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Poésie classique
Anje : L'eau de la Veules
 Publié le 04/07/19  -  18 commentaires  -  845 caractères  -  455 lectures    Autres textes du même auteur

Discrète normande "petite mais costaude". Comme une maman ?...


L'eau de la Veules



Au chemin creux d'Iclon, éclot l'eau de la Veules,
Et s'épand, nourricière, au semis du cresson
Qui rend gloire au cauchois lorsqu'après la moisson,
Sur la table il séduit les fiers blasons de gueules.

Contre le mur d'iris, l'eau claire de la Veules
Caresse une chaumière atteinte d'un frisson
Puis musarde, indécise, attendant le poisson.
Et fait en même temps tourner au moins dix meules.

Pourtant pas de chaland sur son dos de ruisseau
Qu'aucun ru ne nourrit, ni ruisselet n'abreuve.
Elle n'est que sveltesse en feston de marseau.

Laissant la fleur de rose, alors un instant veuve,
Au bout de la valleuse où vint russe pinceau,
Trop vite, l'eau se glisse au-dessous d'un vaisseau.

Elle meurt à la mer, pareille qu'un grand fleuve.


 
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   Lebarde   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Joli description bucolique d’un modeste ruisseau inconnu de beaucoup qui est pourtant aussi un fleuve dont l’eau réussira à se glisser en mer sous les bateaux.
« Au bout de la valleuse où vint russe pinceau
Trop vite, l’eau se glisse au dessous d’un vaisseau ».

J’y relève de belles images servies par de beaux alexandrins dans le deuxième quatrain notamment .
Le sonnet est agréable à lire mais présente des approximations ( 11 pieds au vers 11) et des maladresses ( beaucoup d’hémistiche en e) que les puristes pardonnent rarement.
« Nourricière /chaumière/ indécise/......
Ed: en fait je ne suis pas spécialiste et sur ce point je crois que ma remarque ne tient pas !!!
J’ai quand même bien aimé
EL

   poldutor   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Jolie poésie régionaliste, en beaux vers alexandrins.
On y découvre des mots d'origine normande peu courants : Iclon, marseau, valleuse, il faut en rechercher la définition ce qui interrompt la lecture et nuit à la fluidité du poème.

"Au bout de la valleuse où vint russe pinceau,"s'agit-il d'un peintre russe? Probablement...pas très clair.

La deuxième strophe est très poétique.
L'ultime vers est magnifique.
E.L

   LenineBosquet   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Anje,
Je ne suis pas un adepte de la poésie "naturaliste" mais les nombreuses allitérations font de la diction de ce poème un véritable régal en bouche.
"creux d''Iclon, éclot l'eau" par exemple mais aussi ce très beau vers 11. Il y en a partout, j'aime beaucoup.

   Queribus   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour, Un charmant tableau bucolique en ces temps où la ville est reine et aussi l'occasion de découvrir un charmant ruisseau que j'aimerais bien découvrir en vrai.

En ce qui concerne la forme classique, je n'ai pas trouvé de faute, les "e" à l'hémistiche sont suivis d'une voyelle(nourricière au semis, chaumière atteinte, indécise attendant, sveltesse en feston, rose alors valleuse où, glisse au); il est vrai quand même que ça en fait beaucoup. J'ai aussi remarqué que vous faisiez rimer des noms avec des noms: Veules-gueules, cresson-moisson, Veules-meules, frisson-poisson, ruisseau-marseau,pinceau-vaisseau; je pense qu'il aurait été bon de varier avec des adjectifs, des adverbes, des verbes,...pour éviter l'effet"mirliton"

Ceci dit, vortre travail est quand même remarquable et mérite un beau coup de chapeau.

   Anonyme   
4/7/2019
Bonjour

Que voilà un texte qui me pose problèmes ! J'ai longuement hésité
à le commenter en E.L. et finalement je me suis abstenu.

Déjà, dès le départ, je trouve bizarre qu'un sonnet quinzain classique
soir accepté avec 2 fois le même mot à la rime. Passons.

Dès le premier vers ce texte m'a rebuté avec son éclot l'eau venant
après Iclon, créant un ensemble très disgracieux.
La chaumière atteinte d'un frisson me laisse dubitatif, également.
Tout comme son attendant le poisson, vivant dans l'eau, je ne vois
pas comment une eau claire peut l'attendre, un pêcheur, oui,
mais une eau claire ?
La répétition de ru et ruisselet du premier tercet.
Et ce 3ème vers du premier tercet me laisse perplexe.

Vous l'aurez compris, je ne ressort pas grand-chose de positif
dans ce texte et connaissant l'auteur c'est une grande déception.

Comme il arrive de se trouer, je ne mettrai pas d'appréciation.

Bien à vous.

   hersen   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Voilà une bien belle image bucolique normande, d'un endroit dont je n'avais jamais entendu parler et qui laisse à l'esprit une sensation de fraîcheur bienfaisante.

J'ai aimé comment, d'image en image, l'auteur nous rend cette Veules, pourtant inconnue, familière à nos sens.

Une chaumière atteinte d'un frisson"
"sur le dos du ruisseau"
"elle n'est que sveltesse en feston de marseau"

et ce clapotis du premier vers !

Un poème avec certains mots inconnus de moi, mais cela n'empêche absolument pas la compréhension. Au contraire, ces mots particuliers valorisent, ils sont comme un trésor que je dois chercher. Et aussi un peintre russe qui serait passé par là et se serait arrêté pour immortaliser cette Veules si belle ?

Et j'aime le dernier vers pour ce qu'il peut suggérer.

Edit : et un très grand merci à Cristale pour le lien : passionnant !

   Robot   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte qui a le goût d'une promenade le long d'un lé. La flânerie dans ce chemin creux est fort agréable. La sensation de bien-être en ces temps de canicule est perceptible. J'adore cette image de l'eau qui s'arrête pour attendre le poisson, comme si celui-ci errait sans précipitation dans ce bain de fraicheur.
Le dernier vers conclue de belle manière cette escapade de la modeste rivière "pareille qu'un grand fleuve"
J'aime la simplicité des vers de ce sonnet loin des versifications prétentieuses et ampoulées. C'est agréable parfois de rencontrer la poésie légère et discrète.

   Davide   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Anje,

Un sonnet-hommage joliment musical, aux alexandrins "coulant" - malgré quelques lourdeurs -, ornés de nombreuses allitérations et assonances, notamment en [l], [s], [r] et [o]/[ô].

Le cadre régionaliste est, je trouve, très bien dépeint, riches d'images suggestives et "naturalistes" égrenées sur les saisons.
De belles images : "les fiers blasons de gueules" ainsi que le superbe vers, très visuel : "Elle n'est que sveltesse en feston de marseau." (j'aurais toutefois ajouté un "s" à "feston").

Toutefois, j'ai moins aimé certaines images :
v.7 : le passage "attendant le poisson" me paraît un peu confus.
v.8 : "Et fait en même temps tourner au moins dix meules" : l'image est belle mais ce "en même temps (...) au moins" manque poétiquement d'élégance.
v.9 et v.10 : "ruisseau", "ru" et "ruisselet" sont de la même famille. On ne le pardonne pas dans un sonnet classique !
v.15 : Anje, qu'est-ce que c'est que ce "pareille qu'un grand fleuve" ? Pour moi, jusqu'à preuve du contraire, "pareil que" relève du parler enfantin !
En bon français, on dit "pareil à" ; cela dit, si l'on veut respecter l'alexandrin, on pourrait écrire "pareil comme un grand fleuve" (un peu désuet, mais dans l'esprit du poème, ça peut passer !) ou mieux : "à l'instar d'un grand fleuve".

Même si l'aspect "précieux" de certains passages (remarques ci-dessus) me dérange un peu, j'ai beaucoup aimé le cadre pictural, le paysage animé qui borde le fleuve, la douce langueur de ce coin "perdu" de notre douce France...

Merci du partage,

Davide

   Cristale   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
L’écrivain français Emile Bergerat disait « Quand Victor Hugo était chez Paul Meurice, sa promenade favorite était le bord de la Veules. Il a du laisser des rimes accrochées aux arbres et les oiseaux en ont certainement encore dans leurs nids. »
...Jusqu’à ce que Anje se promène sur les bords de la Veules en cueillant quelques rimes tombées des nids...

Ce que j’aime chez l’auteur, ce sont (entre-autres) ses petits clins d’oeil entre assonances et allitérations : « ...creux, Iclon, éclot l’eau, Veules »…de suites de mots-familles : dont l’emploi évoque les étapes de développement (gradation?) de la rivière : du bébé ru au ruisseau costaud en passant par le chétif ruisselet, cela sur à peine deux vers, bravo pour l'audace ! En fait c'est surtout sur les rimes qu'il est préférable d'éviter les mots de même racine, à l'intérieur des vers c'est selon l'effet désiré par l'auteur.
La répétition de « Veules » à la rime du premier vers de chaque quatrain, je la prends pour une figure de style et non pour une erreur de prosodie.
« Elle meurt à la mer, pareille qu’un grand fleuve ».
J’ai déjà lu semblable expression dans des poèmes anciens, l’on pourrait dire que la rivière est comparable à un grand fleuve, qu’elle a la même valeur.
« Laissant la fleur de rose, alors un instant veuve » voici une belle évocation de la jolie commune de Veules-les-Roses dont elle est le fleuron qui s’en éloigne un peu.

L’auteur semble s’amuser, avec un grand sérieux, (!) à provoquer la prosodie et le langage.
Concernant quelques autres détails, je ne m’attarderai pas sachant que Anje connaît de mieux en mieux les gentils défauts de sa plume et qu’il lui mène la vie dure :)

En ces temps de fortes chaleurs, j’ai aimé me promener dans la fraîcheur de ce poème d’autant plus que la présence d’une rivière m’est vitale au quotidien. De celle de l’auteur émane une essence toute féminine de grâce et de légèreté. J’ai apprécié onirienne plume.

Sonnet quinzain dit irrégulier accepté sur Oniris en catégorie classique au même titre que le sonnet régulier. Le sonnet irrégulier répond aux normes de la versification classique mais n'est pas soumis aux mêmes règles strictes du sonnet régulier en ce qui concerne l'agencement des rimes entre-autres. http://img28.xooimage.com/files/5/a/5/le-sonnet-2-df1d54.pdf

Merci Anje,
Cristale

Curieuse de connaître « russe pinceau » j’ai découvert... riches renseignements ici :
https://www.veules-les-roses.fr/les-peintres-ambulants-russes-1857-1900/

   TheDreamer   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Sur la forme,

Pour moi, ce sonnet quinzain n'est pas classique.

- On ne peut en classique utiliser sur deux rimes distinctes un même mot. C'est une règle absolue. Or, ici le mot "Veules" dans la même acceptation se retrouve aux vers 1 et 5.

- Sur les tercets, les rimes masculines en "seau/ceau" ne peuvent être admises. Étant entendu que l'on ne peut répéter sur les tercets des rimes identiques.

Ce poème devrait par conséquent intégrer la catégorie néo-classique.

Sur le fond,

Un joli thème.

Sur le premier quatrain, le passage du 1er au 2nd vers me gêne. "Au chemin creux d'Idon, éclot l'eau de la Veules, Et s'épand nourricière...". N'aurait-il pas mieux valut écrire : "Qui s'épand nourricière...".

Le second quatrain sans être bouleversant me plait assez. Le premier tercet de même.

Sur le second tercet, le terme "russe pinceau" doit sans doute évoquer un peintre russe qui prit la Veules pour modèle. Je trouve l'inversion pas très heureuse.

Merci.

   Miguel   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un poème très expressif qui suscite en nous les images du paysage qu'il évoque ; une impression de paix, une nature qui semble préservée, un paradis. Les rythmes, les sonorités, tout berce et tout invite à la rêverie. Le seul point qui me gêne est "pareille qu'un", car l'adjectif "pareil" se construit avec la préposition "à" ; je sais bien qu'ici cela faisait hiatus", mais "pareille que" est une faute de grammaire.

   senglar   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Anje,


J'ai appris "marseau" et "valleuse", me voilà donc paré pour partir en pays cauchois. Dites-moi elle a tout d'une grande cette petite Veules, bien propre sur elle au clair cresson l'eau claire (lol, je sais, maiiis...). Pourquoi cette absence de chaland (leur tonnage à tous est-il si important ?) et qu'est-ce que ce "russe pinceau" ?

Mourir à la mer est le destin commun des fleuves ; pour faire cela toute seule, sans affluer ni affluents, je lui décerne le titre de mère-courage à cette "costaude"-là.

Faudra quand même me dire qui est le peintre russe qui s'est amouraché du pays cauchois et de la Veules et si vous avez usé de la licence poétique pour écrire "pareille qu(e)" qui a cacophoné mon tympan.

"Sur la table il séduit les fiers blasons de gueules" : J'aime beaucoup.


Senglar

Edition : Ah Oui Merci Cristale :) Je ne connaissais pas non plus ce Meurice. J'en ai perdu mon monocle et les s. Lol

   Anonyme   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
De belles images et une écriture élégante pour ce court périple de la Veules.
" Et fait en même temps tourner au moins dix meules. " belle tournure pour parler des moulins.

" semis du cresson
Qui rend gloire au cauchois lorsqu'après la moisson,
Sur la table il séduit les fiers blasons de gueules "

" Contre le mur d'iris, l'eau claire de la Veules
Caresse une chaumière atteinte d'un frisson
Puis musarde, indécise, attendant le poisson.
Et fait en même temps tourner au moins dix meules. " J'ai bien apprécié ce quatrain.

Une jolie mini balade.

   papipoete   
4/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Anje
Une rivière fort humble, qu'aucun chaland ne parcourt, et pourtant mine de rien elle fait son chemin, faisant tourner jusqu'à 10 meules ! Elle a son charme, que des peintres venus de Russie, immortalisèrent comme les eaux de Giverny... Elle fait son petit tour par ici, et s'en va mourir à la mer" pareille à un grand fleuve ".
NB une promenade bucolique sur ces eaux, que l'on imagine tranquilles au point de " caresser une chaumière atteinte d'un frisson " ( joliment dit )
le sens de " gueules " au 4e vers m'échappe ( gueules d'hommes de noblesse ? ) gueules de poisson ?
" Veules " répété au 5e vers me surprend ?
Et bien sûr, la rivière n'y est pour rien, mais son nom est fort vilain ! à moins que " veule " dans un autre monde eût un sens plus noble ?
Sinon, une jolie ballade au fil de l'eau, où l'on ne risquât point d'apercevoir comme à Venise, un hôtel flottant de 20 étages violant la " Sérénissime "...

   Anje   
5/7/2019

   wancyrs   
8/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut Anje,

Magnifique coup de pinceau pour décrire le cheminement de l'eau d'une Rivière ? jusqu'à la mer. C'est la richesse de la description qui fait la beauté de votre tableau ; le foison des détails apportés crée la précision nécessaire à se fondre dans le récit que vous faites de ce parcours. Merci de nous faire rêver !

Bonne continuation !

Wan

   Coeurdeloup   
13/7/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Anje

Je ne connaissais pas la Veules alors après avoir suivi (à travers vos mots) son chemin jusqu'à ce qu'elle rejoigne l'océan j'ai feuilleté le bon vieux dictionnaire pour en apprendre un peu plus.

Mais même sans connaître j'ai aimé me promener sur ses berges.

Doux moment de paix et de fraîcheur.


Merci

   VDV   
27/7/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Peut-être est-ce un manque de sensibilité de ma part, mais ce texte ne me parle pas du tout, et ce n’est pas faute d’avoir essayé.

Dans le premier quatrain pourtant, en cherchant bien, je peux trouver quelques mots de bons sens et de vérité qui me touchent. Je me sens, pendant un très vif instant, ému par cette eau nourricière qui s’épand au semis du cresson.

Un hommage à la nature et à ses bienfaits – hommage plutôt obscur, qui ne se trouve pas facilement, et qui se voit, dès le quatrième vers, gâché par une sorte de personnification des choses, auxquelles l’auteur donne des émotions qui ne décrivent aucune réalité. Les blasons séduits et fiers, la chaumière frissonnante et l’eau indécise. À la façon dont ils sont tournés, ces vers donnent l’impression de dépeindre l’évidence de ce qui se voit, lorsqu’ils ne sont que pures fictions se voulant jolis. Peut-être aurait-il été plus sage de dépeindre ces belles images sous le pinceau de vos propres impressions et émotions ? Là, j’aurais trouvé quelque chose de vrai, de sincère, de magnifique et de touchant. Là, j’aurais pu contempler et vivre la sensibilité réelle de l’auteur, au lieu de regarder les émotions inexistantes d’un blason ou d’une chaumière.

Petit détail presque insignifiant et quasiment rabat-joie, mais je me vois aussi dérangé par l’eau qui éclot. Les poussins ou les fleurs peuvent éclore, mais l’eau a plutôt tendance à jaillir.

Laissant veuve la fleur de rose. Que cela signifie-t-il ? Et cette eau qui « meurt » à la mer ? Pourquoi figer ainsi les choses, et mettre le deuil au beau milieu d’une vie foisonnante ? L’eau cesse-t-elle de couler au chemin creux d’Iclon ?


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