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Poésie classique
Anje : Le jardin secret
 Publié le 03/12/20  -  14 commentaires  -  1010 caractères  -  610 lectures    Autres textes du même auteur


Le jardin secret



Parmi les bois charmants, blotti contre un vieux chêne
Est un carré de terre, un enclos de rondins
Que ferme un portillon colleté d'une chaîne
Ornée en pendentif d'une clef dans son pêne.
Un endroit familier de sylphes et d'ondins.

Par toutes les saisons traversant la clairière,
D'un naturel badin, chantonne un ruisselet.
Il gambade, serpente, étoile la lumière,
En porte les éclats jusque sur la barrière
D'où, souvent aposté, trille un rossignolet.

Dans la sommière ayant ses droits de bourgeoisie,
Gouverne une sirène en robe de pastel.
Dégustant son nectar, un verre d'ambroisie,
Au moelleux du boudoir me gagne l'amnésie ;
La muse me convainc que je suis immortel.

Au gré de son effluve un lit de vélin flotte.
Ma plume sublimée, élevée à son sein,
Entrelace des mots que la rime roulotte
Comme on tissait le drap pour la chaude marlotte.
Et la lyre m'enchaîne à son fil d'organsin.


 
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   Lebarde   
19/11/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ne cherchez pas l’auteur(e) qui a produit ce superbe poème, ce ne peut être qu’un(e) virtuose de la poésie classique.

Un sujet d’un « onirisme vrai et concret », élégant, délicat, subtilement bucolique et sensuel, une écriture sans faute, fluide avec juste ce qu’il faut de mots savants ou rares pour éveiller la curiosité et tenir en haleine .
Quoi dire de plus, j’aime , j’admire et j’envie
Merci pour cette lecture

En EL
Lebarde

   Miguel   
25/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une charmante "Bucolique" qui me rappelle cependant davantage Théocrite que Virgile. On est bien là dans une poésie hellénisante. Un petit espace de paix où l'on peut oublier les réalités du monde, un lieu lumineux et serein, chanté ici avec une délicatesse toute classique. Pour l'ambroisie, bien sûr, il convient de s'en tenir au mythe de la fable et non à la vérité scientifique : une liberté qui est le privilège de la poésie.

   Anonyme   
27/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Pas d'exergue mais un titre attirant pour le lecteur.

Non spécialiste, je ne sais si ce type de composition porte un nom, avec ses 4 paragraphes de 5 vers chacun et les rimes ABAAB, CDCCD, etc.

Un poème que je qualifie de romantique pur jus.
Harmonie, rigueur de l'écriture, musicalité, riche vocabulaire.
C'est vrai qu'à regarder sans lire, le poème présent 3 vers plus longs
Mais, là "tout n'est qu'ordre et beauté, luxe calme et volupté"

Merci du partage,
Éclaircie

   Cristale   
3/12/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Waouh quel joli carré de quintils !
Où est-il ce jardin secret qui me donne soudain l'envie de vagabonder dans la clairière et me rafraîchir en son ruisselet ?
Secret de poète sans nul doute...
J'entends la trille d'un rossignolet :)
Attention Anje, la poésie vous possède, vous ne savez pas où vous avez mis les pieds, mais tant que vous saurez à quoi ça rime, pas de soucis :)
Cristale
qui se ferait bien lyre pour enchaîner votre muse au fil de mon inspiration

   papipoete   
3/12/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
bonjour Anje
Vous qui êtes presque un p'tit nouveau sur ce site, écrivez comme un Grand, je dirais plutôt comme une Grande aux friselis et oyats ; vous décrivez ce jardin secret, où tout est matière à délicate poésie ( même parler d'un portillon, est ici " colleté " d'une chaîne !
Tous les habitants de la forêt, faune commune et sylphes ou ondins, se distinguent sous votre plume, ici divine ! Chaque acteur interprète son rôle le sourire aux lèvres, comme ce ruisselet qui, badin chantonne...
NB comment voulez-vous que je sois publié, quand je vois le niveau d'un Anje qui passe...
je n'ose même pas vérifier votre prosodie, tant à mes yeux vos vers rutilent de leurs 12 pieds, j'en mets ma main au feu !
Il faudrait, c'est l'usage, choisir un passage préféré... et bien non je ne le ferai point, au risque de citer toutes les lignes !
allez ! la 3e strophe avec la " sirène en robe de pastel... ", mais tout est beau !
Bon, maintenant je m'en vais lire les derniers " essaimesses " de nos ados, tenus au loin de leurs personnes vulnérables...

   Myo   
3/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Anje,

Un jardin secret enchanteur, qui laisse libre cours à une muse prolifique.
Des vers finement tissés par ce fil d'organsin.
Un travail de maître, assurément.
Des rimes riches et recherchées ainsi qu'un vocabulaire soigné.

Bravo!

   Donaldo75   
4/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Anje,

Je vais me joindre au concert de louanges car ce poème est très réussi et dénote un vrai travail de spécialiste. Les vers s’enchaînent facilement, rendant la lecture fluide, le classique naturel et les images évidentes. Evidemment, du fait de la forme choisie et du champ lexical associé, le tableau me parait plus proche d'Auguste Renoir que de Joan Miro mais il s'avère agréable à contempler, presque hypnotique.

Une belle réussite.
Bravo !

   Provencao   
4/12/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Sublime !!!!

C'est dans ce jardin secret, là sans doute, sur ce naturel badin, que la liberté peut s'unir aux mots que la rime roulotte. Une espérance infinie...

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Anonyme   
4/12/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonsoir Ange,

Un joli ptit jardin secret où j'aimerais parfois me réfugier pour me changer les idées et rêvasser en paix.
Une belle maîtrise de la prosodie, des rimes recherchées et de bien belles images ne peuvent que me plaire et même...me ravir.

   Malitorne   
6/12/2020
Une poésie désuète qui semble sortir d’un autre siècle. Le vocabulaire est finement choisi mais parfois m’apparaît trop précieux, des termes plus simples n’auraient pas nui à l’harmonie de l’ensemble. Il faut croire que c’est un style, pour moi ça reste d’un niveau trop abstrait. Quand on passe son temps à chercher les mots dans le dictionnaire (ondin, sommière, vélin, organsin), on se dit que c’est une poésie d’intellectuel pas faite pour le peuple. Vous me répondrez, la beauté se mérite…
Je ne sais pas si j’aime, je la vois plutôt comme une œuvre inatteignable que l’auteur a d’abord conçu pour ses pairs, une sorte d’équation mathématique illisible pour les non-initiés. Restent de belles images quand elles sont traductibles.

   Mokhtar   
6/12/2020
J’ai un peu de scrupules à revenir sur ce superbe poème qui fait consensus, à juste titre.

C’est avant tout « l’élévation » poétique de ce texte très inspiré que je retiens : le lecteur s’évade dans le cadre bucolique, se laisse porter, disponible, aux envolées lyriques. L’écriture chatoyante, techniquement sûre, et le choix du vocabulaire recherché conviennent particulièrement au style que l’auteur s’est choisi. J’ai particulièrement apprécié la très élaborée dernière strophe qui conclut avec brio.

Mais, maintenant que l’on a sifflé la fin de la récréation, je me permets de taquiner à propos d’un détail technologique. Une « clef dans son pêne » ? J’avoue être dubitatif, et …peiner à voir l’image.
Le poète frôle les nuages, le titilleur voit la quincaillerie. J’ai honte. Notez que, toutefois, je ne vois aucune cheville à dénoncer dans ce poème qui…n’est pas à clef.

   RomainT   
10/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J´ai aimé l´angle d´approche du beau sujet choisi. Le poème, à mon goût, mélange subtilement la rêverie, le naturalisme et la poésie. Ce qui n´est pas peu de chose...

Je ne suis pas un spécialiste de la versification mais le poème semble cacher une maîtrise parfaite.

Dans ce rêve qui me fait penser à Baudelaire, j´aurais encore plus aimé si la pensée avait suivie son cours et nous avait fait voyagé plus loin et plus longtemps...

   Anonyme   
22/2/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Splendide ! Je ne qualifierai pas le deuxième quatrain, je n'ai pas de mots.
La douceur, les termes justes, la mélodie, bref tout ce qui définit la Poésie, est offert au lecteur. Merci.

   Wencreeft   
8/4/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je fréquente Oniris avec une assiduité irrégulière, si vous permettez l'oxymore : tantôt avec ferveur, tantôt avec pudeur. Parfois, je ne sais expliquer ce curieux phénomène, une fulgurance m'amène à reconsidérer certaines lectures que j'ai faites ici.
J'ai lu votre poème à sa sortie, c'est à dire il y a plusieurs mois, avec circonspection. Je m'interrogeais sur la pertinence des dithyrambes dont il faisait l'objet, ne sachant dire si j'étais d'accord ou pas. Et puis je l'ai oublié.
Mais voilà que depuis plusieurs jours, ce derniers vers "Et la lyre m'enchaîne à son fil d'organsin" revient me hanter avec insistance, comme un ritournelle. Rien à faire, j'eusse dit une guêpe bourdonnant sous une cloche. Je me suis mis à le prononcer à voix haute, à le rouler dans ma bouche, en m'en imprégner et à en saisir alors toute la portée poétique. Une chose en entraînant une autre, voilà que je reviens ici, relis votre poème avec concentration. Non qu'une illumination divine m'ait soudain apportée une considération diaphane, mais tout de même... tout finit par me charmer, comme si sa beauté avait attendu des jours meilleurs pour éclore tout à fait. Je sens aujourd'hui la poésie innerver l'écrit, comme ce fil d'organsin damasquinerait une étoffe soyeuse : il faut toute la science du tailleur pour apprécier la finesse des fils.

Il fallait donc que je vous fasse part de cette découverte, et que je vous remercie pour cette leçon d'apprentissage et d'assimilation que vous avez, malgré vous, donnée au jeune dameret que je suis.
Si vous permettez que je me jette des fleurs, je me félicite de mon opiniâtreté.


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