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Poésie libre
Automnale : La rumeur des villes
 Publié le 19/01/10  -  20 commentaires  -  1355 caractères  -  294 lectures    Autres textes du même auteur

Dans quelle ville iront-ils réchauffer leur misère ?


La rumeur des villes



Nous irons écouter les fontaines de Rome,
Les voix de bel canto,
Sous le ciel italien.
Nous irons écouter les cloches de Lisbonne,
Le cristal d’Amalia,
Le cantique des hommes.

Nous irons écouter le vent sur Gibraltar,
Le glissement des gréements
Sur les cauchemars stridents,
L’effroi des clandestins, dans les soutes de hasard,
Un oiseau qui frissonne,
Le cri d’une guitare.

Dans quelle ville iront-ils réchauffer leur misère,
Ces errants dont la peau
A fané sans soleil ?
Quel bar à matelots ou bistrot de l’amer
Étanchera leur peur
De Tanger à Marseille ?

Trouveront-ils, un soir, le miel d’un réverbère
Près de la Canebière
Ou du pont Mirabeau ?
Marcheront-ils longtemps, la faim en bandoulière,
L’espoir au fond des poches,
Dans Bruxelles ou dans Londres ?

Dans la rumeur des villes, j’entends les sans-papiers
Et les marteaux-piqueurs
Qui avivent leurs plaies.
Dans la rumeur des villes, j’entends les immigrés,
Cargos et pateras
Qui accostent les quais.

Laissons chanter sans fin les fontaines de Rome,
Le Danube si bleu,
Les nuits sur Barcelone.
« Émigrer et mourir », la devise des hommes,
Noyons-la dans l’eau trouble
Et que chance résonne.


 
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   bulle   
10/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'avoue qu'en première lecture, je n'ai pas vu les mots, je me suis laissée porter par la musique.

C'est le triste constat d'une société "perdue" dans ses valeurs, dans son humanité. Le mal de vivre, le mal vivre. L'espoir tronqué, tant de réalisme dans ces mots-là, en recherche de solutions.

La gravité du sujet est présente, mais le défi est gagné, pour moi, par cette expression 'aérienne' qui passe sous la peau, pour plus de ressenti.

Un final percutant "Emigrer et mourir"..

Sans entrer en politique, c'est un regard humain et sensible qui s'est posé là, et c'est bien ce qui me fait apprécier ma lecture.

   Anonyme   
19/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour ! Un sujet d'actualité auquel je suis sensible ...
Je n'ai pas compris ce que signifiait... le miel d'un réverbère mais.
par contre j'aime beaucoup :

Dans la rumeur des villes, j’entends les sans-papiers
Et les marteaux piqueurs
Qui avivent leurs plaies.
Dans la rumeur des villes, j’entends les immigrés,
Cargos et pateras
Qui accostent les quais.

Quant à la devise je la vois plutôt " Emigrer ou mourir...

   Lylah   
19/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un rythme bien présent et des rimes qui se fondent, sans artifice, dans une belle musicalité.
J'aime beaucoup la troisième strophe qui semble être le coeur du poème avec cette interrogation :
"Dans quelle ville iront-ils réchauffer leur misère,/Ces errants dont la peau/A fané sans soleil ?"

mais aussi :

"Trouveront-ils, un soir, le miel d’un réverbère"

"Dans la rumeur des villes, j’entends les sans-papiers
Et les marteaux piqueurs/Qui avivent leurs plaies."

« Emigrer et mourir », la devise des hommes,
Noyons-la dans l’eau trouble"

J'ai moins apprécié le dernier vers - dont je ne saisis peut-être pas totalement le sens - mais "que chance résonne" ne sonne pas très juste, à mon oreille bercée jusque là par la fluidité des autres vers.
Mais, dans l'ensemble, une lecture agréable, fond et forme confondus.

   Anonyme   
19/1/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour

Vos strophes paraissent suivre un rythme identique, ce qui donne à votre texte une allure de chanson.
L'usage de rimes et d'assonances renforcent cette impression.

Le genre se prête bien à l'accumulation de clichés. Pour mettre le "décor" en place, vous ne nous en épargnez aucun
"les fontaines de Rome; les cloches de Lisbonne; Le Danube si bleu; bar à matelots ou bistrot de l’amer... "

Dans ces villes caricaturales, vous évoquez le désarroi des clandestins. Les expressions sont convenues.

Ce texte trouvera-t-il un compositeur pour le mettre en musique ?
Je vous le souhaite sincèrement. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire une chanson populaire.

   ristretto   
15/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
j'ai laisser résonner ce poème après plusieurs lectures .. il vibre longtemps après que la page d'écran soit refermée ..

si doux à lire - pourtant !- porteur de message difficile entre incapacité à changer le cours de ces drames et l'espoir

nous irons .. nos voyages de plaisirs, choisis,

eux .. voyages nécessaires - entre mourir et risquer de mourir -
pas de véritable choix

la musicalité de ce poème est superbe
comme un blues

"Le cri d’une guitare."



merci beaucoup

   shanne   
15/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
Je me suis plongée dans cette rumeur...J'ai entendu le bruit des fontaines, du vent, et j'ai surtout vu cet oiseau qui frissonne, qui n'a plus le courage d'émettre un cri, si celui d'une guitare mal accordée, qui peut faire mal à l'oreille.J'ai aimé la dernière strophe et particulièrement les deux deniers vers: noyons- la dans l'eau trouble et que chance résonne
Très émue par les mots, par les images, merci à vous de ne pas les noyer les sans papiers...
Bravo et merci

   Leo   
17/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un très beau travail sur les sonorités et sur les mots, un rythme lancinant qui fait penser à un cantique, une litanie, une rengaine qui répète en écho les mêmes hommes et la même histoire,d'une strophe à l'autre, d'un horizon à l'autre.

Vous mettez en scène des hommes sans la moindre trace de misérabilisme, pourtant facile sur un tel sujet. La performance vaut qu'on la relève.

   MissGavroche   
19/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Très belle musique ont se laisse porter facilement pat les mots. Le fond est tout aussi réussi.
Seul bémol sur la forme mais trois fois rien en regard de ce que ce poème inspire, juste:"dans Bruxelles ou dans Londres" sonne bizarrement, c'est pas très joli, mais c'est un détail...

   Kejdiel   
19/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour

Une multitude de mots doux et sensibles qui donnent une certaine fraicheur a ce texte, avec de belles images. Ce qui permet de facilement le lire, le savourer. Pour finir sur chute des plus réaliste. Une bon texte.

Et … Si la chance résonne comme ton texte, alors on a encore de l'espoir :)

Cordialement;
Kejdiël

   pieralun   
19/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Oui! Comme Alex, j'apprécie l'avant dernier sixtain; le rythme y est parfait et il est très important d'être bercé dans ce type de poésie libre.En revanche, le vers "Dans Bruxelles ou dans Londres" tombe complètement à plat: questions de sonorités sans doute.....
Le thème, bien sûr, ....il est indiscutable et ne peut que susciter l'émotion.
Un beau poème

   kamel   
19/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Automnale
Je ne peux de ma part que féliciter un tel travail bien soigné et surtout d'actualité.Sentir ,goûter, se préoccuper du malaise des gens qui souffrent,donne une envie de révéler ses propres sentiments de détresse et de pitié.
Dès le début ,nous prenons une part de cette mélancolie par l'introduction de "Nous irons écouter" et au fur et à mesure l'emploi de "ils" désigne "les clandestins"est mis en relief à travers une monotonie des vers qui reflètent cet état.
Leur destin s'évapore dans tous les recoins du monde:"Rome,Lisbonne,Gibraltar,etc.."la misère les suit et la mort ne les quitte pas.
Que de points d'interrogations faut-il pour alimenter ces vers dans le seul souci "trouver refuge pour ces malheureux"
Le poème s'inscrit dans les normes de nos sociétés à travers le monde et par ce cri "émigrer et mourir" se dessine le dernier voeux de cette frange.
Je dénote "Dans Bruxelles et dans Londres ?" peut_être s'agit-il d'une fausse note au lieu de dire " A Bruxelles".
Kamel

   PostBlue   
20/1/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Répétitif. C'est là le premier mot qui m'est venu après la première strophe. Puis je l'ai relue ; l'impression était la même. C'est une chanson pourrait-on dire - oui, mais alors une berceuse, un somnifère.

Je vois des rimes non nécessaires, des lourdeurs par répétition, des sons disgracieux ("Le glissement des gréements / Sur les cauchemars stridents" je trouve ça laid). Oui, de la lourdeur... "Dans Bruxelles ou dans Londres ?", ça ne passe ni ma gorge, ni mon oreille. La formulation est trop longue, trop abrupte pour l'idée - alors que des formulations plus "courtes" passent beaucoup mieux et avant et après. "De Tanger à Marseille ?", par exemple.

Sur le fond, j'avoue ne pas saisir de logique - ça parle de Rome et de Lisbonne, en accroche, puis de villes portuaires. Je voyais d'abord un décor gothique ou roman, pour arriver aux docks, en passant par Bruxelles ou Londres, le Danube et le côtes de la Méditerranée. Géographiquement (et pourtant je suis une buse en géo), ça coince : j'ai l'impression que le lecteur a droit à une succession de "décors touristiques", piqués çà et là sans grand choix ni points communs. C'est ennuyeux (du moins le fut-ce pour moi).

Du lexique, j'avoue avoir eu des cris de détresse ; certes, le vocabulaire s'accorde aux lieux décrits - or je n'y accroche pas -, mais il passe de "gréements" ou de "bel canto", de toute une part du vocabulaire "marin à quai", à "sans-papiers" ou "marteau-piqueur". Peut-être la part du "marin" aurait-elle mérité d'avoir la part belle dans ce poème, de part en part - j'avoue exprimer un regret.

Je n'accroche pas, mais ce ne fut pas non plus déplaisant.
Au plaisir.

   LeopoldPartisan   
20/1/2010
 a aimé ce texte 
Passionnément
très beau texte tout en nuance et en profonde humanité. J'aime vraiment ce regard que tu portes sur les choses. La musique est toujours présente, mais avec la délicatesse des plus belles mélodies dont il n'est nul besoin d'artifices pour les ressentir au plus profond de l'âme.
L'âme voilà ce qui habite ton écriture dont je ne peux la comparer qu'à la plus belle et sensible épure.

Merci pour ces petits suppléments de paradis qui me deviennent aussi essentiels que l'air que je respire.

Je suis complètement sous le charme et oserai-je même dire amoureux de tes mots tout simplement si justes.

   Anonyme   
20/1/2010
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
j'apprécie peu en général le mélange poésie, grands problèmes de société dans l'air du temps

le problème est ici la litanie de nom de villes qui à mon sens aurait été plus judicieuse par simples évocations...
la répétition de nous irons écouter dans les deux premières strophes fait attendre au lecteur un autre type de traitement que ce fait de société en allant vers une thématique plus éthérée

je ne connais pas votre âge, mais il y a travers du choix des mots une sorte de maladresse involontaire, qui m'a gêné, un peu comme lorsqu'on lit un texte d'adolescent auquel on ose pas dire que c'est pour le moins bancal, parce derrière il y a et je n'en doute pas une indiscutable sincérité

   domi   
22/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je me suis aperçue que le rythme instauré faisait de ce poème une chanson; et ça m'a fait "bizarre" qu'un sujet si grave soit traité en chanson, (ou mieux en slam ? ce serait peut-être plus "fort"...).
la dernière strophe "laissons chanter..." confirme la volonté de l'auteur d'avoir voulu "chanter" cette misère, comme par dépit..

la première strophe me chiffonne à cause de sa triple redondance : "Rome, bel canto, ciel italien"...

la chute est belle "et que chance résonne".

   Anonyme   
2/2/2010
 a aimé ce texte 
Passionnément
c'est un très beau texte que je découvre là...
les mots choisis, les images, le rythme, tout cela concourt
à une musicalité certaine... et nous permettent d'appréhender
la sensibilité et l'esthétisme de l'auteure.
j'ai apprécié, pour ma part, l'emploi de "dans" peut-être plus dynamique que "à" dans ce contexte...
un magnifique poème d'espoir et de désespoir à la fois, de désespoir puis d'espoir plutôt !

voici le lien de l'illustration musicale de ce poème:
http://leschansonsdejmd.musicblog.fr/1276491/La-rumeur-des-villes/
merci de l'écoute...

   Lhirondelle   
27/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Automnale

Je fais un peu à l'envers.. je viens sur ton texte après l'avoir écouté (autre part)
Juste te dire que même sans la musique tes mots résonnent bien et délivrent ce douloureux constat de l'errance de ces sans papiers.

Au plaisir de te relire

Amicalement

L'hirondelle

   Anonyme   
29/1/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je reviens sur ce texte après plusieurs lectures et "écoutes".
Très musical, ce poème nous entraîne de port en port dans un voyage tour à tour enchanteur et désenchanté, mais dont se dégage au final une vraie lueur d'espoir.
J'ai apprécié le rythme et l'égrènement des particularités de chaque lieu évoqué. Seules quelques tournures m'ont moins plu : "le miel des réverbères" ou "et que chance résonne".
Merci pour le voyage !

   David   
2/2/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Automnale,

J'aurais bien lu un "émigrer ou mourrir" à la fin, un peu comme "la liberté ou la mort" de révolutionnaires. J'aime bien les noms de villes qui semblent comme des ancres au réel, s'il en était besoin, pour dire que ce n'est pas "ailleurs", alors que la poésie, la chanson, sont plutôt des moyens de s'évader. C'est rythmé et musical en soi, j'ai vu en forum que ça avait été mis en musique et c'est une bonne idée.

   Anonyme   
10/2/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Humanité et Amour avec la majuscule. Un poème qui sans le vouloir au départ vise l'universalité et le fait bien. Beaucoup de rythme, de l'élégance, le tour du monde en quatre-vingt mots ou presque, un moment de poésie jouissif.


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