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Récit poétique
Annick : La mer murmure en moi
 Publié le 07/12/24  -  9 commentaires  -  2689 caractères  -  110 lectures    Autres textes du même auteur


La mer murmure en moi



C'est l'automne.

Aujourd’hui encore, je suis retournée voir la mer et ses multiples visages, ses innombrables masques de lumière et d'ombre, ses chants d'eau et de vent. Car elle se fait apaisante ou furieuse comme une énigme mouvante qui m’attire autant qu'elle me défie.
Mais peut-on vraiment revenir à ce qui coule déjà dans nos veines ? Elle est en moi, battement sourd, murmure inextinguible. La mer n’est pas un lieu mais une pulsation, une respiration. Elle est l’écho d’un paysage intérieur.

Depuis toujours, je reviens vers elle, comme à un premier amour. Elle reflète mes doutes, accueille mes joies, révèle ma petitesse. Entre elle et moi, le lien est indéfectible : chaque marée emporte un fragment de mon être pour le déposer au loin, là où commence l'infini.
Mes rêves s'étirent jusqu’à cet horizon changeant, ce point d’équilibre entre le ciel et l’abîme. J'oublie qui je suis. Je deviens houle, clapotis, vague errante, indocile.

L'éternité de la mer m'apaise. Dans ses rythmes immuables, je trouve une consolation, portée par ce tout impalpable.

Ce matin, sous des nuages de bronze, la brise iodée lisse la surface métallique de ce miroir démesuré où le monde se reflète sans pudeur. Les vaguelettes, de leurs doigts au toucher délicat, caressent le granit des rochers moussus.
L'eau n'appelle ni ne hurle : elle chuchote à peine, dans un soupir étouffé, sa colère imminente. Elle m'offre son calme, mais je sens sous sa peau miroitante le frémissement d'un cœur prêt à battre la chamade.

Bientôt, le ciel se déchire et l'horizon se fige dans un vert acide. La mer houleuse, crêtelée, s'enfle, énorme, belle à faire peur. Ses vagues sont des langues prêtes à gober le rivage et les promeneurs attardés. Elle martèle sa colère d'embruns rageurs aux exhalaisons entêtantes d'algues vertes. Monstrueuse, destructrice et créatrice, je devine en elle mes propres failles où je me brise, me perds et me reconstruis.
Et pourtant, malgré sa fureur, je ne peux m'éloigner. Elle me terrifie et me retient. Je demeure un long moment captive, fascinée, debout sur la dune, face au vent.

Puis, peu à peu, elle se tapit comme une bête farouche lassée de ses colères et se blottit dans la douceur du soir. C'est alors que ses vagues se dispersent en mille éclats de rire cristallins sous le soleil couchant, enjouées, espiègles…

Je retournerai la voir, car elle est bien plus qu'une étendue d'eau : elle est le berceau de la vie, le cœur battant de ce monde. Et l'écrin ondoyant de l'âme.

Demain ce sera l'hiver. Il neigera des plumes sur la dune et des étoiles sur la mer.


 
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   Provencao   
7/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Annick,

"L'éternité de la mer m'apaise. Dans ses rythmes immuables, je trouve une consolation, portée par ce tout impalpable."

Dans ce rythme immuable, vos mots consolent parce qu’ils délèguent à tout un chacun le soin de démontrer que la vérité n’est pas un destin.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   papipoete   
7/12/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Annick
La mer, cette amie à qui je me confie sur ma joie et ma peine, semble s'en aller... et revenir comme un
- tu veux ou tu veux pas ?
Elle peut quand " sous des nuages de bronze... ", me confier qu'une colère en elle couve
et ça gronde, ça hurle comme un loup en rut, comme un volcan qu'on croyait éteint pour toujours ;
elle pourrait tout avaler
mais...
NB notre poétesse qui manie le vers classique à la perfection, nous montre ici son savoir-faire, tel un maître-verrier maniant la matière, pour en faire une merveille, sans aucune rime ou assonance...
Je la vois parler à la mer, et contre une colère n'en être point amère.
Comme un chien fidèle, à qui l'on aurait montré le bâton, montrer les dents... et puis sagement venir se réfugier dans les robes de sa maîtresse.
Pour écrire ainsi, il faut comme aux arbres, aux fleurs, aux pierres savoir leur parler et tendant l'oreille, entendre leur réponse...
le distique de fin " puis, peu à peu, elle se tapit... "
est mon passage préféré.

   Robot   
7/12/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
aime bien
Globalement j'ai trouvé cette prose intéressante et souvent poétique. Je reprocherai cependant des mots inutiles provoquant des lourdeurs stylistiques.
Je ne peux pas reprendre tout le texte, je m'arrêterai sur l'introduction qui me semble pouvoir être allégée d'un certain superflu.
J'ai mis entre guillemets ce qui me paraît inutile.

C'est l'automne.

"Aujourd’hui encore," (en supprimant ces deux mots on entrerait immédiatement dans le propos)
Je suis retournée voir la mer ,
"et" (une virgule suffit à l'énumération)
ses multiples visages, ses
"innombrables" (fait double emploi avec multiples)
masques de lumière et d'ombre, ses chants d'eau et de vent.
"Car" (Il est inutile de débuter par ce car explicatif)
Elle se fait apaisante ou furieuse comme une énigme mouvante qui m’attire autant qu'elle me défie.
"Mais" (Là aussi le mais explicatif est superflu)
Peut-on vraiment revenir à ce qui coule déjà dans nos veines ? Elle est en moi, battement sourd, murmure inextinguible.

En clair je lis plus facilement le texte allégé:
Je suis retournée voir la mer, ses multiples visages, ses masques de lumière et d'ombre, ses chants d'eau et de vent. Elle se fait apaisante ou furieuse comme une énigme mouvante qui m’attire autant qu'elle me défie.
Peut-on vraiment revenir à ce qui coule déjà dans nos veines ? Elle est en moi, battement sourd, murmure inextinguible.

Dans la suite du récit il y a encore des allègements possibles. Je suis partisan de la chasse au petits mots inutiles comme: car - mais - et - puis - comme - etc...

Je me suis cependant laissé prendre à cette ambiance mouvante, à cette vision changeante de la mer.

   Cyrill   
7/12/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
aime bien
Bonjour Annick,
Je ne suis pas vraiment convaincu par la structure chronologique du récit :  « Aujourd’hui encore », « Ce matin », « Bientôt », « Demain ». Ces repères temporels affaiblissent la valeur métaphorique et par là-même poétique du récit, qui existe néanmoins, en ancrant la locutrice dans la réalité.
J’ai cru voir dans certains passages une mer/mère qui console et cependant peut être houleuse, mais vers laquelle « Depuis toujours, je reviens », en tant que « berceau de la vie ».
Mais elle semble receler en elle, plus qu’une vie en particulier, celle du monde.
Un essai qui m’a interpelé, en définitive, par son propos et son inspiration, sans toutefois me satisfaire tout à fait du point de vue de l’écriture.

   plumette   
7/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Annick,

j'ai aimé votre texte, spontanément, sans avoir besoin de l'analyser.
je l'ai relu pour tenter de décrypter ce qui m'a emporté.
le mouvement, la diversité de cette mer changeante, ses contrastes, ses couleurs, sa personnalisation.
Bien sûr, j'aime la mer et peut rester des heures à la contempler.
il y a une phrase que vous auriez pu, à mon avis, supprimer :"Je retournerai la voir, car elle est bien plus qu'une étendue d'eau : elle est le berceau de la vie, le cœur battant de ce monde. Et l'écrin ondoyant de l'âme" elle me parait trop explicative et même un peu "sentencieuse" en rupture avec le reste du texte qui fait plus de place à l'imaginaire du lecteur.

Merci pour cette lecture!

   Myndie   
8/12/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour Annick,


A l'instar de plusieurs commentateurs, j'ai trouvé dans ce texte quelques petites failles stylistiques qui, je n'en doute pas, seront facilement corrigées.
Comme, de mon point de vue, cela n'empêche pas la magie de fonctionner et l'émotion de passer, je choisis d'en faire l'impasse pour relever tout ce qui m'a plu, tout ce que j'y lis en filigrane et tout ce que ce murmure de la mer recèle de poésie et de douceur.

Par exemple ces «  masques de lumière et d'ombre, ses chants d'eau et de vent »
ou ceci : «  ses vagues se dispersent en mille éclats de rire cristallins » 

J'aime cette impression de mouvement et de lenteur, cette lumière dont les nuances font un tableau émouvant, ces sons, vibrations, chuchotis ou battements rageurs qui nourrissent l'analogie, l'identification.
Les choses sont dites simplement mais l'émotion poétique est là et on a juste envie de se laisser envahir par cet envoûtant vague à l'âme.

Merci Annick pour cette lecture

   Catelena   
9/12/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Tendresse. C'est bien ce que le titre laisse augurer.

De la tendresse à ras-bord dans cette lettre que la locutrice s'écrit à elle-même de retour d'un voyage dans le miroir, comme pour mieux s'imprégner de la beauté pure, et parfois douloureuse, de la mer ''au mille visages'' livrant tous ses secrets.

Doux de prime abord, consolant même, le ressac s'intensifie au gré des sous-entendus qui chauffe le sang dans les veines. On parle de ''nuages de bronze'', de ''ciel qui se déchire'', de ''mer belle à faire peur'' lorsqu'elle s'anime en oubliant les faux-semblants et la retenue des jours de bonne figure.

Puis tous se termine dans ''les rires cristallins'', car il vaut mieux en rire de toute cette fougue qui parfois nous submerge.

La mer, en douceur, s'est emparé de la métaphore pour nous livrer le portrait intime de la houle au cœur du murmure. J'ai pleinement ressenti cette touchante réalité offerte en partage.

Merci, Annick.

   Marite   
10/12/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
aime bien
Tout est dit dans ce récit poétique pour qui est resté, même un seul jour, fasciné par les humeurs changeantes de la mer. Je partage l'avis de Robot au sujet de l'allègement de l'écriture : ces petits mots qui réduisent l'élan poétique pourraient aisément être supprimés sans nuire à la transmission des ressentis de l'auteur.

   Cristale   
13/12/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
"Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage." 
Ainsi écrivait Baudelaire dans « L’homme et la mer »

"Aujourd’hui encore, je suis retournée voir la mer et ses multiples visages, ses innombrables masques de lumière et d'ombre, ses chants d'eau et de vent. Car elle se fait apaisante ou furieuse comme une énigme mouvante qui m’attire autant qu'elle me défie."
Ainsi écrit Annick dans « La mer murmure en moi ».

J’ai ouïe de la narratrice : « Je suis très légèrement énervée » ce à quoi je répondrais que c’est bien normal quand le gros temps provoque des vagues submersives. C’est dit dans le récit ^^:
"La mer houleuse, crêtelée, s'enfle, énorme, belle à faire peur."
...  je n’invente rien. 

À propos des  « marqueurs de temps et des connecteurs logiques » mon œil en coin a lu de la même plume : « Dans un récit qui se veut poétique, il vaut mieux, en effet, ne pas les employer ou bien avec parcimonie. »
Nada ! Que nenni, never, onc ! Que jamais Parcimonie se pose sur cette prose et reste là où elle est invitée, elle n’a rien à faire sur les flots bleus de l’autrice. Ce ne sont pas quelques récifs de marqueurs de temps qui vont empoisonner les vers marins de cette peinture poétique marine.

Il y a de très jolies formules que je ne peux pas toutes relever dans mon commentaire mais :
«  J'oublie qui je suis. Je deviens houle, clapotis, vague errante, indocile. » « La mer n’est pas un lieu mais une pulsation, une respiration. Elle est l’écho d’un paysage intérieur. »
sont d’une poésie preignante qui me touche beaucoup, moi l'amoureuse de l’Océan.
Quand à la technique je n'ai qu'à me faire toute petite vu que je suis incapable de présenter une prose pas plus qu'un récit poétique dignent de ce nom mais aujourd’hui, ce matin, peu à peu j’ai ressenti le grand plaisir, en lisant chaque ligne, d’entendre les battements du coeur de cette mer depuis toujours si fascinante.

Ce matin, demain sans aucun doute, bientôt, peu à peu (je cite) « ce sera l’hiver, il neigera des plumes sur la dune et des étoiles de mer. »

Merci Annick pour cette poésie, merci de chérir la mer.


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