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Anonyme
3/10/2020
a aimé ce texte
Bien ↑
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Je salue ici l'attention portée aux rimes que je trouve solides sans manquer d'inventivité ; une mention pour l'audacieuse granit/aconit ! Deux clichés qui pour moi gâchent un peu la fête : l'écharpe de brume (argh), le sifflement strident (sans dèc' !). J'aime bien le silence infecté d'aconit et surtout les rochers qui ont crié, d'autres associations me paraissent forcées dans leur recherche de l'effet :
l'âme de granit (pas compris à quoi correspond l'âme du granit, que je n'imaginais pas du reste sujette à griffure) doigts gantés de noir (les doigts d'un oiseau pas trop, avec des gants encore moins ; pour moi l'image est burlesque) l'espoir nourricier (ce n'est pas l'espoir qui va nourrir l'oiseau) Je ne vois pas trop non plus ce que sont les emprises d'une vallée. S'agit-il d'un terme paysager technique ? J'aime beaucoup le dernier quatrain, vif, dense en informations ; les trois précédents me paraissent parfois un peu languissants ; on est dans le contemplatif, d'accord. Au final, un poème à la fois maîtrisé et sensible, une forme en général fluide, mais par endroits les interrogations indiquées ci-dessus ont arrêté un bref instant ma lecture. |
Miguel
3/10/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Les doigts gantés de noir, le cri des rochers, quelques images fortes pour donner une teinte sombre à cette belle peinture. La nature semble ici conçue pour être le théâtre du drame qui se joue; bel ensemble.
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Lebarde
5/10/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Tout, le choix des mots, les images sombres, les sonorités, contribue à donner à ce poème l'atmosphère, triste, noire pour accompagner vers la mort "un homme (qui ) a lâché prise" et que le dernier ver révèle au lecteur dans une chute inattendue et surprenante.
L'idée de décrire longuement avec autant de détails, une nature lugubre où rode la mort, la mort oui, mais celle qui permet à d'autres de vivre, est superbe et donne un ton original et déroutant, mais tellement bien adapté au sujet. J'ai bien aimé ce passage: "Un sifflement strident perce soudain l'espace. Un oiseau charognard aux doigts gantés de noir, Dans l'espoir nourricier qu'une brebis trépasse, En ronds inquiétants plane sous l'éteignoir." Sur la forme classique que j'affectionne et ici particulièrement, je ne trouve rien à dire et je ne cherche pas puisque la lecture m'a totalement emporté. Une simple interrogation sur les rimes "s'est tu/sais-tu", ça marche? Je pense que oui mais... Très beau poème, bravo à l'auteur(e). En EL Lebarde |
Mokhtar
22/10/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Chemin de la mâture…Gorges de l’enfer. Ce poème évoque le superbe site de la vallée de la Carança (Pyrénées catalanes), avec ses chemins étroits de randonnée extrêmement dangereux (glissades, chutes de pierres…).
Ce texte, qui fait référence à un accident tragique, est superbe par le climat dramatique et oppressant qu’il réussit à imposer. La nature et les éléments semblent se conjuguer pour noircir le cadre, « plomber » l’ambiance (superbe titre) et annoncer le triste épilogue. L’écriture classique est parfaite. Les rimes se font avec des mots de nature différente, et le vocabulaire approprié n’a pas besoin de puiser dans les stocks de pacotilles euphoniques pour être évocateur. Les poèmes qui savent imposer une atmosphère, susciter des impressions, stimuler l’imagination, comme une belle photo réussie ou un tableau de maitre, sont mes préférés. Il ne manque que la musique. Bravo et merci. Mokhtar, en EL. |
Anonyme
22/10/2020
a aimé ce texte
Bien ↑
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Bonjour
Un poème qui se laisse lire dans son ensemble même si quelques bricoles m'interpellent : Les emprises d'une vallée ? des flancs d'une montagne, oui, mais une vallée. Je n'aime pas trop le verbe dégoutter même si les fines larmes grises qui suivent sont bien jolies. Le verbe cascader est intransitif donc l'eau ne peut pas cascader les sentiers mais des sentiers. Une rime entre l'hémistiche et la fin du vers : noircit/abolie. J'aime bien les quatrains 3 et 4, je pense qu'ils rendent compte parfaitement de l'esprit montagnard. |
Anonyme
22/10/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Bonjour Ange,
On sent déjà à la lecture des deux premiers quatrains, l'atmosphère sombre qui laisse à présager qu'un drame va poindre. Impression confirmée des le 3ème quatrain et ce charognard "planant sous l'éteignoir". J'aime beaucoup le dernier quatrain , particulièrement les deux derniers vers avec ces murmures autour de l'âtre évoquant la mort accidentelle d'un homme. L'ambiance sombre et triste est bien rendue et l'arrivée du drame bien amenée. . La forme classique est parfaite. |
Cristale
22/10/2020
a aimé ce texte
Passionnément ↑
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Voici une écriture que je suis depuis ses débuts ici, que j'ai encouragée souvent, dont l'évolution ne peut que me réjouir.
La plume, non seulement s'affranchit des difficultés, ô combien grandes, de la versification régulière, j'en sais trop les exigences, mais gagne, ô combien également, en essence poétique. Je cite et je me tais : "Des rochers ont crié puis le fracas s'est tu." "Un homme a lâché prise. Il est mort. Le sais-tu ?" Quand technique et poésie se marient aussi bien sans transpirer d'efforts, je tire mon chapeau et je dis bravo ! J'aime énormément +++ Je ne serai pas hésitante, ni frileuse, en accrochant le piolet de mon appréciation au sommet de ce poème. Cristale Edit : j'adore "cascadant les sentiers", personnellement, mes yeux cascadent vos vers guillerettement :)) |
papipoete
22/10/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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bonjour Anje
Une ballade au fond de la vallée, que les auspices annoncent de méchante humeur ; la brume s'effiloche contre un sommet, et la montagne noircit. à l'image, s'ajoute le sifflement du rapace qui guette son repas sur pattes ; et comble de noirceur, des rochers est parti un cri, puis plus rien... NB un poème naturaliste que le gris et le noir se disputent ; une scène extraordinaire pour les gens des plaines...une scène banale que ces troupeaux où l'on compte ses brebis en fin de pâture, et trop souvent, ces rochers qui " débaroulent " emportant une vie... On pourrait dire, un Anje passe sous le ciel de plomb, mais il n'est que plume qui crisse comme craie sur l'ardoise. Je crois me souvenir que votre écriture est toute récente, et que le " classique " n'est pas inné chez Vous ? On peut dire " ça vient ! et comment ! " la 3e strophe est ma préférée, et la dernière évoque une mort tragique de façon peu ordinaire ! n'est qu'un infime bémol au 5e vers ( cascadant/les ) ne serait-il pas plus approprié d'écrire ( cascadant/Des ) mais vos alexandrins dévalent de la montagne, sans le moindre faux-pas ! |
Davide
22/10/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↓
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Bonjour Anje,
Très belle mise en scène d'un drame, savamment anticipé : les gouttes pleurent, l'eau cascade, la nuit tombe, un charognard plane, puis un homme lâche prise sur le périlleux chemin de la Mâture. J'ai beaucoup aimé les images qui se succèdent et qui plantent le sombre décor, l'impitoyable paysage escarpé : - "l'âme du granit", d'abord, une âme sans doute immémoriale, celle de la montagne multimillénaire ; - étrange image que ce "silence infecté d'aconit" (v8) ; le terme "infecté" n'est peut-être pas le plus à propos (?) ; - superbe, la rime "mélancolie"/"abolie", telle celle du "Desdichado", de Nerval ; - "l'espoir nourricier qu'une brebis trépasse" (v11), une belle hypallage, figure de style consistant à attribuer à un mot ce qui convient à un autre mot ; ici, c'est la "brebis" qui est "nourricière", et non "l'espoir" ; - j'aime bien le mot "éteignoir" figurant, par métaphore, le dôme enveloppant du ciel nocturne ; - dans le dernier quatrain, ce n'est pas l'homme qui a "crié", mais les rochers : cette intéressante personnification camoufle la vérité le temps de deux alexandrins, mais le dernier vers nous ne laissera plus aucun espoir. Bien joué, poète ! Edit : le verbe "cascader" est intransitif, c'est vrai, mais faisons fi des règles de grammaire de temps en temps, l'image de l'eau "cascadant LES sentiers" est ici très parlante et, de fait, me ravit ! ;) |
Anonyme
22/10/2020
a aimé ce texte
Bien ↓
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Pour moi qui aime comprendre ce que je lis, mieux valait taper sur Google : « Gorges de l’enfer/chemin de la mâture ». A partir de là j’ai tout repris du début.
Il y a pourtant de belles choses dans ce poème, mais beaucoup trop de clichés métaphoriques. Est-il encore possible d’écrire « une écharpe de brume » ou même « l’eau de mélancolie » ou encore « les rochers ont crié » ? Je suis sans doute sévère, mais pour moi « l’écharpe de brume » disqualifie le poème dès le second vers. D’autres expressions me paraissent maladroites : - « ses moindres emprises » : s’agit-il de terrains acquis par l’administration et destinés à la construction d’un ouvrage, d’une route ou une voie ferrée… ? (définition du CNRTL). Le mot me paraîtrait alors d’un registre trop Ponts et chaussées dans ce contexte de nature sauvage. - « Étouffant la lueur qu'un rayon fade émet. » : il y a ici une addition d’idées sans enrichissement, une sorte de pléonasme. Que des larmes grises étouffent la lueur d’un rayon déjà fade, ne transcende pas l’image. Comme disait mon prof de poésie : quand l’un dit déjà l’autre, il faut modifier l’un ou l’autre. - « L’âme de granit » complète l’animisme des rochers qui crient. L’animisme du monde minéral me surprend toujours. J’essaie d’être sensible à l’animisme du vivant, c’est-à-dire du monde végétal, d’un monde qui peut se reproduire, un arbre par exemple, ou même « La Montagne » dans sa diversité de substances, mais j’ai du mal à gratifier le granit d’une âme. On pourrait à la rigueur l’envisager sous l’angle des mouvements telluriens, un Professeur Tournesol minéralogiste, capable de donner vie aux matières inorganiques. Je comprends, sans être fan. - « Un oiseau charognard aux doigts gantés de noir » : contrairement à l’image saisissante recherchée, les gants ont plutôt tendance à la gommer puisqu’ils cachent les horribles doigts du charognard. On est là dans une mise en scène trop polie de la terreur. Ce que j’ai aimé : - « Dans l'espoir nourricier qu'une brebis trépasse » : c’est bien sûr la brebis qui est nourricière. Cette figure de style est une hypallage. Un autre exemple : « Je cueillerai la menthe dont l’odeur s’écrase sous les doigts » (Francis Jammes, La jeune fille nue) - « Cascadant les sentiers, l’eau de mélancolie » : si je n’aime pas cette eau de mélancolie, j’apprécie beaucoup « cascadant les sentiers », qui dans sa cascade grammaticale invente un nouveau syntagme. Oui je préfère en poésie une eau qui cascade les sentiers, plutôt qu’une eau banale qui cascade dans les sentiers. Pour moi, c’est ça, la poésie. - « Un oiseau charognard…/En ronds inquiétants plane sous l'éteignoir. » : cet éteignoir me rappelle le couvercle de Baudelaire (Le Ciel ! couvercle noir de la grande marmite/Où bout l'imperceptible et vaste Humanité.) - Si on supprimait le cri des rochers, le dernier quatrain serait magnifique. « S’est tu/sais-tu ? » bravo. - Les rimes sont riches. Non pas parce qu’elles sont multiphoniques, mais parce qu’elles ne sont pas attendues. On les cherche sans les trouver, l’oreille est surprise, c’est ce qui fonde leur richesse. En conclusion je dirai que votre sens du rythme et des rimes enrichit votre poésie, qui par ailleurs gagnerait à moins poétiser dans des métaphores parfois trop écolières. Bellini |
Pouet
22/10/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Slt,
bien que n'étant nullement spécialiste en matière de poésie classique, il ne m'est pas interdit je crois de signaler mon adhésion lorsque l'occasion se présente. Ici, les métaphores, le rythme, la façon de "dire", tout cela fait écho, me procurant un plaisir de lecture indéniable. Très belle et forte narration, ensemble visuel et prenant. Bravo à vous. |
Absolue
22/10/2020
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
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Je pense que le principal a été dit dans les commentaires au niveau de la technique. J'applaudis à mon tour les rimes originales et le rythme, ainsi que le vocabulaire.
Je suis particulièrement sensible à l'atmosphère dans un poème, ainsi qu'au fond, à l'histoire, au suspense même. Ici, je retrouve un mélange de tout ça et en plus, ça se passe dans la montagne, mon lieu favori. Donc merci pour ce moment d'évasion même si la chute fait mal. |
Myo
23/10/2020
a aimé ce texte
Bien ↑
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Une atmosphère presque oppressante s'installe peu à peu au fil de la lecture.
Ce qui au départ parait un poème à la nature, nous entraîne sur des chemins plus tortueux jusqu'au dernier quatrain (mon préféré), point d'orgue du cheminement. Les mots sont choisis avec soin pour souligner cet ambiance. Personnellement, le trait me semble par moment trop marqué pour vraiment m'atteindre. ' Déprime le silence infecté d'aconit" " Un oiseau charognard aux doigts gantés de noir" Quelquefois le trop nuit au bien même si l'intention est là. Mais j'admire le travail. |
emilia
23/10/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Sous ce ciel de plomb, « les larmes grises / la lumière abolie/ un sifflement strident/ l’oiseau charognard/ qu’une brebis trépasse/ en ronds inquiétants/ Aux gorges de l’Enfer (un lieu évocateur comme diabolisé…) », développent crescendo la dramatisation qui conduit à l’annonce de la mort d’un alpiniste « qui a lâché prise… » au dernier vers : une chute imparable… Si « la montagne est belle » comme le dit Ferrat, cela n’exclut pas une maladresse, ni une prise de risque excessive qui génèrent chaque année, hélas, de nombreux drames… ; bravo à l’auteur pour cette restitution…
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Atom
26/10/2020
a aimé ce texte
Bien
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J'apprécie l'idée (déjà pas mal amorcée par le titre) de menace qui pèse tout au long de cette pastorale.
Ici, tout dans ce paysage à l'air de présager un drame. Et c'est ce que j'aime en fait dans ce poème - cet aspect bucolique assombri. Ce contexte aussi qui s'installe tout au long du poème à travers une atmosphère posée. Juste un bémol concernant l"oiseau charognard aux doigts gantés de noirs". L'idée de doigts (même si gantés de noirs) pour désigner des serres me parait assez malvenue. Elle amoindrit à mon sens l'idée de menace. Pas forcément fan par ailleurs du verbe - dégoutter - en première strophe. |
Anonyme
26/10/2020
a aimé ce texte
Beaucoup
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Je ne peux m'empêcher, chaque fois que je lis un de tes poèmes, Anje, de me rappeler ce que tu clames haut et fort depuis que tu écris sur Oniris : que tu veux progresser en poésie.
À cela, aucun doute. Tu progresses. Enfin, en ce que je suis en mesure de mesurer. Faut pas déc', non plus, je ne suis pas une pro de la prosodie, loin s'en faut. ^^ Mais ce que je peux regretter dans ce petit dernier, c'est le ton trop ''scolaire'' parfois. Alors qu'il y a des métaphores qui filent avec une grâce exquise (l'eau de mélancolie, par exemple), d'autres (comme l'écharpe de brume mille fois rebattue), plus convenues, dirons-nous, bousillent l'envol du poète singulier en train d'éclore que tu es. Tu es à deux doigts du parfait, Anje. Persiste à traquer le commun et résiste à sa facilité, la ligne d'arrivée te tend ses plumes... (Oups ! Voilà que je me surprend à donner des conseils... J'espère que tu ne le prendras pas mal ;) A te relire et merci de partager cette belle montagne. Cat |
Anje
27/10/2020
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