Sombr’ange…
Que devient la raison face à toi ? Que devient la folie après ton passage ? Les démons découvrent la passion Et tes frères eux-mêmes se déchaînent. Ta marque se retrouve dans la nature : Dans le vent qui se calme et devient bise, Dans la terre qui se fait coquette, Dans les flammes qui éclairent Jusqu’au fond de la grotte la plus profonde, Dans les vagues qui jusqu’alors étaient fidèles au temps, Et qui à présent se fâchent, puis se calment, essoufflées. Sombr’ange… Tu me fais chavirer… J’ai aperçu ton visage, tes yeux, ces yeux… Si frais, si purs, si intenses, si sûrs, si sincères… Ils reflétaient tout simplement ton désir de changements, Tes passions, tes humeurs, ton envie de tout bouleverser. J’ai démasqué ton âme et tu me poursuis, tu m’en veux. Tu m’as conduite dans une impasse. Tu attendais ce moment depuis si longtemps : Ce jour où je serai prise au piège, Où, lentement, tu me pousseras contre le mur, Où je serai le jouet de tes envies, ta marionnette, Où tu me tortureras, tu me rendras folle, Ce jour où je ne pourrai plus me débattre Pour lutter contre ces sentiments qui se disputent en moi. Mais pour l’instant mon cœur s’affole, C’est doux, c’est fort. C’est agréable, même si je sais que plus tard, Dans deux minutes, dans une éternité, Je le regretterai et m’en voudrai de mon égoïsme Mais il est trop tard pour déjà me sortir De ce jeu du chat et de la souris. Voilà que tu éclates de rire. Ah ! Que tu es beau ! Tu es fier ! Tu me fais peur, Je tente en vain de me sauver. Je me perds alors Dans cette forêt sombre et étrange Et cruelle et mystérieuse Qu’est celle des sentiments. Soudain, je m’aperçois Que ton ombre me noie. Je lève les yeux et te vois Tu es si proche ! Tu n’as qu’un pas à faire Et je suis à toi... J’appelle à l’aide, je suis muette. Je veux m’enfuir, je suis paralysée. Tu sens ma panique, tu ne bouges plus Tu attends que je me calme, Je n’y parviens pas ! Alors j’avance pour en finir au plus vite, Je fais ce pas dont tu ne veux pas prendre la responsabilité. C’est à ce moment que tu décides, Tu m’attrapes par la taille, Me serres contre toi, Je n’ai même plus la force de pleurer, de résister. Je me laisse faire, Tu me caresses les cheveux Lentement. Je suis au bord de l'évanouissement. Tu me presses contre toi, Je ne sens même pas mon coeur battre ! Maintenant, c'est fini, je ne me contrôle plus du tout, C'est à moi, à présent, de te retenir, Je me blottis contre toi, Tu continues tes caresses, Tu freines tes gestes, Ce ne sont plus que des frôlements. Au plus tu ralentis, au plus je m'impatiente... Plus vite ! Plus vite ! Je gémis. J'aurai tout mon temps, après, pour t'admirer, Pour rêver de toi pendant mon long sommeil. Mais tu ne m'écoutes pas. Tu es las d'être sauvage, De te révolter sans cesse. Je vois passer un nuage dans tes yeux, Tes si beaux yeux... Tu t'attendris, tu compatis Au sort que tu m'as fait subir, Tu tentes de réparer tes erreurs. Tout est si trouble, si confus... Je pleure : pourquoi moi ? Qu'ai-je de plus que les autres ? Peut-être ai-je sans le savoir découvert ta faiblesse ? Peut-être suis-je passée outre ta garde ? Pardonne-moi. Pardonne-moi mais par pitié, laisse-moi partir ! Je ris : toi ? Eprouver de la pitié ? Qu'est-ce que je viens de te demander là ? Oh ! j'en ai assez ! Tu as l'air malheureux soudain. T'aurais-je vexé ? Viens, viens près de moi, Viens contre moi, que je me repose, maintenant. Je poserai ma tête sur ta poitrine, Mon oreille contre ton coeur ( tu en a donc un !), Au chaud dans ta veste. Je dormirai, tu ne me sentiras même pas, Tu ne m'entendras plus non plus. Tu pleures ?! Oh, non, pauvre ange ! Non, non, je ne voulais pas te blesser! Je vais partir, tu m'oublieras et tout ira mieux ! Mais tu ne veux pas. Tiens-tu à ce point souffrir ? Tu plantes tes yeux dans les miens Et la graine d'un baiser sur mes lèvres, Je t'aide à la faire grandir en fleurs du paradis, Puis mûrir en fruit de la passion. Tu l'ajoutes à une corbeille que tu m'offres. Pourquoi t'abaisses-tu devant moi ? Tu t'avoues vaincu ? Mais... Je n'ai rien fait ! Redresse-toi, je t'en supplie ! Tu restes à mes pieds, À me regarder telle une déesse que je ne suis pas, Alors je m'agenouille, pour être à ta hauteur, Tu parais surpris... Je ne suis cet être surnaturel Que tu crois voir en moi. C'est pour ça... Et puis... Je t'aime...
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