le résultat superbe que vous nous offrez m’en est d’autant plus proche.

Grand bravo
Castelmore

PS Votre pseudo accolé à ce texte me paraît particulièrement inapproprié !

   madawaza   
8/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour ANIMAL
ceau le fou (je le mets en minuscule car cette engeance ne mérite pas le vocable d'humain. Que n'avait-il un miroir pour se faire peur. Même pas peur ? Il est vraiment inutile de parler de cette anomalie de ce personnage.
Tellement bon de ne se souvenir que de la musique et de la poésie.
Mais je vous comprends et je vous félicite pour vos belles paroles.
A+

   Edgard   
9/2/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour Animal
Un poème décharné, dont les « images » me rappellent, malgré moi, les photos, cachées dans une boite, que, petit, j’avais découvertes, du camp de Buchenwald…avec cette odeur terrible, inoubliable.
« Si l’on ouvrait la marmite du monde, sa clameur ferait reculer le ciel et la terre. Car ni la terre ni le ciel, ni aucun d’entre nous n’a vraiment mesuré l’envergure terrifiante du malheur des enfants, ni des pouvoirs qui les broient » Edmond Kaiser.
Merci pour ce texte, que certains pourraient trouver un peu trop violent dans sa nudité…mais qui dérange notre conscience.

   Ombhre   
10/2/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Animal,

un poème "coup de poing", une poésie violente sur un thème qui ne l'est pas moins, mais manque pourtant cruellement de poésie.

Vous avez su, avec des mots très simples, décrire cette horreur, et y trouver des images saisissantes:

S'engluent dans la tristesse
De lieux nus de tendresse.

Orphelins de nulle part,
Purs enfants du hasard

La raison s'est enfuie,
Les bouches sont des cris,

Le final est magnifique, comme peut l'être une larme:

Ils attendent que la mort
Se soucie de leur sort.

Bravo pour ce poème-cri, bouleversant.

Ombhre


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