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Poésie contemporaine
Carmiquel : Batellerie
 Publié le 15/10/11  -  10 commentaires  -  2149 caractères  -  194 lectures    Autres textes du même auteur

D'une vie intérieure sinon antérieure…


Batellerie



Le temps inclinait à l'automne
Le Tarn allait à la Garonne

Les hirondelles aux échalas
l'aronde
grêlaient comme des jets de frondes

sur les raisins gorgés d'arômes

et leurs cris de fous à lier
faisaient vibrer les espaliers



C'était au temps où de lourdes tonnes
partaient d'ici vers la Gironde
la vie alors semblait sans bornes

et à piller les échalas
les étourneaux jamais las


Les rives avaient la couleur des tesselles
de celles qui s'effondrent
des chantiers de Saint-Michel

Blond tuilé aussi celle
de l'eau
lorsque vers Naucelle

la boue des orages qui grondent
l'abonde

Ici on est riverain
comme d'autres sont cousins
ceux de l'amont comme des aînés
toujours parlent en premier

Pour autant à compter de la Saint-Pacôme
c'est des côtes vigneronnes
que venaient les voituriers
de leurs chariots jeter l'aussière
à nos chalands

Leurs gaffets mâchonnaient des gommes
tirées des sèves des osiers
Quand un tonneau mal manié
passait par rebord des ridelles
ils entendaient siffler flagelle
et dans les ronces des halliers
les alouettes les railler

Sur les poulains roulaient les tonnes
remplies des vins mûris en foudres
les moûts des muids poussaient les bondes
les blancs sucraient la paille des bonbonnes


Si l'autan nous avait à la bonne
dans le courant nous plongions nos gaules
juste un peu pour faire semblant
Au portant et si rien n'encombre
trois jours suffit
pour rallier Bordeaux.


 
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   Charivari   
4/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ah oui ! J'ai vraiment beaucoup aimé.
Une vraie recherche au niveau prosodique, au niveau du lexique, avec des mots gascouns, des mots d'antan, le temps d'une promenade mélancolique entre Tarn et Garonne.

Le premier vers est vraiment très chouette, avec ce zeugma (personnellement j'aurais carrément renforcé la figure de style, genre le temps allait vers l'automne et le Tarn à la Garonne). Il y a d'autres procédés, comme ça, qui m'ont paru très intéressants (Blond tuilé aussi celle / de l'eau, par exemple)

   Gerwal   
12/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est tout simplement magnifique...
Une écriture qui coule et roule comme ces torrents de montagne...
Des détails attentifs finement observés, tout au long du fleuve, qui forment un tableau désuet de la nature et des hommes, mais pourtant actuel dans les yeux et le cœur de ceux qui savent (encore) regarder et se souvenir...

   bulle   
12/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'allais dire que ce texte chantait une belle nostalgie, mais, en pénétrant les lignes, c'est surtout une belle sensibilité qui se dégage.

Les images sont évocatrices, la fibre sensorielle présente, sans faire dans le larmoyant.

Il y a, aussi, la musicalité qui porte les mots, et c'est un gros plus.

"Leurs gaffets mâchonnaient des gommes" : les gaffets, ce mot puisé dans l'idiome régional, m'a décroché un sourire.
Je (re)connais bien ce pays-là, et les noms cités.

Je regrette un peu la rime "échalas/las", ainsi que la proximité de "comme d'autres sont cousins - comme des aînés" qui alourdit l'écoute.

J'ai eu d'autres petits accrocs, à l'oreille, mais la teneur de l'ensemble les a fait oublier.

Un bon moment, que j'ai apprécié.

   Marite   
15/10/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Bien aimé cette poésie contemporaine, en fait je l'ai prise pour une poésie en vers libres et n'arrive pas vraiment à faire la distinction entre les deux catégories. Ce qui m'a gênée à la lecture c'est le décalage vers la droite de certains vers. Y a-t-il une raison particulière ? Est-ce destiné à éveiller une quelconque sensation ou émotion chez le lecteur ?
Indépendamment de ceci, j'ai lu avec plaisir ces vers qui m'ont fait imaginer le décor sans peine.

   pieralun   
15/10/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'ai beaucoup aimé !
C'est diablement sonore, terriblement évocateur au point d'être emporté dans le lieu, dans l'époque, et d'avoir envie d'y rester longtemps......
Tellement de beaux vers déjà relevés que je me contenterai d'y rajouter cette strophe:

" Quand un tonneau mal manié
passait par rebord des ridelles
ils entendaient siffler flagelle
et dans les ronces des halliers
les alouettes les railler.

Tout de même: 3 jours "suffisent" pour rallier Bordeaux; une petite erreur qui n'entache pas la beauté de la chute.
Bravo

   Anonyme   
15/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Carmiquel ! Un bien bel hommage à la batellerie d'antan mais pourquoi ce décalage dans les vers ? Je ne vois pas ce que ça apporte de plus à ce texte que pour ma part j'ai beaucoup aimé mais que j'aurais préféré dans une présentation plus... classique.
Je ne connais pas le mot gaffet mais je vais interroger Google qui doit en savoir plus que moi sur le sujet...
Très bien avec un petit moins pour ce décalage que je ne goûte guère et encore merci de m'avoir fait découvrir ce monde de viticulteurs et bateliers liés par un intérêt commun...

   brabant   
19/10/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour CARMIQUEL,



Je ne vais certes pas faire tomber les quilles en jetant une boule dans ce concert d’éloges au vu des évaluations, j’irai les lire ensuite.


Votre poème, lui, je l’ai déjà lu, dès sa parution, et plusieurs fois depuis, il est très beau, dense, a de l’épaisseur, de la substance, et surtout il a une couleur, j’entends par là qu’il a une âme, puissante, qui émane.

« Il est des lieux où (l’on souhaiterait que) souffle l’esprit » (Malheureusement cette phrase est du peu recommandable Barrès, qui fut cependant inspiré ce jour-là). L’esprit souffle sur ce poème ! Les sonorités sont très belles, magiques, envoûtantes, ensorceleuses.


Il y aurait tant à relever que je ne relève rien (trop de boulot !).

Ah si ! « Blond tuilé » : jamais lu ça !
Et j’ai aussi appris le mot « aussière », me suis ressouvenu de « tesselle(s)… ridelle(s) ».
« gaffet(s) » m’a posé un problème, il me semble qu’il renvoie aux apprentis. Est-il apparenté au mot « gaffe », les gaffets utilisant la gaffe ?


Oserais-je deux observations ?

- La disposition en colonnes et décalages ne me semble pas nécessaire. En fait elle peut s’apprécier après plusieurs lectures, étalées sur plusieurs jours. Maiiiis… bof !...
- Vous écrivez (et là ça me semble plus sérieux) :
« Le temps inclinait à l’automne
Le Tarn allait à la Garonne

Les hirondelles… »
Est-ce à dire qu’il n’y va plus ? A la Garonne. Il me semble, qu’à moins de dévier son cours ou qu’il ne s’assèche, le Tarn ira toujours à la Garonne. Cet imparfait (ou ce verbe - ?-) me semble inapproprié. Employer un présent de narration ( ?)

   placebo   
23/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je trouve que le poème, avec ses mots et sa présentation, a vraiment de la gueule et du relief, c'est bon ! Dans une toute autre région, j'adore les gens de giono assez caustiques et rugueux mais bien tendres sous l'écorce, ça me fait le même effet.

J'ai eu un peu de mal avec le début (fallait rentrer dans le texte) mais avec le recul c'est lui qui m'a le plus plu. Peut-être aussi parce que je me perds à peine dans les mots que je ne connais plus trop, après.

"ici on est riverain" j'ai un peu moins aimé cette strophe que les autres, et dans la suivante "pour autant, à compter de la saint pacôme". C'est comme ça :) peut-être parce que le "vigneronne" juste après me parait plus chaud et que le "autant à" est un peu dur.

La toute fin me fait penser au santiano ^^ dans tous les cas j'ai vraiment aimé.

Bonne continuation,
placebo

   David   
26/10/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Carmiquel,

La mise en page au regard du thème est assez surprenante, mais pas déplaisante non plus, c'est aéré puis de plus en plus resserré. Il y a des élisions qui ressortent, des inversions un peu lourdes :

"Les hirondelles aux échalas
l'aronde
grêlaient comme des jets de frondes"

Là, j'ai pas compris très vite, c'est pas un verbe aronde, c'est un cours d'eau il semble, et il n'y a pas de majuscule, ça serait "l'Aronde grêlaient..." et non pas un "les hirondelles (... ) l'aronde(nt)" ?

"les étourneaux jamais las"
"Blond tuilé aussi celle
de l'eau"
"ceux de l'amont comme des aînés
toujours parlent en premier"
"de leurs chariots jeter l'aussière"

Les inversions participeraient à un ton de chansonnier à l'ancienne, mais c'est un peu plus dure à lire qu'à entendre, celle-là :

"et dans les ronces des halliers
les alouettes les railler"

C'est les halliers qu'ont des ronces j'ai fini par comprendre.

J'aime bien la fin qui clôture bien l'ensemble, le vin est assez présent, presque autant que la batellerie même je crois, c'est bien une douce ivresse qui parcourt les vers.

   vicon   
20/11/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Carmiquel.
Je voudrais juste commenter rapidement la mise en page, qui moi m'a énormément gêné dans ma lecture. C'est dommage car ce poème me semble beau, avec une lumière et de belles couleurs.

Le fait est en tout cas que j'ai beaucoup aimé votre texte à partir de "Ici on est riverain", mais jusqu'alors, vous lire m'a été laborieux, et il m'est difficile du coup d'appréhender le poème dans son ensemble.

Je ne comprends pas très bien cette démarche, ce qu'elle peut apporter à votre texte...

En toute curiosité,
vicon.


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