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Poésie libre
BrunoGaia : Ruine VI
 Publié le 22/07/15  -  7 commentaires  -  2286 caractères  -  94 lectures    Autres textes du même auteur

"Ruine VI" est, comme son nom l'indique, le sixième texte intitulé "Ruine" de ma collection "Translucide, les poèmes de b".


Ruine VI



Pourquoi choisir les ruines ?
Pourquoi pas les parcs, les monuments, les fêtes ?
Pourquoi, en toute dernière analyse,
Ne pas choisir d’avoir ce petit sourire au coin des lèvres
Et dire :
« Eh ! Je blaguais ! »
Pourquoi ne pas faire, comme le monde entier,
Le choix du mensonge ?
Pourquoi s’attacher au plaisir des larmes de joie et de douleur mêlées
Qui sont la seule rançon de

aaaaaaRetiens ton souffle de peur que ce ne soit lui qui te retienne

Le petit chien a l’air d’un mouton
Il a l’expression bornée et sympathique
Qu’ont les animaux domestiques qui sont de bonne compagnie
Mais n’en ont pas moins un sacré caractère
Pisser sur le mur où tant d’autres de ses pairs ont pissé avant lui
Semble lui apporter un plaisir
Où l’immédiateté le dispute à la malice
Le mur s’arrête après un mètre dix-neuf de course poétique
Vers ce ciel qui n’est un but que pour les fous et les oiseaux
Lui seul a été détruit
C’est une destruction sélective
Ni le chien ni sa maîtresse ne savent à quoi ce bâtiment a pu servir autrefois
À l’évidence il était alors moins poétique à regarder qu’il ne l’est à présent
Quel fouillis d’herbes folles sur sa carcasse !
Quel tableau ses fenêtres brisées dont les restes de verre font des angles étranges
Où peut entrer la lumière
Le mystère de ses entrailles où, quelque part, gît la photographie en noir et blanc
D’une équipe inconnue, gens souriants, un jour d’été, à l’appareil photo
Figés désormais au milieu des gravats
Un bout de joie collective
Tous les petits détails qui disent les vies derrière les visages et les uniformes
Oubliés sur le sol, tombés là par hasard
Comme il en va de tous les souvenirs qui n’ont plus d’importance pour personne

Choisir les ruines c’est accepter que le chemin ne soit qu’un paradoxe
Celui-là qui mène des lieux perdus au fond de la mémoire à d’autres nulle part
Sans pour autant oublier d’apprécier, à chaque instant,
Le bruit des pas sur le verre brisé des décombres
En fait, on ne choisit pas les ruines
Ce sont elles qui nous choisissent.

b


 
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   Pimpette   
22/7/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Tellement inhabituel!
Une bonne raison pour m'attacher à ce texte!

la première strophe nous dit bien des choses et le pauvre cabot,avec cette expression bornée et sympa, me semble bien campé, moi qui ne suis pas affamée de ce genre de chien à sa mémère....le mur qu'on peut raser de près me parle un peu aussi....et je patauge plus ou moins dans le reste....

Bref je salue l'originalité qui est si rare et dont nous avons besoin ici de façon urgente

   Lulu   
22/7/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
L'inégalité de la longueur des vers provoquent un déséquilibre qui rend l'ensemble peu musical, surtout lorsqu'on lit à haute voix. Ce qui est bien dommage... De fait, j'aurais mieux vu un texte en prose. Le rythme se poserait autrement.

J'ai bien aimé le questionnement du début et la fin du poème (j'ai bien aimé que vous répondiez à la question de départ). J'ai très peu apprécié le long passage du milieu, notamment avec le chien, sans doute parce qu'on quitte là un peu le côté vers libres pour de la prose. Cela s'étend un peu trop, sans que ce ne soit nécessaire.

J'ai cependant bien aimé l'exclamation "Quel fouillis d’herbes folles sur sa carcasse !" qui fait un peu office de pause dans le passage, notamment parce que le mètre est plus court, mais aussi du fait de l'image, moins terre à terre.

Ce poème me semble perfectible.
A une prochaine fois.

   Anonyme   
22/7/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un mur en ruine, banal, qui n'intéresse personne, hormis le petit chien qui marque son passage, voilà un sujet original.
Ce mur anonyme, reste de vie d'une époque passée, qui devient
" poétique à regarder " à présent.
" Quel fouillis d’herbes folles sur sa carcasse !"

   boudune   
24/7/2015
 a aimé ce texte 
Bien
L'importance de ce qui fut, comment on reconstruit en imagination à partir de la trace, du vestige... C'est de cela qu'il est parlé ici, me sembvle-t-il, bien plus que du chien qui rajoute de la trivialité à la nostalgie, mais c'est bien ça, la vie : des ruines qui subissent, et pourtant, oui, d'une certaine façon, elles nous choisissent.
je vois dans ce texte aussi les ruines qu'on provoque sur un mot, une phrase assassine, les dégats, les accrocs, dont nous sommes les initiateurs, au moins autant que les victimes.

   Pussicat   
28/7/2015
L'absence de musicalité et de métrique - normal, c'est en poésie libre - me laisse à penser que ce texte aurait bien pu se glisser dans un format prose / nouvelle.
Mais l'auteur a sans doute voulu mettre en relief l'analogie entre le thème du texte et sa forme.

Je ne comprends pas l'introduction : "Pourquoi choisir les ruines ?... Qui sont la seule rançon de..." à vrai dire je me fiche du choix du thème, ce qui m'intéresse en revanche s'est son traitement et l'écriture, le rythme, la musique, le style de l'auteur.

Cette adresse au lecteur en forme de pirouette, je la laisse de côté.

à bientôt de vous lire

   Anonyme   
31/7/2015
Bonjour Gaïa

Vous ne faites pas dans la facilité.
Il faut relire ce beau texte pour piger qu'il est non seulement celui d'un poète particulièrement fécond, mais aussi celui d'un peintre, ou d'un photographe, ou d'un plasticien, probablement des trois.
C'est aussi celui d'un philosophe qui s'interroge sur son art.

"Pourquoi choisir les ruines ?"
Vous y consacrez l'introduction mais sans trop vous prendre au sérieux, comme il sied à ceux qui réservent cette attention à leur travail.

Est-ce un tableau ou une photo que vous nous décrivez dans le corps du texte ? Le passage ci dessous ouvre les deux pistes.
"Quel tableau ses fenêtres brisées dont les restes de verre font des angles étranges
Où peut entrer la lumière
Le mystère de ses entrailles où, quelque part, gît la photographie en noir et blanc
D’une équipe inconnue, gens souriants, un jour d’été, à l’appareil photo
Figés désormais au milieu des gravats"

En conclusion c'est le philosophe qui reprend la parole et les derniers vers répondent au premier:
"En fait, on ne choisit pas les ruines
Ce sont elles qui nous choisissent."

Merci BrunoGaia, bravissimo

   ManonLunalice   
3/8/2015
"Le petit chien a l’air d’un mouton
Il a l’expression bornée et sympathique
Qu’ont les animaux domestiques qui sont de bonne compagnie
Mais n’en ont pas moins un sacré caractère
Pisser sur le mur où tant d’autres de ses pairs ont pissé avant lui
Semble lui apporter un plaisir
Où l’immédiateté le dispute à la malice"

J'aime les animaux donc j'aime ces vers adorables.

Ce poème me rappelle un ami poète archéologue passionné de ruines: parfois ses blablas ruinesques m'agaçent, mais dans l'ensemble il est certain que le fait de choisir les ruines m'émeut et votre poème donne une des réponses à la question pourquoi.

Malgré tout les ruines m'inspirent un silence: il y a quelque chose de trop "bruyant" dans votre poème pour moi pour un tel lieu.
En tout cas cela me donne envie de lire le reste de la série !


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