|
|
David
8/2/2014
a aimé ce texte
Un peu
|
Bonjour,
Le poème me semble relater l'histoire d'une compagne d'un soldat, les premiers alexandrins parleraient de l'avant guerre, puis de la mobilisation dans le passage où les vers croissent en longueur, puis du décès du combattant dans le dernier. Je crois qu'on peut deviner qu'il est question de la guerre 14/18, bien que l'engouement d'alors n'apparaissent pas, la fameuse "fleur au fusil", la croyance que la guerre serait courte. Il y a aussi le fait que 2014 est le centenaire du début de cette guerre là, et l'année où je lis votre poème. Pour illustrer l’extrême désillusion, il manquerait de faire apparaitre l'orgueil du départ à la guerre, pour faire contraste avec ce qui s'est réellement passé. L'image du mouchoir est intéressante, mais l'ensemble me reste entre deux eaux, je crois que c'est le fait que le destin funeste apparaissent évident depuis le début des vers, ce qui trahit le narrateur qui ne relate pas toute l'amplitude des sentiments d'alors, comme s'il connaissait la fin. C'est bien entendu évident du point de vue du lecteur mais pas de l'intérieur du poème, pour son intention de faire revivre un personnage de l'époque. Ce personnage est un peu flou, c'est plutôt le mouchoir qu'une "compagne" en fait, j'ai dû penser à ça à cause de la lessive. |
Anonyme
27/2/2014
a aimé ce texte
Un peu ↑
|
En Espace Lecture, ce poème m'a laissé une impression un peu déplaisante que je n'ai pas cherché plus que ça à analyser.
En y réfléchissant, je me dis qu'il me fait penser à "L'élégance du hérisson", un livre qui éveille en moi la même sorte de malaise : une impression de condescendance. Dans "L'élégance du hérisson", on m'invite à m'extasier sur le fait qu'une concierge puisse être lettrée : par déduction, l'ensemble des concierges doivent être de pauvres connes, seul un concours de circonstances exceptionnelles (comme la sombre histoire de la sœur séduite et abandonnée qui en meurt, franchement je me croyais au dix-neuvième siècle !) produit la perle. D'une manière un peu similaire ici (même si je me doute que telle n'est pas ton intention), les pauvres qui morvent dans le mouchoir m'apparaissent comme une masse informe, anonyme, des gens "dérisoires". Le poème appelle sur eux la pitié pour la vie déchiquetée, et qui dit pitié dit à mes yeux position au-dessus. Je crois que c'est cela qui me déplaît : je ne vois pas d'humanité dans ces masses de pue-la-sueur, aucune anecdote qui "sonne" un peu, qui me fasse ressentir que tous étaient des individus aussi étranges que moi. Pour ce qui est de la forme, l'éparpillement des dodécasyllabes dans la tourmente guerrière, eh bien cela me paraît un peu trop facile, de même d'ailleurs que leur sagesse avant, sagesse qui renforce à mon sens le côté "tous dans le même panier". Bref, tu l'as compris, j'éprouve de sérieuses réticences devant ce poème, pour des raisons qui sans doute me sont propres. Je le trouve trop "calculé", pour moi il manifeste une distance qui ne convient pas au sujet. Désolée pour cette fois. |
Anonyme
27/2/2014
|
Bonjour Arielle
Le mouchoir sert de fil rouge à cette évocation de ce qui s'est passé en 1914. Il y a juste un siècle. L'extrême modestie de ce linge destiné à recueillir les humeurs corporelles contraste avec la gloire des drapeaux. La mise en page diffère selon les époques. Mais on y ressent, même dans les séquences en vers libres, le rythme familier des alexandrins. L'ordonnancement des quatrains évoque la paix. Même si on y mène "Une vie corvéable entre église et labeur" Les alexandrins se déconstruisent pour évoquer l'effervescence de la mobilisation. Le mouchoir s'agite pour saluer le départ des "guerriers". Le "désordre" persiste à la dernière séquence pour évoquer brièvement l'horreur des tranchées. Le mouchoir y servira de charpie pour étancher le sang des guerriers. Merci Arielle et bravo |
Marite
27/2/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Un noeud dans un mouchoir ... cela se faisait autrefois pour éviter les trous de mémoire.
Ce mouchoir "aux carreaux dérisoires" a fait défiler en ma mémoire bien des images que, pour la plupart, je n'ai découvert que dans les livres ou dans les films. La vie au quotidien en un temps où les horizons étaient bien plus réduits qu'aujourd'hui, les évènements tragiques de l'époque impossible à occulter en cette année anniversaire de la Grande Guerre. La diversité de forme des vers de cette poésie contemporaine facilite la lecture et l'économie des mots dans les deux dernières strophes, étrangement, fait surgir dans l'esprit une profusion d'images. |
Pimpette
27/2/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Le sujet...un soldat part à la guerre au milieu de sa vie très plan plan....meurt...un drapeau souillé sur sa tombe termine le récit...Je ne suis pas sure?
Par contre, j'aime la facture du texte à cause de la suppression des verbes...Juste une succession de chaque phase...sans insister! J'aime ce style là que j'ai déjà remarqué dans les poèmes précédents d'Arielle "Dimanches repassés sur leur monnaie de singe le sermon du curé trébuchant au comptoir Une vie corvéable entre église et labeur dévoilant son usure en perdant ses couleurs" Bien torché, ça! . |
Charivari
27/2/2014
|
Bonjour Arielle.
Un texte qui m'a aussitôt fait penser à "Jaurès" de Brel. L'idée de prendre le thème du mouchoir, objet tout à fait caractéristique de l'époque et "multiusage" (à la fois objet qui se froisse, que l'on agite, que l'on souille de sueur ou de larmes), me parait excellente, cela te permet un angle d'attaque très original, et de décliner tous les sentiments et situations de cette victime du debut XXème siècle sans rien forcer. L'ensemble est, de plus, très bien écrit ("sang et sanie, charpie", magnifique). J'ai beaucoup aimé le dernier vers |
Condremon
27/2/2014
|
Toujours content de trouver un texte d'Arielle. Bonne facture est le mot qui vient à l'esprit. La monture est tellement bien façonnée qu'elle en fait presque oublier les belles pierres, telle que
"Une vie qui tenait pliée dans un mouchoir" Sinon je vois là la réécriture d'un texte sur la guerre 14. Bien sûr le contraste de construction entre les 2 prmières strophes et le reste. Et j'aime surtout la 3ème, c'est du cinéma muet, de l'actualité - très très bonne facture. |
Anonyme
27/2/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Bonjour Arielle. Et que reste-il cent ans plus tard si ce n'est un drapeau déployé sur ces trous de mémoire comme celui qui flotte en permanence au dessus de la flamme du Soldat inconnu ?
Tout est dit et bien dit à travers ces quelques vers. Tu as su sans tomber dans le pathos retracer ici une de ces pages sanglantes dont seul l'homme a le secret... et quel secret ! Quelques images comme les fanions de corde à linge, la lavande dans l'armoire dépeignent une époque de paix bien que souvent laborieuse et misérable avant de nous plonger dans cette boucherie que fut la guerre de 14/18 pour terminer sur ce drapeau dont je parlais au début de mon commentaire. Bravo et merci pour ce rappel à la connerie humaine qui n'a pas changé d'un iota malgré le temps passé. |
senglar
27/2/2014
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Bonjour Arielle,
J'ai trouvé cela assez fabuleux, ce poème qui parle à ma mémoire - mémoire d'un grand-oncle disparu, "fracassé", "démembré" où mémoire rime avec mouchoir, madeleine de Proust, où le mouchoir ne cache rien - morve et sueur préfigurant le sang et la sanie, mouchoir drapeau d'adieu sur un quai de gare préfigurant le linceul du souvenir. C'est fait pour pleurer, c'est fait pour la peine un mouchoir, d'une manière ou d'une autre. Encore que... il pourrait être amusant de croquer le mouchoir optimiste, noué aux quatre coins pour en faire une coiffe par exemple :) Mais y aurait-il matière à tout un poème ? - Je crois que le "Et" : "...//Et soudain/...//Et voilà/..." anecdotise le poème (C'est probablement voulu) or ce poème mérite la tablature de l'éternité, l'immanence damoclésienne : "'Soudain//Voilà''', le gong de la destinée ! En tout cas merci pour ce poème :) Voici que ma mémoire est reprisée :) brabant |
leni
27/2/2014
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Bonjour Arielle
Connerie d'il y a un siècle Alors que les gens menaient une vie simple qui était pendue à leur corde à linge Pour moi les carreaux étaient rouges et blancs. Je les vois ET soudain le texte devient syncopé Il décrit pour moi l'Angoisse ET il souligne admirablement la vanité du monde dans son dernier vers Devoir de mémoire...Restent des amnésiques.....Et tout recommence! Très bel écrit Amitiés Leni |
Anonyme
27/2/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Original que d'associer un mouchoir à des époques d'une vie.
Celle concernée ici est fort bien retracée, juste avec des noms et adjectifs. J'aime bien cette forme. " ... cette vie maculée tablier de boucher ". Oui, boucher !! Ce satané général dont l'orgueil a envoyé des milliers d'hommes se faire massacrer. " d'un drapeau déployé sur ses trous de mémoire " excellent . |
troupi
27/2/2014
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Bonjour Arielle.
Un texte avec des mots choisis comme tu sais si bien le faire. Un texte qui démontre que l'homme n'apprend rien de ses erreurs. Triste destin que celui des hommes servant de "chair à canons" dans le seul but d'obéir à quelques fous dirigeants de pays. "démembré pour l'honneur fracassé pour la gloire d'un drapeau déployé sur ses trous de mémoire " C'est tout à fait ça, Arielle, Une histoire du passé, encore d'actualité, avec un bel avenir. |
irisdenuit
27/2/2014
a aimé ce texte
Un peu ↓
|
Bonjour,
Je crois que ton poème aurait été plus vivant, plus fort en émotions sans les deux strophes du début qui tournent en longueur. Il ne m'interpelle pas, trop de métaphores pour rien. Une prochaine fois, merci. Iris |
emilia
27/2/2014
|
Une forme efficace grâce aux mots choisis et à la pensée exprimée, comme un flash-back au déroulement dramatique, nourri de ces images de l’époque, à la fois touchantes et révoltantes, qui hantent notre mémoire et nous amènent aujourd’hui à faire le terrible constat des horreurs de la guerre et du sacrifice consenti au nom de la gloire, de l’honneur d’un drapeau, où l’individu n’est plus qu’un fétu de paille broyé par cette gigantesque et atroce machinerie humaine, sans en avoir le choix, mettant de surcroît en lumière, à travers la symbolique du « mouchoir » ( cet « … adieu suprême des mouchoirs ! » déjà évoqué dans le célèbre poème de Mallarmé : « Brise marine »…) et toutes ses occurrences lexicales, les détresses collatérales subies par ces familles en deuil qui ont cruellement vécu la perte d’un fils, d’un père, d’un époux, d’un frère…, et dont les conséquences se dévoilent au quotidien tout le reste de leur vie…, quand il ne reste plus à la fin qu’à cacher ses larmes au fond de sa poche, en mettant son mouchoir par-dessus ( ce simple morceau de tissu dérisoire mais compagnon de toute une vie)… et en écoutant, silencieux, son cœur crier : « Plus jamais ça… ! »
|
Arielle
27/2/2014
|
|
Luz
27/2/2014
a aimé ce texte
Beaucoup ↑
|
Mouchoir, tablier, drapeau...
Pas de trous de mémoire, il faut garder toujours celle des trous (comme les deux trous rouges du dormeur du val). Très belle poésie, avec le contraste des vers ordonnés du début et ceux "déchiquetés" de la seconde partie. Merci. Luz |
Anonyme
1/3/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Je me souviens, mon grand-père qui avait "fait" Verdun et le chemin des Dames ( Le chemin des Dames ! comme c'est joli pour tant d'horreur ) avait un grand mouchoir à carreaux bleus. L'avait-il eu avec lui au front, dans les tranchées ? parfois, il le mettait autour de son cou en guise de foulard. d'autres fois, il en faisait un baluchon, y mettant son casse-croûte (Un oignon, une tranche de pain ). Il y avait dans ce mouchoir pieusement repassé par ma grand-mère, l'histoire et l'intime d'un homme, de la douceur échappée de chez soi, un doudou peut-être aussi pour celui qui s'apprête à mourir et redevient enfant. Mon grand-père est mort ainsi, dans les bois, son mouchoir en main...
Aussi tu imagines que pour mille raison ce texte m'a touché, transporté. Juste, j'ai trouvé moi aussi, à première lecture un peu artificiel cette juxtaposition de strophes classiques et libres, même si j'en perçois la raison.Et puis je me suis sit en relecture qu'au diable les conventions. J'aime ce rythme soudain brisé comme l'ont été ces destins et ces vies. |
Anonyme
1/3/2014
a aimé ce texte
Bien ↑
|
Les deux premiers paragraphes semblent entraîner dans une poésie bien sage, où, tout de même le deuxième vers rebute un peu. Si la sueur dans le grand mouchoir à carreau me rappelle mon arrière-grand-père, la "morve" me rappelle sa fin de vie.
Ce mouchoir, donc, évoque bien la période dont il est question. La "Grande guerre" celle d'il y a juste 100 ans. Puis le rythme se rompt, le départ, les adieux avec les vers qui s'allongent pour s'engouffrer dans l'Histoire. La suite implacable et plus régulière, martelée, évoque les affres de la guerre. Deux vers plus long mettent habilement en parallèle ce mouchoir et le drapeau. Le titre surprend lorsqu'on a pris connaissance du poème. Il m'évoque un challenge où les protagonistes sont très proches les uns des autres. |
Coline-Dé
2/3/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
|
Beaucoup de sensibilité dans ce contraste entre l'usure normale du mouchoir et son brusque déchiquètement, dans cette alternance de classicisme et de désarticulation du texte.
Je trouve frappant que les images appartiennent toutes à la partie qui illustre la vie monotone, comme si la frénésie meurtrière échappait à toute possibilité d'imager - rejoignant ainsi l'idée d' Adorno - sauf dans le dernier vers où la mémoire ne peut être en paix. |
Dyonisos
6/3/2014
a aimé ce texte
Bien ↑
|
Voilà un poème qui ne laisse pas indifférent, qu'on aime ou qu'on aime pas...
A mon sens la construction surprenante gêne un peu la lecture, mais au fil des mots on finit par s'habituer au style et curieusement elle devient plus fluide. Je ne regrette pas mon passage. |
Anonyme
29/3/2014
a aimé ce texte
Beaucoup
|
J'ai trouvé ce texte absolument émouvant. Trois ruptures de rythme nous plongent en un instant dans d'autres circonstances, d'autres environnements. L'horreur y est suggérée avec force mais sans démesure, et c'est là toute sa puissance. La douceur aussi : on a beau être des "hommes faits" pour le travail, la guerre, la part virile de la famille et de la société (version XIXième... les temps changent heureusement), un petit mouchoir à carreaux revêt toute une symbolique (comme un rappel : "tu sais pourquoi tu fais cela, pour qui tu souffres...) et apporte un peu de tendresse, un peu de sens à la dérision.
Particulièrement appréciée la partie "départ" (3ième strophe) qui en très peu de mots fait surgir une foule d'images. Quais de gare, femmes éplorées, adieux aux jeunes soldats... |