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Poésie contemporaine
Castelmore : Vertiges
 Publié le 09/03/19  -  9 commentaires  -  1108 caractères  -  213 lectures    Autres textes du même auteur


Vertiges



J’ai le vertige

Des mondes incongrus,
Engendrés d’un néant,
Diamants voyageant en tribus
Et fuyant au néant...

De ces bosons gluants
Nœuds du vide au-dedans de nous,
De ces arcs-boutants
Qui flottent dans des trous...

J’ai le vertige

De ces crayons géants,
D’acier de béton et de verre
Qui s’arrachent de terre
Dans de furieux élans...

De ce message aux dieux
D'un petit singe nu
Qui tremblait d’inconnu
Dessous les premiers cieux...

J’ai le vertige

Des aurores fanées
Lorsque le jour se lève
Sur nos enfants hagards
Sans espoir et sans rêve...

Des âmes solitaires
Qui aspirent à la joie
Dans les larmes de Christ.
Et pleurent au rire du Bouddha
Désespérément triste...

J’ai le vertige

Du vide qui envoûte,
Autour duquel je tourne
Et qui tourne avec moi.
Appelle vers la chute,
La raison en effroi,

Aux abysses du doute...

J’ai le vertige du monde.


 
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   Corto   
17/2/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Dominer son vertige pour le mettre en mots, voilà qui mérite d'être salué.
Quel humain n'a pas eu de ces vertiges sans vouloir le formuler ?

Passer ainsi "Des mondes incongrus" aux "bosons gluants"; du "vide au dedans de nous" aux "crayons géants, D’acier de béton et de verre"; voilà qui justifie ce refrain lancinant "J’ai le vertige".

Une très belle image avec ce "petit singe nu Qui tremblait d’inconnu
Dessous les premiers cieux" qui, sauf erreur, nous amène aux origines de l'humanité.

Remarquable cette strophe "Du vide qui envoûte, autour duquel je tourne et qui tourne avec moi."
Le final est en apothéose "J’ai le vertige du monde."

Traitant d'un sujet délicat avec une rigueur et une belle précision, ce poème très bien construit fait partager les abysses de la vie humaine.
Bravo.

   chVlu   
23/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Un vertige bien retransmis par des vers au rythme nerveux, des images que globalement qui ne repassent pas par les sentiers tracés. Une poésie qui dans sa vision du monde installe son monde.
Un poème qui aborde la question éternelle du sens de la vie, du besoins de comprendre
"De ce message aux dieux
D'un petit singe nu
Qui tremblait d’inconnu
Dessous les premiers cieux ..."
et traverse des affres plus modernes sont l'empreinte humaine sur le monde
"De ces crayons géants,
D’acier de béton et de verre
Qui s’arrachent de terre
Dans de furieux élans ..."
J'ai cru lire un vertige sur demain et les doutes d'un lendemain qui chante
Et je leurs ai donné une mention "plus plus "
"Des aurores fanées
Lorsque le jour se lève
Sur nos enfants hagards
Sans espoir et sans rêve ..."

Qui me parait dans une poésie sans réserve s'inscrire dans le temps du jour.

Et un bravo pour les deux vers finaux qui isolés relance le vertige.

J'ai moins aimé
"Noeuds du vide au dedans de nous,
De ces arcs-boutants
Qui flottent dans des trous ..."
qui a ma lecture sont plus patauds et moins aériens.

Il me semble qu'avec quelques repassages sur le métier le texte entrait en catégorie contemporaine. Les rimes très majoritairement présentes mais pas systématiquement ne pas permis d'échapper à la pensée que ce poème pouvait encore plus être ciselé pour
allier à la poésie des images un jeux de son qu'il propose de façon discontinue
et
se jouer d'une contrainte technique qui aurait donné encore plus de force..

   papipoete   
9/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Castelmore
ça monte, ça descend, ça sort de terre de toute part ; j'ai le vertige ! Où va le monde ? La spirale infernale nous entraîne au-delà des cauchemars, qui ne cessent pas alors que sonne le réveil !
NB je ne saurais identifier toutes les images, que l'auteur déroule tout au long de ses vertiges, mais point ici de déjeuner sur l'herbe !
De bonnes sonorités finales, mais aussi d'autres moins poétiques ( au-dedans de nous ) mais de beaux passages tel ( des âmes solitaires...)

   Davide   
9/3/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Castelmore,

Le poème parle d'un vertige que je n'ai pas ressenti...
En fait, je regrette des rapprochements de mots peu poétiques ("Dessous les premiers cieux", "flottent dans des trous", la répétition de "néant" dans la première strophe etc.).
De même, on sent un manque de cohérence dans le rythme avec des vers trop courts.
Je pense que l'emploi de vers longs aurait été plus judicieux pour exprimer le vertige. Mais ce n'est que mon avis.

Il me semble que les images s'entrechoquent pour évoquer ce fameux vertige, mais au détriment de la poésie, celle-ci requérant davantage de structuration dans les idées et leur enchaînement.

En revanche, ce que j'ai aimé dans ce poème, c'est le thème du vertige (mais qui n'est pas facile à traiter !) et la profusion d'images (de la religion, des "mondes incongrus" aux "bosons", de l'infiniment grand à l'infiniment petit...).

Et la fin que je trouve très réussie, avec le verbe "tourner" utilisé en chiasme, et les deux derniers vers superbes :
"Du vide qui envoûte,
Autour duquel je tourne
Et qui tourne avec moi.
Appelle vers la chute,
La raison en effroi,

Aux abysses du doute...

J’ai le vertige du monde."

Pour moi, il y a tous les ingrédients pour faire de ce poème un Vertigo hitchcockien, mais la forme et la structuration des idées le desservent.

Merci pour le partage,

Davide

   Anonyme   
6/8/2019
Modéré : Commentaire trop peu argumenté.

   senglar   
9/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Castelmore,


Le moins que je puisse dire est que ce texte témoigne d'une jonglerie de première. Passer du "boson gluant" (Vous l'aurez vexé là !) au Christ jouant à saute-mouton sur le "singe nu" et rire avec Bouddha qui soit dit entre nous n'était pas drôle du tout à imiter le lotus sans en avoir l'odeur et est à peu de choses près l'ancêtre pithécantropien de Jésus. Faut l'faire. Ainsi qu'Adam je me suis remis de la "chute", je crois pouvoir dire qu'Eve qui en fut pourtant la cause y a été pour beaucoup. Que voulez-vous elle n'aimait pas les vieillards et leur préférait l'herbe verte. L'Eglise l'en a bien punie. Je ne m'égare pas, cela ne vient-il pas d'être la journée de la femme et puis ça l'est encore.
Malgré un vertige qui n'a certes plus lieu d'être je souscris au poème, tout doute occis et tout vertige exclu quant au sens, mais la tête qui chante de par sa musique scientifico-judéo-orientalo-cosmique. L'harmonieuse tonalité enfin. Syncrétisme accompli. Je ne me moque pas, on entend ici le chant de l'univers à la civilisation mêlé :)

Merci !

senglar

   Anonyme   
9/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une vision assez pessimiste du monde, qui affecte le narrateur et engendre ce vertige psychologique.
" Des aurores fanées
Lorsque le jour se lève
Sur nos enfants hagards
Sans espoir et sans rêve... "

" Des âmes solitaires
Qui aspirent à la joie
Dans les larmes de Christ.
Et pleurent au rire du Bouddha
Désespérément triste.. "

" Du vide qui envoûte,
Autour duquel je tourne
Et qui tourne avec moi "

L'idée est bien traduite.

   Vincente   
10/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le vertige et son dévers vertigineux ! Toute une emprise à la fois angoissante et passionnante pour le regard scrutateur du poète.
C'est un sujet qui me parle et pourtant me laisse comme vous sans voix, alors donnons-lui des mots : j'ai beaucoup aimé votre façon de le tenter. Le domaine est immense et vous l'abordez avec l'humilité qui rend crédible votre questionnement. Chaque strophe aborde un champ différent, rappelant par là sa vastitude, et véhicule une image originale. Enfin de l'empirique anonymat des éléments vous en venez à vous, à nous donc bien sûr, par la forte expression "La raison en effroi, / Aux abysses du doute..."
Je me demande si le dernier vers est bien utile ; ne serait-il pas plus pertinent de faire confiance à l'intelligence du lecteur puisqu'en l'occurrence vous ne redites là que ce que vous avez développé plus haut, c'était pour moi convaincant. Ou alors quitte à ne pas clore ce sujet "intenable" autant lui offrir une orientation qui vous y confirme par exemple avec : "Le monde mon vertige."

J'ai trouvé intéressant, et original, les refrains "J'ai le vertige" qui s'enchaînent toutes les deux strophes. Leur présence conserve la lancinance de leur obsession tout en en aérant la soumission.

   Donaldo75   
13/3/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Castelmore,

Moi aussi, j'ai eu le vertige, et ce dès le premier quatrain.

"Des mondes incongrus,
Engendrés d’un néant,
Diamants voyageant en tribus
Et fuyant au néant..."

Il y a du rythme, de la percussion, de l'impact dans ce poème à la tonalité affirmée. Il est presque construit comme une chanson, avec un refrain, une forme d'ostinato dont le point d'orgue explique, s'il le fallait, l'état d'esprit dans lequel est le poète quand il écrit ces vers.

Brillant !

Bravo !


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