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Récit poétique
Annick : Où es-tu ?
 Publié le 03/09/22  -  15 commentaires  -  2769 caractères  -  189 lectures    Autres textes du même auteur


Où es-tu ?



Le sable que brunissent les algues ne reflète plus le grain blond de ta peau. Le goémon a envahi l'estran désolé, triste déversoir des peines entassées, accumulées par le ressac des jours, des saisons, sans le sel de l'écume, sans l'or de tes yeux. Les vagues me chuchotent des histoires d'avant et le vent fait vibrer ma lyre mélancolique de poète esseulé.
Je compose pour le zéphyr des vers sibyllins :

« Quelquefois, j'aperçois une sirène blonde
Dont le visage d'ange émerge un peu de l'onde,
Sa queue d'argent se tord dans un ruissellement,
Son chant est cristallin et son regard aimant. »

La nostalgie est un gouffre abyssal où les étoiles de mer gisent dans la vase de l'oubli. C'est un monde englouti où s'érodent des cités mystérieuses, tapissées de coquillages, ceux que l'on pose contre l'oreille pour entendre le clapotis de la houle faite de secrètes confessions.

Les embruns répandent dans mes veines leur souvenir lancinant : allongés sur l'ourlet des lames déferlantes, nous avalions les bourrasques à grandes goulées, en riant.

Souviens-toi de ces matins de soleil ruisselant. Tu esquissais d'un doigt assuré, sur le miroir des flaques, le contour de nos jeunes silhouettes. Nous dessinions, sur les galets, nos mains de pierre et de vent.

Un peu sirène, ton regard pétillait à travers le désordre de tes longs cheveux mouillés que, d'un geste gracieux, tu recoiffais.
Un peu fée, tu insufflais toute cette magie, cette joie communicative que j'espérais pour illuminer ma vie.
Un peu sorcière, tu m'envoûtais par ton charme indéfinissable, par la grâce de ton corps souple aux courbes félines. Tu savais de ton pas ample, de tes pieds cambrés, sculpter la crête de la dune, le plat de la grève.
Parfois, tu te retirais au fond de toi-même, mystérieuse, et cette part, qui m'échappait, me fascinait…

Je t'ai rencontrée sous le soleil et tu as disparu un jour de tempête…
Es-tu dans le souffle de la marée impulsé par le battement de cœur qui vient du large ? Les navires, à l'horizon, en partance pour des contrées inconnues sont remplis de ton absence.

Comme une requête ultime et dérisoire, comme une bouteille jetée à la mer, ballotée au gré des courants, je fais glisser sur le flux de l'eau, toutes voiles déployées, un bateau miniature qui danse et se balance sous la brise. Le reflux l'emporte au loin. Là où tu es. Il renferme en ses cales un trésor. Saura-t-il te retrouver ?

Près de la côte, un phare blanc, dressé en sentinelle, se découpe sur le ciel bleu. Il veille sur le passé car c'est ici, dans l'impétuosité des flots, que tout meurt et demeure. Et la mer me souffle à l'oreille d'indicibles secrets…


 
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   Cyrill   
28/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Joli récit tout en délicatesse, où la nostalgie ne fait pas les choses à moitié, je le lis avec plaisir. J’ai beaucoup aimé ce passage :
« Un peu sirène … Un peu fée … Un peu sorcière ... »
Souvenir idéalisé qui fleure bon l’adolescence enfuie que l’on voudrait bien retenir.
J’ai regretté tout de même que le narrateur s’assume poète et montre les vers qu’il compose, ça fait un peu too much, je trouve.
Cela dit j'ai trouvé ce poème plutôt bien en équilibre entre le fond et la forme, harmonieux pour tout dire.

   Anonyme   
3/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Annick,

Vous avez composé un récit poétique au ton nostalgique et aux teintes maritimes. Les images sont très agréables à l’oreille. L’insertion du petit poème en rimes n’était pas à mon avis indispensable, mais c’est votre choix et ça n’entache en rien la joliesse sensorielle de l’ensemble.

Merci pour cette lecture aux embruns mélancoliques.

Anna

   Provencao   
3/9/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour Annick,


J'ai été très surprise de ce :" Je compose pour le zéphyr des vers sibyllins :" qui à mon sens est une réelle limite, de l'artistique de " l'absolu dans l'accompli"....et pourtant, cette limite donne sa tension à votre poésie que je qualifierais d'originale.

Je suis un peu déroutée.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Anonyme   
3/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Un récit qui vient des tripes, mais il y a trop de buvard autour qui l'épanche de sa réelle poésie.
Peut être faut il lâcher du lest pour donner toute son amplitude à la voile timide qui se devine au fond.
On sent de la retenue qui ne demande qu'à se laisser aller.
Osez ! La douceur qui émane ne s'en portera que mieux.

   poldutor   
3/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Annick
Je commente rarement les récits poétiques, mais j'ai lu le votre avec plaisir, j'ai ressenti la vraie poésie qui émane de vos mots.
"Les vagues me chuchotent des histoires d'avant"
"Souviens-toi de ces matins de soleil ruisselant"
"Je t'ai rencontrée sous le soleil et tu as disparu un jour de tempête…"
C'est très beau, et moi qui suis plus amateur de vers rimés j'ai vraiment apprécié votre quatrain:
" Quelquefois, j'aperçois une sirène blonde
Dont le visage d'ange émerge un peu de l'onde,
Sa queue d'argent se tord dans un ruissellement,
Son chant est cristallin et son regard aimant."
Beaux alexandrins qui même, s'il ne sont pas parfaitement classiques vous permettent de tenir peut être un bon début de sonnet!
Cordialement.
poldutor

   papipoete   
3/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Annick
Il me revient ce jour l'envie de te revoir, toi qui faisais de nous, deux doigts de la main, le miroir de l'une dans l'autre, deux amants qui sans le souffle de l'autre purent mourir...
Mais tu es partie, comme une goélette qui appareille pour un voyage au long-cours ; levant l'ancre à me laisser seul avec mon encre de poète !
Je voudrais tant que tu reviennes ; verras-tu accoster sur ton rivage, cette bouteille à la mer où tout ce que j'éprouve pour toi, est écrit... au milieu de larmes tombées sur ce papier
NB Récit poétique est pour moi, telle la Nouvelle, un univers qui m'est inconnu, mais ce texte où la prose côtoie l'alexandrin, me fait voir ce paysage marin où se mêlent : le merveilleux, l'amour, la joie d'avant et ces vagues qui vont et viennent, comme pour dire :
- je viens, je viens pas
- me vois-tu malgré l'invisible
- crois-tu que je t'aimais autant que toi, tu m'aimais ?
Il est question d'une tempête, un grain plus fort qu'une dispute... l'espoir fait vivre, mais il " suffirait de presque rien pour... "
De belles lignes, dont " souviens-toi de ces matins de soleil... " est mon passage préféré.

   senglar   
3/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Annick,


Ecriture qui file sur la crête de la vague sans jamais en descendre; Le surf n'a pas d'avenir céans avec ses dégringolades.

J'en viens au poème :
Je lis ici la dualité de cette femme : connue/mystérieuse, douce/impétueuse.
En fait tout le poème est placé sous la coupe de cette dualité et d'un antagonisme : ravissement de la rencontre/déchirement de la séparation. "Elle" est double, "Lui" est unicité. "Il" voudrait se fondre, "Elle" conserve ses abîmes/abysses.

Son bateau est dérisoire (miniature), le phare est un témoin impuissant. Il rappelle le bonheur passé donc le malheur présent.

L'amant est un jouet du vent, de l'eau. Il aurait dû savoir que la sirène est un objet et que lui-même n'est qu'un satellite de la femme aimée.

Condamné à tourner, tourner, tourner.
Et à aller se perdre dans l'espace.
Froid ! Froid ! Froid !

Impossible fusion.

"Elle" est déjà complète.

"Lui" est superfétatoire.

   Annick   
4/9/2022

   StephTask   
6/9/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Un texte avec des images profondément romantiques : le poète, la lyre, le zéphyr ... Dès le début, j’ai aimé : « l’estran désolé, triste déversoir des peines entassées ».

Puis arrive la mise en abyme avec ce poème dans le poème : la sirène apparaît et le charme opère. Comme le narrateur, je suis ensuite subjugué par la succession d’images profondément poétiques sur le fond comme sur la forme. Elles évoquent d’abord un coup de foudre pour cet être magique qui de son joli pied « sculpte la crête de dune, le plat de la grève » puis l’absence, puis la solitude et la nostalgie.
Quel jolie idée de jeter vainement un bateau miniature à la mer ! J’aime aussi ces navires « remplis de ton absence ».

Pour conclure, j’aime passionnément ce texte avec un petit bémol : de mon point de vue, le quatrain en vers casse un peu le rythme et rend le poème aussi hybride que la sirène. C’est un choix que je respecte, mais j’aurais préféré que ces vers fussent plus sibyllins (voire invisibles) et que l’évocation de la sirène soit plus mystérieuse dans cette prose si bien maîtrisée.

   Anonyme   
9/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour bonjour,

Alors cette poésie me pose un souci de choix de forme.
C'est étrange à dire parce que c'est réussi, les images sont jolies, et bien qu'à mon goût personnel ce soit encore trop dans la préciosité au niveau vocabulaire, la poétique est indéniable.

Et pourtant... moi je la verrai en vers libres. Le découpage me vient en lecture, et mon oeil fait de lui-même les changements de mise en forme (je donne un exemple :
Algues brunies par le sable
ne reflétant plus le grain blond
de ta peau.
L'estran
désolé, triste déversoir
envahi de goémon
des peines entassées
par le ressac
des jours

etc...) mais du coup je change totalement l'intention du texte et de l'auteur et c'est mal.

Donc, ne pouvant adapter cette oeuvre à mon esprit dérangé, je dirai juste que j'aurais aimé un peu plus de simplicité, un contraste entre le fond assez dense, le champ lexical assez riche, pour renforcer l'émotion du propos un rien noyé dans le verbe, tel quel.

Je trouve également que la force poétique s'amenuise sur les derniers paragraphes (phrases/strophes longues), ce qui est dommage aussi, parce que normalement c'est le contraire qui fait qu'un poème reste coincé dans la tête en fin de lecture. Les images sont plus convenues, on perd l'originalité des premières strophes (sorti du passage entre guillemets, que je mets dans le même (res)sac ^^)

Du coup, l'ensemble parle trop. On en sort une note artificielle en fin de lecture, qu'on voit ponctuée tout le long mais de manière moins flagrante, quelque chose qui tient de la facilité rédactionnelle, ou de la zone de confort agréable dans laquelle on se laisse aller parfois en écrivant, qui gâche un peu l'ensemble en purs termes d'image, d'impact.

Le rythme quant à lui gagnerait à être plus... en accord avec la marée, les vagues,... il me manque ce petit je ne sais quoi pour que je puisse me sentir sur le sable, à partager la mélancolie et la nostalgie du locuteur.

Mais un joli récit, tel que l'auteur nous le présente, avec des qualités qui permettent de traverser l'instant sans accrocs.

Merci pour le partage.

   Cristale   
14/9/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Annick,

Où étais-je donc les jours de parution de ce si joli texte ?
Il est dit récit oui mais il est dit aussi poétique alors je reconnais bien là l'évanescente empreinte de la jolie poésie de l'auteure car comment écrire autrement avec des fusains aussi délicats dont la préciosité n'est qu'une marque de délicatesse, de celle innée qui vêt chaque ligne, chaque paragraphe, chaque strophe aussi des couleurs les plus fines ?
Ici mes yeux se fondent dans l'aquarelle d'un récit poétique en diable (dirais-je), de quelques vers mimant un rêve impossible, et cette disparue tant chérie je la vois s'éloigner sur le sable, dans les vagues et le vent jusqu'à ce que l'horizon l'emporte entre la mer et le ciel.
Et ce final magnifique :
"Et la mer me souffle à l'oreille d'indicibles secrets…"

Cristale

   Anonyme   
14/9/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Annick,

une femme me parle des femmes, sirènes, fées et sorcières.

Merci pour cette jolie marine, à peine animée, délicatement, imperceptiblement mobile.
C'est "un geste gracieux, tu recoiffais", "Nous dessinions, sur les galets", "un bateau miniature qui danse et se balance sous la brise".
Ne rien déranger. Dire pudiquement l'absence.

Quelle élégance pour tant de douleur suggérée.
Le pauvre homme.

Je compatis, forcément :)

   irina   
9/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Très joli et touchant...
Une expression vraiment poétique...
Une mise en forme originale...
Merci d'avoir partagé votre poème!

   Marite   
10/2/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Une immersion poétique bienvenue ce matin avec la découverte de ce récit. L'abondance des images nous entraîne dans une atmosphère qui, curieusement, n'a pas provoqué chez moi de la tristesse mais plutôt une sorte de sérénité confirmée par la phrase de conclusion : " Et la mer me souffle à l'oreille d'indicibles secrets…"

   LylianR   
8/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Une très belle écriture pleine de poésie tout en retenue et en douceur.
Un texte musical aux longues phrases où le narrateur poète épanche sa peine. Des allitérations viennent bercer le rythme du récit.
De belles images comme : "Tu savais de ton pas ample, de tes pieds cambrés, sculpter la crête de la dune, le plat de la grève."
Et ce quatrain qui vient éclairer et fait vibrer le texte.

Le thème de l'absence est traité avec pudeur et délicatesse.


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