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Poésie néo-classique
Annick : Complainte d'un poème en détresse
 Publié le 16/08/22  -  16 commentaires  -  1005 caractères  -  250 lectures    Autres textes du même auteur


Complainte d'un poème en détresse



Je suis un poème fébrile,
Ma synérèse est un tourment,
Ma diérèse, contractile,
J'ai mal à mon enjambement.

Ma phrase est agrammaticale
Comme un banjo désaccordé,
Une assonance, gutturale,
Un tétramètre, galvaudé.

Ma césure est une blessure,
Et mon rejet fort déjanté,
Mon chagrin, telle une parure,
Brille d'une obscure clarté.

J'ai quelques rimes suffisantes,
Une riche, au charme fatal :
Elles sont fort condescendantes
Envers les pauvres… C'est égal !

J'ai l'élisi-on qui s'agace
De la flambée des « e » finaux,
Mes hémistiches se font face
Tels des vaisseaux et leurs fanaux.

Entre mes pieds, voix dissonante,
Des hi-atus disgraci-eux.
Ma démarche est brinqueballante,
Le rythme bien caprici-eux.

Tel est mon destin de poème,
Le vers captif, mal corseté.
J'aurais aimé être bohème,
Sans contrainte et en liberté !


 
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   Lebarde   
6/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Un poème classique qui se dit corseté et rêve de “liberté “ après avoir fait l’inventaire de toutes ses contraintes de poème : synérèse, diérèse, enjambement, assonance, rejet, rimes, césure, hémistiche, et …et j’en passe.

L’auteur(e) de ces octosyllabes parfaits a choisi le parti des diérèses qu’il(elle) a choisi graphiquement d’accentuer, pour ne pas l’oublier sans doute, et qui, à elles seules ne peuvent pas, à mon avis, coûter le catégorie classique qui aurait pu légitimement être revendiquée (hi-atus?).

Moi je vois plutôt la faute fatale sur le « e » non élidé de « flambée/des ».

Beau challenge en tous cas que le sujet de ce poème, même si la poésie a du mal à y trouver son compte.
Ce n’est qu’un petit reproche de ma part car la forme est bien là, remarquable, et c’est ce qui m’interpelle le plus.

Pour vous exprimer Il existe bien la poésie libre si vous voulez….mais je pense que vous avez une belle place ici à défendre; dites-le à vos vers!

Lebarde en EL

   Ioledane   
7/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Pas de grand transport poétique pour moi à la lecture de ce texte, mais je suppose que ce n'était de toute façon pas le but de l'auteur. Il m'a fait sourire, avec ses octos moquant gentiment la prosodie classique. Notamment "J'ai mal à mon enjambement", et l'avant-dernier quatrain avec ses diérèses.
Une petite lecture sympathique, voilà.

   Anonyme   
16/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Annick

J’ai bien aimé cet exercice au ton taquin qui nous déploie tout le vocabulaire cher aux fabricants de vers et leurs angoisses à retomber sur leurs rimes. Une sorte de mise an abyme quoi.

C’est bien fichu et sympa

Bravo !

Anna

   Cristale   
16/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Pauvre poème, on voit bien qu'il ne prend pas son pied comme il le souhaiterait. Quelle muse l'a accompagné à sa naissance ? Hein ? Je me le demande, en tout cas elle a failli à son devoir et risque de se voir rétrogradée au rang de musette pour amusettes si elle continue à le faire souffrir de la sorte. ^^

Bonjour Annick,

Il chante si bien de la rime ce malheureux, on voit pourtant qu'il fait ce qu'il peut et se débrouille tout seul, pour moi c'est ça le talent. Il a conscience que tout est perfectible, que tout s'apprend et que rien ne s'acquiert dans la facilité.

Le poète n'est pas un usineur de vers, il joue sa mélodie comme le musicien joue sa partition à la perfection après avoir appris le solfège et répété maintes et maintes gammes. Une passion comme une autre, avec chacune son vocabulaire spécifique, qui se respecte.

Petits octos mignons qui trébuchent avec élégance sur un coquin "e" muet qu'ils dénoncent justement : "De la flambée des « e » finaux"

J'ai entendu la complainte de ce poème en détresse si attachant et je viens ici pour le consoler en lui disant qu'il a bien du charme et de la tendresse avec sa petite voix poétique et espiègle.

Merci Annick pour ce sourire matinal.

Cristale

   Provencao   
16/8/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Annick,

"Je suis un poème fébrile,
Ma synérèse est un tourment,
Ma diérèse, contractile,
J'ai mal à mon enjambement."

Sans contrainte et en liberté : j'ai beaucoup aimé cette complainte où se campent les questions que tout passionné d'écriture se pose: faut-il seulement ajouter à la substance du poème, des arabesques, des lumières, une parure, des rimes, une césure....assurant ainsi une approche, un accueil sensibles aux vérités de la prosodie?

Ou, tout simplement s'agit-il d'accorder, d'éprouver, de distinguer, de révéler qu'une métaphore, un écho, un fantasme, une ombre, un rêve... peuvent concourir de manière décisive à cette imagination, avec ce dire poétique susceptible de partager la vérité de l'histoire ?

Je me suis tellement retrouvée en votre complainte, j'en ai aimé votre naturel et votre inspiration vraie.

Merci, véritable coup de coeur pour moi.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
16/8/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
bonjour Annick
Un jongleur de mots n'eut fait mieux, que cet exercice périlleux, que la virtuosité de l'auteure rehausse à chaque quatrain !
Mais cette complainte, que les termes techniques traînent à chaque vers, a cet avantage fantastique, de se lire sans le moindre dictionnaire ( pour qui étudia un tant soit peu la versification )
NB devant ce " poème fébrile ", que la technique tourmente, on sourit ( c'est pas gentil ! ) mais voir avec quelle maestria, cette plume virevolte sur le plus petit mot, est un régal que nos yeux savourent avec délectation !
Et devant un tel assemblage, comme sur l'étal d'un commerçant, il faut choisir ; on pourrait dire
" donnez-moi un peu de la première strophe
- et une brassée de la seconde etc...
La 3e strophe ( avec son 4e vers si brillant ) a ma préférence, mais toutes ses soeurs valent leur pesant d'or !
Des octosyllabes sans faute ( que je vois ornés de Classique ) me ravissent ! je suis sur le ... non je ne peux l'écrire, mais suis ébahi !

   Eskisse   
16/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Annick,

C'est fin, inventif et bien tourné. L'idée de la complainte donne un ton railleur bienvenu. L'on voit combien les règles classiques sont difficiles à intégrer. J'ai particulièrement aimé :
"Ma césure est une blessure,
Et mon rejet fort déjanté,"

Et avec cet inventaire, votre poème pourrait chanter avec Gaston Ouvrard " Je ne suis pas bien portant."

Et il donne envie d'écrire en libre !

   senglar   
16/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Annick,


Beaucoup d'humour qui ne se relâche pas un seul instant, tout est pesé et soupesé, travaillé au cordeau avec des clins d'oeil ici et là dont l'"obscure clarté". J'ai bien aimé "gutturale/galvaudé","blessure/déjanté", le "charme fatal", les "vaisseaux et leurs fanaux", "dissonante/brinqueballante", "disgraci-eux/caprici-eux", "corseté/liberté". Que des pépites tout au long. Avec souvent un mot plus riche corrélé avec un mot plus pauvre. Effet garanti !
Ceci dit... je vais oser...
"J'ai mal à mon enjambement"
Entre... nous, vaut mieux pas relâcher sa lecture hein...
Quoi ? Ne dites pas que je suis le seul...

   Anonyme   
16/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Allez savoir pourquoi, « J'ai mal à mon enjambement » et aussitôt me vient l'image d'un grand-écart qui aurait mal tourné, et la grimace de douleur qui va avec...

N'empêche, Annick, lorsque tu te fais feu-follet pour rire des difficultés d'une mise en poésie dans les règles avec lesquelles il faut savoir jongler, tu me fais passer un bien agréable moment.

Pendant que tu écrivais, peut-être m'as-tu vue ? J'étais là, penchée par-dessus ton épaule, à te suivre dans ce jeu où la plume n'était pas la dernière à s'amuser. Et je voyais de profil ton sourire et ton application à nous offrir cette ribambelle de mots choisis avec soin pour décrire le périlleux exercice.

Il ne me reste plus qu'à t'applaudir comme tu le mérites. C'est une excellente acrobatie !
Ne m'en veux pas trop de rire plus que de plaindre ce poème en détresse... ^^

Merci pour le partage.

   Miguel   
16/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il me semble que ce pauvre poème va finir par nous chanter "J'ai la rate qui s' dilate, les genoux bien trop mous, etc" Mais je trouve aussi que ce poème est un peu chaque poème qu'on écrit, avec les insuffisances qu'on lui trouve, les points dont on n'est pas satisfait, et cent autres tares. Bref c'est un peu notre enfant à tous, et bien qu'imparfait, voire contrefait, on l'aime. Et tout cela avec une délicieuse tonalité humoristique. Kaliméro changé en poème.

PS : Non senglar, rassure-toi, tu n'es pas le seul.

   Ornicar   
17/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Annick,

Quel drôle de poème que celui-là !
Le thème est celui de l'écriture et de la difficulté d'écrire en poésie comme un auteur "classique". Or le narrateur ici n'est pas un "je" incarné, un être de chair, un poète lambda en mal d'inspiration par exemple. Non ! Le narrateur, ici, c'est le texte lui-même en cours d'élaboration sous nos yeux, cette chose inerte, morte, muette qui ne prend vie,"ne prend son sexe", nous dit Léo Ferré, "qu'avec la corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l'archet qui le touche". Ce "poème en détresse" ici est à la fois sujet et objet. C'est original. De là, naît un certain comique, une forme d'humour que j'apprécie. C'est la bonne idée de départ que vous avez su parfaitement exploiter mais à double tranchant.
Et notre "poème en détresse" passe en revue toutes les règles à respecter pour être estampillé "classique". Règles qui sont autant de pièges à éviter pour son auteur.
De ce point de vue, l'exercice est tenu, la gageure relevée avec brio, non sans esprit, jusqu'à ce "e" non élidé à la césure du vers 18 dont il me plaît d'imaginer qu'il a été volontairement oublié là, comme une illustration de ce qu'il ne faut surtout pas faire, car ce poème ne rêve-t-il pas de liberté, après tout ? ("J'aurais aimé être bohème")
J'applaudis.

L'instant d'après, je perçois les limites de l'exercice. Car ce n'est, ça ne reste, pour moi, qu'un exercice, habile, brillant, intelligent. A sa lecture, j'ai ressenti du plaisir, mais un plaisir purement intellectuel. Pas une once d'émotion. A cela, je vois deux raisons. La première, c'est l'effet "catalogue". Vous avez déroulé le thème et coché consciencieusement toutes les cases, tous les passages obligés ( synérèse, diérèse, enjambement, tétramètre...etc ), soit autant de termes techniques qui donnent à votre poème une couleur "technicienne", une tonalité purement intellectuelle, froide, abstraite. Je conçois toutefois qu'il ne pouvait, dès le départ, en aller autrement. Il n'y avait pas d'autres façons de traiter l'objet de votre étude. Vous avez d'ailleurs vu l'écueil, puisque vous avez su agrémenter vos vers d'un certain humour.
La deuxième raison tient, je pense, à votre choix initial : doter de la parole et de la pensée, un texte, plutôt qu'un être de chair. Pour moi, il me manque une présence humaine à laquelle j'aurais pu m'identifier. Bref, ça manque de chair !

Pour une fois, j'aurais bien voulu avoir à ma disposition deux notes comme en patinage artistique, une note" technique" et une note "artistique", car, oui, j'ai bien un poème sous les yeux, plutôt réussi d'ailleurs ! Mais une poésie ?

Ornicar

   StephTask   
18/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J’ai apprécié l’exercice de style et la personnification du poème assez originale et pleine d’humour.

J’ai toutefois regretté le manque d’émotion que ce texte génère à l’exception de quelques petits sourires.

Les vers sont bien bâtis mais le propos manque pour moi d’universalité.
Il s’agit d’une niche, d’un clin d’œil entre initiés à la l’imite de l’ésotérisme poétique, mais pour un débutant en classique comme moi, c’est une jolie piqûre de rappel.

   Evelit   
18/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très joli.
J'adore le thème, très bonne idée. J'aime bien les textes qui parlent de textes.
J'aime bien "Comme un banjo désaccordé", "Ma césure est une blessure", "Mon chagrin telle une parure", les rimes riches condescendantes envers les pauvres, et la fin: "j'aurais aimé être bohême...". Bravo pour ces jolies trouvailles.
J'ai un peu de mal mais c'est personnel avec ce que je ne saisis pas. Je trouve que parfois, il vaut mieux faire simple parce que perso, quand je ne comprends pas assez les termes, cela m'éloigne du texte (ma synérèse est un tourment, ma diérèse contractile... Je comprends pas ? Probablement que certains comprennent et y prennent plaisir... Cela ne tient peut-être? qu'à moi. Bref :)).
J'aime beaucoup quand-même, il y a suffisamment de phrases qui m'accrochent. Merci pour le partage.

   Yannblev   
21/8/2022
Bonjour Annick,

Voilà un exercice intéressant qui consiste, dans une sorte de paradoxale réflexion, à construire dans une forme rigoureuse avec les mots qu’il faut un poème digne de ce nom pour, soi-disant, proposer un poème qui n’en serait pas un… alors que c’en est un forcément puisque l’auteur l’a expressément conçu en tant que tel et bien réussi en tant que tel.

Merci du partage.

   Myo   
22/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
En vous lisant j'ai pensé à cette chanson " j'ai la rate qui s'dilate"

Une énumération de tous les obstacles qui jalonnent le parcours du poète amateur de classique.

Un défi joliment relevé avec beaucoup de doigté et d'humour.

Bravo

   sigrid   
18/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce poème m'a beaucoup amusée, il est très inédit! Un poème qui parle de lui-même... Pas facile mais le pari est réussi!
Effectivement les diérèses ont l'air de souffrir (surtout le hiatus) mais dans ce poème c'est parfait!


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