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Poésie classique
Boutet : Mélancolie
 Publié le 13/11/24  -  9 commentaires  -  727 caractères  -  152 lectures    Autres textes du même auteur


Mélancolie



Je ne sais quel démon, quel spectre maléfique,
De son ombre oppressante altère mon destin,
Dérobe chaque éclat d'un idéal serein
Et me suce le sang, teigneux comme une tique.

Il se glisse en silence, insidieux, cynique,
Sous son voile embrumé tout espoir semble vain,
Ainsi le temps s'égrène et sème le chagrin
M'abîmant chaque jour dans sa noirceur sadique.

Ô quelle sombre nuit, quelle morne torpeur !
Que son rire pervers hante mes insomnies
Et ravive, cruel, mes peines infinies !

Mais quel monstre invisible étreint mon pauvre cœur
Et l'entraîne avec lui dans sa danse macabre ?
Son pouvoir redoutable est plus mortel qu'un sabre !


 
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   Lebarde   
30/10/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Noir c’est noir…voilà bien une “Mélancolie” très sombre que l’auteur(e) fait de son mieux pour rendre encore plus noir, encore plus sombre en utilisant des métaphores lugubres et un vocabulaire sélectionné: “démon, spectre, ombre oppressante, suce le sang, sème le chagrin, noirceur sadique, son rire pervers hante, monstre invisible, danse macabre, sabre mortel”…
Ce n’est plus de la « mélancolie «  mais de la morbidité et « tout espoir semble vain », c’est irrémédiable et vous embarquez le lecteur avec vous.
L’horreur absolue d’où il sera difficile de sortir!

Il est vrai que la période se prête à ces pensées lugubres mais si
on rigolait un peu?

Sur la forme, rien à dire. Ce sonnet classique m’a l’air de se glisser proprement dans la catégorie.
Brr, après cette morosité déprimante j’ai besoin d’un brin de gaieté.

En EL

Lebarde

   ANIMAL   
3/11/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
aime bien
Sur le fond, ce poème me semble plus proche du désespoir que de la mélancolie. L'ambiance est sombre. Le texte reflète bien les idées noires que l'on peut brasser les nuits d'insomnies, attribuant à quelque influence néfaste la malchance qui paraît nous poursuivre.

Sur la forme, le vocabulaire est adapté au thème, la musicalité des vers donne un bon rythme de lecture. Je ne suis pas sûre que les vers soient tous équilibrés mais cela ne gêne pas ma lecture. J'aime bien le style.

Un instantané intéressant d'une descente aux enfers.

   Donaldo75   
6/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J’ai trouvé à ce poème de la tonalité ; il est presque gothique tellement son atmosphère sent le sombre et le mélancolique, du genre existentiel. La forme classique utilisée amplifie cette impression de lecture, cela d’autant plus que le champ lexical va dans ce sens et que la rime ne pèse pas des tonnes. En musique, je comparerais ce poème par sa forme à du Bauhaus – le groupe anglais, pas le mouvement artistique allemand – où les références au mythe du vampire et au comte Dracula frôle parfois la parodie. J’aime bien Bauhaus, ceci dit mais à petites doses parce que quitte à faire gothique autant personnifier la force obscure, les ténèbres ou tout ce qui a trait à cette dimension mythique, afin de plonger le lecteur – pour ce poème, l’auditeur pour Bauhaus – dans du moins indirect voire hermétique parfois.

   Robot   
13/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Un texte désespéré et désespérant. Le narrateur enfermé dans un accablement semble ne pas pouvoir trouver une issue à cette emprise sombre de la dépression.
Une écriture faite d'images fortes dans un classique de qualité.

   papipoete   
13/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour Boutet
Oh, quel monstre vit en moi, et me torture au moindre émoi !
Oh, quel démon hante mes jours et mes nuits !
Je ne peux le bouter au dehors ; il est mon double diabolique qui de moi suce toute joie, le moindre sourire...
NB cela s'appelle Spleen, dépression dont les crises d'angoisse, sont les soldats diaboliques, contre lesquelles rien ne fait obstacle ; on subit... puis un jour on se relève ( lexomyl à la pointe du fusil )
j'ai côtoyé cet ennemi, bien des fois en 75 ans, mais aujourd'hui je vais sur les chemins, je chante contre le vent, et emmer... l'adversité !
dans la dernière strophe, " mais quel monstre " fait tout cela ? en principe, on le connait, que trop bien !
le second quatrain a ma préférence ( j'aurais mis un point, après cynique )
alexandrins au classique sans faute !

   Provencao   
13/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Boutet,

"Ô quelle sombre nuit, quelle morne torpeur !
Que son rire pervers hante mes insomnies
Et ravive, cruel, mes peines infinies !"

Ce tercet me plait beaucoup et cette sombre nuit nous fait partir, comme dans un voyage où il faut toujours s’occuper de ses valises encombrées.

Cette mélancolie c’est avoir à se porter soi-même, ne pas pouvoir exister sans tenir à soi.
Belle solidité, consistance en votre poésie qui en apprecie toute la gravité…

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Antharsis   
13/11/2024
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Le champ lexical est finement choisi, en parfaite harmonie avec la thématique ; la mélancolie se déploie ici comme une facette voilée de la dépression, infusant les rimes embrassées d’une amertume profonde.
Une diversité accrue dans les figures de style enrichirait l’œuvre, offrant de nouvelles dimensions à cette noirceur.
J'apprécie la ponctuation, puissante et incisive, scellant l’absence totale d’espoir.

   Cristale   
14/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Parfait ! D'excellente composition ce sonnet tinte comme le glas.
Tous les ingrédients lexicaux jouent leur rôle et la sinistrude ambiante est à point.
Le jeu de rimes est abouti, comme le reste d'ailleurs.
La mélancolie (v. le titre) n'est pas un "coup de cafard" passager mais une forme grave de dépression qui se manifeste par une profonde tristesse, la dévalorisation de soi et une forte pulsion de mort.
Bravo et merci du partage !

   Damy   
15/11/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Stromae (« L’enfer » : « Chuis pas tout seul à êt’ tout seul »), Baudelaire (« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle »), Van Gogh (« Vieil homme triste »), Chopin (« Tristesse »), Messershmidt (« neuf grimaces ») et bien d’autres ont caressé comme vous les profondeurs abyssales de la mélancolie qui, pourtant, n’empêche pas la création artistique. Je dirais même qu’elle en est la source.
Votre poème est d’une beauté rare sur ce sujet. J’en suis très ému, bouleversé.

« Il se glisse en silence, insidieux, cynique » : l’allitération convie au silence.

Je me tais. Grand merci Boutet.


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