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Poésie libre
Catelena : Trame de nuit
 Publié le 26/09/24  -  15 commentaires  -  862 caractères  -  347 lectures    Autres textes du même auteur

Alors, impitoyable, le noir despote inexorablement descend, s'étale sans limite et de ses bluffs effrayants fige mon sang…


Trame de nuit



Expire, inspire, si tu veux vivre…
répète en s'étouffant la petite voix

Dans mon alcôve gansée d'ombres maléfiques
de volets mal arrimés d'un soupirail hostile
filtre le rai chiche d'un brasier affolant les murs

Sous la peau vive où convulse le chagrin
à bride abattue d'avoir trop attendu
déferle la horde des tourments opprimés le jour
une houle trépidante suffoque aux commissures

Inspire, expire…
va crescendo la petite voix

À l'heure où la nuit a rejoint les loups
braquée dans son halo je hurle enfin à la lune
moi menue reine en haillons
de ma détresse cathédrale fardée de néant
m'empare de ses lambeaux blancs
les enlace et en joue pour ranimer ma plume

Iris, mon ange aux ailes de lumière veille encore un peu…


 
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   Myndie   
22/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Pur témoignage d'une sensibilité à fleur de peau, ce poème a une expressivité intense ; il ouvre tout un monde d'affects qui iraient de l'angoisse, sorte de tourment perpétuel à l'espoir, et tout un monde de couleurs qui passeraient du plus sombre au plus lumineux.
J'ai ressenti pleinement cette peur de la nuit qui étouffe presque jusqu'à l'asphyxie :
«  Expire, inspire, si tu veux vivre...
répète en s'étouffant la petite voix »
La respiration revient d'ailleurs en leitmotiv dans ces deux autres vers isolés qui sont comme une scansion dans le poème :
« Inspire, expire...
va crescendo la petite voix « 
mais cette fois les mots prennent un sens différent et se teintent « crescendo » d'optimisme .
Un seul mot : « Iris » et le symbolisme est omniprésent.
Est-elle cette Iris messagère des dieux au sens mythologique ? S'agit-il de la fleur qui symbolise l'espoir et la foi ? De cette déesse de l'arc-en ciel, créature éthérée, pure et salvatrice, évoquée ici en « ange aux ailes de lumière » ?
Ou peut-être les trois à la fois, protectrices, rayonnantes, réconfortantes et rassurantes .
Dans un cri plein de sincérité, beau et émouvant, le poète (la poétesse il me semble) nous dit ses affres dans la nuit noire, ses déchirures, et sa soif d'écrire sans doute brimée par une plume réfractaire.
Ma strophe préférée est sans contexte la deuxième par le souffle poétique qui s'en exhale.
J'aime également le dernier vers qui ressemble beaucoup à l'apaisement de l'enfant enfin tranquillisé glissant dans le sommeil.
C'est à la fois beau et émouvant.

   Cyrill   
23/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un sentiment d’urgence absolue se dégage de ce poème, qui démarre dès l’incipit. Dès le titre, devrais-je dire. Je me sens comme chez moi, en mon intérieur assailli, lorsque la nuit amplifie tout ce qui tourmente.
Lecteur, j’inspire et j’expire en empathie avec la locutrice.
Le cadre se révèle maléfique. Une alcôve, des ombres, des soupirs, des grincements, comme autant d’obsessions, de martel en tête, de martyre sous la peau :
« déferle la horde des tourments opprimés le jour
une houle trépidante suffoque aux commissures ».

Et nous n’oublions pas l’essentiel, répété : la respiration qui signe la vie, si menue soit-elle, et qui imprime au poème ce rythme si oppressant.

Une « détresse cathédrale fardée de néant » ( que c’est beau ! ) emmure la locutrice, et je comprends cette métaphore comme une poignante difficulté d’exprimer quelque chose de soi, ou peut-être l’inanité même des mots et de leur sens. Comme empêchés par une barricade faite de vent.
Le lexique est riche, les images sont explosives. J’ai été littéralement happé dans le trouble tumultueux de cette conscience.
J’espère avoir quelques pistes pour ce dernier vers en forme d’espoir : « Iris, mon ange aux ailes de lumière veille encore un peu... ».

   fanny   
26/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
De passage un peu exceptionnel en El, j'ai été fort séduite par ce poème et sans pour autant l'avoir commenté car je n'ai plus l'habitude ni le temps, j'attendais néanmoins de savoir qui récupère aussi poétiquement sa respiration entre deux crises de spasmophilie.
Pas de grande surprise quant à la découverte de l'autrice, bravo, c'est fin, délicat, d'une grande justesse dans l'imagerie et l'expression des angoisses gansées de résiliance autant que d'ombres maléfiques.
Quand la détresse se joue du néant pour ranimer la plume, la petite voix s'étouffe déjà beaucoup moins et le souffle d'Iris se fera régulier à la lecture ce poème.

   Boutet   
26/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bien sûr, il est très difficile de commenter ce très beau poème, ne pouvant se mettre totalement à la place de l'auteur. Une peur irraisonnée de la nuit ? Mais ce que j'en retiens sont des images magnifiques comme des volets arrimés d'un soupirail hostile ou déferle la horde des tourments opprimés le jour et les lambeaux blancs de la lune. Si l'on peut interpréter de diverses manières ce poème, il reste riche dans toute son expression.

   Annick   
26/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Ce poème exprime une lutte intérieure profonde, viscérale, contre des forces oppressantes, que ce soit la douleur, la solitude, une détresse existentielle ou la maladie. Comme un emprisonnement, une condamnation à perpétuité.
Les démons contenus le jour se déchaînent la nuit. Trame de nuit, tram de nuit, train de nuit et son cortège de douleurs.

La petite voix qui guide à respirer — "Expire, inspire" — semble être une ressource que la narratrice trouve en elle-même pour ne pas se laisser submerger par ses tourments, comme une lutte ultime, un instinct de survie faible mais bien présent.
"Inspire" me fait aussi penser à l'inspiration liée à l'écriture.

L'image de la "reine en haillons" hurlant à la lune évoque à la fois la vulnérabilité, un appel à l'aide mais aussi le combat, la résistance.

La mention finale d'Iris, un ange de lumière ajoute une touche d'espoir dans l'obscurité.

J'ose espérer que ce n'est qu'une fiction.
Ce texte est beau mais déstabilisant de par son contenu et la puissance d'évocation qui fait mouche à chaque mot.

Bravo pour l'inspiration.

Bon, je vais prendre l'air... J'inspire, j'expire, j'espère, j'aspire à de jours meilleurs pour la narratrice.  ;-)

   Geigei   
26/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
J'ai compris le jeu de mots du titre. Je monte dans le tram. Où va-t-il ?

En lisant, j'ai vu d'abord un décor de dessin animé dans lequel un enfant à la petite voix se débat pour survivre.
La structure du texte est aussi désordonnée que celle des cauchemars. Des volets et un soupirail... un brasier (extérieur) anime les murs... Je note que soupirail a la même origine que soupirer. Il se marie bien avec s'étouffant et, plus loin, suffoque.

Où va ce tram ?

C'est du libre. l'absence de ponctuation fait sans doute partie de la forme. Pour moi, cela a rendu la lecture du quatrain difficile. J'ai retenu tourments.

Où va ce tram ?

Dans le sizain, je dois relire pour récupérer la forme et je lis : moi m'empare. C'est original. Ou dit par une personne dont le français n'est pas la langue natale. Ou enfantin.
Bien aimé les lambeaux blancs de la détresse. Qu'en fera la locutrice ?

Terminus : les enlace et en joue pour ranimer ma plume
Il s'agissait donc d'écrire un poème.

Merci pour ce trajet à bord de ce tram de nuit.

   BlaseSaintLuc   
26/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Dans l'ensemble, le texte est puissant, avec des métaphores évocatrices et un climat émotionnel intense. Quelques clarifications d'images ou de transitions pourraient améliorer l'accessibilité sans sacrifier la profondeur. La fin lumineuse apporte une belle note d'espoir après un tourment palpable, faisant du poème un voyage émotionnel qui capte l'attention.

   papipoete   
26/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Cat-elena
Comme c'est bizarre qu'une petite voix, qu'on est seul à entendre, puisse ainsi glacer les sangs !
Comment ne pas trembler, alors que la nuit est là, les tourments opprimés lancés au galop, rattrapent l'héroïne que le manque d'air veut étouffer
- expire, inspire, si tu veux vivre...
Il sera bien long à venir, le sommeil qui pourrait refermer ce grimoire
- expire, inspire...
NB une atmosphère oppressante à souhait, sans hémoglobine mais les poils hérissés seraient bons à tondre !
des images qui sautent aux yeux, hormis celle-ci
" détresse cathédrale fardée de néant " ?
un mal-être aussi grand que le volume de Notre Dame, pleine de vide ?
Le bon ange Iris, doit être celui vers qui l'héroïne se tourne, quand sa respiration défaille...
la seconde strophe mêle, la vision, l'ouie avec subtilité et me la fait préférer.
PS je dois avouer que voici deux années, je connus " crise d'angoisse sur crise d'angoisse " irrépressibles, que je combats ( même quand ça va bien ) par une séance de respiration, chaque nuit !
- expire, inspire... expire, inspire
et ça va

   Lebarde   
26/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Cette “petite voix “ intérieure qui dit, qui parle: ne te laisse pas submerger par les émotions, par le stress par l’angoisse, par tous ces soucis de la journée qui en “ombres maléfiques” arrivent la nuit en horde de loups, en fantômes apportant le détresse:

“Expire inspire “… »inspire expire »….respire à fond …reprend ton souffle…un bon moyen de chasser « les tourments « et de « ranimer la plume ».

Un sujet angoissant et anxiogène s’il n’y avait l’aide de « l’ange aux ailes de lumière qui veille encore un peu”.

Une poésie puissante superbement écrite et composée et pourtant le libre n’est pas trop ma tasse de thé, comme chacun sait, mais quand elle est belle …par exemple les images de la première strophe sont visuellement particulièrement “parlantes » et poétiques je savoure.

Et puis il y a ce titre qui suscite toutes les interprétations: Drame de nuit, Table de nuit, Tram de nuit, ou tout simplement, La Trame (des pensées) qui se tisse dans la nuit…

Je kiffe, oui je kiffe, c’est ce que je dirais si j’avais 60 années de moins
Un beau texte en tous les cas.
Merci

Lebarde

   Robot   
26/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
L'angoisse, cette peur de ce qui pourrait advenir. Le désespoir, qui fait revivre infiniment les malheurs passés
Dans ces vers, tout est dit des appréhensions, de l'anxiété, des troubles et des alarmes et de leur désarroi.
Un texte fort qui interpelle et peut troubler quand on a pas connus de tels moments de douleurs morales qui s'ajoute parfois aux angoisses physiques.
Surtout quand la nuit et la solitude ravive les alarmes.

   Provencao   
26/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Catelena,


"À l'heure où la nuit a rejoint les loups
braquée dans son halo je hurle enfin à la lune
moi menue reine en haillons
de ma détresse cathédrale fardée de néant
m'empare de ses lambeaux blancs
les enlace et en joue pour ranimer ma plume

Iris, mon ange aux ailes de lumière veille encore un peu"


Bel ange aux ailes de lumière où se manifeste la plénitude de l’être.

J'y ai lu une éclaircie au sein de l’opacité du réel.

La détresse s’ouvre elle-même à la lumière de la vérité où rien ne se cache.
Belle lisibilité du visible et du non visible en cette trame de nuit.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Louis   
27/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Le poème fait entendre une voix, une « petite voix ». Celle-ci ne s’adresse pas au lecteur, pas plus qu’à tout autre allocutaire ; elle s’adresse à la locutrice, qui ne semble guère se distinguer de l’auteure. Cette « voix », toute intérieure, nous fait donc pénétrer dans une dimension interne et intime de la locutrice, une dimension entre soi et soi.

Cette voix prend la forme d’une injonction : « Expire, inspire, si tu veux vivre… »
Elle semble énoncer une évidence : il faut respirer pour vivre ; elle dit ce qui va sans dire, ce qui s’effectue sans même y penser, sans même en avoir conscience.
C’est donc que la respiration a perdu son automatisme, son mécanisme, comme si la locutrice ne savait plus respirer. C’est donc que le souffle s’est perdu dans une sensation d’étouffement, de suffocation, et la voix en effet se répète en « s’étouffant ».
La voix dramatise la situation, et met en jeu la vie elle-même : « si tu veux vivre… »
Il faut donc produire cet effort, inspirer, expirer, par une volonté d’échapper à cette mortelle oppression.

La deuxième strophe ne répond pas à l’attente du lecteur qui s’interroge sur les causes de ce trouble respiratoire exigeant de reprendre son souffle, de maîtriser sa respiration.
L’auteure prend auparavant le temps de placer le lecteur dans son espace intime, de lui ouvrir son périmètre privé, après l’avoir introduit dans cette dimension du rapport de soi à soi.
Elle s’ouvre au lecteur et lui fait partager cette intimité pour mieux susciter l’empathie.
Elle nous fait pénétrer dans une « alcôve », lieu intime, renfoncement d’une chambre, qui indique encore une profondeur dans l’âme de la locutrice, où accède alors le lecteur.
Un espace inquiétant est décrit dans cette strophe. Des « ombres » ont envahi la pièce qui le cerne, revêtant pour la locutrice un aspect « maléfique ». Tous les murs en sont couverts et constituent une "ganse" ( « alcôve gansée d’ombres »), qui ne procède nullement d’un ornement, mais plutôt d’un cordon noué d’ombres qui enserre, étrangle, étouffe.
À ces ombres maléfiques, s’ajoute un « soupirail hostile ».
L’environnement dépeint s’avère vraiment peu accueillant : « maléfique », « hostile ».
L’usage du mot « soupirail » laisse encore entendre que l’on se trouve, non dans un lieu de sourires, mais de "soupirs".
La lumière n’a pas sa source dans la pièce, elle vient du dehors, filtrée par les « volets mal arrimés » du soupirail. Cette lumière rend possible les ombres projetées sur les murs. Elle-même a sa source dans un « brasier », feu ardent, qui « affole » les murs.
Pareil à une sombre caverne, inquiétante, étouffante, ainsi donc se présente l’espace où se situe la locutrice. Tout est disposé comme sur une scène, pourtant. Et l’on devine bien sûr, qu’il s’agit d’une scène placée sous nos yeux, qui représente ce que l’on ne peut voir, le monde intérieur de la locutrice. La dimension intime ouverte dès le départ par l’interlocution a été dilatée pour produire cet espace visuel d’une intériorité inaccessible au regard. L’espace ici est tout intérieur.

La troisième strophe répond enfin à l’attente d’explication.
Les considérations cette fois sont temporelles et non plus spatiales, métaphoriquement spatiales. Elles opposent le jour et la nuit.
La scène précédente est une scène de nuit. La suffocation se produit de façon nocturne.
L’espace extérieur à la locutrice n’entre pas en jeu, c’est le temps qui est déterminant, le temps de la nuit.
Le jour est associé à une digue en quelque sorte, qui contient une « houle » où s’agitent des vagues de « tourments », mais la nuit est le temps de la rupture, de l’effondrement de la digue et du "déferlement" en conséquence des eaux tourmentées libres de toutes entraves.
Ainsi la vie diurne n’est pas l’absence de tourments, mais leur "refoulement" dans et par la vie active, ils demeurent latents et inopérants, feutrés et distants, mais le relâchement nocturne produit leur précipitation : ils affluent, se ruent comme une « horde », avec violence, impétuosité, « houle trépidante », et l’étouffement éprouvé par la locutrice qui en est victime ressemble alors à une submersion. La locutrice se trouve comme submergée par toutes sortes de sentiments douloureux, comme livrée sans protection à leur force néfaste.
La voix intérieure, pour sa sauvegarde, enjoint, plus forte, « crescendo », et plus insistante, de reprendre sa respiration : « inspirer, expirer ».

Mais comment la respiration, au sens du processus physiologique, pourrait-elle la sauver ?
Ainsi ce que recommande surtout « la petite voix », c’est de respirer dans les mots écrits ; c’est faire de l’écriture son oxygène, son atmosphère, et laisser voler sa plume dans cet air.
Inspirer, s’inspirer des sentiments vécus, les restituer dans une expiration sur papier, non pas dans une simple expression des sentiments, ou une imitation des affects, mais dans un « jeu » créateur, un souffle créateur ; la deuxième strophe de ce poème donne un exemple de ce « jeu », de cette scène, de ce théâtre des émotions.
Voilà une façon de s’en rendre maître, de rester maître du jeu, et ne pas subir passivement, dans la douleur et l’affliction.
Il s’agit de pratiquer "l’alchimie poétique" ; avec « de la boue faire de l’or », transformer le "mal" en fleurs, respirer des fleurs nouvelles ; il s’agit de transfigurer le quotidien vécu, de sublimer ses "passions" dans une "alchimie de la douleur", mais une alchimie réussie.
Inspiration expiration poétiques, dans l’art de l’écriture. Respirer en poète.

« Hurler à la lune », par quoi commence la dernière strophe, celle de la respiration salvatrice, ne peut suffire. Hurler son désespoir, hurler contre la vie et l’existence, contre tout et tous, c’est s’engager dans la faiblesse du ressentiment, dans la négativité vengeresse. Ce n’est en rien se libérer des "passions tristes".
C’est du côté de l’art, de l’écriture, de la poésie que la locutrice trouve sa respiration vitale. Un art qui prend pour matière première d'une transformation-transmutation les émotions, les affects.

Ainsi cette « menue reine en haillons » à laquelle se sent réduite la locutrice au profond de la nuit, peut retrouver une souveraineté sur elle-même et sur sa vie,

Au lieu d'un haillon trop court,
Qu'un superbe habit de cour
Traîne à plis bruyants et longs
Sur tes talons

Écrivait Baudelaire dans "À une mendiante rousse"

Et de même que ce poète en appelait à Hermès : « Hermès inconnu qui m’assistes » ( Alchimie de la douleur), l’auteur en appelle au soutien d’Iris.
Cette divinité grecque est l’équivalent féminin d’Hermès. L’une et l’autre étaient "messagers des dieux", des intermédiaires.
Iris est désignée : « ange aux ailes de lumière », or l’ange dénote étymologiquement un messager ( le grec "angelos" puis le latin "angelus" avaient ce sens de "messager")
On remarquera que, selon Platon, le nom « Iris » dériverait selon du verbe "eirein" : « dire, parler ».
Qu’Iris soit invoquée pour "assistance’", en tant qu’elle symbolise un ange messager, ne signifie pas qu’elle doive jouer le rôle antique d'intermédiaire entre les hommes et les dieux, mais entre la locutrice-poète qui écrit dans la solitude de la nuit et le monde des autres-lecteurs.
Iris et Hermès devaient rapporter mot pour mot le message reçu de la source pour le transmettre à un destinataire éloigné dans le temps et dans l’espace.
Tel est aussi le vœu de la locutrice : que ses paroles écrites de poète soient rapportées à des destinataires lecteurs, éloignés dans l’espace et dans le temps, pour un partage en ‘sympathie’ (au sens étymologique du terme ) et en empathie avec d’autres que soi. Tout le poème est une ouverture, bien que pudique, de son intimité de locutrice dans une invitation à la partager.

Les ailes d’Iris sont « de lumière », propres à éclairer les profondeurs invisibles de l’intériorité, propres à illuminer la « nuit » pour la rendre respirable, propres avec l’écrit à constituer un pont, un lien, un arc céleste qui réalise le lien entre soi et autrui.
« Veille encore un peu » : lui demande la locutrice, qui indique combien, avec Iris, avec l’art de l’écrit, la nuit devient vivable.

Ainsi se constitue, au fil des étapes du poème, la « trame de la nuit », cette trame qui transmue la douleur de la "nuit" de souffrance en un tissu, un tissage de mots, un texte ( qui, étymologiquement signifie justement : "trame", "tissu" ) la "texture" d’un écrit, celle d’un poème.

Merci Catelena de ce "partage".

   Catelena   
7/10/2024
Pour le forum vers la trame de nuit enrobée de soi, c'est par ici...

   Eki   
11/10/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Le noir te va si bien...
Un coup d'éclat où tu hausses le ton...en douceur.
Une trame de nuit qui laisse toute sa place au halo poétique.
C'est beau à travers la tourmente !

   MarieL   
11/10/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un écrit qui joint l'intensité la plus vive à la plus extrême fragilité.

La tension qui règne dans ce texte est ainsi absolue.

L'angoisse nous encercle dans ses bras maléfiques, un tremblement nous (?) saisit...

Rêvons-nous ?


Un grand bravo à la plume de talent !


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