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Poésie néo-classique
calouet : Un navire et des rats
 Publié le 11/02/08  -  11 commentaires  -  1939 caractères  -  63 lectures    Autres textes du même auteur

Un vieux loup de mer émoussé, son mousse, ses mousses et ses regrets...


Un navire et des rats



Hep ! Viens là moussaillon, ressers-moi un godet
M’a dit l’capitaine, déjà bien attaqué
Dans le rhum en tonneau il noyait son chagrin
Son ennui, les grumeaux d’une vie de marin

Hep ! Viens là moussaillon me r’dit l’capitaine
Mes mains serrent plus mon godet faut qu’tu l’tiennes
Et pis remplis-le donc, une aut’fois c’est pas trop
Pour laver d’ma tête, ce destin en lambeaux

Hep ! Putain d’moussaillon, gueula l’capitaine
Tu m’prends pour un couillon : trinque aussi à la tienne !
Il me forçait à boire, cloîtré dans sa cabine
Pendant qu’on s’enfonçait lentement vers l’abîme

Il avait sabordé, avec une barre à mine
Notre Bon Dieu d’bateau, en chantant comme un cygne
Il avait sacrifié, sur l’autel des poivrots
Son Bon Dieu d’équipage, les femmes les marmots

Hep ! Reviens moussaillon ! Qu’il hurla pieds dans l’eau
Alors que je tentais de sortir du cachot
Ressers-moi encore une goutte de c’te saloperie
J’te promets que celle-là, elle t’ouvrira l’esprit

Tu verras moussaillon, ce que j’peux plus dire
Ce sera évident, et ce sera même pire
Tu verras mon fiston que ton père ce salaud
Il regrette amèrement, la perte d'son bateau

Tu verras mon morveux, comme t’étais mon étoile
Avant qu’ta mère la pute, elle ne mette les voiles
Tu liras dans ce verre, tout ce que j’aurais fait
Pour elle et pis pour toi, si elle était restée

Not’navire part en couille, te bile pas je le sais
Ton père est une andouille, une autre vérité
Mais faut qu’tu saches mon p’tit, que moi-même trop bourré
J’ai le cœur en bouillie de l’avoir tant aimée

Notre vie elle coulait, comme la gnôle à flots
Sur la toile cirée d’la table du restau’
Et ces gouttes qui tombaient, je n’les oublierai pas
La galère voguait dans les yeux de papa


 
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   Absolue   
11/2/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un magnifique poème sur l'alcoolisme et ses ravages! La comparaison avec le naufrage du bateau est très bien trouvée et j'adore le langage argotique utilisé dans tes vers. J'imagine parfaitement ce père ivre face à son fils désespéré. Et que dire de la chute!

"La galère voguait dans les yeux de papa"

Super!

   nico84   
11/2/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Oui, l'alcoolisme peut être assimilé à un naufrage lent, impuissant quand on a plus la direction de notre vie, on s'enfonce peu à peu et il est encore plus difficile de se relever.

J'ai aimé aussi le contraste entre le fond et la forme. Un fond poignant et triste et une forme limite "humoristique" (je suis peut être le seul à l'avoir ressenti comme cela, en tout cas au tout début). Enfin tu as bien retranscris la souffrance et le traumatisme sans éxagére que peuvent ressentir les bras tendus autour qui ne peuvent éviter que l'homme prenne l'eau à la place de la goutte.

Bravo !

   Anonyme   
11/2/2008
Comme cela en première lecture : une musique de chanson avec refrain hardi de pirate me tourne la tête !

   jensairien   
13/2/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
un poème qui a du cœur et du ventre ! jovial et désespéré, gueulard et mélancolique. Quelle tambouille !

   Anonyme   
15/2/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Le genre que j'affectionne...

Encore une ch'tiotte larme captain?

   Anonyme   
28/2/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai adoré, lu et relu avec en tête un chant de marins. Une belle écriture, vraiment !

   clementine   
28/2/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'adore le dernier vers mais aussi l'ensemble du poème qui m'évoque la mer, les bateaux, la rudesse d'une vie de marin bien arrosée (même s'il s'agit d'une métaphore) et la difficulté d'aimer.Ah, j'oubliais et le cinéma.

   widjet   
18/3/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ah calouet, voilà un auteur que j'ai négligé ! Honte à moi !
On en voit assez peu des poèmes déclamatoires comme çui-là mon cochon ! (lolll)!

Ca fleure bon "la bourrade dans le dos" qui claque, le bon rot qui résonne au fond du goulot et l'injure à portée de lèvres. La langue est joliment crûe, le tout est réaliste et l'auteur/capitaine reste bien campé sur ses positions s'en virer de bord.

Mais pas seulement et en rester là serait injustement réducteur. Car l'autre atout de Calouet est cette sensibilité évidente dans les derniers vers car on le sait bien que derrière ce personnage paternel au ton bourru, y'a un coeur GROS comme ça !

Et si il n'est pas coulé, Widjet est bel et bien touché

Bravo

Widjet

   marogne   
23/6/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Rats ou éléphants, araignées parfois. Beau poème, plein de tendresse pour le père à la dérive sur fond du voyage au long cours qu'est la vie, avec ses écueils et son ressac. J'ai beaucoup aimé le contraste entre les envolées maritimes du début, et la dernière image sur la toile cirée.

   FisherKing   
25/6/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Moi, je ne vois pas le capitaine alcoolique : je crois même que c'est l'unique et dernière fois où il se noie dans son chagrin ! Et j'aime beaucoup le rythme de ce rituel dans les descentes abyssales conjuguées du Capitaine et de son navire. Il y a beaucoup de chaleur humaine dans cette prise à témoin avec le moussaillon : Bravo !

   Flupke   
11/3/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Le titre aurait pu être « Sombre ! »
Sombre poème, le capitaine a sombré dans l'alcoolisme, le bateau sombre dans la mer.
J'aime bien le rapport d'analogie et je trouve l'évocation très sombre, très bien réussie.


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