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Poésie contemporaine
archibald : Autoportrait aporétique
 Publié le 25/10/18  -  18 commentaires  -  1658 caractères  -  403 lectures    Autres textes du même auteur

« Arrière, robin crotté ! place,
Petit courtaud, petit abbé,
Petit poète jamais las
De la rime non attrapée !... »

Paul Verlaine


Autoportrait aporétique



Enfant inattendu ainsi que le Messie,
Je suis né de parents ne s'étant pas connus,
Si bien que l'on ne sait si pour venir ici
J'ai poussé de la terre ou suis tombé des nues.

Gai rossignol aphone au milieu des futaies,
J'ai lutté par faiblesse et grandi par hasard
Et je suis devenu déjà ce que j'étais :
Un être singulier, ordinaire et bizarre.

J'ai le visage franc et l'âme déguisée.
J'ai l'air d'un moins que rien qui s'aime plus que tout.
Je suis la partition d'un rôle improvisé
Dans un somptueux théâtre où personne ne joue.

Je suis un laborieux qui ne fait que la sieste,
Un jour de pleine lune, un croissant de soleil
Qui se couche à l'aurore et qui se lève à l'ouest.
Je suis de l'air en boîte et du marbre en bouteille.

Je sais m'enorgueillir des revers que j'essuie.
J'avance pas à pas en prenant du recul.
Je suis un misanthrope humaniste, je suis
Un sceptique croyant, un naïf incrédule.

J'aime le charme neuf des toiles surannées
Et les plats raffinés aux parfums d'arsenic.
J'aime les jeux anciens et les bouquets fanés,
Et j'aime le silence. Et j'aime la musique.

Enfant je fus précoce et adulte, immature,
Dès lors jeune vieillard, s'il faut quitter ce lieu,
Ignorant du passé, oublieux du futur,
J'irai vers l'au-delà dans un train de banlieue.

À tous les morts de soif je lèverai mon verre
Et chanterai bien fort dans un dernier soupir :
Je me suis amusé perinde ac cadaver,
J'ai vécu dans les pleurs, je mourrai dans un rire.


 
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   Anonyme   
7/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Qu'il est regrettable qu'un si joli texte ne soit pas travaillé, comme il le mérite !
L'humour, servi par de tels paradoxes, démontre à quel point vous avez le sens de la dérision. Vous êtes, je présume "pince sans rire". Il n'est pas très difficile de rimer avec humour, exemple :

Enfant inattendu d'un vierge endurcie
Et d'un vieil infécond, ne s'étant pas connus,
Nul ne peut concevoir que comme le messie,
Je suis le fils de dieux quelque peu saugrenus

Il n 'empêche que j'ai bien aimé ce texte qui m'a fait sourire, et dont j'ai aimé le style, toujours en quête d'antiphrases.

   BlaseSaintLuc   
8/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Fameux auto portrait, précis et déroutant, chantant et rigolard.

La locution latine Perinde ac cadaver, qui signifie littéralement
« à la manière d'un cadavre »,

illustre depuis l’époque des moines du désert (IVe siècle) l’idéal ascétique d’obéissance parfaite (ou aveugle) présentée comme la voie permettant au religieux d’accomplir infailliblement la volonté de Dieu dans sa vie.

Je sens le facétieux, qui n'as de la locution, que la préoccupation de la rime ... j'ai aimé le tableau qu'il a peint de lui-même.

   papipoete   
10/10/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
contemporain
Tout au long d'un texte truffé d'oxymores, ( gai rossignol aphone ) ( je suis un laborieux qui ne fait que la sieste ) ( je chanterai bien fort dans un dernier soupir ), l'auteur nous fait un numéro de haute-voltige où l'on se dit << jusqu'où va-t-il aller ? et sans filet ! >>
C'est vertigineusement attrayant, et chaque strophe brille plus que la précédente !
La première cependant est tout à fait " plausible ", si le héros est né en éprouvette ?
NB Je me suis encore instruit de 2 termes ( aporétique et " perinde ac cadaver " bien qu'enfant je chantais la messe en latin par coeur ! )
Merci pour cela !
Vous avez opté pour la forme " contemporaine ", aussi je ne vérifie ni métrique, ni rimes, mais l'ensemble est fort musical et harmonieux !
papipoète

   Anonyme   
25/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Il es heureux que le texte ne le soit pas, aporétique ; j'aurais eu du mal à écrire un commentaire.

Des contradictions amusantes et sérieuses à la fois, tout au long de cet " autoportrait " qui me semble plus relever de la fantaisie que de l'aporie.

j'ai trouvé intéressants ces passages :
" J'ai lutté par faiblesse et grandi par hasard "
" Je sais m'enorgueillir des revers que j'essuie."
" J'avance pas à pas en prenant du recul "

   Andre48   
25/10/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
J’ai lu avec plaisir ce texte, autoportrait d’un individu lucide :
« Si l’on est différent, il est fatal qu’on soit seul. » Aldous Huxley
La catégorie poésie contemporaine permet de s’affranchir des règles classiques, ce qui est heureux ici.
« Toute tentative d'apprendre est autodestructrice. Lorsque vient l'érudition, la poésie s'en va. » Jack Vance.
Merci d’excuser cette attirance pour les pensées célèbres, cela m’évite bien des efforts.

   Anonyme   
25/10/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Le jeu particulier sur le sexe des rimes - rencontré quelquefois chez Verlaine - est suffisamment rare et compliqué à mettre en œuvre pour être salué bien bas.
Et puis que dire ? C'est drôle, enlevé, gai, fort adroitement écrit.
Que demande le peuple ?

Le troisième "passionnément" que j'aurai décerné en presque 10 ans... et toujours au même !

nb On devrait prononcer "perindééé ac cadaver" : seule larme d'eau salée dans un océan d'eau de pluie

   Castelmore   
25/10/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Oxymores, paradoxes antiphrases à foison
Jetés sur le papier sans ordre ni raison
Se retrouvent liés la queue par dessus tête
Par la main du génie qui nous les a fait naître
Dans l'éclat d'un grand rire ... jusqueS à en pleurer

Un grand merci

   Hiraeth   
26/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quel bonheur que ce texte, simple et travaillé, presque parfait, humoristique et intelligent, sans aucune prétention... Le rythme, les images, le plaisir de l'aporie : merci. On a envie de l'apprendre par coeur.

   Anonyme   
26/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour

Un bien joli portarit plein de sel et de verve et qui pourrait servir
à beaucoup.
Les jolis vers sont nombreux, je n'en citerai que quelques uns :

J'ai poussé de la terre ou suis tombé des nues.
J'ai le visage franc et l'âme déguisée.

Entre beaucoup d'autres.

Bref, une description que La Bruyère n'aurait pas désavoué,
bien au contraire.

   Annick   
26/10/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Un poème fondé sur des antithèses, (parallélisme de construction et sens contradictoire,) il fallait le faire !
Dans ses chansons, Charles Aznavour aimait aussi jouer avec ces figures de style, de haute voltige, comme un saut périlleux. Le tout est de retomber sur ses "pieds".
Je doute que le poète ait une personnalité aussi contrastée mais après tout ce sont souvent des êtres pour le moins contrariés, pour le plus, torturés. En tout cas, c'est un portrait qui a du relief !

Je vois ici avant tout un jeu habile, une véritable performance, ludique, et tellement agréable à lire.

Je suis tombée sous le charme de votre poésie.

   Cristale   
31/10/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
L'automne promenait sa chevelure de brume, les premiers frimas caressaient la côte océane quand, bien au chaud devant l'âtre, je vis dans mon écran ce poème et pris connaissance de la surprenante similitude phonique des rimes masculines et féminines, : messie/ici, connus/nuEs, tout au long des 32 vers...rien que ça !

Oxymores, emphases, antiphrases, hyperboles, et que sais-je encore anti et hyper pleins de malice (la fièvre embrumant mon lexique-mémoire) titillent un tantinet mes neurones en joie.

Un jeu de l'ego... dimensionné au talent du rhéteur dont les scènes déstabilisantes régalent mes zygomatiques.
Sortie des sentier battus et rabattus, cette plume n'aura de cesse (d’esbroufer?!) d'ébouriffer la candeur de la mienne.

EDIT : suite à ton communiqué de ce jour, c'est en implorant ton pardon (oui mais pas trop quand même l'imploraison*...) que je corrige le mot : /nues et non /nus et reconnais l'esbroufe de mon penne pantois qui abusa de ma fièvre en dénaturant ma noble pensée : bien évidemment que cette plume "ébouriffe" la mienne consciente des qualités de sa consœur.
Puisqu'il en est ainsi, je reconnais ma défaillance en avalant ma fierté et plussoie mon évaluation. Ne dis pas non par modestie, c'est de bon coeur. Une plume de plus pour ton édredon, l'hiver s'annonce précoce.
* licence poétique

   emilia   
27/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le narrateur a pris plaisir à dresser cet autoportrait avec humour et dérision en jouant sur les contradictions ; son naturel audacieux (si l’on suit l’étymologie de son pseudo) l’a poussé cette fois-ci à relever un nouveau défi à la manière du grand Verlaine cité en exergue et extrait de son recueil « Ariettes oubliées »/ « Romances sans paroles » VI, se donnant pour règles, en lien avec la chanson populaire, des rimes homophones approximatives au masculin et au féminin en alliance systématique offrant un certain exemple de l’aporie ainsi qu’une citation latine valorisée… ; un défi parfaitement relevé à travers ce « portrait aporétique » qui propose une illustration à la fois didactique et pédagogique nous permettant de mieux cerner ce concept philosophique assez complexe… ; bravo à vous pour votre talent…

   JcJaZz   
28/10/2018
C'est génial ! De grand art !
Bien que les propos soient en apparence contradictoires, finalement on n'est pas déboussolé, on n'est pas bringuebalé dans un sens puis dans l'autre
Il y a une cohérence et du sens
C'est que j'aime dans ce poème tout à fait réussi et très original
Merci

   LenineBosquet   
29/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Archibald,
vous aimez les contraintes de forme, pour mon plus grand plaisir, et n'utilisez jamais les mêmes. Pour cette fois vous faites rimer des féminins avec des masculins, tout en respectant l'alternative, chapeau, du grand art.
Sur le fond c'est excellent,à chaque vers son contraire, quel travail.
J'ai pensé à cette chanson, je vous la laisse. Merci.

https://open.spotify.com/track/2nY4gVP9C2a05lCWAiz7fk

   Quidonc   
29/10/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Archibald,
Voila un personnage haut en couleur, si votre plumage ressemble à votre ramage vous êtes le sphinx des hôtes de ce site, tant votre personnalité est contrastée.
J'aime beaucoup votre peinture, de l'humour mais je ressens aussi une certaine mélancolie à la lecture de vos vers.
Merci pour cette agréable lecture

   4168   
3/12/2018
Modéré : commentaire trop peu argumenté.

   4168   
3/12/2018
Modéré : commentaire hors charte (se référer au paragraphe 6 de la charte).

   4168   
4/12/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Willis, je trouve votre alternative de quatrain moins subtile, quoique plus humoristique il est vrai dans un sens mais dans un sens simplement (un sens unique, ah ah). Plus recherché mais moins percutante au final. Vous avez de l'audace en tout cas. Je n'irai pas jusqu'à proposer une version de remplacement en supputant qu'elle est meilleure. Quel écueil, mon bon môsieur !


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