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Poésie contemporaine
Carmiquel : Essarts
 Publié le 08/03/12  -  7 commentaires  -  2199 caractères  -  127 lectures    Autres textes du même auteur

La friche est toujours première, la tâche pionnière et l’œuvre testamentaire.


Essarts



Et l’on est arrivé
sur les marches frontières
et passé les congères
traversé les fondrières
on a pris de plein fouet
la furie des ronciers

On n’a pas lésiné
sur les tâches foncières
on a fait des murets
avec que des pierriers
de longues drailles
avec de la pierraille
et bordé de muriers
les sentes, les murailles

Pour ne pas succomber
à de jeunes chimères
nous refaisons ici
les gestes de nos pères
nous retournons la terre
et élevons des tertres
– on se blesse et les plaies
nous font d’étranges plèvres –
et nos clairières avancent
au dépens des fougères

Les bois que nous brûlons
sentent bon la bruyère
et nous nous retrouvons
le soir pour la prière
Nous fêterons Noël
au bord de l’estuaire
où nos enfants halés
nous font les lavandières
sous les yeux courroucés
d’un clapier de bièvres

Nous n’y mettrons jamais
aucun débarcadère
nous ignorerons tout
des pirogues guerrières
tout comme tout là-haut
dedans la cordillère
nous avons éboulé
les pistes muletières
et nous n’aurons jamais
des lettres de nos mères

Il nous faudra bientôt
choisir un coin de terre
à l’aplomb d’un ruisseau
enclore une clairière
ce sera ici-bas
un nouveau cimetière.






 
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   Charivari   
6/2/2012
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour.
J'avoue que ces désinences en "ère" et "ier" m'ont très vite lassées. Je ne vois pas trop ce qui justifie cette répétition, et surtout, le rythme est parfois bancal (traversé les fondrières -> 7 syllabes), et ce jeu de sonorité se fait au détriment souvent du sens ( des pirogues guerrières ? à de jeunes chimères ?). Le texte aurait pu chercher à retracer le geste machinal du semeur de jadis (là, je pense notamment à la chanson de Brassens "pauvre Martin, pauvre misère), mais dans ce cas-là, il aurait fallu garder un lexique "paysan", et un rythme irréprochable. L'idée de fin et intéressante, mais cela manque un peu de fond, et ça s'essouffle à mi-parcours.

   brabant   
8/3/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce poème est frais comme un Nouveau Monde !


Je suis quand même surpris d'y trouver autant de pierres et de pierrailles (en ce sens cela me fait penser à l'Irlande qui est un vieux, vieux monde, dévasté par le vent et pauvre) les nouveaux mondes sont riches de friches et de ronces d'accord, mais riches aussi de bons humus prometteurs et de vastes étendues herbeuses, herbes folles, drues, violemment vertes et coupantes, vivifiantes et à dompter, mais non pas de pierres grises. Sinon on va ailleurs, on va plus loin ; c'est la chance des pionniers que de pouvoir avancer...

Bien : 'nos enfants halées' ? puisque 'lavandières'...
Expliquez-moi : "clapier de bièvres", je suis allé voir "Bièvres", il y en a plusieurs, mais cela ne me mène pas très loin.

J'aime beaucoup l'avant-dernière strophe. Cette idée de se couper de l'Ancien Monde, pas de débarcadère, ébouler les pistes muletières... pour se couper de la guerre. Renoncer même aux lettres des mères !

Mais voilà que déjà se profile le tracé d'un cimetière. Quelle société va-t-on re-produire ? Alors peut-être que les guerres ne sont pas si loin... Se débarrasse-t-on si aisément de son héritage ?

Par pitié ne reproduisez pas Salem !

Bof ! En attendant, profitons de l'aubaine. Bonne chance à ces colons !


Edition :
- AMHA* magnifique illustration de la symbolique/translation (temps et/ou lieu) des essarts. Sus aux forêts ! lol.
- 'bièvres/Bièvres" synonyme de multiplicité ? comme (les) villes neuves, Villeneuve et Villeneuve de... ci/ceci, de là... de ça/cela ?

Au passage, merci Monsieur F, la lecture de votre com m'a rafraîchi la mémoire. Elle me fut profitable. :)

*AMHA : A ma hache aiguisée

   Anonyme   
1/3/2012
 a aimé ce texte 
Pas
Un texte qui me laisse un goût d'inachevé, de demie-teinte au final.

Je trouve l'idée d'évoquer les Essarts, ces villes nouvelles du Moyen-Age très bonne, parce qu'originale, novatrice.
Il y a aussi une vision romantique de la chose, l'aspect conquérant, pionnier, donne une saveur particulière au texte.

Mais malheureusement l'écriture ne suit pas toujours !

Almors qu'il y a des choses superbes comme "la furie des ronciers", il y a aussi des banalités "des lettres de nos mères" par exemple. Et malheureusement, le poème devient de plus en plus banals.

C'est vraiment dommage parce qu'il y a là un très beau sujet, et je pense que plus de travail serait le bienvenu.

   Anonyme   
8/3/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Pour moi vous n'avez pas écrit un poème, mais une longue description de la nature qui pourrait s'intégrer dans un récit romanesque. Il n'y a pas de figures de style, pas d'images dans ce poème, pas de métaphores, si on excepte "la furie des ronciers" - "jeunes chimères" - "étranges plèvres" - pirogues guerrières". C'est bien peu pour un nouveau monde à construire. La photo ne nous emmène jamais plus loin que ce qui est prisonnier du cadre.
La poésie ne doit-elle pas transcender la simple vision de l'oeil, n'est-elle pas son âme?
Ici je vois un oeil sans âme, une carte postale, ou plutôt un petit film où on vous voit traverser des fondrières, faire des murets avec des pierriers, etc... Mais je ne sais pas ce que vous inspire cette nature, je ne sais pas pourquoi vous voulez créer ce que vous décrivez.

Sur le plan formel, le graphisme du texte avec ses vers décalés me semble superficiel; cette illusion de modernité tombe à plat en face du classicisme du récit, des mots et du thème.
Par contre je suis assez sensible aux rimes riches que vous utilisez et aux assonances (plèvres/fougères - lavandières/bièvres etc...) qui créent une homophonie générale plutôt convaincante, en phase avec cette harmonie de la nature que vous semblez vouloir créer.
Le style est agréable, épuré (même si "avec que des pierriers" ne passe pas! le "que" n'est qu'une cheville qui en plus fait boîter la diction) mais n'est pas conforme à l'idée que je me fais de la poésie.
J'ai lu votre superbe "Batellerie". Je sais donc que derrière votre oeil il y a une âme, qui ici ne s'est pas réveillée.

Cordialement
Ludi

   Anonyme   
8/3/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Carmiquel ! Le moins que l'on puisse dire c'est que ce poème ne manque pas d'ère, un peu trop à mon goût... Y avait-il une raison à cela ? Sur la longueur du texte ça finit par lasser.
Pourtant l'idée de traiter les essarts est bonne et la chronologie de la conquête également puisqu'elle nous mène de la furie des ronciers jusqu'au futur cimetière... Un texte en hexasyllabes qui pourtant accroche par endroits à la lecture quand on trébuche sur un vers de 5, voire 4 (de longues drailles)ou 7 pieds...
Cela dit il y a de très beaux passages :
-Les bois que nous brûlons
sentent bon la bruyère
et nous nous retrouvons
le soir pour la prière
Nous fêterons Noël
au bord de l’estuaire
où nos enfants halés
nous font les lavandières
En conclusion le thème est intéressant mais son traitement n'est pas vraiment à mon goût...

Merci et bonne continuation !

   zenobi   
8/3/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Le thème m'est cher, ayant (et continuant) moi-même à remonter des murets de lourde pierre basaltique du Coiron.
Néanmoins, je n'ai pas été emballé. Les rimes, dont je ne doute pas que vous ayez voulu leur donner cet aspect répétitif, comme l'est ce travail et celui de la terre, m'ont, quand même semblé bien trop lourdes. Certains vers, aussi, ont bloqué ma lecture, comme ce "avec que des pierriers".
Si je pense, donc, avoir saisi l'intention, le résultat me laisse sur ma faim.

   andadia   
8/3/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
Je pense qu'il y a un travail de recherche et un cheminement, mais je n'ai pas réussi à rester sur cette route de pierres.
Le temps présent et futur puis participe passé (nous avons éboulé) peut-être m'a-t-il perturbé ?
Une autre chose temporelle, on passe de noël aux enfants hâlés et aux lavandières, ce passage m'a contraint à une deuxième lecture.
A contrario j'aime beaucoup la fin.


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