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Poésie classique
Anje : Anonyme dans une tour d'ivoire
 Publié le 17/09/20  -  13 commentaires  -  1170 caractères  -  227 lectures    Autres textes du même auteur

« Le pire péché envers nos semblables, ce n'est pas de les haïr, mais de les traiter avec indifférence ; c'est là l'essence de l'inhumanité. » Georges Bernard Shaw.


Anonyme dans une tour d'ivoire



Au pied du grand immeuble où vit le roturier
S'éternise une odeur de lettre en putrescence
Mais personne ne voit sur l'armoire à courrier
Qu'une boîte vomit l'indigestible absence.

Le relent de froideur monte en colimaçon
Jusqu'au chacun-chez-soi que le mépris encage.
Les voisins retranchés derrière un paillasson
Ont oublié le fou du quatorzième étage.

Un huissier se présente un jour à son foyer.
La main du droit expulse une clé de serrure,
Pénètre le logis. Pour un reste à payer,
On brise le secret que l'orgueil claquemure.

Le locataire inerte au fond de son fauteuil
N'entend pas arriver la loi ni sa cohorte.
Car la Parque est passée ; il dort sur son cercueil.
Dans l'essaim, sans témoin, l'ombre d'un homme est morte.

Une onde de stupeur, diable dans le beffroi*,
Inonde les esprits : « Chez nous ? L'intolérable ? »
Le journal, en première, annonce avec effroi
La fin d'un solitaire, indigne et misérable.


* Expression indiquant qu'un certain ordre, une certaine harmonie, ont été rompus.


 
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   Anonyme   
7/9/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Je trouve bien vue cette expression
lettre en putrescence
qui dès le deuxième vers annonce la couleur, et les vers dans l'ensemble me paraissent fluides, enlevés, l'expression directe.

Mes deux vers préférés sont
Les voisins retranchés derrière un paillasson
Ont oublié le fou du quatorzième étage.
Tout est dit. J'aime bien aussi la rime cohorte/morte.

J'admets que le sujet me met mal à l'aise... C'est peut-être le but !

   Lebarde   
8/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L’indifférence des autres dans tous ses excès qui ne se réveille que lorsqu’il est trop tard. Et ce sont encore une fois des problèmes d'argent ( loyer impayé) qui éviteront à ce « fou du quatorzième étages » d’être totalement dévoré par les vers.
Consternantes et malheureusement par rares, ces situations.
Pourtant les signes annonciateurs étaient bien là, mais invisibles aux voisins.
« Mais personne ne voit sur l’armoire à courrier
Qu’une boite vomit l’indigestible absence »

Indigestible: néologisme? N’y avait il rien de mieux à trouver?
Simple petite réserve de ma part. Le reste est parfait de fluidité et de précision pour satisfaire le classique. Enfin je le pense et j’apprecie.

Le propos est superbe et les images originales et tellement parlantes et expressives
J’ai bien aimé l’avant dernier quatrain mais le reste aussi.
Très joli poème sur un sujet de société parfaitement traité.
En EL

Lebarde

   papipoete   
17/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Anje
" avez-vous vu le " fou du 14e ces jours ?
- non, mais pour ce que j'en ai besoin...
- bizarre quand-même !
- mais il dort, cuve sûrement son pinard ! "
Et c'est ainsi que l'on découvre à l'occasion de la visite d'un huissier, que le locataire dormait d'un profond sommeil, assis sur son loyer et les convenances...
NB je m'inquiète de nature, et maintes fois j'allai sonner chez mon vieux voisin, dont les volets restaient clos...trop longtemps à mon goût. Heureusement, pépé s'était assoupi après son bol de café et biscottes beurrées !
Quand j'entends " moi, je peux me passer de voisins, et d'ailleurs je ne parle à aucun ; c'est tous des cons ! ", c'est comme la vieillesse pour des " plus jeunes que moi ", un jour viendra qu'ils seront vieux ; la solitude pour compagne et personne pour s'inquiéter d'eux !
Votre poème est très touchant, et j'affirme que l'on s'inquiétera plus d'un chaton abandonné, que de ce gueux de locataire dont la boîte aux lettres vomit à triple boyau !
Sûr qu'un être humain recevant famille, un bourgeois sa femme de chambre, une célébrité son impressario, un magnat son voiturier, ne connaitront pas telle infortune !
la 2e strophe nous prend par la main, pour monter jusqu'à l'étage " chacun chez soi "
" dans l'essaim " sans plus de détail, est particulièrement glaçant...
La dernière strophe ouvre la boite à hypocrisie " dans notre propre maison ; c'est affreux ! "
Mais pour la sauvegarde de notre conscience, on se dit " c'est quand-même pas partout, pareil... "
J'apprends de nouveaux termes " diable dans le beffroi ", mais cela veut-il dire :
" un diable dans...
ou
" diable/diablait/diabla/ dans " ?
Vos alexandrins se sont faits magistraux pour rendre hommage à ce pauvre hère, un poème de première classe, en classique !

   Anonyme   
17/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Ange,

Encore un solitaire, "le fou du 14ème" mort dans l'indifférence générale.
Un "chacun chez soi" ou "chacun pour soi et Dieu pour tous"bien exprimé dans ce quatrain très réaliste :

"Le relent de froideur monte en colimaçon
Jusqu'au chacun-chez-soi que le mépris encage.
Les voisins retranchés derrière un paillasson
Ont oublié le fou du quatorzième étage. "

Des images fortes et puissantes montrent cette indifférence générale :

"Une odeur de lettre en putrescence"

"Qu'une boîte vomit l'indigestible absence".

"Il dort sur son cercueil.
Dans l'essaim, sans témoin, l'ombre d'un homme est morte"

Et, le plus dur,

"La fin d'un solitaire, indigne et misérable".

Il aura fallu qu'un huissier force la porte du malheureux afin de réclamer des impayés...pour savoir...

Rien à dire concernant la forme classique qui me semble parfaite.

   Anonyme   
17/9/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
L’un des maux de notre société : la détresse de l’homme seul qui s’apparente à une plaie difficilement cicatrisable, chacun s’enfermant dans sa tour d’ivoire. Dans ce huis-clos tragique où se distille souffrance et misère, l’auteur fait de son poème un révélateur implacable des compromissions et lâchetés de la nature humaine.

Une écriture profondément perturbante qui fait une fois de plus le procès de l’indifférence. Personnellement, j’ai pleuré. Sûr que tout ça me résonnera dans le « beffroi » pendant plusieurs jours.

BRAVO ! Pour ce petit bijou de poésie.

dream

   pieralun   
17/9/2020
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un poème assez bizarre.

Deux premiers quatrains assez bien menés:
un deuxième et quatrième vers de bonne facture, des mots et des images forts pour planter le décor.
très beau cinquième vers, puis le 7 et 8 comme un titre de série noire

Jusque là, nous sommes dans un poème...

Malheureusement, les autres quatrains relatent un fait divers bien tourné par le narrateur.
Bien sûr cela reste un avis personnel, mais j’ai suivi l’histoire sans poésie.
Bien sûr j’ai été pris de pitié pour ce pauvre locataire; on peut trouver de la poésie dans un sentiment de pitié, mais tout dépend des mots, des tournures, des métaphores qui font monter cette pitié.
Ici, j’ai juste lu une petite nouvelle « polardisée » ou imaginé le petit court métrage.
Pardonnez moi Anje pour cette analyse très mitigée, mais je suis sincère et je vous sais capable de beaucoup mieux.

   Anonyme   
19/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

J'aime bien le thème de ce poème qui se présente, hélas, de plus
en plus souvent dans le quotidien.
Un bon premier quatrain qui montre, par la boite aux lettres pleines,
qu'il se passe quelque chose au 14 ème étage.
J'aime moins : l'ombre d'un homme est morte, je trouve que la
succession des genres passe mal.

Au final, un ensemble qui se tient et qui, en restant poétique,
ne fait pas trop articles de journal.

   Cristale   
19/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Anje,

Un fait, que les médias nomme "divers" et pourtant bien actuel.
Qui, dans ces immeubles dortoirs s'inquiète de son voisin ?

L'écriture est dense, la versification excellente mais l'ensemble un peu trop prosaïque, à mon goût, parce que j'aime les envolées lyriques ce qui, avec un tel sujet est impossible forcément.

Ce n'est pas parce qu'un mets n'est pas à notre goût qu'il n'est pas bon : celui-ci est très bien mitonné, il me manque juste un peu d'assaisonnement. Mais bravo quand même !

Je ne puis que, comme toujours, vous encourager dans la voie que vous suivez avec sérieux et passion.

Merci Anje.
Cristale

   Anje   
21/9/2020

   Lariviere   
21/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé ce poème sur un thème malheureusement vrai qui me touche : l'isolement et la solitude d'une partie de la population qui fait que ce cas de figure arrive souvent et fait alors la une des faits divers, jusqu'à la prochaine "nouvelle sensationnelle"...

Sur le fond donc je trouve l'axe de traitement très bon et le sujet très bien mené.

Sur la forme, c'est pareil, je n'ai rien trouvé à redire en ce qui concerne ma lecture : c'est agréablement fluide et bien construit, les images sont très évocatrices et permettent de parler de tout cela avec une pudeur poétique qui n'empêche pas pour autant de comprendre facilement le thème.

Du bel ouvrage ^^

Merci à l'auteur pour cette lecture et bonne continuation !

ps : juste un petit bémol sur le titre, j'aurais bien vu "anonyme dans une tour", tout court ; la tour d'ivoire ayant un sens différent, il me semble et sur le sens propre ce "matériaux" précieux ne colle pas trop à l'ambiance glauque, selon moi....

   Anonyme   
22/9/2020
 a aimé ce texte 
Bien
À part de se fouetter cœur et âme à coups de mea culpa lorsque arrive un pareil drame (malheureusement trop fréquent), concrètement, que faire ? Pourrons-nous vraiment changer en profondeur nos comportements d'égoïstes humains qui ne pensons qu'à notre pomme ?

On dit qu'un petit geste, chacun à son échelle, est une pierre de plus ajoutée à l'édifice de l'entraide et de la solidarité. Malgré cela je me sens bien démunie devant toutes les souffrances et les injustices de la vie.

En parler et aborder le sujet en poésie, c'est bien, très bien même, et merci pour cela. Mais tenter de donner des solutions, c'est encore mieux. Enfin, je crois...

Ton poème, Anje, apporte son lot de réflexions, de culpabilité aussi. Parce qu'il est difficile de cerner la frontière entre la froide indifférence et la volonté de ne pas s'immiscer dans la vie privée d'autrui. Parce qu'on ne peut pas, à chaque sortie sur le palier, insister et sonder le regard du voisin qui ne demande rien à personne.

Voila en (vraiment) bref pour le fond.

Après, question forme, les images fusent pudiques, même si pour moi, malgré de jolies trouvailles (''le relent de froideur qui monte en colimaçon'' - ''les voisins retranchés derrière un paillasson'' - ), il manque un je-ne-sais-quoi dans l'expression qui rendrait la scène moins ''moralisatrice'', ou alors c'est peut-être à cause du ton un brin trop sentencieux, accusé davantage par la forme classique ?

Oui, je crois que c'est ça ce qui pèse à mon oreille... le poids de ce manque de souplesse, de ''perfection'' dans la mise en forme de la prosodie...

Je sais, je chichite un peu. Mais comme je n'y entends rien aux règles du Classique, je n'ai que mon oreille pour me laisser emporter par l'histoire narrée.


Merci, pour le partage, Anje.


Cat

   Myo   
22/9/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'étais passée à côté de ce superbe écrit qui dénonce les limites de notre société où le moi prend la première place.

Un écrit qui peu à peu installe cette solitude morbide et l'atmosphère malsaine de l'abandon.
Des mots forts et tellement justes, qui remuent nos bonnes consciences.

Et bien sûr, un style totalement maîtrisé au service du propos.

Un grand bravo

   Donaldo75   
23/9/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Anje,

Je découvre ce poème sur le tard. L'exergue promettait beaucoup et la promesse est largement tenue. La situation est racontée avec du rythme, de la précision, de la rime intelligente tout en conservant ce format classique qui la rend presque solennelle. Et je crois que le sujet le mérite car il est grave, souvent ignoré quand nous détournons le regard de ce que vivent les autres. Oui, ça tape fort et nous force à ouvrir les yeux, à regarder la réalité dans sa crudité, à se dire que vivre ensemble ce n'est pas être accolés dans les mêmes ensembles de briques et de ciment sans jamais se parler ou se préoccuper de son voisin.

Une belle claque, administrée avec vigueur mais dans les règles de la prosodie classique.

Bravo !


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