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Poésie contemporaine
Cox : Dans le sommeil de la nuit
 Publié le 14/06/15  -  9 commentaires  -  1723 caractères  -  390 lectures    Autres textes du même auteur

Regrets nocturnes.


Dans le sommeil de la nuit



Sous les quelques lueurs dont la ville se pare,
Au moment de la nuit où la lune se lasse
De voir tanguer les culs des putes de la gare,
Un homme au pas traînant, seul, l'œil assombri, passe.

On n'entend que le son des lourds pensers qu'il traîne
Qui roulent à sa suite au creux des caniveaux.
Et la ville abandonne aux échos qu'ils amènent
Le vide de ses rues au calme de caveau.

Toute déshabillée du vacarme des jours,
Elle offre sa chair nue à son pas qui résonne.
Les feuilles de cet arbre tremblent d'un souffle court
Dans une fraîche étreinte où les ombres frissonnent.

Un soupir de lumière échappe à une enseigne
Qui vient faire danser les ténèbres lascives.
Et partout dans l'espace, l'étrange calme règne,
Et confère sa grâce à cette heure tardive.

Au regard du passant, chaque ruelle sombre
Révèle pour lui seul ses plus secrets replis ;
Trésors illuminés à la lueur de l'ombre,
Pleins de charmes secrets que le matin pâlit.

La caresse du vent passe pour mieux s'enfuir
Entre ses cheveux noirs qui dansent un instant,
Puis glisse sur sa peau tissée de souvenirs.
Or le froid, tout à coup, se fait plus insistant.

Est-ce un cri qu'il entend, lorsqu'au loin dans la rue,
Un grincement s'élève ? Est-ce un sanglot de femme ?
Un platane gonflé des dernières pluies drues
Pleure et laisse couler ses fruits chargés de drames.

Il ne reste à présent que l'infâme silence
Qui semble lui conter, un par un, ses malheurs.
Et sous le morne azur d'une douleur immense,
Un homme assis au sol, seul, le regard mort, pleure.


 
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   Vincent   
24/5/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Toute déshabillée du vacarme des jours,
Elle offre sa chair nue à son pas qui résonne.
Les feuilles de cet arbre tremblent d'un souffle court
Dans une fraîche étreinte où les ombres frissonnent.

Un soupir de lumière échappe à une enseigne
Qui vient faire danser les ténèbres lascives.
Et partout dans l'espace, l'étrange calme règne,
Et confère sa grâce à cette heure tardive.

entre autres

magnifique écriture

brodée d'images plus belles les unes que les autres

ciselée de sensations

qui m'ont prises à la gorge

j'ai adoré votre texte

   Anonyme   
14/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Le désespoir d'une nuit ordinaire est bien imagé dans ce poème
très noir qui me rappelle ces vieux films américains des années 50.

Quelques perles parmi d'autres :

Au moment de la nuit où la lune se lasse
De voir tanguer les culs des putes de la gare,

Qui vient faire danser les ténèbres lascives.
Pleure et laisse couler ses fruits chargés de drames.

Juste deux bémols : le texte aurait peut-être mérité a être
légèrement raccourcis pour devenir encore plus fort et dense.
Et comme souvent, peu de travail supplémentaire aurait du
s'accomplir pour une proposition au moins néoclassique.

Malgré cela, ce texte est vraiment bon.

   Ioledane   
14/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voilà un texte fort et prenant, sombre, dont les images recherchées jouent sur les sens : lumières, sons, toucher. Le jeu sur les sonorités accompagne le récit avec efficacité et élégance.
A noter quelques répétitions : "secrets" dans le 5ème quatrain, ou encore "pleure" dans les deux derniers quatrains, peut-être un peu proches.
J'ai beaucoup aimé "La caresse du vent passe pour mieux s'enfuir" ou encore "sous le morne azur d'une douleur immense".

   papipoete   
14/6/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
bonjour Cox; la sinistre errance d'un homme détruit dans la nuit qui tombe sur la cité; la nuit qui se défait de ses bruits de vie, de ses sunlights, hormis " un soupir de lumière échappe à une enseigne ".
Seul le son de ses pensers hante le creux des caniveaux, et quand l'infâme silence règne sur la ville endormie, égrenant dans sa tête tous ses malheurs, assis seul au sol, l'homme pleure...
( je me revois au bord de ma rivière loin du village, avec la Lune comme réverbère, où mes larmes brûlaient mes yeux )
Des phrases sublimes portées par des vers tels ceux du 2e et dernier quatrain.
Un poème que je ne pourrais dire en public, car bien vite ma voix chevroterait, s'éteindrait...
PS le terme nominal " penser " m'était inconnu

   Anonyme   
14/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Cox. La nuit et ceux qui la hantent ont déjà fait couler beaucoup d'encre mais ceci n'est pas un reproche car votre homme solitaire ne m'a pas laissé insensible. Vous avez su trouver de très belles métaphores pour nous offrir ces images nocturnes d'un homme qui se penche sur son passé...
Un texte très émouvant, sans doute intemporel mais qui reflète une tragique actualité quotidienne...
Bravo et merci !

   Anonyme   
14/6/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Voilà un homme laissé à l'abandon, une nuit de solitude. Il erre, d'un pas traînant, dans un silence de mort qui le laissera désemparé jusqu'au petit matin.

Rien à dire de plus, sinon que le poème arrive à retranscrire dans une puissance peu commune une nuit d'errance et de désespoir au coeur d'une ville plongé dans la pénombre.

Bravo !

Wall-E

   lala   
15/6/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,
J'ai apprécié les personnifications de tous les éléments qui participent au décor, à la vie, d'une nuit urbaine ordinaire. Le trajet de l'homme hagard qui erre du premier au dernier quatrain se reflète dans la ville, sa tristesse et sa solitude dans un environnement pourtant peuplé et coloré n'en prennent que plus de relief. Tout ici semble plongé dans une indolence glauque.
le son des lourds pensers
Un soupir de lumière
Un platane ... Pleure

   Pussicat   
16/6/2015
L'ambiance bien rendue d'un paysage nocturne qui aurait mérité peut-être un peu plus de musicalité. Je m'explique.

Je trouve la répétition des : "que/qui et : "de/d'/des" abusive, à la fois mot et son, et parfois dans une même phrase, elle alourdit le vers et rend sa lecture dure :

"On n'entend que le son des lourds pensers qu'il traîne"
"Le vide de ses rues au calme de caveau."

C'est dommage.

Autre exemple :
"Un soupir de lumière échappe à une enseigne
Qui vient faire danser les ténèbres lascives." => "Qui" ne sert à rien et peut-être retiré et remplacé.

Même la dernière strophe, apogée du poème, n'échappe pas à cette répétition que je trouve malheureuse :
"Il ne reste à présent que l'infâme silence
Qui semble lui conter, un par un, ses malheurs."

J'ai aimé votre texte pour l'ambiance et les images.
à bientôt de vous lire,

   Francis   
18/6/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Les spots sont éteints. Le rideau est tombé. Sur la scène envahie par l'obscurité, abandonné à sa solitude, un homme pleure. Dans la ville qui s'endort, dans les rues désertes, quelques ombres, quelques lueurs blafardes, quelques gémissements hantent la nuit. Le tableau est saisissant et magnifique à la fois. Chaque image trouve sa place dans ces décors. Merci pour ce partage.

   Anonyme   
9/7/2015
Commentaire modéré


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