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Poésie libre
apierre : Nuit noire tropicale
 Publié le 10/05/19  -  18 commentaires  -  649 caractères  -  336 lectures    Autres textes du même auteur

Une nuit sans étoiles.


Nuit noire tropicale



Clouée sur le flanc
du morne vert sanglotant
une case en bois rouge
abrite sous son toit de tôle
des étreintes métalliques interdites
sur un lit de fer.
Une averse brutale adoucit à peine
la chaleur moite de la nuit tropicale.
Des traces de larmes, écrites du doigt,
sèchent sur un mur.
Un drap blanc froissé rougit.
Dans l'obscurité du jardin créole,
un cabrit-bois bavard se tait.
Des images pieuses au-dessus du lit
ferment les yeux.
Une jeune fille assise ouvre les siens,
sur son père.
Demain, dès l'aube, un pipiri chantera,
comme tous les matins.


 
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   FANTIN   
16/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte évocateur, aux mots simples, précis et lourds de sens.
Bref mais dense, ce poème sait dire ce qui se voit et ce qui se cache, là-bas, en Martinique; non seulement le morne, la case au toit de tôle, l'averse soudaine, le jardin créole ou les animaux typiques, mais aussi, de façon beaucoup moins attendue, la souffrance, bien rendue par le choix des mots ("clouée", "étreintes métalliques", "lit de fer", "averse brutale", "larmes", "drap froissé" qui "rougit") et l'image des yeux, pudiquement et lâchement fermés d'un côté, douloureusement ouverts de l'autre, sur le drame de l'inceste.
Un texte fort donc, qui s'inscrit contre l'indifférence générale.

   Corto   
18/4/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce poème tropical aborde l'indicible.

Il s'est passé dans cette "case en bois rouge" ce qui n'aurait pas dû s'y passer, "des étreintes métalliques interdites".

Le "morne vert sanglotant" en est triste et on voit "Des traces de larmes, écrites du doigt, sèchent sur un mur".

On imagine la promiscuité dans la petite case "sous son toit de tôle".

Évitant tout moralisme, l'auteur semble bien connaître ces conditions de vie bien éloignées des réalités européennes.
Les descriptions sont délicates, souvent suggérées plus que décrites, sobres en accord avec le thème.

Un beau poème respectueux notamment de la "jeune fille assise" qui ouvre les yeux et qui sait que bientôt "un pipiri chantera".

Bravo.

   VictorO   
20/4/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Un décor tropical ordinaire et coloré. Et pourtant, on y note dès le début des détails anormaux : "étreintes métalliques interdites", "des traces de larmes", puis "un drap blanc froissé rougit", "un cabrit-bois se tait", "des images pieuses (…) ferment les yeux".
L'inceste est à peine suggéré. Comme souvent au cinéma, la caméra ne filme pas directement la scène innommable, mais tout tourne autour de celle-ci.

   Lebarde   
10/5/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une description violente , dérangeante, limite insoutenable, de ce qui peut se passer sous les tropiques, dans une île que depuis notre pays on imagine ensoleillée, douce et agréable à vivre pour tout le monde.
Une scène que l’on voudrait oublier ou ignorer , et pourtant....
Un réalisme cru peut être trop, que ma sensibilité accepte difficilement.
Belle évocation que je ne relirai pas trop de fois au risque d’en conserver des traces gênantes

   arigo   
10/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une violence inouïe qui se dégage d'une description pour le coup très sobre, dans une forme peu travaillée.
Des mots qui donnent une sensation de froid, voire un goût dérangeant (le toit de tôle, le lit de fer, les étreintes métalliques) et une sensation de lourdeur (l'averse brutale, la chaleur moite).
La chute, en toute simplicité également, n'en est pas moins terrible.
Très efficace.

Merci pour le partage,
Arigo.

   TheDreamer   
10/5/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La scène est amenée sans rien qui ne soit tapageur. Tout est dit sans le dire explicitement ; esquissé à mots choisis mais discrets. C'est ce qui fait la force du poème. Nul besoin d'en dire davantage.

Merci.

   Zorino   
10/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Apierre,

Un poème libre qui, au fil de sa lecture, opprime et angoisse le liseur. Quel triste paradoxe !

La longueur est parfaite, pas le temps de se perdre. Les mots sont choisis avec une grande exactitude et les images sont fortes. Très fortes. L'inceste est évoqué à demi-mots, de manière poétique, et c'est justement ce qui fait la force de ce poème. Dramatiques, ces quelques lignes créent indubitablement un sentiment de colère et de mal-être mais peuvent dans certains cas évoquer de mauvais souvenirs et faire couler de chaudes larmes.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture.

Merci pour le partage.

   Anonyme   
10/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ici, pas de palmiers, de plages blanches, de vacances de rêves ; mais ce qui semble laisser indifférent.

L'inacceptable, décrit avec des images choisies, simples et étouffantes à la fois.

" étreintes métalliques interdites "

" Des traces de larmes, écrites du doigt,
sèchent sur un mur."

" Des images pieuses au-dessus du lit
ferment les yeux."

Comme si rien ne s'était passé, " Demain, dès l'aube, un pipiri chantera,
comme tous les matins."

   Vincente   
10/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
De vers en vers, on se prend à comprendre, on se surprend à devoir accepter que cette lecture nous mènera à l'inacceptable. Le coup de poing s'appose en sourdine, tant est étouffé, estomaqué l'insupportable. L'on va devoir entendre que seule la routine peut "venir en aide" à la jeune fille, une sorte d'accoutumance à la douleur, certains diraient une résilience.

Le propos est adroitement et pudiquement développé ; on ne peut même pas dire dévoiler puisque rien ne sera énoncé crûment. C'est très réussi sur ce plan. Je me demande d'ailleurs si le "interdites" du v5 était bien utile dans cette logique de sobriété.
Cette adresse de l'auteur dans sa formulation est particulièrement bien imposée dans les six vers finaux :
"Des images pieuses au-dessus du lit
ferment les yeux.
Une jeune fille assise ouvre les siens,
sur son père.
Demain, dès l'aube, un pipiri chantera,
comme tous les matins."

   senglar   
10/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour apierre,


Tout se tait alors que se produit l'innommable. On n'entend plus le cabrit-bois bavard, les images pieuses ferment les yeux. Tout se tait obstinément et tout est complice. La nuit noire sans étoiles est devenue sordide. Impavide elle cache.
Et malgré le crime...
"Demain, dès l'aube, un pipiri chantera,
comme tous les matins."
banalisant la faute d'un petit blanc indigne en ce milieu déshérité (il ne faut pas généraliser non plus. De telles scènes ont lieu partout dans le monde, dans toutes le sociétés, dans tous les milieux et leur condamnation est universelle) sous les Tropiques. Le criminel ne sera pas puni. D'autant plus édifiant que remarquablement concis.

La nuit noire tropicale sans étoiles qui tombe chaque jour comme un couperet car il n'y a pas là-bas de crépuscule est ici doublement brutale.


Apierre ou De l'efficacité du poème court, un courage assumé de sa part plus qu'une option. Un choix profond. Bravo !


senglar

   Anje   
10/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il y a quelque chose de terrible dans la présence du père après ce qui semble avoir été un malheur pour la jeune fille assise. Que s'est-il passé ? Apparemment, des étreintes contraintes "sur un lit de fer". S'agit-il d'un inceste ? Rien ne le dit. Le poème laisse subtilement entrevoir ce que chacun croira voir. La papa est peut-être venu la sortir d'un mauvais pas et l'espoir renaîtra demain avec le chant du tyran gris.

   Davide   
10/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour apierre,

Que de beaux rapprochements d'images, qui se succèdent, comme des focus successifs sur une nature exotique personnifiée,
empathique, mais toujours sauvage.
Vision d'un narrateur omniscient, qui sait tout, qui sent tout.

Tout est si évocateur, si joliment exprimé, "des traces de larmes, écrites du doigt" au "drap blanc froissé [qui] rougit", en passant par ces "images pieuses [qui] ferment les yeux" tandis que "la jeune fille [...] ouvre les siens" sur "son père".

Un petit plus pour ce "Demain, dès l'aube" qui évoque le triste et magnifique poème de Victor Hugo.

J'ai trouvé dans ce poème une force et une cohésion d'ensemble que je n'avais pas trouvées dans les précédentes publications de l'auteur. Je suis touché. C'est très beau ! Merci !

Mes encouragements,

Davide

   jfmoods   
11/5/2019
Le poème est marqué par un double étouffement : celui du climat ("la chaleur moite de la nuit tropicale") et celui de l'inceste ("une case en bois rouge / abrite sous son toit de tôle / des étreintes métalliques interdites / sur un lit de fer", "Une jeune fille assise ouvre les siens, / sur son père"), du viol de l'enfance ("Un drap blanc froissé rougit").

Le décor occupe un statut ambigu, épousant d'un côté la détresse de la victime ("Clouée sur le flanc / du morne vert sanglotant", "Des traces de larmes, écrites du doigt, / sèchent sur un mur", "un cabrit-bois bavard se tait"), se montrant, de l'autre, complice du pire ("Une averse brutale adoucit à peine", "Des images pieuses au-dessus du lit / ferment les yeux", "un pipiri chantera, / comme tous les matins") au coeur des ténèbres (titre : "Nuit noire tropicale", entête : "Une nuit sans étoiles", "Dans l'obscurité du jardin créole").

Loin de toute juridiction humaine, cet acte immonde demeurera impuni.

L'intertextualité hugolienne ("Demain, dès l'aube") offre un contraste saisissant avec le poème, accentuant (s'il en était besoin) le sordide de la situation décrite.

Merci pour ce partage !

   papipoete   
11/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour apierre
Un histoire si noire, vécue chez les blancs, chez les noirs de peau ; on en lit chaque jour dans le journal, mais là-bas sous les tropiques où des filles ne parlent pas, ne se plaignent pas, ce drame serait presque banal ! Mais les larmes et le sang ont la même couleur chez nous que là-bas, et existe-t-il des bonnes âmes pour consoler, écouter et redonner l'envie de vivre ?
NB on vit la scène où le lit métallique, grince sous les assauts du violeur... son père, alors que des images pieuses collées au-dessus semblent dire, " t'en verras bien d'autres ! "
Il ne fallait pas davantage de lignes, pour décrire l'indescriptible ! l'auteur a confié à sa plume une rude tâche, qu'elle accomplit avec froideur, comme la couleur d'un drame ici et sur toute la terre !

   STEPHANIE90   
11/5/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Apierre,

poésie émotion, vos vers se lisent, et les images se dévoilent avec pudeur dans cette case en bois rouge qui abrite des étreintes métalliques interdites et glaçantes.
"Des traces de larmes, écrites du doigt,
sèchent sur un mur.
Un drap blanc froissé rougit."
Voici peut-être mon passage préféré, mais l'ensemble de vos vers sont écrit de si belle façon qu'aucun mot n'est de trop où ne manque.

Votre vers final avoue par opposition toute l'horreur de la situation :
"Demain, dès l'aube, un pipiri chantera,
comme tous les matins."

Merci !!!

StéphaNIe

   hersen   
11/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
La force de ce poème réside dans ce qui n'est pas dit, dans ce que le lecteur découvre au fil de sa lecture. l'impact en est saisissant.

C'est un très bel exemple de dire sans dire, de reporter l'horreur sur d'autres mots du texte, sortis du contexte de ce qui se passe. Et le lecteur fait alors le lien, les liens, et se dessine sous ses yeux cette nuit très noire.

   Jocelyn   
14/5/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour
je n'avais pas compris d'emblée que le texte était chargé de tellement d'émotions, me contentant de la beauté des phrases à ma première lecture. Après on se rend compte que les jolis mots peuvent dissimuler tellement de laideur dans la réalité et un sentiment d'empathie se lie à la beauté du texte. De plus, je n'ai que trop aimé le fait que l'auteur transmette se message sans pour autant verser dans le moralisme. ce qui lui donne encore plus de force et de puissance au texte

   Raoul   
9/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
J'aime beaucoup ce poème qui à la lecture paraît étrange tant on ne veut pas lire, pas comprendre...
Poisseux, visqueux, c'est très réussi, je trouve. Et le malaise s'installe en un vers...
Texte sur la profanation que même les images saintes ne veulent ni voir ni entendre.
Merci pour cette (tardive) lecture.


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