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Poésie en prose
cottington : Là où le soleil doit se lever
 Publié le 04/05/14  -  6 commentaires  -  2575 caractères  -  92 lectures    Autres textes du même auteur

Parce qu'un jour j'ai rencontré une femme qui ne peignait que des geishas…
Cette femme peintre avait peur de peindre autre chose ; geisha à sa manière elle se fardait de ses propres toiles…


Là où le soleil doit se lever



Elle peint les femmes de l’Art, celles du pays où le soleil se lève.
Pas d’équivoque ici, nous ne parlons que d’art, de talent et de femmes en représentation.
La femme peintre se cache sous ce que les geishas s’évertuent à montrer…

Sur ses tableaux, les couleurs sont des fleurs de printemps, et le temps est un bourgeon qui ne s’ouvre pas, il est là, suspendu aux branches.
Tout est calme.

Le visage fardé de la geisha est une toile, un linon immaculé sur lequel les hommes esquissent leurs fantasmes ; l’espace reste pur, inaltéré, aucune tache ne dépasse les contours de l’imaginaire.
Tout est propre.

En regardant bien, on peut même entendre les chants clairs des femmes et imaginer les notes aiguisées qui découpent le silence avec précision et harmonie. On écoute leur talent.
Tout est gracieux.

Mais l’art de ces geishas ne serait-il pas un alibi pour peindre avec un peu moins de pudeur ?
Dans ses yeux de peintre, il y a des craquelures qui avancent élégamment sur la beauté.
Impossible pourtant d’imaginer les sillons indécents qu’auraient pu creuser une ou deux larmes dégoulinant sur le maquillage épais.
Impossible, car le savant itinéraire des craquelures nous emporte et nos yeux obéissent…

Rien n’est parfait en réalité et elle le sait bien :
Les fleurs flétriront bien un jour, et les fards blancs finiront par se mêler à la sueur.

En écoutant le peintre, j’ai envie de m’accrocher à ce fragile bout de peau nue sur la nuque de la geisha, envie d’effacer le masque et de comprendre ce qui vibre sous les artifices de l’enchanteresse…
Une envie folle de défier l’éternité zen de ces toiles, envie d’attendre que les peignes tombent, et que les chignons rigides s’effondrent…
Les broderies des kimonos sont-elles si précieuses ? Ou des cicatrices sont-elles en train de suinter et de luire sous les tissus devenus moirés ?
J’ai envie d’empoigner le peintre et de crier, j’ai peur que ces geishas étouffent !

J’ai peur qu’Elle étouffe !
Elle, la femme peintre, posée sur des terres sur lesquelles le soleil ne se lève pas toujours…
Elle a continué son chemin, à l’ombre des cerisiers qu’elle croyait en fleurs…

J’ai l’impression qu’elle respire aujourd’hui…
Les femmes ont quitté l’archipel extrême, ont abandonné leurs fards blanchâtres, ont ouvert grand leurs paupières pour oser enfin dire leur emprisonnement.

La femme est passée de l’ombre à la lumière.
Le peintre aussi.


 
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   Edgard   
4/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Cottington.
Quel beau texte, et surtout quel beau sujet !
J’ai une passion pour les grands écrits sur l’art (Baudelaire, Malraux et plein d’autres) alors, forcément j’accroche…
Irrésistiblement il m’a rappelé le superbe livre de Yasunari Kawabata « Les belles endormies ». Alors, évidemment, on est inconsciemment en quête de cette rareté, de cette élégance, de cette poésie si bien rendue par René Sieffert.
Le passage du ton un peu détaché du spectateur (Pas d’équivoque ici… En regardant bien…) au mouvement plus personnel et violent de l’admirateur impliqué, (J’ai envie de m’accrocher… J’ai peur qu’elle étouffe…) se fait sans heurt, comme par nécessité… l’ensemble est dit avec beaucoup de simplicité, jusqu’à la rêverie poétique et empreinte de tristesse qui clôt le texte et l’ouvre dans un même mouvement.
Votre texte est un voyage que j’ai beaucoup apprécié, il donne l’envie de voir…

   senglar   
5/5/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Cottington,


Mais c'est que vous voilà à assassiner les geishas à vouloir les libérer ! Ne vulgarisez pas cette peau qu'elles nous cachent, je veux encore et toujours pouvoir être ébloui par une cheville que l'on découvre dont le triangle de la nuque est une promesse, un signe d'amour et de beauté parfaits avant-coureurs. Sous son fard et ses passementeries c'est moi que l'égérie enferme.

Pourfendeur de concepts ! Iconoclaste moraliste !

:D

brabant

   Anonyme   
5/5/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

Un poème bourré de répétitions et qui aurait pu être aisément évité: " Femme", "peintre", "geisha", "fards"
Ces 4 mots reviennent trop souvent tout le long de ma lecture.
Rien que l'incipit qui ne fait que 2 petites lignes est bourré de répétitions: le verbe peindre est cité 3 fois, femme et geisha.

Mis à part ça j'ai adoré le tableau, la geisha sur la toile rendu si belle à mes yeux par cette artiste peintre, et cette passion qu'elle provoque chez le narrateur qu'on aurait dit atteint du Syndrome de Stendhal. Et ces couleurs!

"Sur ses tableaux, les couleurs sont des fleurs de printemps, et le temps est un bourgeon qui ne s’ouvre pas, il est là, suspendu aux branches.
Tout est calme."

Un poème qui m'en à mis plein les yeux, des impressions visuelles en vois-tu en voilà. la geisha est détaillée, si bien joliment décrit, de la broderie de son kimono à la fragile bout de peau de sa nuque. Et cette fin, ces geishas devenues des femmes libres, est vraiment belle.
Il y a des défauts mais ça fait du bien de lire de la prose.
Magnifique.

   Pepito   
5/5/2014
Hello Cottington,

J'aime bien la répétition lancinante du "Tout est ..."
et aussi "le temps est un bourgeon qui ne s’ouvre pas,"

Le masque/maquillage comme analogie de non-dits, de choses cachées...
Bonne image d'un repli sur soi, un brin inquiétant.

PJ : au fait, je me demande comment une geisha prononcerait Cot'ington ? ;=)

   Bleuterre   
24/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un portrait méticuleux et précis dans une écriture sobre, toute en ombre et lumières. Cela va sans dire que j'ai aimé ce texte sur l'art. Les répétitions ne m'ont pas gênée, elles rendent compte du travail à la fois sans cesse répétitif et renouvelé de l'artiste. Merci

   Anonyme   
15/10/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Tout au long de la lecture, je me suis surpris à être très attentif, pour ne rien perdre du moindre détail. Le temps de cet échange, de cette rencontre se vit mot après mot.

Il y a une espèce de force et de fragilité dans l'écriture de ce texte, ce portrait nous est dévoilé avec ce subtil mélange. Tout est posé avec délicatesse dans ce phrasé. Les répétitions ne sont pas un problème, bien au contraire, pour moi elles viennent à souligner combien est important "La femme", sous ces différents aspects, bien trop souvent tronqués.

Vous avez une bien originale manière de nous faire ressentir, cette juxtaposition de portrait de femme. J'aime l’ambiguïté qui apparait par instant, tout en raffinement.

Très plaisante lecture, qui m'a beaucoup enthousiasmé.


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