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Poésie néo-classique
calouet : La baleine et le naufragé
 Publié le 28/02/08  -  9 commentaires  -  3240 caractères  -  94 lectures    Autres textes du même auteur

Une fable.


La baleine et le naufragé



Sur le sable rugueux d’une plage désolée
Dans le sombre tourment des âmes désœuvrées
Un marin abîmé usait son énergie
Comme on ronge le frein qui n’a que trop servi

Des mois, des jours, qu’importe il était là, coincé
Sur la grève où l’effroi va et vient aux marées
Purgatoire d’ascète rien à bouffer à boire
Même pas trois crevettes, même pas un espoir

Face à lui deux mastards, deux géants prétentieux
Barraient son horizon, gardes-chiourme rocheux
Il leur donna un nom un soir de chagrin
Big et Ben c’était con, mais ça leur allait bien

L’un et l’autre jouaient de vice et de ressac
Rabattant vers lui les eaux comme des claques
Des rouleaux infinis qui hurlaient au jusant
S’écrasant dans le bruit d’un râle agonisant

Tour à tour les radeaux, pirogues et rondins
Qu’à force de vouloir improvisaient ses mains
Se heurtaient aux vagues que la rage dessine
Fracassés au mur blanc d’écumes assassines

Big et Ben sonnaient de leur glas implacable
La route parsemée d’écueils des misérables
À tel point que devant ses récurrents échecs
Le marin en conclut qu’il devrait faire avec

Pourtant un beau matin les embruns frémissants
Réveillèrent la plage d’un souffle vivifiant
L’ermite fugitif prit cet air nouveau
Comme un présage ami, qui tapait dans son dos

Il partit en forêt, trancha net deux arbres
La tête d’un boa, de taille raisonnable
Et face aux éléments, déchaînés comme d’hab’
Il construit un radeau en bois de baobab

À peine la mer prise, il vit devant lui
Un mont vertigineux, un Olympe d’ébène
Se dresser sur les flots, étrangement huileux
Au mépris du tic-tac du pendule rocheux

Un cétacé géant, prisonnier de l’estran
Éteignait de son corps le feu de l’océan
Rendant ainsi possible l’échappée du marin
Big et Ben ridicules ne jouaient plus de rien

La baleine montagne était le grain énorme
De sable qui bloquait les mâchoires aphones
Des deux blocs jumeaux à l’entrée de la crique
Et le vent s’était tu, silence magnifique

En passant près de Ben, à deux doigts des fanons
Il vit le colosse comme dans une prison
Sa peau craquée de sel, son regard affolé
Attendrirent ce cœur qui ne vibrait jamais

La baleine ne pouvait que rester dans la baie
Et sentait sur son dos tournoyer les épées
De la mort prochaine, étranglée par ce sort
Qui peut jouer des tours aux faibles comme aux forts

La marin hésita, regarda sa compagne
Puis observa la mer et au loin l’autre bagne
Celui qu’il n’avait plus qu’en de vieux souvenirs
Et se dit que peut-être rester n’était pas pire

Il revint vers la plage, avec sa baleine
Le cœur enfin en paix, bercé par Big et Ben
Dont l’écorce rocheuse est comme un doux ronron
À l’oreille de ceux qui ont enfin raison

Étendu sur le sable il finit par comprendre
Qu’il est souvent plus sage de tenir que d’attendre
On est si souvent seuls au milieu des passants
Autant rester ici, et voir couler le temps


 
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   Anonyme   
28/2/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Comme dans tes précédents poèmes, nous sommes ici
à la lisière de la fable. Tu mélanges avec brio, sans mots
obscurs, la morale et l'absurde.
Nous avons tous notre propre conception de la poésie,
moi je me sens proche de la tienne.
On lit et cela semble facile, évident...
J'apprécie particulièrement lorsqu'on ne sent pas le travail,
la sueur de l'auteur... C'est le cas ici.
Bref je suis plus que client de ce genre de bafouille.

   nico84   
28/2/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Moi aussi, j'ai aimé et je rejoins l'avis de mon ami notrac sur la fluidité de ton écriture, il s'en dégage un naturel comme si tu n'avais pas fait de travail et d'effort supplémentaire.

J'aime lire, sans m'accrocher sur quelques vers. Ton histoire est belle, la morale aussi. La forme est de trés bonne qualité.

Vraiment belles images qui servent un super poéme ! Bravo !

   clementine   
28/2/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Moi je dirais plus qu'à la lisière, c'est vraiment une fable et c'est bien sûr un compliment.
Magnifique, cela se lit comme on boit du petit lait.
Belle musicalité et joli morale, oui la solitude est souvent préférable à l'indifférence au milieu des autres.
Mais cela nécessite d'être bien avec soi même et effectivement c'est sans doute cela le plus dur .
En tout cas, merci et bravo pour ton poème/fable très réussi.

   Anonyme   
28/2/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'affaire est ici rondement menée et si la lecture se fait aisément c'est parce que l'écriture est claire et fluide. Une impression de facilité sous laquelle on sent beaucoup de travail. J'ai beaucoup aimé.

   Anonyme   
29/2/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Calouet

Ce que j'aime ici c'est l'intelligence de l'écrit cette originalité ce jeux avec les mots, les rimes, l'humour, la morale de cette fable qui arrive dans une parfaite continuité. A lire et à relire.

   Absolue   
5/4/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Et dire que j'ai failli passer à côté de ça! Je suis assez d'accord avec les commentaires précédents, ceci est une "fabloème" très bien écrite, avec des images puissantes et une belle musicalité! En bref, j'aime le fond et la forme et je dis encore!

   marogne   
23/6/2008
 a aimé ce texte 
Bien
J'avais commencé à penser "très bien", conquis que j'étais par la mise en musique de cette histoire de marin, mais qui s'applique bien sur à nous tous dans nos intérogations intimes. La parabole me semblait pertinente, et apporter un niveau de détachement intéressant.

J'avais bien aimé aussi le mélange du classicisme de la forme avec un langage "moderne" sans que cela n'en soit ostentatoire.

Mais in fine j'ai été déçu par la "morale", et le renoncement pour rester dans un état de contemplation me semble être une caractéristique du monde actuel, où nous regardons ce qui se passe, n'en pensons pas moins, mais restons sur une position critique non engageante. Quand je dis "caractéristique du monde actuel", je m'aperçois que je tombe peut être aussi dans le cliché, et que le mot actuel n'est sans doute pas pertinent; il n'y a pas de raison pour que ce type de comportement ne soit pas "éternel" malheureusement.

   Flupke   
11/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Etrange morale que je ne juge pas (ni n'approuve) mais elle est bien amenée par la forme du poème. J'ai apprécié l'originalité de l'ensemble.

   ANIMAL   
17/7/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Un régal, ce poème qui chante l'homme et la mer. On se sent bercé par la houle, l'air marin fouette le visage, l'homme opiniâtre cherche à se sortir du piège... et moi je ne vois pas la morale négative mais au contraire pleine de sagesse.

Il faut parfois savoir renoncer pour trouver le bonheur ou à tout le moins la paix et bien peu d'humains en sont capables. J'aime aussi que ce marin ait eu de la compassion pour un autre être en souffrance.

Merci de ton talent, Calouet.


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