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Poésie contemporaine
Chlo : Aux obsédés de la virgule
 Publié le 08/11/24  -  9 commentaires  -  1022 caractères  -  190 lectures    Autres textes du même auteur

Mise au point. Poème mineur.


Aux obsédés de la virgule



Je vous promets des mots bien clairs et bien rangés
Des couples d'écriture à la rime jolie
Et mes sautes d'humeur et ma mélancolie
Sous un tas de points noirs à l'abri du danger

Essayons un moment : il était une fois…
Juliette et Roméo, les deux amants maudits,
Leur amour, leur jeunesse, et de tendres mots dits
À l'oreille, en secret, des chansons d'autrefois.

Il me faudrait pour ça quelques enjambements
Saurez-vous les souffrir lecteur impitoyable
Comme un questionnement sans doute un peu minable
À vos yeux sans son point ultime tégument

J'ai menti je préfère à ces obligations
Mettre les mots à nu les dépouiller en somme
Et les disloquer plus lorsqu'un lecteur me somme
D'y remettre de l'ordre et la ponctuation

C'est que j'y entrevois la candide beauté
Des pas balbutiants d'une première danse
Celle des mots que l'on mélange et que l'on pense
En un unique flot les digues de côté


 
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   BlaseSaintLuc   
25/10/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
La décision est prise, je vous pardonne de toute ponctuation, même pas une virgule ni un point d'interrogation, j'ai bien compris votre dévotion.
Liberté voilà ton nom, placardé sur un mur... De prison ?
Vive le point ... De décontraction.

   Myndie   
31/10/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour,

J'ai pressenti la madeleine de Proust. Pour tout dire, c'est le titre qui m'a d'abord attirée : mon premier patron était un puriste (ou un maniaque, comme on veut) de la belle écriture et n'hésitait pas à déchirer un courrier s'il y voyait un excès de « virgulite aigüe ». On était certes bien loin du domaine de la poésie.

Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup apprécié votre plaidoyer pour une écriture libérée de sa ponctuation, démonstration réussie car l'ensemble, qu'il soit ponctué (la 2ème strophe) ou non, se lit avec la même aisance et le même plaisir. Il y a beaucoup de fluidité dans vos vers, une douce mélodie, un sens du rythme certain.
Et, ce qui ne gâche rien, un touche d'ironie, un ton gentiment moqueur qui sert bien le propos.

J'aurais juste une petite remarque sur le v.19 dont l'hémistiche
« Celle des mots que l'on /mélange et que l'on pense » freine la fluidité justement évoquée et coupe un peu le lecteur dans son élan.
Et puis aussi, tant qu'à préférer
« Mettre les mots à nu les dépouiller en somme
Et les disloquer »,
pourquoi ne pas s'affranchir de la contrainte de la rime ?
Ceci évidemment n'engage que moi car, sans aucun doute possible, j'ai entrevu dans votre poème « la candide beauté » 
« Celle des mots que l'on mélange et que l'on pense
En un unique flot les digues de côté ».

   Lebarde   
1/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un poème classique presque parfait, si l'on ferme les yeux sur quelques rimes "petitement" fautives (rangés/danger, obligations/ponctuation) ou celles de la deuxième strophe qui oublient l'alternance F/M, et sur de contestables diérèses donnant 13 syllabes à 2 ou 3 vers, pour dénoncer le "classicisme" pur et dur en jetant au passage des banderilles "Aux obsédés de la virgule".

Soit! c'est "La mise au point" que vous avez choisie comme thème de ce poème, qui dans l'état ...et en déplaise à l'auteur(e), répond plus à la catégorie néo-classique qu'à la catégorie libre que vous revendiquez, par crainte sans doute d'être sanctionné.

Et puis soyons objectifs, la deuxième strophe avec toute sa belle ponctuation n'est elle pas beaucoup plus fluide, poétique et lisible que toutes les autres où vous l'avez volontairement ignorée?

Sinon le coté provocateur du sujet ne me déplait pas, pas plus que les enjambements et les dislocations et mises à nu des mots que vous voudriez nous affliger.

J'aime bien le ton souriant du texte, sans souscrire nécessairement à toute l'argumentation et j'applaudirais volontiers à l'écriture bien plaisante, si vous y ajoutiez la ponctuation "règlementaire".

En EL

Lebarde

   Boutet   
8/11/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
aime un peu
Ce poème qui se veut un peu drôle et critique démarre bien avec ses 3 premiers quatrains. Je trouve qu'il tombe dans une certaine lourdeur avec la suite et une incompréhension totale avec le dernier quatrain et son ultime vers. Le " C'est que j'y entrevois" est assez affreux.
Dommage, un bon départ, une mauvaise arrivée selon mon ressenti.
Le fait d'enlever la ponctuation est une idée louable mais justement
c'est lorsque le sac de virgules, points et compagnies n'est plus versé
qu'il devient (le poème) incompréhensible. Les 2 derniers quatrains en sont le parfait exemple.

   papipoete   
8/11/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Chlo
Le thème de ce poème semble quelque peu ironique, pour qui comme moi attache une énorme importance, à la ponctuation !
A savoir de quoi on parle : vers libre, où ces maudits signés peuvent s'ignorer
Ou
Dans une phrase avec sujet, verbe, COD, n'apprimes-nous point ces composants ?
Reste pourtant que ce peut être la respiration qui place, virgules points divers...
NB pour en revenir au contenu de cette poésie, le sujet ne dérape pas, et malgré vos " sautes d'humeur ", je vous lis avec plaisir ( malgré les enjambements que je ne goûte guère ) mais il m'arriva d'en placer ci et là, lors de mes diverses parutions.
Dommage à la 3e strophe, que vous offusquiez votre plume, qui doit geindre à cet endroit !
la 4e est ma préférée, et je vous avoue choisir, depuis que " j'excelle " en poésie, soit
- vers à pieds ( classique ou néo-classique )
- prose
- libre
dont ni l'une ni l'autre a à rougir de sa nature.
techniquement, vous étiez parti pour un " néo-classique ", supportant
singulier/pluriel, hiatus
mais patatras, dans l'antépénultième vers, vous avez perdu un pied en chemin ! ciao néo !

   jfmoods   
9/11/2024
Le titre ("Aux obsédés de la virgule") annonce déjà le caractère argumentatif du propos : une remise en cause de l'orthodoxie poétique. Le lecteur n'est guère surpris par cette entrée en matière tonitruante. En effet, les cinq textes de Chlo publiés par Oniris jusqu'à présent ("Rupture", "Peindre peut-être", "Deuil", "Souvenir d'un 8 mars", "Stone Butch Blues") se trouvent dépourvus de ponctuation. Cette forme de dissidence de la poétesse est donc déjà bien connue...

Ce texte présente deux intérêts : la construction de son argumentaire et la motivation qui a conduit Chlo au choix de la radicalité.

Nous avons ici deux professions de foi qui se suivent et se contredisent. La première, fausse, (quatrains 1 et 2), fait mine de s'accommoder de la contrainte générée par la ponctuation (vers 1 à 4), de s'émerveiller de la forme bien amidonnée d'un cliché amoureux aux rimes somme toute assez convenues (vers 5 à 8). La visée ironique du propos est du reste perceptible en amont (double sens comique de l'entête : "Mise au point", vers 1 : "des mots bien clairs et bien rangés", vers 2 : "à la rime jolie", topos des conditions de l'écriture poétique au vers 3 : "mes sautes d'humeur et ma mélancolie").

Le troisième quatrain prépare un basculement attendu, le conditionnel mettant en exergue la difficulté de la poétesse à respecter l'équilibre des vers, au risque de déplaire (vers 9-10 : "Il me faudrait pour ça quelques enjambements/ Saurez-vous les souffrir lecteur impitoyable").

Commençant par un aveu de tromperie (vers 13 : "J'ai menti"), les deux derniers quatrains défendent alors la vraie profession de foi. Le choix de l'absence de ponctuation obéit à l'impératif de redonner sa liberté au langage (vers 13-14 : "je préfère [...]/Mettre les mots à nu les dépouiller en somme"), de le réenchanter (vers 17-18 : "j'y entrevois la candide beauté/Des pas balbutiants d'une première danse"), de lui fournir toute sa charge éruptive (mise en perspective, par contraste, du vers 4 : "à l'abri du danger", vers 19-20 : "des mots que l'on mélange et que l'on pense/En un unique flot les digues de côté").

Quant à ce qui motive en profondeur sa radicalité, la poétesse se reconnaît rebelle par nature à la norme. Elle a une âme d'insurgée : sa rébellion explose ainsi dès lors que ses choix d'écriture sont contestés par quelque zélé prescripteur de la règle (vers 9 et 12 : "je préfère [...]/les disloquer plus lorsqu'un lecteur me somme/D'y remettre de l'ordre et la ponctuation").

Merci pour ce partage !

   David   
9/11/2024
trouve l'écriture
perfectible
et
aime bien
Bonjour Chlo,

Je trouve la fin "à coté" de son image justement : les digues se brisent ou sont submergées, mais c'est difficile de les imaginer s'ouvrir comme les battants d'une porte coulissante. J'aime bien le titre, un tout autre poème pourrait s'imaginer dessous. Le poème a plus d'énergie et d'expression au début qu'à la fin, comme un effet "feu de paille", ou "à quoi bon... ", alors que le sujet n'est pas mineur.

La ponctuation ne peut se séparer de l'expression, peut-être même si elle se limitait à des grognements, des soupirs, du souffle modulé sans ordre, je pense. À l'oral et même sous l'émotion, je pense qu'on ponctue forcément.

Mais l'important ici, c'est que davantage qu'une contrainte, c'est une bataille de l'expression poétique libre de faire valoir sa ponctuation, de l'inventer ou la retrouver, de la vivre.

Pour en revenir au titre et un autre point, il doit y avoir quelque chose du transfert psychanalytique dans l'écriture, comme il doit y avoir quelque chose du contre-transfert dans le commentaire d'ailleurs : on ne peut pas chercher midi trop loin de sa porte.

   Robot   
9/11/2024
Bonjour CHLO

J’ai parcouru ce texte avec intérêt radicalité assumée du propos défense d’un point de vue une certaine virulence dans le titre une ironie teintée d’une colère sous-jacente cela apporte un texte fort et intéressant voilà pour la forme

Pour le fond il apparaît dès l’intro « mise au point » que le texte se veut une réponse à des commentaires qui semblent avoir hérissé sur des textes publiés précédemment notamment à propos de la poésie « rupture »

Le titre est en lui-même une sorte de tromperie car on perçoit avec certitude que ce n’est pas simplement aux obsédés de la virgule que la réponse est apportée mais qu'il s'agit une mise en cause générale des partisans de la ponctuation

Le reproche est adressé au lecteur impitoyable au singulier qui eut l’audace d’exprimer un point de vue sur une poésie sur laquelle il déposa une appréciation il y a là une forme d’intolérance à la critique négative

Il semble que la réponse sans nuance veut ignorer le fait que le lecteur peut arguer pour UN texte que l’absence de ponctuation peut être préjudiciable à la lecture sans pour autant généraliser à l’ensemble des textes non ponctués

Peut on dire sans être taxé d’obsession QU’IL Y A DES TEXTES QUI SUPPORTENT MIEUX QUE D’AUTRES L’ ABSENCE DE PONCTUATION

Je me baserai cette fois uniquement sur la forme pour mon appréciation
JE TROUVE L'ECRITURE ABOUTIE

   Yannblev   
10/11/2024
Bonjour Chlo,

C’est sûr il y a des poèmes qui se passent des virgules et d'autres ponctuations sans que ça ne trouble l’œil ni le ressenti émotionnel ou dramatique. C’est le cas lorsque l’expression vraiment libérée jette sur le papier les images et les sensations sans réelle ordonnance mais dans le but de porter le lecteur mot après mot, une suggestion après l’autre, dans le même état affectif qu'était le créateur quand il écrivit.

C’est moins évident lorsque le poète s'emploie à construire un thème où la syntaxe oblige pour que l’auditeur accroche et partage, non plus l’émotion mais l’idée proposée. C’est un peu le cas de votre texte. Avec habileté et une certaine maîtrise, des mots précis, parfaitement enchaînés, il va au bout de sa thèse mais de fait si il y a pas ou peu de virgule on peut estimer que celles qui font le plus défaut on été remplacées en allant à la ligne en ayant le même effet … c’est d’ailleurs un des principes et des atouts de l’écriture versifiée qui n'est jamais si libre que ça, virgule ou pas.

Merci du moment


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