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Poésie néo-classique
calouet : Dance floor gardner
 Publié le 02/03/08  -  9 commentaires  -  4696 caractères  -  24 lectures    Autres textes du même auteur

Les mémoires d'un oiseau de nuit...


Dance floor gardner



Dans la fumée opaque un peu herborisée
D’un White Chapel clinquant de brouillard factice
Sous la lumière vulgos d’une salle embuée
J’affûte mes compas comme un vieux couteau suisse

Rocco c’est mon poteau, mon marin, mon bateau
Lui seul sait m’assister sur l’océan repu
De carcasses avinées, de sirènes à gros cul
Et s’ondulent les vagues, les bancs de maquereaux

Le Stardust c’est mon bar, mon tripot, un désert
Une vitrine rutilante qu’il faudrait consommer
Sans les mains, sans la queue, juste boire et danser
Autant dire à la rue d’oublier sa misère

Alors nous quand on s’pointe on fait pas de façons
On attaque bille en froc les gamines lascives
Pourquoi secouer un merle quand il y a tant de grives ?
À ma tirette je joue tant que j’ai des jetons

Y en a une ingénue qui balance sa candeur
Sous le spot enragé d’un démon racoleur
Regarde à gauche à droite si on l’a remarquée
J’suis à droite ça tombe bien, toujours ça de gagné

Mon poussin que j’lui dis, j’ai pas que ça à foutre
En me luxant la hanche sur un béat en déroute
J’ai un gun dans mon jean, une matraque, une trique
Ça aime la moiteur ces reptiles exotiques !

Elle m’envoie balader d’une moue répugnée
Je laisse tomber direct encore une névrosée
Et repars à l’assaut du frétillant troupeau
Imitant le moonwalk, sans glisser, sans chapeau

À deux mètres ou bien moins, y a un petit boutonneux
Qui frétille ardemment devant une bombasse
Je me colle devant lui misant tout sur la classe
Qui sépare l’étalon du poulain trop fougueux

Les gros seins me repèrent et s’agitent gaiement
Au rythme délétère qui suinte des enceintes
On dirait deux ballons aux raisins de Corinthe
Pointant et titillant sous l’étoffe c’est charmant

Tu vois belle ingénue en venant là c’est vrai…
Sûr que tu savais pas vraiment à quoi t’attendre
Je suis le bon, la brute, le truand et je bande
J’vais te casser les reins, c’est moi que tu cherchais

Elle m’a collé un steak à cinq doigts sur la face
Avant que je n’aie pu tenter la poésie
Qui aurait eu c’est sûr raison de cette furie
Elle sait pas ce qu’elle rate, la superbe pouffiasse !

Je reviens vers le bar, du pas du gladiateur
Quand il sort de l’arène, qu’il a niqué les lions
Commande une boutanche pour moi et mes pulsions
Et mate le comptoir tel un grand prédateur

Y a Corinne qu’est là, toujours aussi fadasse
Vient chercher l’âme sœur sans guère plus d’illusions
Qu’un naufragé balance un message au bouillon
Même un soir de misère j’y touche pas : j’ai la classe

Je retourne danser, enfin suer l’alcool
Que j’ai ingurgité pour me donner du ventre
De la tchatche et du nez, pas question que je rentre
Comme un couillon ce soir, fais chauffer la chignole !

Je prends deux trois rateaux dans le nez c’est pas grave
J’apprends à jardiner à défaut de bouyave
Le DJ se marre bien en voyant le manège
Je lui sors les yeux noirs : arrête ça ou j’te crève

Ce connard continue à se foutre de moi
Tandis que les morues tombent mais pas dans mes bras
J’ai l’air d’un blaireau, le dance floor gardner
Qui se lustre le manche sans jamais voir de fleurs

Excédé et bourré, je bande mou mais j’assure
Bien plus à la baston que dans un Formule Un
Je lui rentre dedans la main sur le surin
Le mange-disque rit moins fort le dos collé au mur

C’est alors qu’un parpaing me tombe sur la couenne
Et puis même un piano sur le sommet du crâne
Les videurs ces salauds attaquent par derrière
Faut croire qu’ils aiment ça, tarlouzes de première

Je me retrouve dehors, résiné au menton
Nez en rutabaga, libido sabordée
J’ai un peu froid au cul, assis sur le gravier
Tandis que déjà partent les putes et les garçons

Je me relève un peu, mon épaule se vrille
Et repère deux cons qui se roulent des galoches
Je reconnais la bête, c’est Rocco qui bidoche
Une perle d’un soir, de celles qui s’enfilent

Je les mate en silence, t’as du bol mon vieux
Moi j’ai eu beau tenter, et faire de mon mieux
Le Stardust ce soir, j’ai pas su le dompter
Il lui passe la main là où j’ai pris un pied

Je reconnais ce cul, pas si vilain pétard
J’y aurais jamais cru, et pourtant c’est bien vrai
Il se tape Corinne, dire s’il est désœuvré
Demain Rocco c’est clair, je te taille un costard !


 
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   Anonyme   
2/3/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une poésie très contemporaine. J'apprécie énormément ! Chapeau.

   Anonyme   
2/3/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Des scènes de film qui se succèdent. Le langage imagé et gouailleur, un tantinet (non ! très !) vert, rend très bien l'atmosphère. L'auteur a osé sans craindre, il a bien fait ! J'aime beaucoup.

   David   
2/3/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un équilibre précaire parfois entre le sens et la fluidité des vers, mais le plus souvent, ça roule, j'ai bien aimé.

   calouet   
2/3/2008
merci beaucoup à vous trois!

je voulais juste préciser... je ne sais plus si c'est une erreur de ma part, ou une correction malheureuse (peu importe la raison) : "sur un béat en déroute" doit évidemment se lire "sur un beat en déroute", sans accent, ce qui phonétiquement n'a rien à voir, et sur le fond non plus... Voilà c'est tout, merci encore :)

   Anonyme   
3/3/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'ai moins accroché qu'aux précédents poèmes de Calouet...

L'histoire est sympathique et se lit bien, mais je ne suis pas
trop touché par le message. Le vocabulaire est souvent opportun,
parfois un peu facile dans sa grossièreté.

Je préfère largement quand tu inventes de jolies fables...

   Anonyme   
11/3/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
moi j' adore. Je vois bien ce texte chanté sur un air musette, par Léo Ferré de préférence. Un rythme qui s' entend en même temps qu' on lit. C' est succulent.

   scorpionne   
13/3/2008
Tu m'as tenu en haleine (pas avinée) et encore une fois je te dis, j'aime ce que tu écris.T'as le chic pour me faire sourire et aller jusqu'au bout de ton texte pour que je finisse sur le "poing" final...Génial

   Anonyme   
27/8/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour calouet
A la première lecture, je l'ai trouvé savoureux mais un peu long. A la suivante, toujours aussi savoureux mais plus du tout long.
Il y a tout, la gouaille, surtout, et les images, et la musique et les mots, et l'histoire, banale, mais transcendée par le ton, amer, ivre. Sans illusion.

J'ai trouvé deux trois bricoles qui ont accroché ma lecture, je me permets de les noter ici :

"Y en a une ingénue qui balance sa candeur"
"Y'en a une in " une sonorité qui accroche un peu...

"Je laisse tomber direct encore une névrosée"
J'aurais bien vu quelque chose après direct, genre virgule ou deux points... (je me permets de le dire car d'autres fois, la ponctuation y est...)

"On dirait deux ballons aux raisins de Corinthe"
Une image qui me gâche le paysage... Tu les vois comment ces ballons ? "Piqués" (oui je sais, une histoire de pieds...) de raisins de corinthe, à la rigueur. Je sais pas... c'est les ballons qui me gênent, j'ai du mal à mordre dedans... ben oui, parce que raisins de corynthe me fait penser à gâteau... En fait ce qui me gâche vraiment le paysage c'est ce "aux" (avis très perso, l'auteur en fait ce qu'il veut)

"Commande une boutanche pour moi et mes pulsions"
J'adore ce "moi et mes pulsions"

"Tandis que les morues tombent mais pas dans mes bras"
Et là c'est pareil, une virgule, peut-être, après "tombent" ?

Merci calouet, pour cette lecture.

   Raoul   
27/8/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Attiré par le titre, je ne m'attendais pas du tout à ce type de texte!..
J'aime beaucoup l'alexandrin quand il "trucule" comme ici, l'utilisation qui est faite du langage parlé, voir nettement relâché. Je trouve le cocktail dance-music, DJ, ambiance boite un peu pourave et langue presque apache (et un peu daté) par moment, particulièrement savoureux et réussi.
La progression du récit est équilibrée, bien menée, le décor planté en quelques ver(re)s, on a l'impression de tanguer un peu soi même dans les parages et de saisir des bribes des scènes et des répliques.
On pourrait croire à un air de caf'cons.!
Très agréable lecture.


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