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Poésie classique
pieralun : Le dernier mort [concours]
 Publié le 01/12/18  -  16 commentaires  -  1516 caractères  -  405 lectures    Autres textes du même auteur

Le cessez-le-feu suivant l’armistice du 11 novembre signé à 5 h 15 fut effectif à 11 heures et marqué par les volées de cloches et la sonnerie des clairons partout en France.


Le dernier mort [concours]



Ce texte est une participation au concours n°26 : Centenaire de l'Armistice 14/18
(informations sur ce concours).





Un hiver de novembre enveloppait la plaine.
Dans la brume, apaisé, le caporal songeait...
Des salves du canon il oubliait l’haleine,
Oubliait ces regards que la guerre rongeait.
Dans le brouillard épais qui fige les batailles,
Caressant le velours qu’un âtre rougissait,
Il rêvait d’une femme et de leurs fiançailles,
D’un sofa flamboyant où l’amour languissait.

Le ciel s’ouvre parfois sur des beautés atroces :
Transpercé de rayons, le voile s’estompait,
Des spectres se dressaient partout au fond des fosses
Dans un halo fumant que le soleil trempait.
Du sommet des coteaux émergeait le village,
Plus en aval, la Mort le visait à couvert.
À peine eut-il senti le souffle à son visage,
Que sur sa tempe gauche un trou s’était ouvert.

Il perçut les clairons sonner dans la vallée,
Près de lui, les clameurs d’un bonheur incertain,
Puis l’écho d’un clocher tintant à la volée ;
Les cuivres résonnaient follement ce matin...
Et ces oiseaux si haut qu’on eût dit des colombes,
Allaient-ils voyager vers des pays plus beaux ?
Mais, s’ils étaient restés pour que cessent les bombes,
Que n’avaient-ils scellé ce jour-là les tombeaux.


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   papipoete   
25/11/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
classique
alors que le canon tonnait encore, le caporal songeait à son village, la famille qu'il allait fonder ; il ne voyait plus l'ennemi, quand son front soudain saigna, et tout autour de lui le silence se brouilla au son du clairon, et il vit des oiseaux dans le ciel, des colombes qui lui ouvraient les portes du Ciel ...
NB voici 3 poèmes que je lis, où l'on évoque Augustin ; mais ici on ne rit pas, ni ne sourit, car l'auteur narre sa mort avec si grande délicatesse ... De beaux vers, à l'endroit, à l'envers, qui vous mettent le coeur sens dessus dessous ! Je vois en demi-teinte un " dormeur du val "
Classique plus que parfait !
papipoète

   Anonyme   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour

Pour moi, le meilleur texte sur le sujet. L'atmosphère de fin de guerre
est bien rendue avec cette mort qui rôde encore comme un troupeau
de hyènes qui ne veut point se disperser.

De bien jolis vers :

Le ciel s’ouvre parfois sur des beautés atroces
Près de lui, les clameurs d’un bonheur incertain,

Entre autres.

   Francis   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
A la lisière du rêve et de la brutale réalité ; au croisement de l'espoir et de l'inexorable fatalité. Le sifflement d'une balle déchire la brume apaisante, assassine l'amour. Le flou vaporeux des décors emmène le lecteur sur le champ de bataille auprès du petit caporal. Merci pour ce partage.

   Thimul   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Assurément le meilleur des trois poèmes sur ce cher Augustin.
Les vers s'enchainent si naturellement qu'ils font oublier le travail du poète.
Une belle réussite.

   toc-art   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

je commente rarement les poèmes parce que je m'agace souvent à leur lecture et que les commentaires qui y sont accolés ne m'éclairent pas davantage. Je le fais ici parce que j'ai aimé, tout simplement, la densité et la majesté - un peu théâtrales mais j'aime bien - de ces vers qui font naître des images fortes. L'inconvénient, c'est que ça donne à la guerre et au destin funeste une beauté fascinante mais c'est sans doute cette ambiguïté qui a aussi emporté mon adhésion.

Bref, je ne sais pas commenter mais j'ai vraiment aimé. Bravo !

   Cristale   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La strophe classique de huit vers en principe se compose avec des rimes ababcccb ou aaabcccb les vers étant reliés par une rime commune.
Ici l'auteur a juxtaposé des quatrains qui auraient mérité que la force du propos soit mise en valeur par un espace entre chacun d'eux d'ailleurs ponctués par un point au quatrième vers.
L'ensemble est de bonne facture, les images percutantes, un regard en suspend sur les rêves, les espoirs et finalement le dernier souffle, les dernières visions et le dernier départ vers la mort de ce malheureux soldat qui inspira nombre de poètes.
Un peu étrange ce "sofa flamboyant"...et un peu dommage le jeu de rimes.
Mais : "Un hiver de novembre..." le premier hémistiche très poétique a touché ma sensibilité.

   Annick   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
C'est un tableau impressionniste baigné dans "un flou artistique" : "dans la brume, dans le brouillard épais, le voile s’estompait, dans un halo fumant" où la mort même se teinte de romantisme : "des spectres se dressaient partout au fond des fosses..."

La première strophe contient, mêle deux lieux, celui des combats, apaisé, et un autre imaginé, idéalisé, celui où l'on aime :

"Il rêvait d’une femme et de leurs fiançailles,
D’un sofa flamboyant où l’amour languissait."

Le champ lexical exprime une certaine sérénité : enveloppait, apaisé, songeait, oubliait, fige,caressant, rêvait, languissait.

La deuxième strophe nous parle de la mort, d'abord symbolisée par "les spectres" puis, celle-ci devient ou redevient, en fin de strophe, insidieusement concrète, même si elle est personnifiée :

...Plus en aval, la Mort le visait à couvert.
"À peine eut-il senti le souffle à son visage,
Que sur sa tempe gauche un trou s’était ouvert."

La troisième strophe prend toute sa puissance dans le fait que la guerre est terminée, dans une joie incertaine, certes : l'espoir est bien là, sauf pour "le dernier mort".

Quel infini regret est exprimé dans ces derniers vers très beaux !

Et ces oiseaux si haut qu’on eût dit des colombes,
Allaient-ils voyager vers des pays plus beaux ?
Mais, s’ils étaient restés pour que cessent les bombes,
Que n’avaient-ils scellé ce jour-là les tombeaux.

Il y a un peu du dormeur du val dans ce poème esthétique où le poète a réussi à rendre beau ce tableau qui évoque la guerre en arrière plan, cette guerre qui s'invite jusqu'à la toute fin.

Un très beau texte.

   Bidis   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'atmosphère de novembre, l'atmosphère de la guerre, et celle de la mort, tout cela est parfaitement rendu.
Je n'ai pas du tout aimé "D’un sofa flamboyant où l’amour languissait", pour moi, la contradiction entre "flamboyant" et "languissait" a brouillé l'image. Mais cela ne m'empêche pas de trouver ce poème vraiment beau.

   plumette   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Dérangée par l'imparfait, tous ces verbes qui terminent les vers, c'est un ressenti personnel d'une lectrice qui ne connait rien à la prosodie et qui serait bien incapable d'un tel boulot.

Mais il est plutôt agréable de lire du classique , il n'y en pas tant que cela sur ce concours.

Plumette

   Castelmore   
1/12/2018
Magnifique d’images floues et puissantes, de douceur et de dureté, d’équilibre entre l’univers intime d’un soldat et le paysage de guerre.

Une grande pureté semble envelopper ce texte comme une brume qui à la fois estomperait ses contours et nous imprégnerait de sa présence.

Une très grande réussite
Merci

   Anonyme   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un très beau texte - le plus élaboré selon moi - sur ce dernier jour de guerre.
Les derniers instants de vie de celui qui figure parmi les cinq derniers tués de cette guerre sont rendus par des vers superbes tout au long de cette poésie.
Une atmosphère mêlée d'espoir mais où la mort est toujours là, tapie.

" Le ciel s’ouvre parfois sur des beautés atroces :
Transpercé de rayons, le voile s’estompait,
Des spectres se dressaient partout au fond des fosses
Dans un halo fumant que le soleil trempait. "

" Mais, s’ils étaient restés pour que cessent les bombes,
Que n’avaient-ils scellé ce jour-là les tombeaux "

   jfmoods   
1/12/2018
I) Un paysage engourdi

1) Une nappe protectrice

Un décor cotonneux ("Un hiver de novembre enveloppait la plaine", "Dans la brume", "Dans le brouillard épais") isole la scène du contexte oppressant de la guerre (gradation : "Des salves du canon il oubliait l’haleine, / Oubliait ces regards que la guerre rongeait").

2) Un voyage dans le passé intime

Bercé par l'atmosphère, le sous-officier laisse refluer le souvenir amoureux ("apaisé, le caporal songeait", "Caressant le velours qu’un âtre rougissait, / Il rêvait d’une femme et de leurs fiançailles, / D’un sofa flamboyant où l’amour languissait").

II) Une clarté dévastatrice

1) Un charnier

Le lever du jour (" Le ciel s’ouvre"), dissipant doucement la brume ("le voile s’estompait", "émergeait le village"), révèle l'horreur ("des beautés atroces", "Des spectres se dressaient partout au fond des fosses", "un halo fumant que le soleil trempait").

2) Un homme exposé

À présent tout à fait à découvert, le soldat devient la cible trop facile d'un tireur embusqué (allégorie : "la Mort le visait à couvert", subordonnée de temps : "À peine eut-il senti le souffle à son visage, / Que sur sa tempe gauche un trou s’était ouvert.").

III) Une mort absurde

1) Un armistice trop tardif

Le caporal meurt bêtement au moment où la fin des combats est martelée ("Il perçut les clairons sonner dans la vallée", "les clameurs d’un bonheur incertain", "l’écho d’un clocher tintant à la volée", "Les cuivres résonnaient follement ce matin").

2) Un point de fuite inaccessible

Pour lui s'envole d'un coup cette paix si ardemment désirée (symbole : "ces oiseaux si haut qu’on eût dit des colombes", subordonnée hypothétique : "s’ils étaient restés pour que cessent les bombes, / Que n’avaient-ils scellé ce jour-là les tombeaux").

Merci pour ce partage !

   Oligue   
1/12/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Je trouve le texte magnifique, bien rythmé ; les vers s'enchaînent avec fluidité.
Cette mort inutile pendant que sonne l'armistice...
Merci

   Stephane   
2/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Un poème absolument magnifique, du début à la fin. J'ai pris un grand plaisir à parcourir ces vers envoûtants dans un paysage cotonneux et mortellement réel.

Le dernier soldat tué avait des rêves, qui se sont envolés avec ce tireur évoluant à couvert.

La scène est très imagée, le rythme soutenu et l'issue fatale.

Cordialement,

Stéphane

   Eki   
9/12/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'écoute trembler le souffle des mots...Perception vibrante de la vie et de la mort, du noir et de la lumière, de la nuit et du jour.

Sensible,
Magnifique,
On ressuscite même un peu ici...

   Diogene   
6/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très beau poème. Une grande tragédie décrite avec la douceur d'une calme mélancolie. J'aime la façon dont les images dures de la guerre sont sans cesse tempérées par des éléments paisibles comme "Il rêvait d'une femme et de leurs fiançailles" ou "Du sommet des coteaux émergeait le village". Cela me fait penser à la manière dont Terrence Malick a traité le sujet de la guerre dans son film La Ligne Rouge (The Thin Red Line), où sont alternés des moments de grande violence et de réalisme pathétique des combats, et des instants paisibles de papillons dans les fleurs autour du champs de bataille ou des souvenirs des soldats qui pensent à leur femme ou leur mère.

Très belle façon d'évoquer un sujet difficile qui retranscrit bien l'absurdité de la guerre.


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