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Poésie libre
CLouise : La mer a des visages
 Publié le 02/02/20  -  8 commentaires  -  603 caractères  -  272 lectures    Autres textes du même auteur

« [...] tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombres ont vu l'aurore. »
René-François Sully Prudhomme


La mer a des visages



La mer cache des visages dans le creux de son cou.
Affamés et féroces, meurtris et assassins.

J'entends l'onde qui marche
le sable qui dévore
la valse des embruns illuminée d'éclairs.

Je sens les yeux sans corps implorer le soleil
et abjurer la nuit.

Leurs voix
étouffées de cendre
leurs bouches
barbouillées de suie.

Dans le ventre de la mer
se digèrent les regards
de ceux qui ne voient plus.

Tandis que sur la plage le monde acclame encore
les petits pas fragiles
de l'enfant sous la pluie.


 
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   Stephane   
24/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une belle description de la mer et de ses multiples visages. Tout est beau dans ces vers d'une grande qualité stylistique. Vraiment prenant.

Bravo !

Stéphane

   Donaldo75   
25/1/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Dès l'exergue, la poésie s'annonçait au lecteur; je n'ai pas été déçu par cette promesse car le résultat est là. Le poème est assorti de beaux vers aux qualité stylistiques indéniables, avec un découpage aéré et des images évocatrices. La dernière strophe semble donner tout son sens à cette composition délicatement proposée au regard.

Bravo !

   Pouet   
2/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bjr,

une poésie libre très bien rythmée, fort agréable à lire.
Une vraie qualité d'écriture.

Des images fortes, ensorcelantes.

Comme une personnification de l'élément à travers la mort qu'il aura semé. Une survivance limpide dans la noirceur du monde. Une mise en garde-miroir, Janus chez Poséidon.

La mer, la mère, l'amer...

   papipoete   
2/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour CLouise
le titre de votre poème me semblait connu, ( un film ou autre chose ) mais non je n'en trouve pas trace !
Bien sûr que la mer en a plein de visages ; féroces ou victimes, je dirais plutôt que " victimes " car ce qui peut être féroce, en songeant aux bêtes, ne le serait que pour se nourrir et les récifs terrifiants sont là depuis la nuit des temps, et ne guettent pas une proie !
victimes oui, celles de naufrages anciens ou plus récents en Méditerranée... chaque jour et nuit qui passe !
NB bien des sentiments montent de votre plume, entre l'horreur assassine et le bonheur de regarder courir sur la plage, l'enfant qui fait ses premiers pas...
Les passages terribles de votre récit, sont on ne peut plus expressifs ! ( la 3e strophe en particulier )
La conclusion heureuse me fait songer aussi, à " la Pointe du Hoc, Utah Beach " où l'on joue, où l'on rit, mais passe le temps...

   Anonyme   
2/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour CLouise,

Des vers empreints de violence pour une évocation rageuse de cette mort mise en scène dans les eaux. Le passage " leurs voix / étouffées de cendre " m'évoque les rituels de deuil des pleureuses.
Et le contraste final acerbe avec la vie sur la plage renforce le tragique.

Merci

   Luz   
2/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très belle poésie.
J'aime beaucoup le contraste amené par la dernière strophe : la nature sauvage contre la douceur, la nature apprivoisée (enfin, c'est ce que je ressens.)
Bravo !

Luz

   Robot   
2/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte agréable à dire et à lire.

Une déclinaison d'impressions imagées dont la force démonstrative est renforcée par le rythme des vers.

Je ne choisis pas entre les vers, c'est l'ensemble de cette composition libre qu'il m'a plu de déclamer et de relire plusieurs fois pour le plaisir d'une atmosphère.

   Vincente   
3/2/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
D'abord il y a le ton souple et son rythme chaloupé qui accompagne le regard du narrateur, cet agrément précieux nous accompagne en immersion sans heurt dans la singulière proposition de l'auteur.
"La mer a des visages" ; titre inspiré… Et plus encore, la mer y recèle des "yeux sans corps" et les pauvres "implorent le soleil / et abjurent la nuit", nous voilà donc au cœur du poème, dans ces deux vers au mitan de l'évocation.

Dans ma strophe préférée, l'avant dernière, voyez comme l'on peut se sentir adoptant le poème, arrive le plus important ; ce qui précédait installait et préparait à apercevoir cette étonnante façon d'interpréter car

" Dans le ventre de la mer
Se digèrent les regards
De ceux qui ne voient plus.
"

Ici apparaît une transfiguration des visages et du lieu de leur perdition, ils se résument à des yeux – n'est-ce-pas l'âme d'une personne qui transparaît dans son regard ? – Car les yeux ont aussi cette capacité inouïe de saisir l'immensité d'un espace à la marge du physique, là où les autres sens doivent se contenter de leur spécifique limite. Les yeux caressent, embrassent… ou accrochent ou se heurtent jusqu'à parfois en pleurer… Les yeux voient au-delà de leur vue, par le regard, ils imaginent, pensent…

On ne s'étonnera pas que la mer, qu'elle soit marine ou ensemble d'individus, puisse présenter des visages variant, des expressions singulières, l'on devine donc qu'elle sache "digérer les regards", entendons les interpréter donc leur donner voix, leur rendre la vision que leur existence passée et perdue leur avait enlevée.

J'ai trouvé le dernier rebond narratif très judicieux pour relier ce passé s'enfouissant sous le flot, noyé dans l'immensité du passé, à la permanence du renouveau, marqueur par "les petits pas fragiles / de l'enfant sous la pluie" de l'éternel espérant recommencement.

Ce poème partage l'ampleur de son large champ des possibles avec celui de l'univers convié à l'accompagner, presque le justifier, l'immensité marine. J'ai beaucoup apprécié l'originalité de l'ensemble de ses regards.


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