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Poésie néo-classique
BAK : Bis repetita
 Publié le 02/09/09  -  5 commentaires  -  1697 caractères  -  69 lectures    Autres textes du même auteur

La vie et ses casseroles...


Bis repetita



Son cœur pas très net bat comme une vieille casserole
Et sa chamade depuis longtemps se perd dans le mouvement de la systole.
Elle erre, gauche et empruntée, s'égare sur les chemins croches,
Tortueuse à l'envi et tête de pioche.
Il débite d'élastiques monologues sans commune lourdeur,
Aussi sûr de lui qu'un bouton d'or sous le menton aime le beurre.
Il est l'escalade où l'on dévisse,
Celle où l'on se plante, où l'on met en sachets les De Profundis.
Il est une bataille perdue d'avance, la mine cassée d'un HB
Que le taille-vie tranche dans le vif à grandes enjambées.
Criminel, il a descendu le Phénix sur un coup de phobie,
Il ne se sent ni drôle ni humain, aussi raté qu'un faux alibi.
C'est une âme sans âme, un spectre calciné au lance-flamme,
Un prénom si loin de son anagramme.
Il est l'allégorie du passif, sa conscience au fond de ses poches
Ne risque pas de s'emmêler les pinceaux tellement il a les pétoches.
Il y a si longtemps que la petite souris ne passe plus,
Que seul le chat danse, pattes tordues
Par ces crasseux verres remplis de vitriol
Qu'il écluse jusqu'à ce que sa tête soit dans le formol.
C'est la fable de celui qui ne tourne qu'autour de soi,
Qui ânonne sa vie et qui la fossoie.
Il est resté sourd aux trompettes de Jéricho,
Alors ce n'est plus le Pérou, à demi-mot.

Il voit quand même l'araignée du soir
Tisser les pavés des petits riens,
Il reprend la vie, non comme un corbillard
Et remet des patins...

... Même si dans mon cœur il y a le feu au lac
Parce que dans ton cœur il n'y a plus le mien...


 
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   jaimme   
3/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je suis partagé. Il y a des mots, des vers qui m'ont beaucoup plu:
"où l'on met en sachets les De Profundis"
"Un prénom si loin de son anagramme"
"Et remet des patins..."
"Parce que dans ton cœur il n'y a plus le mien..."
Mais aussi des coups de butoir à ma lecture et en particulier: "Même si dans mon cœur il y a le feu au lac".

L'ensemble m'a laissé une impression intéressante, mais parfois d'inachevé.
Bonne continuation.

   FIACRE   
5/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Ne serait-ce que pour les deux vers restant je reste !

   Anonyme   
6/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Une lecture qui interpelle, qui intrigue.
Une plume foisonnante d'images savoureusement grinçantes, à coups de détournements d'expressions communes ; ça, c'est bien joué.
J'apprécie particulièrement les élastiques monologues, la mise en sachets des De Profundis, le prénom loin de l'anagramme (mais quel prénom ? Léon / Noël ? ...), l'araignée du soir qui tisse les pavés des petits riens ...
Une remarque sur "la fable de celui qui ne tourne qu'autour de soi" : n'eût-il pas fallu écrire "autour de lui" ?
J'aime moins "ne risque pas de s'emmêler les pinceaux" ou encore "il reprend la vie, non comme un corbillard" (impression de platitude par rapport au reste).
La fin, inattendue, révèle du texte toute sa dimension. Je me doute qu'elle est volontairement très décalée par rapport au reste (style, première personne) mais j'avoue n'être qu'à demi convaincue ... Trop de contraste pour moi.
Un texte intéressant en tout cas.

   Raoul   
21/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un portrait…
Un rude portrait sans afféteries à la mine graphite (2 ou 3 H pour le coup) qui n'épargne pas, puis, une éclaircie en quelques vers, une lueur, et…
Dans chaque vers une idée, une finesse, une image forte. Le ton et la musique de la lecture sont quelque peu distendus ce qui sied particulièrement bien aux grincements du fond.
Tout au long du texte il y a une recherche d'expression, de formulation, d'évocation et de raccourcis souvent* très réussie, équilibrée et percutante. Je suis notamment sensible à l'utilisation des expressions populaires côtoyant des vocables beaucoup plus rares, tombés en désuétude, voir inusités.

Enfin, il y a la force des deux derniers vers au ton si différent.
Ils retournent le texte comme une chaussette, changeant l'axe: on passe de l'autre côté du miroir.

Le final en saut périlleux est un véritable tour de force!




* Pb. d'équilibre, justement, au vers 10 pour moi… mais c'est pour faire chafouin ;-)

   Anonyme   
6/8/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Il y a des textes comme cela, je les prends en pleine face, ce poème est tellement grinçant, j'en grimace intérieurement de douleur.

Oui, c'est un texte qui fait mal, pas un mot n'est pas à sa place, c'est du vrai de vrai, nulle emphase, c'est criant de vérité. Cela vous tord les boyaux.

Quand dans la vie cela ne le veut pas, ça ne le fait pas, certains plus que d'autres subissent ces aléas de la vie sans merci.

Cela se va sans dire, j'ai vraiment apprécié ce texte dans son ensemble, pour sa teneur profonde qui m'a secoué de long en large. C'est écrit frappant qui ne triche pas ...

Sublime fin ...


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