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Poésie libre
Catelena : Poète dégraphée
 Publié le 09/03/23  -  20 commentaires  -  538 caractères  -  754 lectures    Autres textes du même auteur

Ma muse dilettante en mode défi
tintinnabule et me file jusqu’à gerber le blues
ses heures allongées nonchalantes au cadran…


Poète dégraphée



Nue dans le tiède de mes draps
entre les plis de ma nuit brodée
yeux mi-clos jusqu’au jour qui se hausse
pensées lisses déjà je sais

Il sera tout ouate et gris
ce jour glissant comme on s’enfuit
ses mains zélées d’embruns
ourlent de brume le flou
de mes songes exilés nés de Lune
évanouis ce chaste matin

Exacerbée à peine effleurée
prête à mourir sous ses caresses
le monde a le goût de presque rien
la candeur lourde et acide
des secrètes blessures


 
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   Miguel   
27/2/2023
trouve l'écriture
très perfectible
et
n'aime pas
Le verbiage obscur de l'exergue donne le ton, et l'on n'est pas dépaysé par la suite; on ne sait qui est qui, et après le caractère explicite du premier vers on perd vite pied. "Prête à mourir sous ses caresses": qui est prête à mourir sous les caresses de qui ? Ce n'est pas la suite qui va nous éclairer.

Miguel, en EL

   Pouet   
28/2/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Slt,

une très belle deuxième strophe à mon goût. L'ensemble est non-dénué d'une certaine puissance évocatrice. Les mots me semblent justes, bien pesés et bien posés. Un thème "romantique" traité avec originalité. Le poème a de la "percussion", du "souffle" comme on dit.

Pouet

   Anonyme   
9/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
la candeur lourde et acide
des secrètes blessures
C'est pour ces vers que je commente, ils ont appelé immédiatement à mon esprit, allez savoir pourquoi, l'image de deux seins de femme lourds, fatigués, sentant la sueur. Pas une image très glamour, mais c'est ce qui est venu, qui a évoqué pour moi la lassitude d'une narratrice revenue de tout. Le monde l'éreinte, chaque matin elle sait qu'elle devra faire face à son inépuisable, étouffante, amorphe moiteur livide.
Et chaque nuit, dans les rêves, l'espoir renaît, la vie se manifeste en suées nocturnes qui hantent la tiédeur des seins.

D'après ce que j'ai lu du sujet que vous avez ouvert avant parution de votre poème, ma réaction ne correspond guère à vos intentions d'autrice. L'honnêteté m'oblige à vous la dire telle quelle : vous savez qu'une telle réaction est possible. En tout cas, je considère en soi une réussite pour vos vers de m'avoir fait voyager de manière aussi décisive.

   pieralun   
9/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J’aime le ressenti de cette féminité.
Il y a dans ce poème une grande lascivité allongée qui nous ramène à certaines peintures italiennes ou flamandes qui, dans mon regard, laissaient toujours sourdre le désir de la femme au réveil.
« Prête à mourir sous les caresses… » magnifique !!

   EtienneNorvins   
9/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Le titre me retient depuis que je l'ai vu apparaître dans la liste des publications à venir, par la fusion qu'il opère des genres et des sens (que vous avez déjà soulignée dans le fil ouvert en forum).

Et cette fusion se poursuit dans le corps (très charnel) du texte - il y a une 'incarnation', un accord entre les contraires (nuit / jour ; rêve / réalité ; exacerbation / effleurement) qui replace constamment le lecteur sur le seuil d'un accueil. Et l'amant mystérieux se révèle être le monde même, et son "goût de presque rien" qui est le vers que je préfère.

Mes réticences vont à l'incipit ('gerber le blues') - et aux deux derniers vers, qui, contrairement à Socque, m'ont "rejeté" immédiatement : je ne "visualise" pas la candeur lourde et acide d'une blessure et parviens encore moins à lui faire une place dans le tableau qui précède. Il y a un effet dysharmonique, une sorte de couac final, mais sans doute est-ce voulu ? Il faut en revenir au principe de séparation et d'incomplétude qui est notre lot ?

Pour terminer sur une note positive, c'est dans une sorte de continuité avec le soliloquy de Molly Bloom que votre texte m'a paru s'inscrire, par l'acquiescement, l'abandon, le 'oui' qui le traverse de part en part - "he could feel my breasts all perfume yes and his heart was going like mad and yes I said yes I will Yes."

Merci du partage !

   papipoete   
9/3/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
bonjour Elena
Le moins que je puisse dire, à vous lire, c'est que le titre m'égare...
Poète ou poétesse ?
Bref, les deux premières strophes me montrent une femme alanguie, si bien au chaud de ses draps, et devinant la " couleur " du ciel, n'a guère envie de se lever...
La strophe finale, " exacerbé/e "... " prêt/e ", semblent parler de l'héroïne ? quand parait " le monde... "
NB les deux premiers paragraphes laissaient augurer, simplement " j'ai pas envie d'me l'ver..." aussi, la fin me déstabilisant, je perds pied !
Il est des vers libres, dont la musique ponctue toute phrase ; ici, l'absence de points et virgules fait à mon goût, terriblement défaut.

   Edgard   
9/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Elena,
J'ai découvert avec plaisir votre poème plein de sensualité et si désespéré en même temps. (Désespéré n'est pas le mot, désabusé...bon le spleen quoi.
La première strophe nous engage déjà sur ce chemin: "déjà je sais".
Je trouve l'opposition subtilement décrite entre le désir de se donner au monde, cet espoir souterrain, submergé par la certitude que ce sera impossible.
"prête à mourir sous ses caresses
le monde a le goût de presque rien"
De belles images, rapides et fortes:
"entre les plis de ma nuit brodée
ce jour glissant comme on s’enfuit" etc. (il y en a beaucoup)
Je n'aime pas l'exergue qui n'apporte rien. (Paf!)
Beau texte.

   Myndie   
9/3/2023
Bonjour Elena,

comme il a été dit, votre poème a la senualité des peintures flamandes qui exaltent la chair en même temps qu'elles suggèrent la tentation et le plaisir charnel.
Avec ici toutefois cette notion en plus apportée par vos vers : l'ennui jusqu'à l'écoeurement (dont l'incipit nous offrait les prémisses).
La personalisation du "jour qui se hausse" ajoute une dimension supplémentaire à la scène évoquée et met délicatement l'accent sur ce blues et les différents ressentis de la poétesse : désir exacerbé
("Exacerbée à peine effleurée
prête à mourir sous ses caresses")
et langueur du dégoût
("Il sera tout ouate et gris
ce jour glissant comme on s’enfuit").

Avec en prime, ce qui ne gâche rien, de très belles images:
"ses mains zélées d’embruns
ourlent de brume le flou
de mes songes exilés nés de Lune"

Je vous livre ici ce que m'a inspiré votre poème que j'ai beaucoup, beaucoup aimé.

Myndie
frustrée par son impatience à se lever avant le jour...

   Cyrill   
9/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Elena,

Ce poème m’évoque l’amour des mots et de la poésie qui la nuit viennent en songes et s’éparpillent. L’amour avec les mots aussi, sensuel, dont il ne reste au matin qu’un goût de blessure.

J’y ai vu de la souffrance à quitter les draps où se brode l’inaccessible pour le « goût de presque rien » ( jolie formule ) du monde qui se fait jour.
Une quête de sens, peut-être, est-elle à lire entre les mots. J’ai aimé, merci pour le partage.

   senglar   
9/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Elena,

Sensuel . Très ! (malgré les apparences, malgré parfois un certain angle) Charles III aurait voulu être la petite culotte de Camilla. Planquez vos draps (je m'adresse à l'égérie de ces vers) il pourrait bien s'y glisser.
Un petit matin qui chante. Tout est décidé (quoi qu'on en dise). La table est au bon vouloir. Les convives n'y seront pas de pierre.
Fausse désenchantée, fausse sage, on attend de se faire attraper par le jour. La nuit aura été promesse. La candeur lourde et acide ne demande qu'à panser ses blessures. Il y a du cannibalisme dans l'air, il est où le marin !...

J'aime « draps » en parallèle avec « nuit brodée », les « mains zélées d'embrun » qui « ourlent ».
J'aurais qualifié « Lune » : ''dive/Dive Lune'' (il y a mieux à trouver que ''dive'' bien sûr.
J'ai moins aimé « le goût de presque rien ».

Où la chasteté dégrafe...


Senglar dont les doigts tremblent

   Zeste   
9/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Douceur et mollesse en trompe l'oeil, préambule à une féminité fausse candeur, force attractive universelle, mélange de vulnérabilité et de violence. Le désir féminin dans tous ses états, suave, innocent, mû par un farouche instinct de la quête de l'épanouissement.
Car l'intime et la mémoire restent une nudité invisible viennent les blessures et les mots empruntent alors des raccourcis pour une réconciliation avec soi.

JE suis une femme comme les autres, je suis une femme comme vous!

   Ramana   
9/3/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
A la lecture de ce texte, une seule phrase occupe ma pensée : "Ne bougez surtout pas, j'arrive, et qu'importe si cette mort est aussi la mienne !" Mais par malheur, je ne suis pas monsieur Jour en personne, et vous m'en voyez frustré.

   Louis   
11/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un poème dans lequel on sent la présence prégnante du 'tissu et du 'tissage' ( draps, brodée, ouate, ourlée ) ainsi que les sensations tactiles ( plis, lisses, glissant, effleurée, caresses ).
Le tactile est plutôt associé à l’agréable ( caresses), mais quand un autre sens prend le dessus, le gustatif dans les derniers vers, il est alors associé au désagréable ( acide ).

On le sait, il y a une parenté entre le ‘texte’, les mots, leur enchaînement et le textile, le tissu, la trame : les mots se lient comme un tissu, se tissent et se trament pour constituer une étoffe.
Or le premier mot du poème est « nue » : « Nue dans le tiède de mes draps ».
La locutrice se déclare ainsi « nue », sans vêtements, sans étoffe, non habillée de mots, non revêtue de textes-textiles. Comme l’indique le titre du poème, elle se trouve dans une situation «dégraphée », dans un état en quelque sorte d’agraphie.

Ne logeant plus dans l’abstraction du 'textile' propre aux textes, elle se laisse prendre dans une réalité, au sens premier, ‘tangible’.
D’autres tissus ont pris la place des mots écrits : « les draps ». Nue, mais seulement couverte de draps, de fibres matérielles, sensibles au toucher, effleurant la peau.
Mais dans quels draps se trouve-t-on sans l’habillage des mots écrits?

Dans une douce et tiède torpeur, en un premier temps, un matin ; dans un demi-sommeil.
Ce ne sont plus les mots qui tissent la trame du monde, mais les jours et les nuits.
La nuit, qualifiée de « brodée », s’orne, non de jolies phrases, mais des rêves et des songes.
Les illusions nocturnes s’accompagnent toutefois de « plis » sensibles dans les draps, de traces matérielles.
La vie du corps dans sa nudité, avec sa sensibilité et sa sensualité, s’accorde, s’unit avec l’esprit, ses images, ses songes et ses désirs. Si la locutrice s’est « dégraphée », l’écriture de la vie ne s’en poursuit pas moins, mais avec d’autres moyens que les phrases ou les mots, et les plis de la nuit demeurent comme les marques d’une autre sorte de graphie qui unit le corps sensible et l’intellect nocturne, soumis à l’inconscient.

Comme une inversion : le langage écrit ne représente plus la vie, ne se substitue pas au monde, mais la vie, mais le monde, tendent à se substituer à l’écriture, et à l’’incarner’ dans le tangible.
Cette union du sensible palpable, concret et de l’intellect se remarque encore dans les pensées du réveil : « pensées lisses ».
Hors mots, hors textes, tout s’avère lisse et « glissant ». La deuxième strophe y insiste : « jour glissant comme on s’enfuit ».
Rien ne retient, quand manque l’écrit qui place tout vécu dans un éternel, hors-temps, et la vie va fuyant, et tout s’écoule et glisse sans retenue.

Le jour ne s’annonce pas rugueux, sa texture nouvelle donne au monde vécu la cotonneuse douceur d’une « ouate », mais une ouate « grise » ; il sera plutôt douceâtre, le jour, insipide et sans couleur, sans le chatoiement de l’étoffe du monde.
Dans ce réel tangible, monde du toucher, le jour est doté lui aussi, bien sûr, de « mains » métaphoriques, celles d’une confection. Elles « ourlent ».
Ce qui se trame des jours est constitué, non de réalités claires, non de lumières, mais de « brumes » ourlées de « flou », qui enveloppent les songes évanouis de la nuit.
La réalité devient brumeuse, évanescente, sans les écrits qui lui donnent la chair de ses mots, la texture textuelle des graphies.
Prête pourtant à recevoir ce qu’il est de meilleur dans le tangible ; prête à mourir sous ses caresses dans l’assomption du sensible, caresses dont la douceur et la tendresse ne se confondent pas avec une ouate molle et douceâtre, surgit pour la locutrice une déconvenue.
Pas une déception du toucher, mais d’un autre sens : le monde vécu n’a pas une saveur agréable, il est difficile à ‘avaler’, de goût « acide ». Monde pesant, « lourd », indigeste.
Au regard de la richesse à laquelle ouvre l’écrit, « le monde a le goût de presque rien ».
Si peu et si pesant.
S’éveillent aussi de « secrètes blessures » qui ne permettent pas une jouissance de l’existence, sereine, d’un esprit léger, joyeusement.
Comme s’il manquait à l’écriture du jour a-graphique, le pouvoir de conjurer les douleurs anciennes, et de refermer leurs plaies.
L’expérience a-graphique s’avère donc pour la locutrice non sans difficultés.

   Liryc83   
12/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Elena,
J'ai relu plusieurs fois votre poème et j'en apprécie chaque vers. Je ressens ce moment intime où l'on quitte le monde des songes pour retourner à la réalité d'un jour nouveau.
J'ai particulièrement aimé "entre les plis de ma nuit brodée" et "le monde a le goût de presque rien".

   plumette   
13/3/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Elena,

j'ai aimé la musicalité du texte et les images qu'il a suscité.

j'imagine un entre deux, entre veille et sommeil et des pensées flottantes.

j'imagine une tentative pour retrouver les songes de la nuit plus agréables à la narratrice que le jour qui s'annonce.

la troisième strophe m'est plus hermétique car je me suis demandée de qui provenait les caresses? Sont-ce les caresses du monde? Est-ce le monde qui est blessé? Des questions bien triviales qui m'ont fait perde de vue la poésie des mots.

Un bon moment cependant,

   Catelena   
18/3/2023

   Geigei   
5/4/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Une sensualité féminine matinale.

La femme ? "Nue"
La nuit ? "Brodée"
Le jour ? "ses mains zélées"
Le matin ? "chaste". Une chance pour nous lecteurs car le poème ne serait peut-être pas là.
Le monde ? "Exacerbée à peine effleurée prête à mourir sous ses caresses"

La personnification des songes, dans "de mes songes exilés nés de Lune", est très poétique.
Les mots "embruns", "brume" et "flou" pour dire le temps entre le sommeil et l'éveil.
Et la vie qui "a le goût de presque rien".
C'est sans doute cela un(e) poète. Aussi cela. Une personne pour laquelle le monde n'est pas à la hauteur de sa sensibilité débordante, envahissante.
Tel peindra un décor avec des mots délicats et justes, pour dire la beauté d'un lieu. Ici, j'ai vu la peinture d'un paysage émotionnel, de pure sensualité.

   Eki   
2/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je prends tout...le titre original, insolite a retenu mon intérêt.
Ce qui suivait aussi...
Un moment de flottement, lascivité, sensualité, douceur nouées comme rubans de velours entre ces vers...
De l'harmonie, de jolies images...

C'est beau !

ses mains zélées d’embruns
ourlent de brume le flou
de mes songes exilés nés de Lune

   Joy   
2/11/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Que répondre à cela...

J'adooooore cette sensualité !
Je pourrais l'écouter en boucle sous ma douche.

J'aime beaucoup cette atmosphère teintée de douleur et de plaisir, de tristesse de réconfort. C'est du moins ainsi que je l'ai perçu.

Merci Elena !

   Dimou   
13/12/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Pesante légèreté. Ça traduit bien mon ressenti sur ce poème qui livre de la poétesse, tout en retenue, quelques bribes sur ses "songes exilés de lune" ; et un peu sur ce jour "gris" et "glissant" pointant le bout de son "monde".

Peut-être écrira t-elle un poème ; ou le poème présent en est-il ressorti du coup. Les blessures, on s'en accommode, toutes "acides" qu'elles puissent être. N'est-ce pas un bon prétexte voire un tremplin à l'écriture ?

La poétesse, comme à son habitude, se met à nu, nous offrant par ses "yeux mi-clos" un peu de sa chair et de son encre à fantasmer.

De ta plume mon poème préféré Elena. À très bientôt

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